ČOLIĆ Velibor

Bosnie

Guerre et pluie (Gallimard, 2024)

© Francesca Mantovani - Gallimard

Né en 1964 dans une petite ville de Bosnie où il perdra sa maison et ses manuscrits réduits en cendres pendant la guerre, Vélibor Čolić est enrôlé dans l’armée bosniaque en 1992 après des études de littérature et un passage à la radio régionale comme journaliste rock et jazz. Avec Guerre et pluie (Gallimard, 2024), roman sélectionné pour le Prix Ouest-France, il écrit enfin son récit de l’invasion de la Bosnie par l’armée fédérale ex-yougoslave, jusqu’à sa désertion, qui a marqué le début de sa vie en exil. Un livre de révolte mais aussi plein de tendresse, d’autant plus puissant qu’il résonne terriblement avec ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine.

« Entre mon pays, la Bosnie et la France, j’ai traversé les frontières croate, slovène, autrichienne, allemande et française, mais la pire frontière pour moi, c’était la langue. » (SGDL)

Après un ouvrage foudroyant sur la folie des années 1990 (Jésus et Tito), ce fan de rock et de jazz continue d’explorer les Balkans avec Sarajevo Omnibus . En 2014 paraît Edelerzi, comédie dite pessimiste où la réincarnation au fil du siècle d’un fameux orchestre tsigane composé de musiciens virtuose. Son Manuel d’Exil, publié en 2016 a été traduit dans de nombreuses langues à travers l’Europe. En 2018 il publie un texte dans l’ouvrage collectif Osons la fraternité (Phiippe Rey, 2018) et participe aux journées scolaires du festival.

C’est sans doute la guerre qui a fait de Velibor Čolić, né en 1964 en Bosnie, dans une ville qui aujourd’hui n’existe plus, un écrivain à part entière. Jeune chroniqueur radiophonique, il déserte l’armée croato-bosniaque en 1992, puis est fait prisonnier avant de réussir à s’enfuir. Réfugié en France, il vit longtemps à Strasbourg, où il travaille dans une bibliothèque et collabore aux Dernières nouvelles d’Alsace.

D’abord auteur de plusieurs ouvrages en serbo-croate, traduits en français par Mireille Robin, Archanges (roman a capella) est le premier ouvrage de Velibor Čolić écrit directement en français. Installé désormais à Douarnenez, en Bretagne, ce passionné de rock et de jazz (comme en atteste Perdido, biographie imaginée de Ben Webster, saxophoniste ténor de Duke Ellington), organise régulièrement des lectures publiques avec des amis musiciens. Le sous-titre « roman a capella » vient démarquer Archanges de ses autres romans : il est le seul à ce jour qu’il ait écrit sans musique.

Inspiré par sa propre histoire, Velibor Čolić revient sur les années de guerre qui ensanglantèrent les Balkans. Dans Jésus et Tito, ouvrage foudroyant sur la folie des années 1990 il égrène les souvenirs de son pays natal comme on feuillette un album-photo. Avec Sarajevo Omnibus, il remonte plus loin dans l’histoire de son pays, véritable poudrière qui enflamma l’Europe en 1914. Autour de la figure de Gavrilo Princip, le jeune serbe qui assassina l’archiduc François-Ferdinand, se déploie une riche constellation de personnages. Curés, rabbins et imams, officiers russes et prix Nobel se côtoient dans un roman à l’image des Balkans : infiniment complexe, mais irrésistiblement vivant.

En mai 2014 paraît un "roman tsigane", comédie dite pessimiste, l’histoire, à travers le XXe siècle, d’un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles… qui ne cesse de se réincarner, des camps de la mort en 1943, au drame de l’ex-Yougoslavie et jusque dans la "jungle" de Calais en ce début de XXIe siècle. Le roman de Velibor Čolić restitue merveilleusement la folie de la musique tzigane, nourrie de mélopées yiddish, de « sevdah » bosniaque, de fanfares serbes ou autrichiennes, une musique et une écriture pleines d’insolence, au charme sinueux et imprévisible. Les réincarnations successives d’Azlan font vivre avec bonheur la figure du Rom errant éternellement, porté par un vent de musique et d’alcool, chargé des douleurs et des joies d’un peuple comparable à nul autre.

