MORIN Edgar

France

Sur la crise (Flammarion, 2020)

À presque 100 ans, ce philosophe et sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS et ancien résistant ne cesse de produire une réflexion prolifique et vivifiante. Ses ouvrages abordent des questions aussi vastes et variées que la mort, l’ethnologie, la télévision, la physique, la biologie, la philosophie des sciences… Conscient de l’époque, lanceur d’alerte planétaire, il n’a de cesse d’attirer l’attention du siècle sur les dérives de la mondialisation et les perversions d’un système soumis au diktat de la croissance. En 2019, il écrit « selon l’inspiration, les circonstances », Les Souvenirs viennent à ma rencontre, dressant une toile de sa vie, dans laquelle, selon ses mots, « la grande histoire se mêle en permanence à l’histoire d’une vie riche de voyages, de rencontres où l’amitié et l’amour occupent une place centrale ». Cette année, il revient avec un essai limpide et inspirant sur l’idée de crise - Écologique, économique, politique, etc. – qui hante le monde actuel afin de nous faire prendre de la hauteur face à cette notion galvaudée. Salvateur.

"J’ai renoncé depuis longtemps à l’idée d’un soi disant meilleur des mondes, mais je ne renonce pas à l’idée d’un monde meilleur", déclare Edgard Morin. A 99 ans, ce philosophe et sociologue ne cesse de produire une réflexion prolifique et vivifiante qui interroge le monde et le devenir de l’humanité.

Fort de tout le bagage intellectuel qu’il a érigé au fil des années, il tire la sonnette d’alarme pour les générations futures. Dans son ouvrage La Voie, il pointe du doigt la crise d’ordre écologique, sociale et économique qui menace la planète. Pour autant, Edgar Morin refuse la qualification de "pessimiste". Car si la catastrophe est plus que probable, l’emballement désastreux qui a pris d’assaut le monde, sous l’impulsion de la science, du concept de développement et de l’omnipotence du capitalisme génère également une prise de conscience qui ouvre la voie à de nombreuses initiatives porteuses de vitalité. On peut donc encore y croire : "l’expérience de l’histoire nous montre que l’improbable bénéfique arrive".

La vie de ce résistant de la première heure est aussi riche que sa pensée qu’il développe tout au long de la cinquantaine d’ouvrages qui composent sa bibliographie. Edgar Nahoum, né à Paris en 1921, s’engage très tôt en politique, au coté du parti frontiste (parti de gauche pacifiste et antifasciste). Après avoir obtenu une licence en histoire et en géographie, ainsi qu’en droit, il rejoint le mouvement de la résistance en 1942, et devient lieutenant des Forces françaises combattantes. En souvenir de cette expérience, il conserve son pseudonyme de militant : Morin.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, il publie l’An zéro de l’Allemagne, un livre sur la situation du peuple allemand à cette époque. En 1950, il entre en tant que chercheur au CNRS. Il conduit notamment en 1965 l’une des premières études ethnologiques sur la société française contemporaine, à propos d’une petite commune de Bretagne, Plovezet. Il est aussi l’un des premiers chercheurs à s’intéresser aux pratiques culturelles : il fonde notamment le centre d’Etudes des Communications de Masse, qui mène des recherches sur la télévision, la chanson,... Dans les années 1960, il part enseigner deux années en Amérique latine, à la faculté de sciences sociales. Il est aujourd’hui directeur de recherche émérite au CNRS, et docteur honoris causa de nombreuses universités à travers le monde.

Son esprit résistant l’a conduit tout au long de sa vie à prendre des positions fortes contre toutes les situations d’oppression ou d’injustice. Radié du parti communiste pour ses idées antistaliniennes, il anime en 1955 un comité contre la guerre d’Algérie, tout en dénonçant également les dérives du FLN. Il est très tôt l’un des fervents défenseurs de l’écologie, et prône une "politique de la civilisation", un concept qui "vise à remettre l’homme au centre le politique, en tant que fin et moyen, et à promouvoir le bien vivre au lieu du bien être." Edgar Morin énonce un diagnostic et une éthique pour les problèmes fondamentaux de notre temps, et appelle les hommes à réanimer les solidarités qui se perdent au sein de notre société occidentale.

