ROUX Annelise

France

La solitude de la fleur blanche (Sabine Wespieser, 2009)

Biographie

© Amane Yuki

“J’ai dans la tête des images inventées, des visions tour à tour saugrenues, fausses et véridiques, puissamment.” Cette phrase qui ouvre le nouveau roman d’Annelise Roux, est à l’image de son rapport à l’écriture : un rapport puissant et singulier, qui se nourrit des poésies de son imagination autant que des jeux cruels de la réalité.
La solitude de la fleur blanche (Sabine Wespieser, 2009), dernier ouvrage d’Annelise Roux, résonne de cette fantaisie douloureuse. C’est un récit qui recompose une voix oubliée, une mémoire mourante : celle des pieds-noirs, ces êtres « ficelés dans le silence », échoués dans le Médoc après l’indépendance de l’Algérie. Une histoire, qui fait écho à la vie de l’auteur même. Née à Bordeaux en 1964, Annelise Roux est fille de pieds-noirs rapatriés d’Algérie en 1962. Entourée de parents et de grands-parents meurtris par l’exil, elle connaît une petite enfance paysanne, marquée par l’isolement. Ayant appris à lire précocement, Annelise Roux s’offre très jeune des échappées imaginaires avec Jules Verne, Stevenson, Alexandre Dumas, puis avec Conrad, Kerouac ou encore Pessoa. La poésie la conduit également sur des chemins de liberté, qui impriment en elle le plaisir du verbe, la musique des mots.
Diplômée en sciences politiques, elle étudie l’histoire de l’art et s’intéresse à l’ethnologie. Peu tentée par la carrière diplomatique à laquelle ses études semblent la destiner, elle est en revanche fortement attirée par la peinture. Elle choisit finalement le journalisme, qu’elle pratique un temps, avant de s’en éloigner. Alternant ensuite postes à responsabilités et petits boulots, elle est tour à tour directrice de la communication de grands crus, serveuse, cueilleuse de fruits, ouvrière agricole. Elle décide enfin de se consacrer entièrement à l’écriture, et publie en 2000, son premier roman noir, Peccata Mundi, dans la Série Noire de Gallimard. Rompant avec les codes classiques du polar, elle construit un univers étrange, entre le tragique et le burlesque, où vibre un désespoir qui a l’extrême élégance de sourire. Deux autres romans noirs paraissent dans la même collection en 2002, Solidao, et en 2005, Ici reposent.
Par ailleurs, Annelise Roux participe à de nombreuses parutions, et écrit notamment des textes relatifs au rock. Ainsi, au fil de ses productions iconoclastes, elle façonne un espace de rêve délicat et intime, parcouru par des influences qui vont de Dostoïevski à James Crumley, de Jim Harrison, René Char ou Stendhal à Maïakovski, et qui fait dire à Sophie Avon (Sud Ouest, Le Masque et la Plume) qu’elle est « Un écrivain lumineux et contemplatif, qui sonde les âmes au plus profond de leur misère et de leur humanité ».


Bibliographie :

  • La solitude de la fleur blanche (Sabine Wespieser, Paris, 2009)
  • En Égypte, le livre des Vivants (préface au travail photographique de Xavier Roy et chronique du rapport écrivain/photographe, présenté dans le cadre du Mois européen de la photo, 2006)
  • Ici reposent (Série Noire, Gallimard, Paris, 2005)
  • Vie de Roger de Traversay (Editions Mollat, Bordeaux, 2005)
  • Mon cœur bat encore, in Stories of the dogs/Histoires pour Dominique Laboubée (Editions Kraokoen, Bihorel)
  • Toiles in A saisir ! (Editions Terre de Brume, Dinan)
  • Amour fou in Bordeaux, le tanin noir (Autrement, Paris, 2003)
  • Solidao, avec Thierry Lurton (Série Noire, Gallimard, Paris, 2002)
  • Peccata Mundi (Série Noire, Gallimard, Paris, 2000)