Velibor Čolić revient en 2016 pour nous raconter ses premières années d’exil, de 1992 à 2000. Il aborde ce sujet d’une grande actualité avec une écriture poétique, pleine de fantaisie et d’humour absurde, de fulgurances, de faux proverbes, de paradoxes, d’aphorismes comiques (« L’an dernier j’étais encore un peu prétentieux, mais cette année je suis parfait »). On y croise quelques femmes (rencontres sans avenir, souvent amères) et des personnages hauts en couleurs, notamment des Roms qui, à Rennes comme à Budapest, s’inventent un art de vivre à base de système D et de fatalisme roublard. Velibor Čolić décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre. En 2018 il publie un texte dans l’ouvrage collectif Osons la fraternité (Phiippe Rey, 2018).

Dans Le livre des départs (Gallimard, 2020), il partage le terrible sentiment de déréliction et l’errance sans espoir des migrants, à travers le récit de son propre exil. Texte à la fois déchirant et plein de fantaisie, Velibor Čolić nous plonge dans les désirs et les peurs de ceux qui n’ont pu rester chez eux.


Bibliographie

  • Guerre et pluie (Gallimard, 2024)
  • Le livre des départs (Gallimard, 2020)
  • Manuel d’exil. Comment réussir son exil en trente-cinq leçons (Gallimard, 2016)
  • Ederlezi (Gallimard, 2014)
  • Sarajevo Omnibus (Gallimard, 2012)
  • Jésus et Tito (Gaïa Editions, 2010)
  • Archanges (Gaïa Editions, 2008)
  • Perdido (Le Serpent à Plumes, 2004)
  • Encres nomades (La nuit Myrtide, 2002 - collectif)
  • Mother Funker (Le Serpent à Plumes, 2001)
  • La vie fantasmagoriquement brève et étrange d’Amedeo Modigliani (Le Serpent à Plumes, 1995)
  • Chroniques des oubliés (La Digitale, 1995)
  • Les Bosniaques (Le Serpent à Plumes, 1994)
Guerre et pluie

Guerre et pluie

Gallimard - 2024

Velibor Colic a en n écrit le récit de sa guerre, celle qu’il a vécue en 1992, depuis son enrôlement dans l’armée croato-bosniaque lors de l’invasion de la Bosnie par l’armée fédérale ex-yougoslave tenue par les Serbes, jusqu’à sa désertion, qui a marqué le début de sa vie en exil. Il l’avait évoqué dans son tout premier livre, Les Bosniaques, série de brefs récits de guerre, écrit en serbo-croate. C’est ici un projet d’une toute autre ampleur. La première partie raconte l’apparition, vers 2020, alors que l’auteur vit à Bruxelles, d’une maladie rare, provoquant l’éclosion de cloques douloureuses sur le corps et dans la bouche, qui fait revenir à sa mémoire les images des corps en déchéance. Il comprend aussi que si sa langue est attaquée par des aphtes purulents, c’est qu’il a dû s’arracher à sa langue maternelle pour venir habiter le français : le corps dit toutes ces déchirures. La deuxième partie évoque de façon saisissante la vie du jeune soldat de 28 ans jeté dans un univers d’épouvante : la guerre détruit les hommes, mais aussi les animaux, les arbres, tout ce monde de beauté paisible qui avait été le sien. La troisième partie raconte comment, ayant décidé de déserter, l’auteur a réussi à échapper à la guerre, au prix du deuil de tout ce qui avait fait sa vie jusqu’alors.« La mémoire parle une langue étrangère dont nous ne maîtrisons pas tous les signes », écrit Colic. C’est ce qui donne à ce récit son caractère à la fois halluciné et drolatique. L’horreur des tranchées, la déréliction des soldats, les souffrances, tout cet univers d’e4roi où aucune loi n’existe, est contrebalancé par la douceur merveilleuse des souvenirs d’avant – en particulier des souvenirs amoureux, évoqués avec une délicatesse et une poésie qui subjuguent. L’auteur se décrit avec une autodérision parfois enfiévrée de colère, comme un colosse branlant. C’est un livre de révolte mais aussi, paradoxalement, un livre plein de tendresse et de drôlerie, car l’auteur ne se départit jamais de son penchant pour les aphorismes sarcastiques ou absurdes. Ce grand livre est d’autant plus puissant qu’il résonne terriblement avec ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine.