La pensée d’Edgar Morin a considérablement influencé la philosophie contemporaine. Son oeuvre majeure, La Méthode, est constituée de six volumes parus entre 1977 et 2004 : La Nature de la nature, La Vie de la vie, La Connaissance de la connaissance, Les Idées, L’Humanité de l’humanité - L’identité humaine, Éthique. Il s’y emploie à donner corps à l’une des questions fondamentales qui mènent sa réflexion : le décloisonnement des frontières entre les disciplines afin d’opérer une synthèse des connaissances. Une invitation à penser de manière complexe, refusant les oppositions binaires et simplistes. "La pensée complexe, explique-t-il, c’est unir des notions qui se repoussent". Une attitude intellectuelle qui renvoie à la complexité même du monde. A l’image de sa philosophie, les ouvrages d’Edgar Morin se sont nourris de pluridisciplinarité, abordant des questions aussi vastes et variées que la mort, l’ethnologie, l’histoire, la télévision, la physique, la biologie, la philosophie des sciences,... Il a créé, et préside encore aujourd’hui, l’Association pour la Pensée Complexe (APC).

Un décloisonnement qui devrait aussi s’appliquer aux initiatives porteuses de vie à travers le monde. "Aujourd’hui, quel est le nouvel improbable ? La vitalité de ce l’on appelle la société civile, une créativité porteuse d’avenir (...) Beaucoup de choses se créent. Le monde grouille d’initiatives de vouloir vivre. Faisons en sorte que ces initiatives se connaissent et se croisent !" Tout cela pour réfléchir ensemble au devenir de l’humanité : "La visée, c’est la symbiose du meilleur de chaque culture et de chaque civilisation : il faut changer de voie. C’est possible, mais cela ne peut commencer que par des déviances, des transgressions." Une réflexion qui est le coeur même de son livre, paru en 2011 : La Voie, pour le devenir de l’humanité, et qu’il prolonge avec son ami Stephane Hessel dans l’un de ses derniers ouvrages, Le chemin de l’espérance.

Edgar Morin nous a déjà fait le plaisir de se joindre à nous en 2017 pour nous présenter deux essais. D’abord, Sur l’esthétique, publié chez Robert Laffont : à travers les œuvres qui l’ont personnellement marquées, il y livre une réflexion profonde sur ce qui fait la beauté du sentiment esthétique et de sa complexité, sur ce qu’il a d’insaisissable et de nécessaire et sur ce que la création artistique nous apporte en compréhension et en perspectives. Ensuite, Connaissance, ignorance, mystère, avec lequel il entreprend de parcourir les nouveaux territoires de la connaissance où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.

L’année suivant, il publie un roman vieux de 70ans, qui garde pourtant toute sa fraîcheur ! La seule forme romanesque dans son œuvre à ce jour… Largement autobiographique, L’île de Luna relate sa première rencontre avec la mort, celle de sa mère, le deuil et l’insupportable non-dit qui l’entoure. Ecrit de jeunesse jusqu’ici inédit d’Edgar Morin, L’île de Luna irrigue ainsi de façon nouvelle l’œuvre du philosophe.

En 2019, il écrit « selon l’inspiration, les circonstances » Mes Souvenirs viennent à ma rencontre, dressant une toile de sa vie, dans laquelle « La grande histoire se mêle en permanence à l’histoire d’une vie riche de voyages, de rencontres où l’amitié et l’amour occupent une place centrale ». Cette année, le maître de la pensée complexe revient au festival avec un essai limpide et inspirant sur l’idée de crise - Écologique, économique, politique, etc. – qui hante le monde actuel afin de nous faire prendre de la hauteur face à cette notion galvaudée.


