GARAT Anne-Marie

France

La Nuit Atlantique (Actes Sud, 2020)

Lauréate saluée par le Femina 1992 pour Aden, elle signe une œuvre littéraire de tout premier plan, constituée de romans, de nouvelles, de chroniques, d’essais, d’articles, d’entretiens… Femme de terrain - convaincue que l’imaginaire est une richesse sans pareil, et sa transmission une question politique - elle milite pour la lecture publique. Anne-Marie Garat publie cette année une aventure intime dans un décor de mer, à la fois épique et tragique, dans un rythme soutenu de sa langue incandescente. Elle conte avec charme et finesse un récit exigeant, où la poésie s’empare des choses quotidiennes et où la catastrophe se mue en expérience soutenable.

Anne-Marie Garat a longtemps écrit dans sa cuisine, qui constitue à ses yeux un petit laboratoire existentiel. C’est là qu’elle a mijoté les ingrédients d’une œuvre foisonnante. Elle revendique la fiction comme représentation vraie mais aussi comme art de l’inquiétude, propre à la connaissance de soi et du monde. Son style emprunte autant au registre de la poésie que du réalisme et elle aime à emprunter les mots de Conrad dans Lord Jim pour définir son écriture : "de toute évidence ce devait être quelque chose de très simple - la chose la plus simple et la plus impossible du monde ; comme le serait par exemple la description de la forme exacte d’un nuage."

Née en 1946 à Bordeaux, dans un quartier ouvrier, Anne-Marie Garat est marquée par l’héritage de la mémoire familiale que traversent les deux Guerres mondiales. Dans ses romans pérégrinent les figures de l’absence et du crime et les fantômes du passé. Ainsi, dans L’Insomniaque, le personnage, qui fait l’inventaire de son passé dans une quête sans sommeil, assiste à l’éclatement de son existence. Le personnage éponyme d’Aden, lui, entreprend un difficile voyage en lui-même longtemps différé pour forcer les verrous de sa mémoire. Dans Les Mal famés, deux âmes esseulées se réchauffent l’une l’autre devant l’âtre du souvenir des amours perdues, dans une maison abandonnée dont les murs renvoient l’écho de leur solitude.

En 2006, sort le premier tome d’une trilogie, fresque magistrale qui embrasse tout le XXe siècle : Dans la main du diableraconte l’éclatante réussite d’une famille de biscuitiers à la veille de la Guerre de 1914 ; tandis que le tome 2, L’Enfant des Ténèbres, évoque les années 1930 et la montée des dictatures totalitaires. Enfin, en 2010, le dernier tome Pense à demain débute avec les dessous obscurs des glorieuses années 60 - collabos non poursuivis, guerre d’Algérie mal cicatrisée, et s’achève en 2010, où le destin des personnages dessinent le portrait tragique du siècle.
"Trois tomes qui se tiennent organiquement et dont le dernier est le roman du roman" selon l’auteur. Il y a derrière ce travail au long cours un énorme travail de documentation allié à une richesse de l’intrigue et à l’invention de personnages complexes.
La question du mal traverse toute sa trilogie qu’elle regrette de n’avoir pas dès le départ regroupée sous le titre "Les ogres et les orphelins" dont elle souhaite explorer toutes les ambiguïtés : "Les ogres", rappelle-t-elle, "ont la complexité d’êtres humains et des côtés séduisants. Et les orphelins sont souvent très dangereux : ayant tout perdu, ils n’ont plus rien à perdre".

Le Grand Nord-Ouest, son 25e roman, nous emmène dans les paysages blancs du Yukon, au milieu des chercheurs d’or. Ce roman naît de sa volonté de briser les codes d’un genre viril et bien souvent associé à la gent masculine, pour en faire un genre nouveau, et appréhender ce qu’elle nomme un« western féminin ». Jessie, six ans, suit sa mère en exil, de la Californie jusqu’au Grand Nord-Ouest. Avec elle, nous plongeons corps et âme dans la wilderness Yukon et de l’Alaska des années 1930, à la rencontre des peuples amérindiens et d’innombrables secrets de famille !