Présentation de La solitude de la fleur blanche

Nous venions de nulle part, d’un trou noir mental appelé Algérie, nous étions louches, sans le sou, dénués de qualification particulière, des prolétaires ayant été sans le moindre égard jetés dehors de ce qu’ils considéraient être chez eux, ficelés dans le silence… A. R. Habitée par un insoluble questionnement à propos des origines, née du mauvais côté de la barrière, dans le camp des « colonialistes » où les siens ont été assignés à résidence par une histoire sans nuances, la narratrice tente de s’ancrer dans le terroir bordelais où sa famille a échoué en 1962, quelques années avant sa naissance. Peine perdue, les sols caillouteux du vignoble la ramènent aux déserts qu’elle n’a pas connus, la méfiance des paysans à l’incontournable question : « Comment peut-on être pied-noir ? » Son enfance déclassée, la mort de son père fauché sur une route, semblent inscrire son destin dans la tragédie. Mais nulle résignation chez ce « rapporteur en couettes » qui tout enfant décide d’échapper par les mots, les siens et ceux des autres, à la malédiction des origines. Mémorialiste fantaisiste et narquoise des humiliations subies, elle se lance dans l’apprivoisement mélancolique des malheurs alentour. Au cimetière du village, son lieu de prédilection, chaque pierre tombale des familles « bien françaises » révèle des drames et des dommages qui lui permettront de renouer le fil de sa propre vie. Très tôt, elle comprend que seule l’écriture pourra la sauver : s’inventant des généalogies – Hemingway et Beckett en guise de grands-pères –, elle plonge à corps perdu dans le creuset de l’imaginaire pour en extraire un éblouissant roman de formation. Ici le lent et patient apprentissage d’une terre et le pouvoir rédempteur de la littérature interrogent et dissolvent peu à peu le désespoir de vivre et la culpabilité.

Revue de presse :

« Pétrie d’une douce mélancolie, Annelise Roux a le don de les interroger (les absents) en mettant autant de légèreté dans l’humour que dans l’émotion, ce qui produit un effet de décalage qui évite l’apitoiement sur la dèche et les infortunes de “ce million de retoqués coloniaux vaporisés aux alentours de Marseille“. » La République des livres (Pierre Assouline)

« La force de La Solitude de la fleur blanche est de ne pas tomber dans le piège de l’autobiographie, ni dans celui de la « nostalgérie », pour reprendre le mot-valise de Montherlant. (…) Le tout dans une grande fluidité adoucie (…) » Le Figaro

« Un très beau livre d’une écrivaine qui a déjà publié plusieurs polars chez Gallimard. » El Watan

« Ecrit avec une des plumes les plus vibrantes et les plus fines de cette cette rentrée littéraire, cette Solitude de la fleur blanche se lit à l’oreille et résonne longtemps après. » France 2

« La Solitude de la fleur blanche capte d’emblée, du fait d’une écriture audacieuse, mouvementée, voire effrontée. (…) Drôle et dramatique, souvent en révolte, elle participe à une belle oeuvre de civilisation. » Le Devoir

La solitude de la fleur blanche

Sabine Wespieser Editeur - 2009

Nous venions de nulle part, d’un trou noir mental appelé Algérie, nous étions louches, sans le sou, dénués de qualification particulière, des prolétaires ayant été sans le moindre égard jetés dehors de ce qu’ils considéraient être chez eux, ficelés dans le silence… A. R. Habitée par un insoluble questionnement à propos des origines, née du mauvais côté de la barrière, dans le camp des « colonialistes » où les siens ont été assignés à résidence par une histoire sans nuances, la narratrice tente de s’ancrer dans le terroir bordelais où sa famille a échoué en 1962, quelques années avant sa naissance. Peine perdue, les sols caillouteux du vignoble la ramènent aux déserts qu’elle n’a pas connus, la méfiance des paysans à l’incontournable question : « Comment peut-on être pied-noir ? » Son enfance déclassée, la mort de son père fauché sur une route, semblent inscrire son destin dans la tragédie. Mais nulle résignation chez ce « rapporteur en couettes » qui tout enfant décide d’échapper par les mots, les siens et ceux des autres, à la malédiction des origines. Mémorialiste fantaisiste et narquoise des humiliations subies, elle se lance dans l’apprivoisement mélancolique des malheurs alentour. Au cimetière du village, son lieu de prédilection, chaque pierre tombale des familles « bien françaises » révèle des drames et des dommages qui lui permettront de renouer le fil de sa propre vie. Très tôt, elle comprend que seule l’écriture pourra la sauver : s’inventant des généalogies – Hemingway et Beckett en guise de grands-pères –, elle plonge à corps perdu dans le creuset de l’imaginaire pour en extraire un éblouissant roman de formation. Ici le lent et patient apprentissage d’une terre et le pouvoir rédempteur de la littérature interrogent et dissolvent peu à peu le désespoir de vivre et la culpabilité.


Ici, reposent

Gallimard - 2005

Toutes les couleurs du noir

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : Libar FOFANA, Elwood REID, Annelise ROUX, Tabajara RUAS - Saint-Malo 2005

Familles miroirs du monde

Saint-Malo 2010
Avec Annelise ROUX, Yanick LAHENS, Pascal DESSAINT, Lorent IDIR. Une rencontre animée Margot Loizillon.