Bibliographie :

  • Sur la crise (Flammarion, 2020)
  • Les souvenirs viennent à ma rencontre (Fayard, 2019)
  • Le cinéma : un art de la complexité (Nouveau monde, 2018)
  • L’île de Luna (Actes Sud, 2017)
  • Connaissance, ignorance, mystère ( Fayard, 2017)
  • Où est passé le peuple de gauche ? (L’Aube, 2017)
  • Le temps est venu de changer de civilisation (L’Aube, 2017)
  • Connaissance, ignorance, mystère (Fayard, 2017)
  • Sur l’esthétique (Robert Laffont, 2016)
  • Le Paradigme perdu : la nature humaine (Points, 2016)
  • L’Aventure de la méthode (Seuil, 2015)
  • Les stars (Points, 2015)
  • Avant, pendant après le 11 janvier (avec Patrick Singaïny, Les Éditions de l’Aube, 2015)
  • Introduction à la pensée complexe (Points, 2014)
  • Enseigner à vivre. Manifeste pour changer l’éducation (Actes Sud, 2014)
  • Mon Paris, ma mémoire (Fayard, 2013)
  • La France est une et multiculturelle. Lettre aux citoyens de France, en collaboration avec Patrick Singaïny (Fayard, 2012)
  • Conversation pour l’avenir, avec Gilles et Michel Vanderpooten (La Tour d’Aigues, L’Aube, 2011)
  • Dialogue sur la connaissance : Entretiens avec des lycéens (Editions de l’Aube, 2011)
  • Mes philosophes (Germina, 2011)
  • Le chemin de l’espérance, en collaboration avec Stephane Hessel (Fayard, 2011)
  • La Voie : pour l’avenir de l’humanité (Éditions Fayard, 2011)
  • Comment vivre en temps de crise ? (avec Patrick Viveret) (Bayard Centurion, 2010)
  • Ma gauche (Bourin Editeur, 2010)
  • Pour et contre Marx (Temps Présent, 2010)
  • Edwige, l’inséparable (Fayard, 2009)
  • La Pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d’Edgar Morin (Éditions Germina, Entretiens, 2009)
  • Crises, (CNRS, Débats, 2009)
  • Mai 68, La Brèche, avec Claude Lefort et Cornelius Castoriadis (Fayard, 2008)
  • Mon chemin, Entretiens avec Djénane Kareh Tager (Fayard, 2008)
  • Où va le monde ? (L’Herne, 2007)
  • Vers l’abîme (L’Herne, 2007)
  • L’an I de l’ère écologique (avec la collaboration de Nicolas Hulot), (Tallandier, 2007)
  • La Méthode (6 volumes) (Seuil, 2008)
  • Le Monde moderne et la question juive (Le Seuil, 2006)
  • La Violence du monde (avec Jean Baudrillard), Édition du Félin, 2003)
  • Éduquer pour l’ère planétaire, la pensée complexe comme méthode d’apprentissage dans l’erreur et l’incertitude humaine (avec Raul Motta, Émilio-Roger Ciurana) (Balland, 2003)
  • Université, quel avenir ? (avec Alfredo Pena-Vega) (Éditions Charles Léopold Mayer, 2003)
  • Les Enfants du ciel : entre vide, lumière, matière (avec Michel Cassé) Odile Jacob, 2003)
  • Éthique (t. 6) Le Seuil, 2004
  • L’Humanité de l’humanité - L’identité humaine (t. 5) (Le Seuil, 2001)
  • Pour une politique de civilisation (Arléa, 2002)
  • Dialogue sur la connaissance. Entretiens avec des lycéens (La Tour d’Aigues, L’Aube, 2002)
  • Dialogue sur la nature humaine (Edition France Culture/l’Aube , 2000)
  • Les Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur (Le Seuil, 2000)
  • La Tête bien faite (Le Seuil, 1999)
  • Relier les connaissances (Le Seuil, 1999)
  • L’Intelligence de la complexité (avec Jean-Louis Le Moigne) (Éd. l’Harmattan, 1999)
  • Amour Poésie Sagesse (Seuil, 1997)
  • Une Politique de civilisation (en collaboration avec Sami Naïr) (éd. Arléa, 1997)
  • Comprendre la complexité dans les organisations de soins, (avec Jean-Louis Le Moigne) (ASPEPS Éd., 1997)
  • Les Fratricides - Yougoslavie-Bosnie 1991-1995 (Édition Arléa, 1995)
  • Une année sisyphe (Seuil, 1995)
  • Mes démons (Stock, 1994)
  • Terre-patrie (avec la collaboration d’A.B. Kern) (Le Seuil, 1993)
  • Les Idées (t. 4) (Le Seuil, 1991)
  • Introduction à la pensée complexe (Le Seuil, 1990)
  • Penser l’Europe (Gallimard, 1987)
  • La Connaissance de la connaissance (t. 3) (Le Seuil, 1986)
  • Le Rose et le noir (Galilée, 1984)
  • De la nature de l’URSS (Fayard, 1983)
  • Science avec conscience (Fayard, 1982)
  • Pour sortir du xxe siècle (Le Seuil, 1981)
  • La Vie de la vie (t. 2) (Le Seuil, 1980)
  • La Nature de la nature (t. 1) (Le Seuil, 1977)
  • Journal de Californie (1970)
  • Introduction à une politique de l’homme (Le Seuil, 1969)
  • La Rumeur d’Orléans (1969)
  • Commune en France. La métamorphose de Plodémet (Fayard, 1964)
  • L’Esprit du temps (Éditions Grasset, 1962)
  • Autocritique (Le Seuil, 1959)
  • Les Stars (Le Seuil, 1957)
  • Le Cinéma ou l’homme imaginaire (Éditions de minuit, 1956)
  • L’Homme et la mort (Le Seuil, 1951)
    - Une cornerie (Édition Nagel, 1948)
  • L’An zéro de l’Allemagne (1946)

