LAHENS Yanick

Haïti

L’Oiseau Parker dans la nuit (Éditions Sabine Wespieser, 2019)

© Iris Gene Lahens

En visio

Grande figure de la scène littéraire haïtienne, Yanick Lahens s’est toujours attaquée sans complaisance aux dures réalités caribéennes, tout en s’impliquant activement dans la vie sociale culturelle d’Haïti et le combat contre l’illettrisme. Elle occupe sur la scène littéraire haïtienne une position très singulière par son indépendance d’esprit et l’autorité que lui confèrent ses actions de terrain. Très proche amie du festival, cette autrice lauréate du prix Femina 2014 pour Bain de lune revient cette année avec L’Oiseau Parker dans la nuit, une saisissante histoire d’amour, d’impossible et de musique. Ce recueil de textes dépeint avec la justesse qu’on lui connaît le quotidien haïtien. La netteté de son style, la force d’émotion et le souffle poétique qui s’y déploient témoignent de la puissance et de l’importance de l’œuvre.

« La francophonie, c’est un espace de négociation politique et économique, de la France avec un certain nombre de pays ; moi ce qui m’intéresse, c’est le monde francophone. L’aspect culturel. La France a rencontré un certain nombre de populations ; qu’est-ce que ces populations ont fait de la langue française et de la culture française ? On trouve de la culture française dans le vaudou… » (France Inter)

Longtemps professeur de littérature, mais aussi journaliste, Yanick Lahens consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à une fondation destinée à former les jeunes générations aux stratégies de développement durable.

Née à Port-au-Prince en 1953, elle termine ses études à La Sorbonne à Paris. De retour en Haïti elle enseigne à l’Ecole Normale Supérieure et multiplie les activités : journaliste, elle collabore à de nombreuses revues tels que Chemins critiquesCultura a animé l’émission « Entre nous » sur Radio Haïti Inter ; un temps éditrice aux éditions Henri Deschamps, membre fondatrice de l’association des écrivains haïtiens qui combat l’illettrisme en organisant des lectures et rencontres dans les écoles du pays et membre du Conseil International d’Etudes Francophones elle a également intégré le cabinet du ministre de la culture aux côtés d’un autre grand écrivain haïtien, Louis-Philippe Dalembert, de 1996 à 1997.
Toujours impliqué dans l’histoire et la vie de son pays elle dirige, en 1998, le projet La route de l’esclavage qui interroge, par la science et les arts, l’histoire de l’esclavage.

Vers la fin des années 80, Yanick Lahens se lance dans l’écriture. Tout d’abord des essais sur la littérature, comme celui qu’elle consacre à l’écrivain haïtien Marie Chauvet. C’est en 1990 qu’elle est remarqué lors de la publication d’un essai sur l’exil considéré comme un élément important de la culture haïtienne, notamment dans la littérature, intitulé L’exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien. Après avoir publié deux recueils de nouvelles (Tante Résia et les dieux et La petite corruption, paraît son premier roman Dans la maison du père qui est salué par la critique et récompensé par le Prix Millepage en 2008 et le Prix RFO en 2009. Bildungsroman dans les tourments de la révolution haïtienne de 1945.

Après ce premier succès, elle décide d’écrire un roman d’amour en 2010 qui se trouve balayé par la violence du séisme. Déambulant dans Port-au-Prince engloutie, elle prend des notes pendant huit mois sans trop savoir ce qu’elle en fera jusqu’à ce que s’impose à elle le mot "failles" : « Un mot trou noir. Un mot sang. Un mot mort », qui devient le titre de son livre publié en décembre 2010. Cette oeuvre est un texte de combat et d’urgence, mais aussi de compassion. Failles indique que celle du séisme ne doit pas masquer les autres failles, sociale, politique, et économique qui dévastent son île depuis des décennies.
Son projet d’écrire un roman d’amour, celui qu’elle avait laissé sur le bord de la route, se concrétise trois ans après le séisme qui a touché Port-au-Prince sous le titre Guillaume et Nathalie(2013). Ces deux personnages, déjà présents dans le dernier chapitre de Failles réalise leur "histoire de séduction et de corps" dans ce roman d’une beauté grave.