En 2020, Anne-Marie Garat publie La Nuit Atlantique, une aventure intime dans un décor de mer, à la fois épique et tragique, dans un rythme soutenu de sa langue incandescente. Elle conte avec charme et finesse un récit exigeant, où la poésie s’empare des choses quotidiennes et où la catastrophe se mue en expérience soutenable.


Bibliographie sélective

  • La Nuit Atlantique (Actes Sud, 2020)
  • Le Grand Nord-Ouest (Acte Sud, 2018)
  • Pense à demain (Actes Sud 2010)
  • Hongrie (Actes Sud, 2009)
  • L’enfant des ténèbres (Actes Sud 2008)
  • On ne peut pas continuer comme ça (Atelier In8, 2006)
  • Dans la main du diable (Actes Sud, 2006)
  • Une faim de loup. Lecture du Petit Chaperon rouge (Actes Sud, 2004)
  • Un tout petit coeur (Actes Sud junior, 2004)
  • Nous nous connaissons déjà (Actes Sud, 2003)
  • Les mal famées (Actes Sud, 2000) Prix Marguerite Audoux
  • Itsvan arrive par le train du soir (Seuil, 1999)
  • L’amour de loin (Actes Sud, 1998)
  • Dans la pente du toit (Seuil, 1998)
  • Merle (Seuil, 1996)
  • Photos de familles (Seuil, 1994)
  • Aden (Seuil, 1992), prix Femina
  • Chambre noire (Flammarion, 1990)
  • Le monarque égaré (Flammarion, 1989 ; Seuil, 1996)
  • L’insomniaque (Flammarion, 1987)
  • Voie non classée (Flammarion, 1985)
  • L’homme de Blaye (Flammarion, 1984)
La nuit atlantique

La nuit atlantique

Actes Sud - 2020

Un soir d’automne, Hélène, trente-huit ans, archiviste de son état (et aimant à se prétendre célibataire “par vocation”), arrive dans une petite station balnéaire de Gironde dans l’idée de venir en n mettre en vente cette maison isolée sur la dune, acquise dix ans plus tôt. De cette bâtisse aux allures de faux cottage anglais, porteuse d’une falsi catrice mémoire et qui, au l du temps, s’est muée pour elle en malé que talisman, Hélène veut se débarrasser pour toujours, et, ce faisant, évacuer quelques fantômes qui parasitent secrètement son existence. Contre toute attente, elle trouve, au bout de son expédition, la maison occupée par un jeune photographe canadien d’origine japonaise, Joe Naruse, squatteur au demeurant très civilisé, dont la conversation et les propos “exotiques” vont bercer sa soirée tout en commençant, en sous-main, à bousculer ses plans. À ce progressif déplacement des enjeux contribuera, dès le lendemain, l’arrivée elle aussi parfaitement inopinée, en gare de Soulac-sur-Mer, de la lleule adorée d’Hélène, Bambi, en proie à des préoccupations aussi sérieuses qu’inédites.
La maison mal aimée va-t-elle peu à peu devenir un havre, une arche de Noé ? Les forces cosmiques qui gouvernent l’univers n’en décideront pas ainsi mais entreront dans la danse pour assurer la médiation qui fera advenir la mutation profonde dont, à sa mesure, chacun des personnages du roman semble devoir faire l’expérience, à l’instar de notre humanité elle-même.
Entre retrouvailles en terrain (trop ?) connu, nouvelles relations que le hasard suscite, mêlant les horizons géographiques et historiques, entre chemins de forêts nocturnes et tempête centennale, crimes anciens surgissant d’un tableau et autres voix perdues, entre érosion des côtes et de toutes ses certitudes, Hélène s’e ondre avant de se relever pour s’ouvrir aux initiations qui l’attendent et vivre la mutation libératrice et amoureuse à laquelle, sur le divan de sa psychanalyste parisienne, elle ignorait si ardemment aspirer, et qui a mis en déroute tous ses démons personnels.