Bibliographie traduite en anglais :

  • The Path to Hope, en collaboration avec Stephane Hessel, et Antony Shugaar (Other Press, 2012)
  • On Complexity (Advances in Systems Theory, Complexity, and the Human Sciences) (Hampton Press, 2008)
  • Vidal and His Family : From Salonica to Paris - The Story of a Sephardic Family in the Twentieth Century (Sussex Academic Press, 2008)
Les souvenirs viennent à ma rencontre

Les souvenirs viennent à ma rencontre

Fayard - 2019

Dans ce livre, Edgar Morin, né en 1921, a choisi de réunir tous les souvenirs qui sont remontés à sa mémoire. A 97 ans, celle-ci est intacte et lui permet de dérouler devant nous l’épopée vivante d’un homme qui a traversé les grands événements du XXe siècle. La grande histoire se mêle en permanence à l’histoire d’une vie riche de voyages, de rencontres où l’amitié et l’amour occupent une place centrale. 

Ces souvenirs ne sont pas venus selon un ordre chronologique comme le sont habituellement les Mémoires. Ils sont venus à ma rencontre selon l’inspiration, les circonstances. S’interpellant les uns les autres, certains en ont fait émerger d’autres de l’oubli.
Ils témoignent que j’ai pu admirer inconditionnellement des hommes ou femmes qui furent à la fois mes héros et mes amis.
Ils témoignent des dérives et des dégradations, mais aussi des grandeurs et des noblesses que les violents remous de l’Histoire ont entraînées chez tant de proches.
Ils témoignent des illuminations qui m’ont révélé mes vérités  ; de mes émotions, de mes ferveurs, de mes douleurs, de mes bonheurs.
Ils témoignent que je suis devenu tout ce que j’ai rencontré.
Ils témoignent que le fils unique, orphelin de mère que j’étais, a trouvé dans sa vie des frères et des sœurs.
Ils témoignent de mes résistances : sous l’Occupation, puis au cours des guerres d’Algérie, de Yougoslavie, du Moyen-Orient, et contre la montée de deux barbaries, l’une venue du fond des âges, de la haine, du mépris, du fanatisme, l’autre froide, voire glacée, du calcul et du profit, toutes deux désormais sans freins.
Ces souvenirs témoignent enfin d’une extrême diversité de curiosités et d’intérêts, mais aussi d’une obsession essentielle, celle qu’exprimait Kant et qui n’a cessé de m’animer : Que puis-je savoir ? Que puis-je croire ? Que puis-je espérer ? Inséparable de la triple question : qu’est-ce que l’homme, la vie, l’univers ?
Cette interrogation, je me suis donné le droit de la poursuivre toute ma vie.
Edgar Morin

— -

Revue de presse :

  • « Ce grand penseur souligne l’importance de la pensée dans notre société malade » (Elodie Suigo, 30/01/2020, France Info)
Chronique d'un été