Presqu’un an aprés l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française, Yanick Lahens se voit décerner le titre d’officier des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France en Haïti. La même année, son quatrième roman Bain de lune— fruit d’années de travail — est consacré par le Prix Femina 2014. Elle présente dans cette chronique, violente et poétique, un conflit opposant deux familles ennemies les Lafleur et les Mésidor, sur trois générations, dans un village côtier en Haïti qui s’étend à la politique du pays. En dévoilant la beauté de la tragédie qui réside dans ce petit espace de la Caraïbe, Bain de lune esquisse, dans un style direct et tranchant, la lutte des habitants aussi bien contre la politique des dictateurs que contre les colères de la nature exprimées par des tremblements de terre, des ouragans, des sécheresses…

Dans son roman Douces déroutes, elle continue d’ausculter Haïti et ses multiples facettes. Après l’évolution du milieu rural dans Bain de lune, Yanick Lahens explore ici la réalité de la capitale Port-au-Prince, personnage à part entière du roman : « une ville récemment pilonnée au mortier lourd ou à l’arme chimique. Noire, embrasée aux portes nord et sud, couvant ailleurs son feu. Ville gueule ouverte. Asphyxiée d’avoir avalé à chaque averse toute la rocaille, la boue et les détritus. Ville abandonnée à son agonie. » Un puzzle de personnage y prend place : épris de douceur, de tendresse, ou plongeant dans la sauvagerie et la haine, chacun est pris au piège de sa réalité. Tout à la fois polar et roman d’amour, Douces Déroutes nous dévoile progressivement leur intimité, d’une écriture vive, comme rythmée aux sons de Port-au-Prince. Avec acuité, le regard de l’auteure illumine les personnages et vient mettre à nu les paradoxes, les « douces déroutes » de Port-au-Prince et de ses habitants. Et comme Russell Banks l’affirmait déjà dans sa préface à l’édition américaine de Bain de lune : « Ce qui est indéniablement vrai des personnages de Lahens l’est indéniablement pour chacun d’entre nous. » Car avec sa poésie, si Yanick Lahens a composé un chant d’amour à Haïti, il résonne de façon universelle.

Cette autrice lauréate du prix Femina 2014 pour Bain de lune revient cette année avec L’Oiseau Parker dans la nuit, une saisissante histoire d’amour, d’impossible et de musique. Ce recueil de textes dépeint avec la justesse qu’on lui connaît le quotidien haïtien. La netteté de son style, la force d’émotion et le souffle poétique qui s’y déploient témoignent de la puissance et de l’importance de l’œuvre.


Bibliographie :

  • L’Oiseau Parker dans la nuit (Éditions Sabine Wespieser, 2019)
  • Douces déroutes (Éditions Sabine Wespieser, 2018)
  • Bain de lune (Éditions Sabine Wespieser, 2014) Prix Femina 2014
  • Guillaume et Nathalie, (Éditions Sabine Wespieser, 2013)
  • Failles (Éditions Sabine Wespieser, 2010)
  • La couleur de l’aube (Éditions Sabine Wespieser, 2008) Prix Millepages 2008, prix RFO 2009
  • La petite corruption (Mémoire d’encrier, 2003)
  • Dans la maison du père (Serpent à Plumes, 2000)
  • Tante Résia et les dieux (L’Harmattan, 2000)
  • L’exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990)

Bibliographie en Anglais

  • Haïti Noir, recueil de nouvelles avec Gary Victor, Evelyne Trouillot, Madison Smartt Bell, Patrick Sylvain, Yanick Lahens... (Akashic books, 2011)
  • Aunt Resia and the Spirits and Other Stories (CARAF Books : Caribbean and African Literature translated from the French, 2010)
L'Oiseau Parker dans la nuit et autres nouvelles

