DARRAS Jacques

France

Lettres à Shakespeare (Thierry Marchaisse, 2014)

Jacques Darras, Etonnants Voyageurs 2008
© Mélani Le Bris

Poète, essayiste et traducteur, Jacques Darras vit entre Paris et Bruxelles. Né en 1939 près de la Manche, professeur de littérature anglo-américaine à l’université de Picardie, il fonde la revue in’hui à Amiens, en 1978, qu’il publie successivement à la Maison de la Culture d’Amiens puis aux éditions Le Cri à Bruxelles. Il y publie principalement des poètes français comme Jacques Roubaud ou Michel Deguy mais aussi la poésie américaine moderne et contemporaine avec Ezra Pound, William Carlos Williams, Charles Olson, ainsi que des anthologies des poésies britannique, allemande, espagnole et russe.

Jacques Darras est aussi le traducteur des poètes et écrivains de langue anglaise Walt Whitman, Ezra Pound, Malcolm Lowry, Samuel Taylor Coleridge ainsi que Basil Bunting, David Jones et Geoffrey Hill ; et a lui-même été traduit en plusieurs langues. Il fait partie de l’Anthologie Poètes à Voix haute, Orphée Studio , réalisée par André Velter pour les éditions Gallimard (Collection NRF, 1999), de l’Anthologie de la poésie française du vingtième siècle (vol. II) réalisée par Jean-Baptiste Para (Gallimard, NRF, 2000), de l’Anthologie de la poésie française du XVIIIe au XXe siècle ( Michel Collot, La Pléïade, Gallimard, 2000).

Il publie depuis 1988 un poème en plusieurs chants, La Maye (Chant I,II,III, IV,VII, Le Cri, Bruxelles ; Chant V, VI Gallimard/L’Arbalète). Il reçoit le prix Apollinaire de poésie en 2004 et le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre en 2006. En 1989, après avoir réalisé plusieurs émissions de poésie à France-Culture (Pound, Williams etc...), il est le premier Français et Européen choisi par la BBC à Londres pour prononcer les « Reith Lectures » et demeure à ce jour correspondant régulier de la BBC. En 2011, il publie un nouveau recueil de poèmes, Irruption de la Manche. Il s’agit des prémices du dernier chant dédié à La Maye. Jacques Darras y décrit avec poésie les dernières longueurs de ce fleuve avant qu’il ne se jette dans la Manche.

Il travaille aussi en compagnie de l’acteur Jacques Bonnaffé, avec lequel il s’est produit dans plusieurs théâtres et Maisons de poésie depuis la création de Jacques two Jacques en 2004 au Théâtre de la Bastille. Il a donné des lectures dans plusieurs pays d’Europe et du Monde (Amérique du Nord, Italie, Mexique, Russie, Finlande, Chine, Espagne, Portugal, Tchéquie, Macédoine, Slovénie, Jordanie, Syrie etc…). Il est président du Marathon des Mots de Bruxelles et du jury du Prix Robert Ganzo. 

En 2014, il collabore à l’ouvrage Lettres à Shakespeare, un hommage à l’un des plus grands écrivains, poètes et dramarturges de son temps. Pour fêter le 450e anniversaire de sa naissance, plusieurs auteurs s’adressent ainsi directement à leur illustre confrère, avec humour, passion ou encore poésie. Après avoir traduit Les sonnets de Shakespeare (en 2013 chez Grasset), Jacques Darras témoigne une fois de plus de son goût pour la poésie et la littérature britanniques, et pas n’importe laquelle !


En savoir plus

Le Site officiel de Jacques Darras


Bibliographie :