Chronique d’un été

Jean ROUCH et Edgar MORIN (Argos Films/1961/91’) -

Paris, été 1960, Edgar Morin et Jean Rouch interviewent des parisiens sur la façon dont ils se débrouillent avec la vie. Première question : êtes-vous heureux ? Les thèmes abordés sont variés : l’amour, le travail, les loisirs, la culture, le racisme etc. Le film est également un questionnement sur le cinéma documentaire : cinéma-vérité et cinéma-mensonge. Quel personnage jouons-nous devant une caméra et dans la vie ?
Edgar Morin sera des nôtres pour nous parler de Jean Rouch.

Le cinéma : un art de la complexité

Le cinéma : un art de la complexité

Nouveau Monde éditions - 2018

Receuil d’une cinquantaine d’articles et inédits d’Edgar Morin sur le cinéma, écrits entre entre 1952 et 1962.


Pour résister à la régression

Pour résister à la régression

L’Aube - 2018 - 2018

Ces dernières années, nos sociétés ont été bousculées, meurtries, secouées. Et, régulièrement, l’Aube a publié des dialogues d’Edgar Morin avec différentes personnalités - Boris Cyrulnik, Éric Fottorino, Stéphane Hessel, François Hollande, Laurent Greilsamer, Denis Lafay, Nicolas Truong -, pour nous aider à mettre en mots, à comprendre, à voir.

« Le lecteur pourra donc, j’espère, trouver dans les textes ici réunis éléments et aliments à sa réflexion, invitation à repenser et incitation à la résistance. Toute régression doit stimuler une résistance, et toutes les résistances constituent des îlots de sauvegarde des valeurs essentielles pour nos vies et en même temps d’éventuels points de départ pour un renouveau transformateur. » Edgar Morin


Connaissance, ignorance, mystère

Connaissance, ignorance, mystère

Fayard - 2017

« Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel.

« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l’inconnu dans le connu, de l’énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d’une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin.

Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.
A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et fortifie le sentiment poétique de l’existence.


L'île de Luna

L’île de Luna

Actes Sud - 2017

On lui a dit que sa mère, qui était en cure, allait rester absente quelque temps. Albert Mercier, jeune garçon sensible et imaginatif, est accueilli chez sa tante, dans les faubourgs parisiens. Confronté au désespoir de son père et noyé dans l’atmosphère oppressante des non-dits, Albert devra mobiliser toute la puissance de ses rêveries pour tenter d’affronter ce monde à jamais effondré mais seul désormais, à l’instar des héros de ses romans d’enfant. Ecrit de jeunesse jusqu’ici inédit d’Edgar Morin, L’île de Luna irrigue de façon nouvelle l’œuvre du philosophe, auteur chez Actes Sud de Impliquons-nous et de Enseigner à vivre.


Le temps est venu de changer de civilisation

Le temps est venu de changer de civilisation

L’Aube - 2017

Le seul antidote à la tentation barbare est l’huma­nisme régénéré que propose Edgar Morin. Le seul antidote aux aveuglements que produit la connaissance morcelée, compartimentée, réductrice, manichéenne est dans une connaissance et une pensée complexes. Les bienfaits de notre civili­sation s’amenuisent. Ses carences ­s’accroissent. Nous avons besoin à la fois d’une nouvelle civilisa­tion politique et d’une politique de civilisation. Edgar Morin nous livre ­diagnostic, pronostic et esquisse les possibilités d’une refondation politique.
Du haut de ses quatre-vingt-seize ans, le sociologue et philo­sophe Edgar Morin, viscéralement en lutte, ausculte la civilisation contemporaine, dissèque les innervations de son dépérissement et défriche les voies de sa revitalisation.