  • « « Pendant des années, j’ai cru naïvement que la guerre était sortie de moi. Et qu’avec l’aide de la littérature et de l’écriture j’étais aussi sorti de la guerre. J’ai surestimé la littérature. » Cette confession, Velibor Colic la déroule tout au long de son admirable roman autobiographique Guerre et pluie. Avec ses variations, ses saillies, ses volutes de souvenirs, sa mémoire poisseuse. La guerre, sa guerre de 1992 dans l’ex-Yougoslavie, il l’avait déjà évoquée dans Les Bosniaques, puis dans Chronique des oubliés en 1996, et dans son premier livre écrit directement en français, Archanges, paru en 2008 chez Gaïa. » Le Figaro
  • « Avec Guerre et pluie, il signe un récit troublant, dur et lucide, traversé par la nostalgie, parfois l’ironie, sur des mois en absurdie et dans la furie du début du conflit en Bosnie en 1992. Avant le sauvetage et la « grande fierté d’avoir déserté ». » Libération
Le livre des départs

Le livre des départs

Gallimard - 2020

« Je suis un migrant, un chien mille fois blessé qui sait explorer une ville. Je sors et je fais des cercles autour de mon immeuble. Je renifle les bars et les restaurants ».

Velibor Čolić, à travers le récit de son propre exil, nous fait partager le sentiment de déréliction des migrants, et l’errance sans espoir de ceux qui ne trouveront jamais vraiment leur demeure. Il évoque avec ironie ses rapports avec les institutions, les administrations, les psychiatres, les écrivains, et bien sûr avec les femmes, qui tiennent une grande place ici bien qu’elles aient plus souvent été source de désir ardent et frustré que de bonheur. Son récit est aussi un hommage à la langue française, à la fois déchirant et plein de fantaisie.


Manuel d'exil (Comment réussir son exil en trente-cinq leçons)

Manuel d’exil (Comment réussir son exil en trente-cinq leçons)

Gallimard - 2016

Velibor Čolić raconte ici ses premières années d’exil, de 1992 à 2000. Le récit commence avec son arrivée à Rennes où il débarque totalement démuni après avoir déserté l’armée bosniaque, dans les rangs de laquelle il a vécu cinq mois d’enfer. Désespéré, sans argent ni amis, ne parlant pas le français, il se retrouve dans un foyer pour réfugiés parmi une population disparate : familles africaines, ex-soldats russes, paumés de toute espèce. L’alcool l’aide à tenir, il lui arrive de rencontrer des femmes, mais la misère est tenace. Il s’accroche à son rêve d’écriture – il a déjà publié trois livres en ex-Yougoslavie, et son expérience de la guerre fournira la matière de son premier livre en français, Les Bosniaques. Après Rennes, il dérivera en Europe, à Budapest, à Prague, à Strasbourg où il trouvera enfin un équilibre grâce au parlement des écrivains qui lui fournit un logement stable. Le récit se termine sur le compte à rebours précédant le passage au troisième millénaire. Poète aux poches crevées, il sait qu’il ne quittera jamais sa condition d’exilé.
Velibor Čolić aborde ce sujet d’une grande actualité avec une écriture poétique, pleine de fantaisie et d’humour absurde, de fulgurances, de faux proverbes, de paradoxes, d’aphorismes comiques (« L’an dernier j’étais encore un peu prétentieux, mais cette année je suis parfait »). On y croise quelques femmes (rencontres sans avenir, souvent amères) et des personnages hauts en couleurs, notamment des Roms qui, à Rennes comme à Budapest, s’inventent un art de vivre à base de système D et de fatalisme roublard. Velibor Čolić décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.


Ederlezi

Ederlezi

Gallimard - 2014

Ederlezi retrace l’histoire, à travers le xxe siècle, d’un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles. Ils colportent leurs blagues paillardes, leurs aphorismes douteux et leurs chansons lacrymogènes de village en village. L’orchestre sombrera dans les grands remous de l’histoire : englouti en 1943 dans un des camps d’extermination où périrent des milliers d’autres tziganes, il renaîtra pour être de nouveau broyé par la guerre d’ex-Yougoslavie en 1993. Chaque fois, le meneur de l’orchestre, Azlan, semble se réincarner. On le retrouve finalement dans la « jungle » de Calais en 2009, parmi les sans-papiers et les traîne-misère qui cherchent un destin aux franges de la modernité.
Le roman de Velibor Čolić restitue merveilleusement la folie de la musique tzigane, nourrie de mélopées yiddish, de « sevdah » bosniaque, de fanfares serbes ou autrichiennes, une musique et une écriture pleines d’insolence, au charme sinueux et imprévisible. Les réincarnations successives d’Azlan font vivre avec bonheur la figure du Rom errant éternellement, porté par un vent de musique et d’alcool, chargé des douleurs et des joies d’un peuple comparable à nul autre.


