ZILDA

France

Graffeur

En 2006, ce jeune autodidacte rennais bazarde ses toiles : sa peinture se déploie et se désagrège désormais sur la surface infinie et précaire des murs de la ville, offerte aux badauds.

Ses premiers collages au trait noir de nus grandeur nature tapinent au coin des rues. Puis des portraits d’anonymes emblématiques de Rennes viennent un temps tenir compagnie à leurs modèles, tandis qu’un Céline de papier rend un bref hommage à l’écrivain qui installait en 1925 son cabinet de médecine place des Lices.

En 2008, Žilda fait un détour par Rome, le temps d’exhumer du patrimoine cinématographique italien des années 50 et 60, les figures de prolétaires et de gamins des rues immortalisés par Pier Paolo Pasolini.

Féru de gravures, il réintroduit aussi la mythologie et l’iconographie classique dans le décor urbain. A l’instar de ses Icares de papier, chutant sur les façades de villes européennes, dans un cri silencieux contre l’indifférence des passants.

Ces laissés-pour-compte comme ces héros déchus, surgissant sur les façades des fourmilières urbaines, interrogent de leur présence muette l’obsession contemporaine de la réussite.

Jadis punk, Zilda a claqué tôt la porte de l’école pour arpenter l’Europe. Il ne se reconnaît qu’un maître dans le domaine du street art : Ernest Pignon Ernest, dont il admire la radicalité et salue le respect du public.

Il est aujourd’hui l’initiateur d’un projet collectif d’exposition à ciel ouvert intitulé « Palimpseste ». Une façade rennaise que font parler à tour de rôle des artistes de rue français et étrangers, ’Schéhérazades du street art’ : « Ici, nous affirmons un cri politique, un lien direct avec nos contemporains, tous impliqués dans la nécessité d’envisager et de s’approprier nos espaces urbains. (…) Nous aimons quand les murs parlent, quand ils racontent une histoire, une histoire qui s’écrit dans le temps et qui s’imprime dans la mémoire. »

Le site de Zilda

La plus grande galerie du monde ? La rue. Art et transgression

Saint-Malo 2011

La rue ? « La plus grande galerie d’art au monde » déclare le photographe JR. Peintres, photo- graphes, graffeurs, « pixadores » : pour eux, la ville est devenu un nouvel espace narratif, où inscrire leurs images, leurs poèmes, leurs fic- tions. La rue, mais aussi Internet, les téléphones mobiles, Twitter, Facebook : sans cesse la créa- tion nouvelle déborde les obstacles dressés, in- vestit des lieux jusque-là tenus pour « non cultu- rels », crée hors des champs balisés. Ce fut déjà le cas de la contre-culture des « sixties ». Mais n’est-ce pas le cas de toute création véritable, que d’inventer son propre espace ?

Avec : CHOQUE, MISS. TIC, Zilda, Paul BLOAS, animé par Nicolas Bautes.