Sur l'esthétique

Sur l’esthétique

Robert Laffont - 2016

L’esthétique, avant d’être le caractère propre de l’art, est une donnée fondamentale de la sensibilité humaine. Le sentiment esthétique est un sentiment de plaisir, qui peut s’intensifier en émerveillement et bonheur. Il peut être suscité par un spectacle naturel, une oeuvre d’art, mais aussi par des objets ou des oeuvres que nous esthétisons.
D’où vient la créativité artistique ? Qu’appelle-t-on inspiration ou génie ? De la transe du chaman à celle du poète, de la mimesis de l’écrivain à celle du comédien, quelle est l’expérience in vivo de l’artiste ?
De Lascaux à Beethoven, de Dostoïevski à Orson Welles, Edgar Morin convoque les oeuvres et les artistes qui l’ont marqué et accompagné pour démontrer la profondeur de l’expérience esthétique. Les grandes oeuvres ne sont pas que " divertissements " : elles nous donnent compréhension de la condition humaine, dans ses comédies et ses tragédies.


Revue de presse :

  • « Un ouvrage vivifiant où l’on retrouve le meilleur de l’enthousiasme et de l’exigence de la pensée d’Edgar Morin ! »
    Archibald Ploom, Culture Chronique
  • « Ça donne envie d’écouter Beethoven encore, de lire Dostoïevski, d’aller au cinéma, au théâtre, de s’ouvrir plus que jamais à la richesse et à la complexité du monde. »
    Augustin Trapenard, France Inter

Impliquons-nous ! Dialogue pour le siècle

Impliquons-nous ! Dialogue pour le siècle

Actes Sud - 2015

Avec Michelangelo Pispoletto

Ce dialogue, né de la rencontre entre un artiste et un penseur majeurs de notre époque, se présente comme un manifeste incitant à s’impliquer activement dans les enjeux du siècle.
Dans la lignée des utopistes, tels Thomas More ou Charles Fourier, Michelangelo Pistoletto s’est fait le chantre d’un Troisième Paradis, dont témoigne aujourd’hui l’arbuste naissant d’une sagesse nouvelle qu’il a planté lui-même au cœur du monde. il en soupèse à présent les premiers fruits en compagnie d’Edgar Morin, dont le parcours et l’expérience de sociologue et de philosophe font la voix et la conscience de notre temps.
Ayant commencé à apporter son aide à la lutte des républicains espagnols, s’engageant ensuite dans les rngs de la Résistance, Edgar Morin a soutenu, sa vie durant, maints combats : de celui de Messali Hadj, pendant la guerre d’Algérie, à celui du chef amazonien Raoni, un demi-siècle plus tard… Avec opiniâtreté, il s’emploie à alerter tant les intellectuels que les opinions publiques des dangers et des désastres potentiels encourus par la planète. Cette vois et cette conscience qu’in incarne désormais n’ont de cesse de rappeler au monde qu’un autre monde, justement, est non seulement nécessaire, mais encore possible.
C’est à ce dialogue entre Michelangelo Pistoletto et Edgar Morin, à ces échanges menés à bâtons rompus, que le lecteur est convié, alors que paraît bien advenu ce moment de l’histoire où le poids de toutes les idéologies et de toutes les techniques se doit d’être évalué à nouveau. L’art et la création ont toute leur place dans le processus. Il n’est plus temps désormais de s’indigner. Le passage à l’acte s’impose. Des alternatives concrètes existent et doivent être développées…

Revue de presse :

  • « Interroger les moyens de l’art et de la culture est plus jamais une nécessité, entretenue par des voix comme celles qui s’entrecroisent dans le dialogue que ropose ce petit libre ambitieux publié par Actes Sud. »
    Christophe Domino, Les impressions nouvelles
  • « L’appel d’Edgar Morin et de Michelangelo Pistoletto pour une nouvelle civilisation qui veut naître, celle du "mieux vivre" ou du "troisième paradis", exige des changements profonds dans notre façon d’agir et de penser. Au-delà des discours et des symboles nécessaires, il est temps d’agir ! »
    Laure Kaltenbach et Olivier Le Guay, Le qutodien des arts

Notre Europe. Crise et renaissance

Notre Europe. Crise et renaissance

Fayard - 2014

Avec Mauro Cerutti

« Dans un sens, ce livre prolonge et actualise mon Penser l’Europe ainsi que Barbarie et culture européennes. Mais il s’agit surtout d’une « repensée de l’Europe » en notre époque de crises conjuguées, dont la crise multidimensionnelle de l’Europe, en une grande crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité. Cette repensée est l’œuvre de deux esprits frères, celui de Mauro Ceruti et le mien : je me retrouve en lui comme il se retrouve en moi. Notre communauté de pensée s’est ainsi trouvée concrétisée dans cette œuvre méditante et militante. »  Edgar Morin