Sarajevo omnibus

Sarajevo omnibus

Gallimard - 2012

Sarajevo omnibus propose un portrait de la ville de Sarajevo à travers différents personnages historiques ou lieux emblématiques qui ont tous un rapport avec la tragédie inaugurale du vingtième siècle : l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. Ainsi nous rencontrons tour à tour Gavrilo Princip, ce jeune Serbe dont le geste déclencha le cataclysme de la Première Guerre mondiale ; Viktor Artamanov, affairiste russe illuminé, qui finança au nom du Tsar l’aventure de la « Main noire », organisation terroriste vouée à la libération de la Serbie du joug austro-hongrois ; le fondateur de la Main Noire, le colonel Dimitrievic dit « Apis » qui bâtissait ses théories grand-serbes en buvant de la slivovice dans un fameux bistrot de Belgrade ; Ivo Andric, immense écrivain, prix Nobel, qui appartint un temps à cette mouvance… Mais aussi des personnages oubliés, tels le rabbin Abramovicz, philosophe et poète, qui reçut dans la nuque l’une des cinq balles destinées à l’archiduc ; le curé Latinovic, fêtard repenti, ou encore l’imam Dizdarevic seul Bosniaque à avoir peur de sa femme, nous dit l’auteur, il passait ses journées à cueillir du thym dans la montagne et se parfumait les aisselles à l’ail pour éloigner le Diable. Tous ont assisté à la mort de l’archiduc. Il est aussi question de divers bâtiments célèbres de Sarajevo, ou des incroyables tribulations de la Hagaddah, manuscrit juif sacré dont l’histoire n’est pas sans rapports avec la mort de l’archiduc… Le dernier chapitre raconte la vie de Nikola Barbaric, grand-père de l’auteur, également présent lors de l’attentat, personnage fantasque qui eut quatre épouses et plusieurs vies. Au fil des brefs chapitres, le récit tourne autour de l’événement central, explorant en détail les instants qui le suivent et le précèdent, nous plongeant dans l’atmosphère moite, étouffante de l’été sarajévien. Le récit de Velibor Čolić n’est jamais pesant ni funèbre, mais vif, précis, surprenant, enjoué. L’auteur considère avec une distance désabusée l’enchaînement de circonstances horribles et comiques qui constitue l’histoire des hommes.

Revue de presse :

  • "Celui qui aujourd’hui sait transmettre les récits et les légendes des montagnes de Bosnie, c’est Colic, dont la voix, après vingt ans passés en France, conserve le rythme et les intonations d’une langue que l’on appelait autrefois le serbo-croate, pour donner au français la poésie et la sagesse triste des Persans." Laurent Geslin, Le Monde
  • "On comprend mieux, à lire Sarajevo omnibus, la singularité de la Jérusalem des Balkans, à mi-chemin de Rome, Vienne et Istanbul, carrefour de peuples devenu enjeu politique et symbole culturel idéalisé. Une sorte de "paradis occidental" perdu, où la poésie le dispute au grotesque. Colic surgit dans notre paysage littéraire telle une grenade dégoupillée. Avec ce roman d’une force étonnante - directement écrit (avec brio) en français -, il nous sort de notre torpeur nombriliste d’enfants gâtés." Tristan Savin, Lire

Jésus et Tito

Gaïa Editions - 2010

En 1970, dans la Yougoslavie de Tito, Velibor a six ans et veut devenir footballeur. Noir et Brésilien, de préférence. « Relativement tôt, je me suis rendu compte que mes souvenirs, mon enfance, toute ma vie d’avant, appartenaient au Jurassic Park communiste, disparu et enterré avec l’idée de la Yougoslavie. » Velibor feuillette ses souvenirs : une enfance sous le signe de la bonne étoile — rouge — et une adolescence sous influence rock’n roll. On ne choisit pas toujours ses icônes : le petit Jésus contre le maréchal Tito est un match qui se joue tous les jours à la maison. Velibor navigue entre Jack London et Pelé, puis dans les années 80 entre les Clash et Bukowski. Son grand amour sera la littérature. Devenu grand, Velibor rêve d’être poète. Maudit, évidemment. 