L’Oiseau Parker dans la nuit et autres nouvelles

Sabine Wespieser Éditeur - 2019

Tout comme L’Oiseau Parker dans la nuit – une saisissante histoire d’amour, d’impossible et de musique, adaptée pour RFI par la comédienne Mireille Perrier, qui l’a lue au festival d’Avignon en 2015 –, les nouvelles de ce recueil racontent la vie quotidienne en Haïti, les tragédies, les violences (urbaines ou rurales), les croyances séculaires, les femmes courageuses et les hommes endurants de cette île-monde que Yanick Lahens ne cesse de mettre en scène dans son œuvre.
Ce volume est composé des trois recueils parus à ce jour, essentiellement en Haïti, et indisponibles en France : Tante Résia et les Dieux (L’Harmattan, 1994) ; La Petite Corruption (Éditions Mémoire, 1999 ; Legs édition, 2014) ; La folie était venue avec la pluie (Presses nationales d’Haïti, 2006 ; Legs édition, 2015).
Ces textes, présentés ici dans l’ordre de leur publication, apparaissent comme la genèse de l’œuvre romanesque à venir – certaines nouvelles, à l’image de Bain de lune, ont du reste été la matrice de futurs romans. Leur écriture était déjà le témoignage de l’acuité, mais aussi de la tendresse, avec lesquelles l’auteure scrute la société où elle vit. Devenue une grande voix de la littérature de son pays, Yanick Lahens y annonçait, par la netteté de son style, par la force d’émotion et le souffle poétique qui s’y déploient, la puissance et l’importance de l’œuvre en cours.

Douces déroutes

Douces déroutes

Sabine Wespieser Editeur - 2018

À Port-au-Prince, la violence n’est jamais totale. Elle trouve son pendant dans une « douceur suraiguë », douceur qui submerge Francis, un journaliste français, un soir au Korosòl Resto-Bar, quand s’élève la voix cassée et profonde de la chanteuse, Brune.
Le père de Brune, le juge Berthier, a été assassiné, coupable d’être resté intègre dans la ville où tout s’achète. À l’annonce de la mort de ce père qui lui a appris à « ne jamais souiller son regard », la raison de sa fille a manqué basculer. Six mois après cette disparition, tout son être refuse encore de consentir à la résignation.
Son oncle Pierre n’a pas non plus renoncé à élucider ce crime toujours impuni. Après de longues années passées à l’étranger, où ses parents l’avaient envoyé très jeune – l’homosexualité n’était pas bien vue dans la petite bourgeoisie –, il vit reclus dans sa maison, heureux de rassembler ses amis autour de sa table les samedis.
Aux côtés de Brune et de Pierre ; d’Ézéchiel, le poète déterminé à échapper à son quartier misérable ; de Nerline, militante des droits des femmes ; de Waner, non-violent convaincu ; de Ronny l’Américain, chez lui en Haïti comme dans une seconde patrie, et de Francis, Yanick Lahens nous entraîne dans une intrigue haletante. Au rythme d’une écriture rapide, électrique, syncopée, comme nourrissant sa puissance des entrailles de la ville, elle dévoile peu à peu, avec une bouleversante tendresse, l’intimité de chacun. Tout en douceur, elle les accompagne vers l’inévitable déroute de leur condition d’êtres humains. Russell Banks l’affirme dans sa préface à l’édition américaine de Bain de lune : « Ce qui est indéniablement vrai des personnages de Lahens l’est indéniablement pour chacun d’entre nous. »

Revue de Presse

  • Ce cinquième roman de la Haïtienne Yanick Lahens subjugue par sa langue vive et syncrétique, et sa générosité introspective. (Frédérique Roussel, Libération)
  • De son écriture ardente, aiguisée par la connaissance charnelle de sa ville, Lahens parvient à composer une rhapsodie sauvage et brutale (…) où l’intensité est le mode majeur, jusqu’à riper vers cette « douceur suraiguë » unique à Port-au-Prince (Marie Chaudey, La Vie)
  • l’auteure continue de déclarer son amour à une ville et un pays garrottés par la misère. Elle offre sa voix aux habitants, se glisse à côté de leurs peurs et de leur énergie. Elle laisse transpirer sa colère. Il y a quelque chose de sauvage dans Douces Déroutes, qui glisse du « il » au « je », de l’universel au singulier. (Christine Ferniot, Télérama)
  • Douces déroutes, dans la même lignée que La Couleur de l’aube (2008), met les personnages à l’épreuve de "cet asphalte fertile" et mortifère. La ville exacerbe les sens et les sentiments contraires que Yanick Lahens démêle de sa plume ardente. (Gladys Marivat, Le Monde des Livres)
  • Exhalant la moiteur et les effluves sucrés, l’écriture de Yanick Lahens est armée d’oxymores. On y sent la rage du tueur à gages, le désespoir du poète et le désir des ambitieux. Un roman choral d’une trempe rare. (Nathalie Six, Avantages)
  • Yanick Lahens manie « des mots lacérés au couteau. Des mots malheurs. Des mots douceur précipitée. Des mots rêves et lumière. » (Kerenn Elkaïm, Livres Hebdo)