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Revue de presse :

  • « L’intensité d’écriture d’Anne-Marie Garat tient dans cette aptitude à faire corps avec son héroïne comme avec ces paysages atlantiques que l’écrivaine connaît par cœur, pour y avoir grandi. Elle découle de la confiance accordée à son lectorat, embarqué en même temps que chahuté par ce récit exigeant, jalonné par une foultitude de rebondissements et de détours inattendus, aimantés à leur tour par la villa et leurs occupants pour en éclairer les parts d’ombre mais aussi la chaleureuse lumière. » (Lætitia Favro, LE JOURNAL DU DIMANCHE)
  • « La nuit atlantique est un grand texte qui vous emportera à coup sûr ! » (Augustin Trapenard, FRANCE INTER, « Boomerang »)
  • « Sa sinuosité chirurgicale fait mouche. Anne-Marie Garat, c’est d’abord un style, soutenu par un regard non sans valeur morale. Il y a chez elle une profondeur guillerette, une nostalgie sautillante, une déréliction positive, un pessimisme insouciant. Elle a l’effondrement joyeux et la tragédie rigolarde. La catastrophe, sous sa plume, devient sinon délectable, du moins vivable.
    S’engloutir dans ce roman d’Anne-Marie Garat s’avère une expérience qui éprouve et donc grandit. Nous y faisons le plein d’énergie constructrice pour exister en toute lucidité, parmi ces temps qui aveuglent et annihilent. » (Antoine Perraud, LA CROIX)
Le Grand Nord-Ouest

Le Grand Nord-Ouest

Actes Sud - 2018

Fin des années 1930. Lorna del Rio quitte précipitamment les beaux quartiers d’Hollywood avec la petite Jessie et fonce vers le Grand Nord-Ouest du Yukon et de l’Alaska, sur les routes, par mer et jusque sur les anciennes pistes indiennes. Son périple croise les légendes de l’épopée de l’or et des trappeurs d’antan, avec pour seul guide une mystérieuse carte folle et ses munitions de première nécessité : son étole de vi­son, sa trousse à maquillage, son colt, une fortune volée dans le coffre d’Oswald Campbell, feu l’obèse papa de Jessie ; et surtout une sacoche pleine de vilains secrets. D’où vient-elle, que fuit-elle ? Que cherche l’intrépide pin-up, qui change de nom à tout bout de champ et ment comme elle respire ?
L’histoire de cette cavale, c’est Jessie qui, quinze ans plus tard, un soir d’avril 1954, la raconte à Bud Cooper, dans la banlieue d’Anchorage. Car qui d’autre que Bud tendrait l’oreille pour comprendre ce qu’a vécu Jessie, l’année de ses six ans, protégée par Kaska, l’Indienne gwich’in, puis réfu­giée dans une autre tribu, et enfin exfiltrée par l’homme que le FBI a payé pour “délivrer” la fillette ?
Roman de la mémoire et des dernières frontières, des lé­gendes et des mythes amérindiens, Le Grand Nord-Ouest in­vite également en filigrane entre ses pages, où plane l’ombre de Jack London, toute une galaxie de figures de fiction où l’Alice de Lewis Carroll rencontrerait le Petit Chaperon Rouge, Peau d’Âne ou Ali Baba, mais aussi le Kid de Chaplin et Citizen Kane. Avec ce magistral nouveau roman, Anne-Marie Garat convie une fois de plus le lecteur à un éblouissant voyage.


  • « On est aspiré dès les premières pages pas un souffle romanesque émotionnel et sensuel. La lecture du Grand Nord-Ouest est une véritable aventure initiatique. » L’Humanité
  • « Une atmosphère de rêve éveillé baigne ce récit extraordinaire qui invite au lâcher-prise, à la lecture somnambulique, on est aux confins du roman d’aventures et du conte. L’auteur convoque le Kid de Chaplin, Poucet ou Peau d’âne. Croisement improbable de l’univers d’un Lewis Carroll et de celui d’un Jack London, ce grand livre est une ode aux pouvoirs magiques de la littérature. » Avantages
  • « Road-book initiatique, western chamanique ou thriller ethnographique, Le Grand Nord-Ouest est porté par une langue envoûtante et dense. Prenez la piste et accrochez-vous : ça secoue. » Historia

Programme sensible

Programme sensible

Actes Sud - 2013

Programme sensible Dans un deux-pièces de la banlieue parisienne ignoré des GPS et de Google Earth, un homme qui a déjà vécu plusieurs vies entretient un dialogue obsédant avec son ordinateur dont l’écran liquide semble receler de vivantes images de son passé refoulé dans une forêt nordique d’Estonie, vingt ans avant la chute du mur de Berlin. Et affronte un passé qui revêt, sur/sous écran, les couleurs d’un conte ori- ginel, dont les ogres désormais numérisés, percutant inlassablement son incons- cient et sa mémoire archaïque, l’obligent à se réinventer dans la vraie vie.