Revue de presse

  • "Velibor Colic publie aujourd’hui son septième livre, mais le deuxième écrit directement en français, après le splendide Archanges, en 2008. Humour, sagacité, puissance narrative : Jésus, Tito et Colic nous mènent en bateau. Pour notre plus grand plaisir." Martine Laval, Télérama
  • "Récit fébrile et attachant qui n’a rien perdu de sa puissance narrative au passage de la langue." Françoise Dargent, Le Figaro Littéraire
  • "Ces souvenirs d’une Yougoslavie d’avant le chaos balkanique sont riches de moments drôles et beaux ; la farce n’est jamais loin, et les rêves eux-mêmes, qui viennent entrecouper le récit, ont une saveur tendre et légère." Alain Joubert, La Quinzaine Littéraire

Archanges

Gaïa Editions - 2008

Ils sont quatre à nous parler d’eux-mêmes, de ce qu’ils sont devenus, de ce qu’ils étaient. Ils sont quatre à marteler, sans cesse, le récit cru de ce qu’ils ont fait et subi. Le Singe, Le Tronc, L’Ombre, et Le Fils. Esdras est un clochard qui fait le singe sur un banc public à Nice. Le Duc est en taule, réduit à un tronc. Le Fils est mort, assassiné dans un train qui fuyait Zagreb. Et puis il y a Senka, la jeune fille de 13 ans, la fille-fantôme, « l’ombre » (comme le signifie aussi ce prénom serbo-croate). Une ombre qui hante ses bourreaux. Car Senka est morte, violée et assassinée, avec toute la barbarie dont l’Homme est capable, dans un village qui n’existe plus, dans un pays en guerre. Senka qui « n’est plus rien. Sinon un beau murmure sur les lèvres de son assassin ». Senka, condamnée à vivre dans l’immensité poussiéreuse de l’Éternité, descend parfois sur Terre et s’assoit sur les genoux d’un de ses bourreaux : « Allez mon vieux, pense à moi. Ne m’oublie pas. Si tu m’oublies, je n’existe plus. » Une nouvelle fois, l’obsession tourmentée de Velibor Colic est de faire œuvre de mémoire, pour la paix de l’âme des victimes, quelles qu’elles soient, et pour qu’on n’oublie pas quelle réalité se cache derrière le mot « guerre », derrière l’expression « crime de guerre ». Il s’agit de la Bosnie, mais il pourrait, hélas, s’agir de n’importe quel autre conflit. Un roman d’une cruauté insoutenable. Un roman essentiel.


Perdido

Le Serpent à Plumes - 2004

« Et je vis sept anges qui se tiennent devant Dieu, et sept trompettes leur furent données. » (Apocalypse, VIII, 2.) Et si au commencement était le jazz ? Les anges de l’Apocalypse furent peut-être les membres d’un orchestre de jazz harnachés de plumes. C’est ce que laisse entendre Velibor Colic dans ce roman écrit en hommage à Benjamin Francis « Ben » Webster, saxophone ténor né à Kansas City, dans le Missouri aux États-Unis, le 27 mars 1909 et mort à Amsterdam aux Pays-Bas le 20 septembre 1973. L’auteur y revisite en effet, les principales étapes de l’existence de ce prodigieux musicien, l’un des plus célèbres de l’inoubliable orchestre de Duke Ellington. En découvrant le destin de ce jazzman d’exception, c’est l’épopée du jazz que nous revisitons de l’intérieur. Velibor Colic nous entraîne avec délectation et subtilité dans l’intimité fragile de musiciens qui sacrifièrent tout à cet art majeur. Et de mémoire, Velibor Colic n’est pas démuni. Celle du cœur aussi, qui comble si majestueusement les inconnues de l’histoire. Grâce à ce livre incandescent, « Neb » ou « Ben » Webster, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, entre plus encore, avec les personnages majuscules qui ont animé sa vie : ses parents, ses amours, ses amis musiciens (Duke Ellington, Oscar Peterson, Ray Brown, Herb Ellis, Stan Levey...), au Panthéon du jazz.