Bain de lune

Bain de lune

Sabine Wespieser Editeur - 2014

Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son agression et de son identité.
Les Lafleur ont toujours vécu à Anse Bleue, un village d’Haïti où la terre et les eaux se confondent. Entre eux et les Mésidor, devenus les seigneurs des lieux, les liens sont anciens, et le ressentiment aussi. Il date du temps où les Mésidor ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor s’arrête comme foudroyé devant l’étal d’Olmène (une Lafleur), l’attirance est réciproque. L’histoire de ces deux-là va s’écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs.
Mais, dans cette île également balayée par les ouragans politiques, des rumeurs de terreur et de mort ne tardent pas à s’élever. Un voile sombre s’abat pour longtemps sur Anse Bleue.
Pour dire le monde nouveau, celui des fratries déchirées, des déprédations, de l’opportunisme politique, Yanick Lahens s’en remet au chœur immémorial des paysans : eux ne sont pas dupes, qui se fient aux seules puissances souterraines.
Leurs mots puissants, magiques, donnent à ce roman magistral une violente beauté.


Revue de presse

  • Ce qui faisait déjà la qualité des livres précédents se révèle ici dans toute sa splendeur : le réalisme des personnages, la puissance poétique des images, la finesse des descriptions, l’audace de la composition… Yanick Lahens fait montre de son talent, sans jamais céder à l’ostentation. A la manière des plus grands, elle avance sereinement sur le chemin qu’elle suit depuis ses débuts.
    https://www.liberation.fr/livres/2014/11/03/yanick-lahens-bain-de-lune-sur-le-femina_1135459

Guillaume et Nathalie

Sabine Wespieser Editeur - 2013

« Cela faisait longtemps que je voulais écrire cette histoire de rencontre d’un homme et d’une femme. L’une de celles qui ravivent le goût de l’impossible. L’une de celles qui traînent leur cortège de surprises, de paradoxes, d’érotisme et de déraison. Dans cette ville où, comme dans d’autres villes, une certaine idée de l’amour a été façonnée par les livres, les chansons et le cinéma. Mais où les données du malheur universel sont immédiates ou vous rattrapent juste un peu plus vite qu’ailleurs. » Yanick Lahens, Failles Guillaume est sociologue, Nathalie architecte. Ils se rencontrent à la veille du séisme qui a ravagé Haïti en janvier 2010, autour du projet d’un centre polyvalent dans les environs de Port-au-Prince. Entre l’homme de cinquante ans revenu de ses utopies, dont toute la vie s’est jouée dans son île, et la jeune femme au sombre passé qui vient de vivre de longues années en France, l’attirance est immédiate. Si Yanick Lahens excelle dans l’écriture impatiente de leur désir et si l’on est vite happé par la sourde sensualité qui en émane, elle n’est dupe ni de ses personnages, ni de leur situation. Représentants tous deux de la classe moyenne noire, ils tentent d’endiguer la misère qui les encercle, subissant eux aussi les préjugés racistes de la bonne société haïtienne et la corruption des élites. Nul misérabilisme pourtant dans ce récit, nul catastrophisme non plus, sinon la conscience diffuse de la menace qui plane sur Haïti en ce mois de décembre 2009. Avec ce roman pétri de tendresse pour son pays, Yanick Lahens acte la victoire de la vie et de l’écriture sur le malheur.


Failles

Sabine Wespieser Editeur - 2010

« Le 12 janvier 2010 à 16 heures 53 minutes, dans un crépuscule qui cherchait déjà ses couleurs de fin et de commencement, Port-au-Prince a été chevauchée en moins de quarante secondes par un de ces dieux dont on dit qu’ils se repaissent de chair et de sang. Chevauchée sauvagement avant de s’écrouler cheveux hirsutes, yeux révulsés, jambes disloquées, sexe béant, exhibant ses entrailles de ferraille et de poussière, ses viscères et son sang. Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n’était pourtant point obscène. Ce qui le fut, c’est sa mise à nu forcée. Ce qui fut obscène et le demeure, c’est le scandale de sa pauvreté. » Y. L. Si tôt sortis de l’hébétude, les survivants de la catastrophe ont pensé « refondation » : Yanick Lahens, avec eux, a repris le travail, l’inlassable travail des mots. Ce court récit, mû par la double nécessité de dire l’horreur et de la surmonter, en témoigne. Déambulant dans les rues de sa ville détruite, l’écrivain part de sa propre expérience : avant le séisme, elle projetait d’écrire un roman d’amour. Revisitant le décor ravagé de sa fiction, elle est saisie par l’histoire immédiate. Comment écrire s’interroge-t-elle, sans exotiser le malheur, sans en faire une occasion de racolage ? Texte de témoignage, texte animé par l’urgence, texte de compassion et de réflexion aussi, Failles désigne l’innommable qu’a été le 12 janvier 2010 en Haïti. Mais il tente aussi de prévenir de l’irresponsabilité qui consisterait pour les Haïtiens à ne pas changer leurs perceptions et leurs comportements. Pour Yanick Lahens en effet, la faille géologique qui a englouti Port-au-Prince interdit de faire comme si les autres failles – sociale, politique, économique – n’existaient pas. Il n’y a pas de fatalité dans le malheur du peuple haïtien, ni même dans les carences des élites et la mainmise des organisations internationales : telle est la conviction de l’écrivain qui, malgré le tableau sans complaisance qu’elle brosse de la réalité de son pays, insuffle à ses pages une formidable force de vie.


