DAVRICHEWY Kéthévane

La Mer Noire (Sabine Wespieser, 2010)

© Dorothée Lindon

Du conte au roman, de l’article de presse aux histoires pour enfants, du scénario à la chanson, Kéthévane Davrichewy est une artiste protéiforme. Explorant tous les genres littéraires, traversant tous les champs de l’imagination, son écriture danse entre le doux et l’amère, entre le présent et le passé.
Née à Paris en 1965, son enfance est bercée par les souvenirs de Georgie de ses grands-parents, par leur expérience de l‘exil, par la nostalgie d’un paradis perdu. C’est sans doute ce rapport à l’ailleurs, à la mélancolie, qui la porte sur les terrains de l’imaginaire et la pousse à écrire, à raconter des histoires. Après des études de lettres modernes, de cinéma et de théâtre, elle travaille comme journaliste pour différents magazines et collabore à des scénarios de films d’animation. En 1996, elle offre un recueil de contes géorgiens à l’École des loisirs, où elle publie par la suite de nombreux ouvrages pour la jeunesse. En 2004, son premier roman pour adultes, Tout ira bien, paraît aux éditions Arléa ; c’est un texte court, âpre et sans concession qui dresse le portrait sensible d’un adolescent en péril. La Mer Noire, publié en janvier 2010 chez Sabine Wespieser, est son deuxième roman. La plume délicate et maîtrisée de Kéthévane Davrichewy y trace les contours d’une fable fragile, l’histoire d’une vieille dame exilée qui, dans un demi-sommeil, se souvient des premiers pas timides de son amour de jeunesse sur les rivages de la Mer Noire…


Bibliographie :

  • La Mer Noire (Sabine Wespieser, Paris, 2010)
  • Avant avant, avec Gwen Le Gac (Actes Sud Junior, Paris, 2009)
  • C’est moi qui commande, avec Soledad Bravi (L’école des loisirs, Paris, 2008)
  • Les pieds dans le plat (L’école des loisirs, Paris, 2008)
  • Viens, avec Christophe Honoré (L’école des loisirs, Paris, 2006)
  • J’aurai une ferme en Afrique, avec Gwen Le Gac (L’école des loisirs, Paris, 2005)
  • La lucarne (L’école des loisirs, Paris, 2005)
  • Tout ira bien (Arléa, Paris, 2004)
  • Jason et les Filles, avec Magali Bonniol (L’école des loisirs, Paris, 2004)
  • Les Grosses lettres, avec Catharina Valckx (L’école des loisirs, Paris, 2003)
  • Imbécile heureux, avec Magali Bonniol (L’école des loisirs, Paris, 2002)
  • Nom d’un chien, avec Alan Mets (L’école des loisirs, Paris, 2001)
  • Ma maison hantée, avec Nadja (L’école des loisirs, Paris, 2001)
  • Par amour (L’école des loisirs, Paris, 2000)
  • Le chapeau qui dansait, avec Alan Mets (L’école des loisirs, Paris, 2000)
  • On ne t’attendait pas (L’école des loisirs, Paris, 1999)
  • J’ai peur du docteur, avec Bénédicte Guettier (L’école des loisirs, Paris, 1999)
  • Je veux des cadeaux, avec Bénédicte Guettier (L’école des loisirs, Paris, 1998)
  • La glace au chocolat (L’école des loisirs, Paris, 1998)
  • Un Papa en exil, avec Catherine Rebeyrol (L’école des loisirs, Paris, 1997)
  • Je suis fâché, avec Bénédicte Guettier (L’école des loisirs, Paris, 1997)
  • Natsarkékia et autres Contes géorgiens, avec Olivier Matouk (L’école des loisirs, Paris, 1996)

Présentation de La Mer Noire :

spip_logoEn ce jour anniversaire de ses quatre-vingt-dix ans, la première pensée de Tamouna est pour Tamaz, son amour de jeunesse. Cet homme, qu’elle a rencontré l’été de ses quinze ans à Batoumi, et qu’elle n’a cessé d’attendre, devrait être le quarante et unième convive de la fête familiale qui se prépare.
Dans un demi-sommeil, la vieille dame se souvient de leurs amours timides et éblouies, très vite interrompues par le départ précipité pour la France, en cet automne 1921 où le nouveau gouvernement est contraint à l’exil. Le père de la jeune fille, ministre de l’agriculture d’une Géorgie dont l’indépendance a tout juste été proclamée, veut mettre sa famille à l’abri de la reprise en main par les bolcheviques. Dès que sa femme et ses filles sont installées au château de Leuville-sur-Orge, où se réfugient tous les démocrates, lui repart, dans un geste quasi désespéré pour tenter de défendre la liberté de son pays. Il ne reviendra pas, et Tamouna ne retournera jamais en Géorgie. Sa vie peu à peu se construit en France, dans la petite communauté qui vit modestement et garde vivaces les traditions de la terre natale, tentant de perpétuer un bonheur de vivre qui aurait dû être immuable. Le manque, la nostalgie et la peine, Tamouna les confie pendant son adolescence aux lettres qu’elle ne cesse d’écrire à Tamaz, sans jamais les envoyer. Tout aussi brutalement que de ses grands-parents et d’une partie de sa famille, elle a été coupée de son bel amour de jeunesse. La Géorgie, pendant toutes ces années, est restée un pays aux frontières hermétiquement closes. Et quand Tamaz finit par reparaître, il est trop tard pour reprendre le fil de leurs espoirs. Leurs vies se sont dessinées autrement. Tamouna a fait un mariage de raison, leurs retrouvailles de loin en loin auront toujours le goût des regrets.
Le présent de Tamouna, ce sont ses enfants, ses petites-filles à qui elle a enseigné les coutumes, les recettes, les chants et les danses du pays, et toute cette famille élargie formant autour d’elle une joyeuse communauté. La terre perdue, le passé douloureux, la mémoire tissée des deuils et des déchirements de l’histoire, Kéthévane Davrichewy les évoque avec une grande pudeur et une remarquable économie de moyens. Aucun pathos pour dire les heurs et malheurs de ces gens pourtant formidablement exubérants.
La longue journée anniversaire – et c’est là aussi le tour de force du roman – est comme la métaphore de la vie de Tamouna. Entourée des siens, elle a laissé ouverte la vanne des souvenirs, et peu à peu, grâce à une narration habilement tissée, l’image de la doyenne qu’elle est devenue se superpose à celle de la jeune fille exilée. L’arrivée tardive de Tamaz en éternel amoureux achève de créer le trouble.