Encres nomades

La nuit Myrtide - 2002

Au printemps dernier, l’écrivain algérien Benamar Mediene, l’auteur bosniaque Velibor Colic, la poétesse irlandaise Patricia Nolan et la romancière française Marie Desplechin étaient en résidence itinérante avec le Centre Littéraire Escales des Lettres dans le département du Nord et du Pas-de-Calais. ce type de résidence possède, comme son nom l’indique, une nature double et non-contradictoire : station et mouvement. Pendant leur séjour, les quatre auteurs ont sillonné la région en multipliant leurs escales, ils nous livrent ici ces ancres nomades, posées lors de leurs itinérances. Marie Desplechin, Benamar Mediene, Patricia Nolan, Velibor Colic


Mother Funker

Le Serpent à Plumes - 2001

Hubert Selbie, tueur à gages d’origine américaine, est sous contrat pour éliminer des criminels de guerre : un mafieux russe ancien d’Afghanistan à Budapest, un général " poète " à Sarajevo, un ancien collabo à Paris et un ex-colonel SS à Vienne. Mother Funker est L’histoire de ces missions, mais aussi de l’amour qui lie Selbie à Jeanne Duval, la prostituée montmartroise. L’auteur remarqué des Bosniaques signe un roman noir hors de toute référence, qui se déploie comme une ballade de jazz sombre et mélancolique, accompagnée " d’un solo particulièrement sauvage de Charlie Bird Parker, qui se fiche tel un couteau dans Le dos de la nuit ".


Les bosniaques

Le Serpent à Plumes - 2000

Séparés par des uniformes différents, les Bosniaques ne sont réunis que dans la mort au front d’une guerre sans gloire. En trois temps, Hommes, Villes et Barbelés, Velibor Colic, réfugié du camp de Slavonski Brod, nous livre une succession de témoignages sur la guerre qui a déchiré l’ex-Yougoslavie. Ces très courts textes, presque des épitaphes, déploient sur le ton du constat tout le tragique et l’absurde de ces conflits. Toujours au coeur d’une douloureuse actualité, ce livre bouleversant, qui en dit plus long sur la réalité de la guerre que bien des reportages, doit être reconnu comme l’un des plus importants et des plus justes sur un drame qui fait s’interroger l’Europe entière.


La vie fantasmagoriquement brève et étrange d’Amedeo Modigliani

Le Serpent à Plumes - 1995

Tu as vu que les êtres aux yeux vides sont incapables de comprendre le sens de l’amour, la noblesse du sacrifice ou la main tendue de la providence divine qui les supplie, les exhorte : Croyez et vous serez sauvés. Et tu as peint tout cela, n’est-ce pas ? Qui, dit le peintre. Tragique, poétique, étrange et fantasmagorique, telle fut la vie d’Amadeo Modigliani dans les rêves de Velibor Colié. Ange au destin fulgurant, le peintre devient l’emblème du génie créateur, maudit, bien sûr, et élu tout à la fois. Par de brèves visions, avec un verbe halluciné, l’auteur inspiré des Bosniaques fait vivre et mourir un personnage qui ne serait ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, et appelle la fiction pour parler du réel.


Chroniques des oubliés

La Digitale - 1995

Deux ans après s’être exilé en France, les images de la guerre assaillent toujours l’auteur des Bosniaques.... La vision s’est troublée, la mémoire défaille parfois, et c’est pour ne pas la laisser le trahir tout à fait que Velibor Colié entreprend une nouvelle fois de graver sur la pierre de stèles imaginaires de l’histoire de ceux qui ont vécu et sont portés disparus du monde des vivants. A travers les portraits de soldats de tous bords, de paysans paisibles, de tsiganes, d’ivrognes ou d’enfants, Velibor Colié tente de combattre, par la littérature, le désarroi extrême de ceux qui ont vu abolir toute humanité en l’homme.