Revue de presse :

  • "Comment écrire après ce qui s’est produit en Haïti, telle est la question que pose Yanick Lahens." L’HUMANITE (20/01/2011)
  • "Un livre hybride mû par le souci de se souvenir, de raconter loin de toute exotisation ou de toute forme de misérabilisme et de comprendre les maux et les impasses d’une société exsangue. (...) Un récit d’amour et de résistance, digne et émouvant." LE MONDE DES LIVRES (14/01/2011)
  • "Sorte de journal de bord à deux vitesses, mêlant le témoignage à vif et la réflexion politique, historique, littéraire. (...) Lahens plaide pour une reconstruction qui soit aussi celle des esprits. Et elle donne la preuve de la miraculeuse puissance de la littérature, qui permet de partager au plus juste l’expérience haïtienne." LA VIE (07/10/2010)

La couleur de l’aube

Sabine Wespieser Editeur - 2008

Angélique se lève tous les matins la première, dans la petite maison des faubourgs de Port-au-Prince qu’elle partage avec sa mère, sa sœur Joyeuse, et son jeune frère Fignolé. Dans l’aube grise de février, l’inquiétude l’étreint : Fignolé n’est pas rentré et toute la nuit les tirs n’ont cessé de gronder au loin… Angélique la sage est une fille soumise, une sœur exemplaire, une femme de trente ans en apparence résignée. Sa famille, le fils qu’elle a eu par accident, les malades de l’hôpital, constituent son unique horizon. Joyeuse, la belle, la sensuelle, n’a pas abdiqué, elle, sa liberté, sa révolte, son désir de bonheur et d’une vie meilleure, malgré la misère, la violence, les rackets et les enlèvements qui sont lot quotidien. Épaulées par leur mère, figure protectrice et pivot du foyer, à l’image de ses chères divinités vaudou, les deux femmes tentent de retrouver la trace du jeune homme. Au fil de la journée et de leur enquête, Angélique et Joyeuse, en réalité les deux visages du même désespoir, dessinent de la ville une géographie apocalyptique. Fignolé, militant déçu du parti des Démunis, s’est perdu dans les méandres d’une impossible lutte, dans les hasards du désordre absolu. Yanick Lahens, en dépeignant avec une remarquable économie de moyens le destin d’une famille hélas ordinaire, construit l’allégorie d’un pays où la monstruosité voudrait se faire loi. Mais son livre est poignant parce qu’à chaque page sourd la révolte et éclate la volonté de vivre.


La petite corruption

Mémoire d’Encrier - 2003

Dans une écriture ciselée et, surtout, implacable de lucidité, Yanick Lahens brosse sans complaisance le portrait de certaines réalités caraïbéennes. Avec pour toile de fond la mer, omniprésente, elle esquisse un univers essentiellement féminin, et campe des héroïnes fortes, au courage malheureux, aux prises avec les affres du désir, des espoirs trop souvent déçus, des illusions tragiques et des désastres banals. Cette dizaine de nouvelles témoigne non seulement de l’acuité de son regard mais également de son impressionnante maîtrise d’un genre littéraire exigeant et tenu à tort pour mineur.