Quatre murs

Sabine Wespieser Editeur - 2014

La maison familiale est trop vaste désormais pour une femme seule. En ce jour de déménagement, les quatre enfants, devenus adultes, s’y retrouvent pour la dernière fois. Leur père est mort. Dans les pièces vides qui résonnent, à côté de la cabane de jardin délaissée depuis longtemps, les propos en apparence anodins se chargent vite de sous-entendus. Ces quatre-là se connaissent trop pour donner le change, d’autant que leur mère, profitant qu’ils soient pour une fois ensemble sans enfants ni conjoints, soulève la question de l’héritage. Dès ce prologue, Kéthévane Davrichewy excelle à suggérer les failles sous l’apparence d’une famille unie, à pointer les dissonances, et à éveiller la curiosité de son lecteur. Deux ans plus tard, rien de ce que laissait affleurer l’échange d’alors n’est résolu : les quatre frères et sœurs se sont d’autant plus éloignés les uns des autres qu’il n’ont plus de toit commun, ils ne se parlent plus guère, et surtout pas de leur passé, et ils ont laissé s’installer les malentendus. Sur l’insistance de leur mère, ils ont pourtant accepté de se réunir dans la maison que l’aîné vient d’acheter en Grèce, le berceau familial. Ce voyage est, pour chacun d’entre eux, l’occasion de revenir sur la complexité et l’ambivalence de leurs relations. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui étaient tout les uns pour les autres ? En donnant à entendre les quatre voix de ses protagonistes – Saul, le journaliste et essayiste lancé, qui a tout quitté pour vivre dans son île ; Hélène, libre et brillante, devenue « nez » dans la parfumerie ; les jumeaux Élias et Réna, cadets de la fratrie, tous deux musiciens, qui tous deux ont choisi les sentiers de traverse –, l’écrivain, comme si elle assemblait les pièces d’un puzzle, révèle petit à petit les motifs d’un drame familial. Mais, comme dans Les Séparées, son précédent roman, elle ne cesse d’interroger, avec la finesse et l’acuité qu’on lui connaît, la perte de l’innocence et la fin de l’enfance.


Les séparées

Editions 10/18 - 2013

Depuis l’enfance, elles ont tout partagé : rêves, amours, avenir. Et puis soudain... Assise à un café, Alice tente de déchiffrer cette amitié vénéneuse. Plongée dans le coma, Cécile lui envoie des lettres imaginaires. Au fil du souvenir affleurent la joie, et les failles – les secrets dont va se nourrir l’inévitable désamour. À qui la faute ? Et la vie, après ? Dans ce roman à deux voix, Kéthévane Davrichewy tisse délicatement la trame des émotions et de la mémoire. « Un roman dense et lumineux, magnifiquement construit et dont les dernières pages vous collent un frisson qui ne vous lâchera pas de sitôt. » François Busnel, L’Express


La mer noire

Sabine Wespieser Editeur - 2010

Les séparées Depuis l’enfance, elles ont tout partagé : rêves, amours, avenir. Et puis soudain... Assise à un café, Alice tente de déchiffrer cette amitié vénéneuse. Plongée dans le coma, Cécile lui envoie des lettres imaginaires. Au fil du souvenir affleurent la joie, et les failles – les secrets dont va se nourrir l’inévitable désamour. À qui la faute ? Et la vie, après ? Dans ce roman à deux voix, Kéthévane Davrichewy tisse délicatement la trame des émotions et de la mémoire. « Un roman dense et lumineux, magnifiquement construit et dont les dernières pages vous collent un frisson qui ne vous lâchera pas de sitôt. » François Busnel, L’Express

(H)istoires de vie

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Bernard CHAMBAZ, Pascal DESSAINT, Kéthévane DAVRICHEWY - Saint-Malo 2010

Légende de nos pères

Saint-Malo 2010
Avec Kéthévane DAVRICHEWY, Anna SOLER-PONT, Marie LE GALL. Une rencontre animée par Josiane Gueguen.