Pour une littérature-monde en français

Grands débats
Avec : Velibor ČOLIĆ, Dany LAFERRIÈRE, Beata UMUBYEYI MAIRESSE - Saint-Malo 2021

Animé par : Marie-Madeleine RIGOPOULOS

Plus tard, on dira peut-être que ce fut un moment historique : le Goncourt, le Grand prix du roman de l’Académie française, le Renaudot, le Fémina, le Goncourt des lycéens, décernés à des écrivains d’Outre-France, un auteur Haïtien intronisé à l’Académie française... Simple hasard, simple détour vagabond avant que le fleuve revienne dans son lit ? Nous pensons, au contraire : révolution copernicienne. Copernicienne, parce qu’elle révèle ce que le milieu littéraire savait déjà, sans l’admettre : le centre, ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française n’est plus le centre. Le centre jusqu’ici, même si de moins en moins, avait eu cette capa- cité d’absorption qui contraignait les auteurs venus d’ailleurs à se dépouiller de leurs bagages avant de se fondre dans le creuset de la langue et de son histoire nationale : le centre est désormais partout, aux quatre coins du monde. Retour sur le manifeste pour une littérature-monde en compagnie de la lauréate du prix des Cinq continents 2021, Beata Umubyeyi Mairesse pour son roman Tous tes enfants dispersés (Autrement), Dany Laferrière de l’Académie Française, signataire du Manifeste pour une Littérature-Monde en français et Velibor Colic.


Besoin de mémoire

Grands entretiens et rencontres
Avec : Velibor ČOLIĆ, Néhémy PIERRE-DAHOMEY, Dany LAFERRIÈRE - Saint-Malo 2021

Animé par : Hubert ARTUS

Grande et petite histoire, exil, déracinement, reconstruction... Nous naviguons tous entre mémoire individuelle et collective. Nous sommes le produit de nos choix individuels, mais nous portons toujours en nous une part de l’histoire de nos ancêtres et un fragment de la terre d’où nous venons. Néhémy Pierre-Dahomey nous ramène à Haïti au XIXe siècle et nous livre un conte rural et politique où les destins particuliers côtoient la grande histoire des luttes sociales et égalitaires d’un pays et de ses habitants. Ou comment la rivalité qui oppose deux frères et les tensions qui en découlent nous éclaire sur toute la complexité de la situation actuelle du pays. Dans son Livre des Départs (Gallimard, 2020), Velibor Colic nous fait le récit de son propre exil, et partage avec nous le sentiment de déréliction des migrants, et l’errance sans espoir de ceux qui ne trouveront jamais vraiment leur demeure. Dans L’Exil vaut le voyage, Dany Laferrière offre un point de vue original sur le sentiment de l’exil : est-ce une expérience aussi terrible qu’on le dit ? En revenant sur ce qu’on croit à tort une fatalité, Dany Laferrière nous dit combien les pérégrinations obligées, si on les accueille en ouvrant les yeux et l’esprit, nous enrichissent.


Pour ne pas oublier

Vidéos : Poésie et rencontres
Avec : Velibor ČOLIĆ, Louis-Philippe DALEMBERT, Yvon LE MEN, FALMARÈS - Saint-Malo 2021

Animé par : Yvon LE MEN

Chronique des oubliés était le titre du second livre de Vélibor Colic, publié peu de temps après son arrivée en France. Le premier s’appelait Les Bosniaques, tout simplement. Et le second nous rappelait déjà à l’ordre. Ne pas oublier la Bosnie, ne pas oublier Haïti nous dit aussi Louis Philippe Dalembert dans son Cantique du balbutiement, des mots d’avant les mots, d’où naît le poème, de chacun, de tous parfois. Et dont l’alphabet commence par la lettre A, A comme assassin et A comme amour.
avec Louis Philippe Dalembert, Vélibor Colic, Falmarès et Yvon Le Men


Vers d’autres rives

Cafés littéraires
Avec : Velibor ČOLIĆ, Dany LAFERRIÈRE - Saint-Malo 2021

Animé par : Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA


Dire la fraternité

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Velibor ČOLIĆ, Anna MOÏ - Saint-Malo 2018

Avec : Velibor ČOLIĆ, Anna MOÏ
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA


Des Revenants

Les cafés littéraires en vidéo
Hakan GUNDAY, Velibor COLIC, Ayana MATHIS - Saint-Malo 2014

Avec Hakan GUNDAY, Velibor COLIC, Ayana MATHIS.
Animé par Maette CHANTREL et Pascal JOURDANA.


