SHALEV Zeruya

Israël

Thèra (trad. par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 2007)

Zeruya SHALEV
D-R

"Je n’écris pas sur la politique israélienne parce qu’elle ne m’inspire pas, (...) la politique est trop bruyante pour la littérature, elle peut la tuer" (in Liberation 19/04/2007) Zeruya Shalev appartient à cette nouvelle génération d’auteurs israéliens qui se démarquent de leurs ainés en refusant de confondre politique et littérature. A la différence d’Amos Oz ou David Grossman, entre autres grands noms, qui ont toujours mêlé les genres.
Née dans le Kibboutz de Kinereth (l’un des plus anciens, loué par la poétesse hébraïque Rachel Bluwstein qui y a vécu) elle n’y reste que peu de temps, ses parents considérant bien vite que le système éducatif n’y est pas sain pour leur fille. La famille déménage à Tel Aviv puis Jérusalem après la Guerre des Six jours. Une famille qui, justement, baigne dans la littérature et la poésie et encouragera très tôt la vocation d’écrire de Zeruya Shalev, lui lisant Kafka, Gogol et la Bible. Son père est un critique littéraire renommé, Mordehai Shalev, son oncle est le poète Itshak Shalev et son cousin l’écrivain Meir Shalev. Après des études bibliques Zeruya Shalev publie un premier ouvrage, un recueil de poésie intitulé An easy-target for snipers en 1989. Son premier roman, Dancing, standing still, sort en 1993, Zeruya Shalev travaille alors également comme éditrice chez Keshet Publishing House.

En 1997, avec la publication d’Une vie amoureuse, Zeruya Shalev déclenche une vive polémique en Israël. La description d’une relation amoureuse et sexuelle entre une jeune femme et un ami de son père, manipulateur et revenu de tout, de loin son aîné et dont la propre femme est en train de mourir, les références bibliques mêlées au récit... l’ensemble interpelle, ou choque... Classé dans la liste des 20 meilleurs romans des 40 dernières années par Der Spiegel, le livre est un best-seller, bientôt suivi de Mari et Femme en 2000 qui rencontre le même succès, se vend à près d’un million d’exemplaire rien qu’en Allemagne et est nominé pour le Prix Fémina étranger 2002 en France où la FNAC sélectionne le livre dans sa liste des 200 romans de la décennie.

Après avoir publié en 2001 un livre pour enfants, Mama’s best boy, Zeruya Shalev s’attelle à son quatrième roman. Elle en écrit deux pages. Puis s’interrompt et mettra deux ans avant d’en reprendre le fil. C’est qu’entre-temps, la politique l’a rattrapée indirectement. Le 29 janvier 2004, alors qu’elle rentre de l’école où elle a déposé son fils, elle est blessée dans les rues de Jerusalem lors de l’explosion du Bus 19 dans un attentat suicide. La réalité israélienne à qui Zeruya Shalev demandait : "ne m’interromps pas, n’interfère pas, laisse-moi être moi-même" n’a visiblement pas voulu l’écouter. Il faudra près de deux ans pour qu’elle se remette à écrire et puisse terminer son troisième ouvrage, Théra.
Rupture et reconstruction sont les thèmes abordés dans Théra. Achevant ainsi ce que la critique a appelé une trilogie de l’amour moderne débutée avec l’évocation d’une passion obsédante dans Vie amoureuse puis la relation conjugale dans Marie et Femme...

Mariée avec l’écrivain Eyal Megged, traduite dans 22 langues, lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Prix WIZO 2007, Zeruya Shalev affirme avoir aujourd’hui encore "un grand besoin des mots, ce sont eux qui me donnent ma stabilité."


Bibliographie :

En français :

  • Thèra (trad. par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 2007)
  • Mari et femme (trad. par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 2001)
  • Vie amoureuse (trad. par Sylvie Cohen, Gallimard, 2000)

Pas encore traduits :

  • Mama’s best boy (2001)
  • Dancing, standing still (1993)
  • An easy-target for snipers (1989)

Présentation de Théra :

Ella a décidé de mettre fin à la lente décomposition du couple qu’elle forme depuis une dizaine d’années avec Amnon. Mais lorsque ce dernier quitte l’appartement familial à sa demande, la laissant seule avec leur petit garçon de six ans, la libération tant espérée ne se produit pas, bien au contraire. Confrontée à l’incompréhension de ses propres parents, paralysée par l’angoisse devant un avenir incertain et dévorée par un sentiment de culpabilité à l’égard de son fils, Ella ne sait plus vers qui se tourner. Son travail d’archéologue - elle poursuit des recherches sur la disparition de la civilisation de l’île de Santorin, anciennement nommée Thèra, engloutie dans une gigantesque éruption volcanique vers 1500 av. J.-C. - ne lui offre aucune échappatoire, car c’est précisément sur un lieu de fouilles qu’elle a fait la connaissance d’Amnon. La rencontre avec Oded, lui aussi en instance de séparation et père de deux enfants, paraît alors miraculeuse : elle se sent enfin aimée et comprise. Mais ce nouveau désir dessine une géographie familiale dans laquelle la peur de chacun de ne pas y trouver sa place semble bien prendre le pas sur l’amour naissant.