Pour et contre Marx

Pour et contre Marx

Flammarion - 2012

Pour et contre Marx « Aujourd’hui, le problème n’est plus de savoir si la "doctrine" marxiste est morte ou non [...] Marx doit être dépassé, c’est-à-dire intégré dans la constellation des penseurs qui peuvent éclairer notre réflexion. » À travers une série de textes limpides, Edgar Morin, qui dit avoir été marxien avant d’avoir été marxiste, revient sur ce penseur « titan » avec lequel il n’a jamais fini de penser et de dialoguer. Il donne à voir la fécondité de sa méthode - traquer les contradictions sociales et penser leur dépassement - pour l’appliquer à Marx lui-même, y reconnaître les limites et les impensés, et ouvrir la voie à un nouvel avenir. Alors que le libéralisme se déploie sur le monde et le plonge dans l’abîme écologique, politique, financier et éthique, Edgar Morin invite à retrouver Marx sous les décombres des marxismes, non pour en tirer des solutions miracles, mais pour penser le monde qui vient.



Edgard Morin, Journal (1962-1987)

Edgard Morin, Journal (1962-1987)

Seuil - 2012

Peu de ses lecteurs savent qu’Edgar Morin a tenu depuis l’adolescence, par intermittence, des journaux intimes dont seule une partie a été publiée, quand une autre a été perdue et une troisième était restée jusqu’ici confidentielle et inaccessible au public. Ce premier tome du Journal, qui couvre trois décennies (1960-1980), réunit des ouvrages déjà publiés, mais pour certains méconnus, et plusieurs textes inédits : Le Vif du sujet (nov. 1962-oct. 1963), interrogation d’un homme en convalescence sur les fondements de ses conceptions, peu à peu entrecoupée par les événements qui marquent sa renaissance à la vie ; le Journal de Plozévet (1965), carnet de terrain de sa célèbre enquête sur cette commune bretonne et témoignage en direct de la mutation de la campagne française ; le Journal de Californie (sept. 1969-juin 1970), découverte d’une Amérique « en transe », dont le tourbillon culturel croise le propre mouvement de sa pensée ; une ébauche inédite de questionnement sur sa position au sein de la gauche et dans le milieu intellectuel (1973) ; le Journal d’un livre (juil. 1980-fév. 1981), tenu parallèlement à l’écriture de Pour sortir du XXe siècle, et « Le serpent » (oct. 1981), aparté et mise en abyme de cet exercice sur fond de trahison éditoriale ; « Krisis » (1987), enfin, épisode sombre, qui préfigure d’autres « années cruelles ».Loin de ne constituer qu’un volet anecdotique ou un simple exercice de style, ces journaux éclairent la trajectoire d’un penseur hors norme.



Edgar Morin, Journal (1992-2010)

Edgar Morin, Journal (1992-2010)

Seuil - 2012

Illustration en acte de la « pensée complexe », le Journal d’Edgar Morin entrelace esquisses d’analyses, considérations sur les choses vues, vécues ou lues, réflexions et jugements inspirés par l’actualité, interrogations et notations personnelles sur les événements frappants, heureux ou tragiques de l’existence comme sur ses moments quotidiens. Attentif à saisir l’épaisseur du réel et les aspérités de la matière humaine, le diariste y expose ouvertement ses faiblesses, refusant de se « statufier dans des poses nobles ».

Dans la continuité du premier tome, le second mêle opus déjà publiés et séquences inédites, avec, ici, la moitié du volume occupée par ces dernières de 2001 à 2010. Débutant par le « Journal de Chine », relation d’un voyage effectué trois ans après le Printemps de Pékin, et continué par ces deux journaux de la fin d’un siècle que sont Une année Sisyphe et Pleurer, aimer, rire, comprendre, il s’achève par le récit des « Années cruelles » qui marquent pour Edgar Morin, avec l’ouverture du nouveau millénaire, l’ultime décennie d’Edwige, sa femme, emportée par la maladie.