La culture c’est la paix ? C’est aussi la guerre

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Boualem Sansal, Mathias Énard - Saint-Malo 2013

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Boualem Sansal, Mathias Énard
Animé par Yann Nicol


Aux frontières de l’Europe

Les grands débats à voir et à réécouter
Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard - Saint-Malo 2013

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard. Animé par Hubert Artus


En audio

Avec Aleksandar Hemon, Velibor Colic, Paolo Rumiz, Azouz Begag, Mathias Énard. Animé par Hubert Artus


Dans la tourmente de l’histoire

Les Cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2012

La folie des hommes

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Velibor COLIC, Gilbert GATORE, Jean HATZFELD, Yasmine CHAR - Saint-Malo 2008

Dans les ténèbres du monde

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec Velibor COLIC, Vladan RADOMAN, Vidosav STEVANOVIC - Saint-Malo 2001

Avec Velibor COLIC, Vladan RADOMAN, Vidosav STEVANOVIC

Leurs cauchemars, encore nos rêves ?

avec Thierry Wolton, Velibor Čolić, Enki Bilal, Bogdan Teorodescu et Jan Rubes - Saint-Malo 2018

Animé par Marie-Madeleine Rigopoulos
Avec Thierry Wolton, Velibor Čolić, Enki Bilal, Bogdan Teorodescu et Jan Rubes


Journée lycéens et apprentis 2018 - Cérémonie d’ouverture

Saint-Malo 2018

Avec Velibor Čolić, Wilfried N’Sondé, Insa Sané et Paola Pigani
Animé par Maëtte Chantrel


C’est un dur métier que l’exil

Avec Velibor Čolić, Yvon Le Men, Hala Mohammad, Dušan Šarotar et Benjamin Vanderlick - Saint-Malo 2018

Rencontre à la salle Sainte-Anne avec Velibor Čolić, Hala Mohammad, Dušan Šarotar et Benjamin Vanderlick. Animée par Yvon Le Men.


Café littéraire : Frontières

Avec Velibor Colic, Ciler Ilhan, Olivier Weber - Saint-Malo 2016


Avec Velibor Colic, Ciler Ilhan, Olivier Weber


C’est quoi la France ?

Avec Pascal BLANCHARD, Velibor ČOLIĆ, Marcos EYMAR, Abdourahman WABERI - Saint-Malo 2016

Avec Pascal BLANCHARD, Velibor ČOLIĆ, Marcos EYMAR, Abdourahman WABERI
Animé par Yann NICOL


France Culture : Tout un monde par Marie-Helène Fraïssé

Saint-Malo 2014

Avec Velibor Colic.

Avec Hakan Günday.


France Inter : Cosmopolitaine par Paula Jacques

Saint-Malo 2014

Avec Andreï Kourkov et Velibor Colic.


Sur un air de musique

Saint-Malo 2014

Avec Velibor Colic, David Fauquemberg et Jean-Paul Delfino.
Animé par Yann Nicol.


Au cœur de l’Histoire en train de se faire

Saint-Malo 2014

Avec : Velibor Colic, Khaled Al Khamissi, Andreï Kourkov, Amine Boukhris, Charif Kiwan, Olivier Weber
Animé par : Yann Nicol


L’Europe s’invente à Sarajevo

Avec Igor Šticks, Drago Jancar, Velibor Colic, Nedim Gürsel - Saint-Malo 2012

Rencontre avec Igor Šticks, Drago Jancar, Velibor Colic, Nedim Gürsel, animée par Yann Nicol


Les mots de la guerre

Avec Nicole Roland, Velibor Colic et Alexis Jenni - Saint-Malo 2012

Une rencontre entre Nicole Roland, Velibor Colic et Alexis Jenni, animée par Marie-Madeleine Rigopoulos.


Subvertir par le rire

Saint-Malo 2010
Avec Olivier MAULIN, Andreï KOURKOV, Velibor COLIC, Karan MAHAJAN. Une rencontre animée par Martine Laval.

Une littérature française sans frontières

Saint-Malo 2008
12h00 : Une littérature française sans frontières
Velibor COLIC, Gilbert GATORE, Charif MAJDALANI, Björn LARSSON.

Doit-on pardonner ?

Saint-Malo 2008
18.00 Doit-on pardonner ?
Jean HATZFELD, Velibor COLIC, Gilbert GATORE, Sorj CHALANDON

Figures de l’exil

Saint-Malo 2008
Figures de l’exil
Fabrizio GATTI, Velibor COLIC, Iain LEVISON