Dans la maison du père

Le Serpent à Plumes - 2000

L’histoire suit la destinée d’Alice Bienaimé, qui grandit dans les années quarante dans une famille de la grande bourgeoisie d’Haïti. Une atmosphère séduisante et chaleureuse nimbe au début les personnages. Mais très vite, l’Histoire, ses rumeurs, ses petitesses et sa fureur, les rattrapent. Alice parvient à supporter les contraintes de son éducation de jeune fille de bonne famille parce que son oncle et sa tante lui apprennent la culture populaire. Et puis surviennent les péripéties des journées révolutionnaires de 1945-1946 qui changeront à jamais sa vision du monde. Heureusement, Alice danse et ce n’est pas anodin. Pratiquer la danse en Haïti tient de la lutte de classe.


Tante Résia et les dieux

L’Harmattan - 2000

Un premier recueil de six nouvelles.


L’exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien

Imprimerie Henri Deschamps - 1990

Des lieux et des hommes

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Hubert HADDAD, Michel QUINT, Yanick LAHENS - Saint-Malo 2018

Avec : Hubert HADDAD, Michel QUINT, Yanick LAHENS
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA


Les mots pour le dire

Les cafés littéraires en vidéo
Yanick LAHENS, Holly GODDARD-JONES, Jean ROUAUD - Saint-Malo 2013

Participants : Yanick LAHENS, Holly GODDARD-JONES, Jean ROUAUD. Animé par Pascal JOURDANA


Dire l’indicible

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Avec Kossi Efoui, Herman Koch, Dany Laferrière et Yanick Lahens

Polars d’ici et d’ailleurs

avec Yves Pages, Alfredo Pita, Yanick Lahens et Michel Quint - Saint-Malo 2018

Animé par Élise Lepine
Avec Yves Pages, Alfredo Pita, Yanick Lahens et Michel Quint


Intranqu’Îllité

Avec Mackenzy Orcel, Yannick Lahens, Wilfried N’Sondé, Lieve Joris, Yahia Belaskri, James Noël - Saint-Malo 2015

Avec Mackenzy Orcel, Yannick Lahens, Wilfried N’Sondé, Lieve Joris, Yahia Belaskri, James Noël


Sagas familiales

Avec Akhil Sharma, Yanick Lahens, Fouad Laroui, Katherine Howe - Saint-Malo 2015


Avec Akhil Sharma, Yanick Lahens, Fouad Laroui, Katherine Howe, une rencontre animée par Christelle Capo-Chichi


Etonnants Voyageurs, rendez-vous en Haïti ?

Saint-Malo 2011

En nous quittant dans Port-au-Prince en ruines, nous nous étions jurés, avec Lyonel Trouillot et Dany Laferrière de remonter dès que possible le festival que le tremblement de terre venait de mettre bas. Et d’abord à Saint-Malo, au printemps dernier. Puis à Port-au-Prince, de nouveau. Le choléra, les troubles politiques, nous auront contraints à différer notre projet. Mais sûrement pas à y renoncer ! Parce que la culture, plus que jamais, est un enjeu majeur de la reconstruction. Comme en témoigneront les acteurs rassemblés, tous engagés dans ce combat.

Avec Lyonel TROUILLOT, Jean-Euphèle MILCE, Emmelie PROPHETE, Evelyne TROUILLOT, Louis-Philippe DALEMBERT, Dany LAFERRIERE, Yanick LAHENS, Michel LE BRIS

Animé par Christelle CAPO-CHICHI


Qu'est-ce qu'habiter un lieu ?

Qu’est-ce qu’habiter un lieu ?

Saint-Malo 2011

Avec Dany LAFERRIERE, Lyonel TROUILLOT, Yanick LAHENS, Evelyne TROUILLOT, Jean-Euphèle MILCÉ, Emmelie PROPHÈTE, animé par Yves Chemla


Le goût des gens

Saint-Malo 2011

Avec Yanick LAHENS, Lieve JORIS, animé par : Josiane Gueguen


Familles miroirs du monde

Saint-Malo 2010
Avec Annelise ROUX, Yanick LAHENS, Pascal DESSAINT, Lorent IDIR. Une rencontre animée Margot Loizillon.

Peut-on fuir son destin ?

Saint-Malo 2010
Peut-on fuir son destin ?
Avec Nicolas DICKNER, Yanick LAHENS, Zakhar PRILEPINE. Un débat animé par Géraldine Delauney.

L’origine de la violence

Saint-Malo 2009
Dimanche : 17h00 - L’origine de la violence
avec Yanick Lahens, Gisèle Pineau et Fabrice Humbert