Photos de familles

Photos de familles

Actes Sud - 2011

Tout un chacun a au moins une fois feuilleté ce livre, consulté ses pages familières : l’album de famille. Vieilles photos, classées et légendées, ou jetées en vrac dans les tiroirs, les boîtes en carton, images de rien vouées à la conservation dévote, ou à l’abandon, l’oubli… Si la pratique sociale de la photo d’anonymes a longtemps été ignorée, voire méprisée, et sa production dépréciée comme genre populaire sans qualités, c’est que ce livre d’images anodines, souvent indigentes, relate l’ordinaire de la vie, chronique sa répétitive banalité. Or, sous son dehors normé et ses rituels, l’album cèle un récit violent, d’amour et de mort : le roman familial s’écrit en chambre noire.
Car la photo de famille obéit à la mémoire de soi et des siens, interroge l’autobiographie. Elle convoque l’origine, la filiation, l’appartenance et l’identité. Hantée par le secret, l’absence et la présence – leur puissance imaginaire –, elle établit un des liens les plus intenses avec l’histoire privée et l’histoire collective, dont le souvenir mué en fiction se construit à travers ces images, investies du pouvoir d’invoquer les fantômes. De l’argentique au numérique, une mutation profonde s’opère, transformant notre rapport à cette archive et lieu de mémoire ; occasion d’interroger les nouvelles images de l’album de famille…


Pense à demain

Pense à demain

Actes Sud - 2010

Dernier volume d’un grand roman séculaire qui débute en 1913 avec Dans la main du diable, et se poursuit dans les années 1930 avec L’Enfant des ténèbres, Pense à demain couvre une période qui s’étend des années 1960 à septembre 2010. On y retrouve, trente ans plus tard, les personnages dont les destins dessinent le portrait tragique du siècle. Mais qui "tourne la manivelle" de l’Histoire ? De quel sordide passé aux crapuleuses ramifications mêlant politique et affairisme, les uns et les autres sont-ils comptables ? De quels terribles marécages — et parfois quels charniers — s’élèvent les existences ? Qui a pouvoir de désigner le visage du crime, d’absoudre sa face et d’abolir son image ? Comment naissent les histoires ? Sinon par leur fin, souvent. Ainsi le présent est-il prescrit par hier, et demain, illisible, chiffré au passé, souvent très antérieur.


Revue de presse

  • "Renouant avec le roman populaire, elle revendique le droit de la fiction à interroger l’Histoire." LE MAGAZINE LITTERAIRE
  • "Pense à demain s’autorise une écriture ample, poétique où alternent descriptions et accélérations, un peu comme si Zola avait croisé Auguste Renoir, Conrad et Giono à la table de Fellini." LIRE
  • "Faisant fi du mépris qui entoure trop souvent les romans populaires, Anne-Marie Garat s’est donc lancée avec bonheur dans cet espace en usant de tous les genres (policier, historique, sentimental...) et de toutes les conventions romanesques. LE MONDE
  • "Faire du roman-feuilleton un observatoire privilégié de l’histoire, c’est l’ambition d’Anne-Marie Garat. (...) Avec sa trilogie, elle libère le feuilleton d’un quelconque mépris intellectuel, l’actualise tout en jonglant avec ses artifices et cite ses auteurs de référence : Eugène Sue, Jacques Tardi ou Roger Martin du Gard, sans jamais les pasticher, ni les parodier." TELERAMA

Romans-Fleuves

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Avec Robin Hobb et Anne-Marie Garat

Une vidéo réalisée par Cap7Média.

Matinée : notre part sauvage

avec J. BRADBURY, A.-M. GARAT, K. JAMIE, C. POULAIN - Saint-Malo 2019

Avec J. BRADBURY, A.-M. GARAT, K. JAMIE, C. POULAIN
Animé par Hubert ARTUS


Du roman feuileton à la série TV

Saint-Malo 2011

Avec Michel LE BRIS, Anne-Marie GARAT, Vincent COLONNA, Sylvie LAURENT, animé par Jean-Claude Lebrun.