Autocritique

Autocritique

Seuil - 2012

Entré simultanément, à vingt ans, en Résistance et en communisme, Edgar Morin a connu le doute à l’égard du second dès la Libération puis, de déchirements en désillusions, au moment des procès et des purges de la « deuxième glaciation » stalinienne, le rejet réciproque en 1951. Son appartenance au Parti avait duré dix ans, au cours desquels il avait vu comment l’Appareil pouvait transformer un brave en lâche, un héros en monstre, un martyr en bourreau. Ce livre, publié pour la première fois en 1959, plusieurs fois réédité et augmenté ici d’une nouvelle préface, est le récit sincère d’une aventure spirituelle.
Dans ce détournement de l’exercice tristement célèbre de confession publique que le pouvoir soviétique exigeait de ceux dont il entendait se débarrasser, Edgar Morin ne se contente toutefois pas de dénoncer le dévoiement d’une idéologie. Il restitue le communisme dans sa dimension humaine en montrant comment celui-ci a pu tout à la fois porter et trahir les plus grands idéaux. En élucidant le cheminement personnel qui l’avait conduit à se convertir à la grande religion terrestre du XXe siècle, il se délivre à jamais d’une façon de penser, juger, condamner, qui est celle de tous les dogmatismes et de tous les fanatismes.
Ce témoignage, qui est celui d’une génération, est aussi une leçon actuelle dans notre époque menacée par de nouveaux obscurantismes.


« La déconstruction de son univers intellectuel, qui occupe la fin du livre, prouve que sortir du stalinisme ne donne pas forcément un accès plus sûr au ciel des idées que d’y entrer. Mais l’oeuvre n’en devrait pas moins être affichée, réglementairement, dans tous les débits de boisson idéologiques d’aujourd’hui et de demain. »
Patrick Jarreau, Le monde

Qu’est-ce qu’un être humain ?

Avec Patrick Chamoiseau, Raphaël Glucksmann, Edgar Morin, Shumona Sinha - Saint-Malo 2017

Avec Patrick Chamoiseau, Raphaël Glucksmann, Edgar Morin, Shumona Sinha
Animé par Xavier de Bontride

De berceau de civilisation, la Méditerranée est devenue un cimetière marin – mais qu’est-ce qui meurt, de nous, avec ces malheureux ? Ailleurs, nous multiplions les camps. Mais qu’est-ce que nous nous enfermons de nous-mêmes, ce faisant ? Rester « entre soi » ? Mais que reste-t-il alors de ce « soi » ? Qu’est-ce que cela veut encore dire pour nous, d’être humain ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Il y a un imaginaire de l’être ensemble à refonder. Avec Patrick Chamoiseau, Edgar Morin, dont toute la pensée tend vers la définition des contours d’un nouvel humanisme, Raphaël Glucksmann, qui après un séjour à Calais a publié un texte fort, dans Médiapart sur la faillite de l’idéal républicain : De quoi Calais est-il le nom ?, Shumona Sinha a été interprète auprès de l’Ofpra, chargé de gérer les demandes d’asiles politiques, dans Assommons les pauvres !, elle dressait un constat sans complaisance et publie Apatrides (Éditions de L’Olivier), Raphaël Krafft avec Passeur (Buchet-Chastel) qui, en racontant l’ascension du col de Fenestre pour aider des réfugiés à atteindre la France, met en exergue l’absurdité des lignes imaginaires dans un document profondément humain. Retour ligne manuel


Poétique de la démocratie

Avec Edgar Morin, Mona Ozouf, Patrick Chamoiseau - Saint-Malo 2017

Il est bien des conceptions de la démocratie. Le temps n’est pas si loin où ceux qui dénonçaient la démocratie « formelle » (bourgeoise, donc) appelaient «  démocraties populaires » des dictatures. Simple héritière de Rome et d’Athènes ? Ou bien ce « pari impossible » d’une communauté humaine fondée sur la reconnaissance de la radicale singularité de chacun – pari possible, pourtant, démontre le poème, expression du plus intime, mais qui éveille en chacun des échos, crée de «  l’être ensemble » ?
Animé par Yann Nicol


Avec Edgar Morin, Mona Ozouf, Patrick Chamoiseau