  • Lettres à Shakespeare (Thierry Marchaisse, 2014)
  • Pieter Brueghel croise Jean-Jacques Rousseau (Le Cri, Bruxelles, 2013)
  • William Blake. Le Mariage du Ciel et de l’Enfer et autres poèmes (Gallimard, 2013)
  • Irruption de la Manche (Le Cri, Bruxelles, 2011)
  • La reconquête du tombeau d’Émile Verhaeren. Poème dansé masqué. (Le Cri, Bruxelles, 2010)
  • Jacques Darras, poète de la fluidité. Actes du colloque de Nice (Le Cri, Bruxelles, 2010)
  • À ciel ouvert. Entretiens avec Yvon Le Men (La Passe du vent, 2010)
  • Samuel Taylor Coleridge, La ballade du Vieux Marin (Poésie/Gallimard, 2008)
  • Les îles gardent l’horizon (Hermann, 2006)
  • Nous ne sommes pas faits pour la mort (Stock, 2006)
  • Tout à coup je ne suis plus seul : Roman chanté compté (Gallimard, 2006)
  • Vous n’avez pas le vertige ? : Poèmes en altitude avec une rivière et des chamois (Gallimard, 2004 - fragments du livres V de la Maye)
  • La rose au risque du chardon : Anthologie de poèmes anglais et écossais contemporains (Le Cri, 2003 – collectif)
  • Andrea Doria à Gênes avec un chat (Lanore, Paris 2003 - fragments du livres VII de la Maye)
  • Joseph Conrad, nouvelles complètes (Gallimard, 2003)
  • Nous sommes tous des romantiques allemands (Calmann-Lévy, 2002)
  • Allen Ginsberg. La voix, le souffle (Jean-Michel Place, 2002)
  • Moi, j’aime la Belgique ! (Gallimard, 2001 - fragment du livre VI de la Maye)
  • Qui parle l’européen ? (Le Cri, Bruxelles 2001)
  • Invisibilité du vers blanc (Le Cri, 2001)
  • Gracchus Babeuf et Jean Calvin font rentrer la poésie avec l’histoire dans la ville de Noyon : Poème manifeste (Le Cri, 1999)
  • La Rivière de lin et autres fictions (Marval, 1999 - collectif)
  • Petite somme sonnante : Soixante-et-onze sonnets (Mihaly, 1998)
  • William Shakespeare sur la falaise de Douvres (Le Cri, 1996)
  • La Mer hors d’elle-même (Hatier, Brèves 1993)
  • La Picardie : Verdeur dans l’âme (Autrement, 1993)
  • Autobiographie de l’espèce humaine (Les Trois Cailloux, 1991)
  • Le génie du Nord (Grasset, 1988)
  • La Maye (poème en plusieurs chants) :
    Chant I : La Maye (In’hui, Amiens, 1988)
    Chant 2 : Le petit affluent de la Maye (Trois Cailloux, Amiens, 1993)
    Chant 3 : Van Eyck et les rivières, dont la Maye (Le Cri Bruxelles - 1996)
    Chant 4 : L’embouchure de la Maye dans les Vagues de la Manche (Le Cri, Bruxelles, 2000)
Lettres à Shakespeare

Lettres à Shakespeare

Thierry Marchaisse - 2014

Qu’en est-il aujourd’hui de Shakespeare, de sa place dans l’imaginaire et la création ?

Nous avons demandé aux écrivains qui entretiennent avec son œuvre un fort engagement personnel de fêter ici le 450e anniversaire de sa naissance en s’adressant directement à lui, pour lui exprimer ce qu’ils lui doivent, lui reprochent, lui envient...

Cette correspondance collective, tour à tour jubilatoire, savante, intime, légère, violente, s’ouvre sur l’histoire mouvementée de cette passion française et se clôt par un retour inattendu, où il apparaît que le fantôme du père de Hamlet n’est pas près de cesser de hanter notre temps.

Evénement éditorial du programme Shakespeare 450, en partenariat avec la Société Française Shakespeare.
Auteurs des Lettres : Michèle Audin, Georges Banu, Pierre Bergounioux, Yves Bonnefoy, Hélène Cixous, Jacques Darras, David di Nota, Florence Dupont, Michael Edwards, Robert Ellrodt, Raphaël Enthoven, Jacques Jouet, Michèle Le Dœuff, Alberto Manguel, François Ost, Pierre Pachet.

Je sors enfin du Bois de la Gruerie

Je sors enfin du Bois de la Gruerie

Arfuyen - 2014

Il faut « tout reprendre à 1914 » pour mettre fin à l’amnésie, pour comprendre l’aujourd’hui, pour penser enfin l’Europe. C’est parce que les leçons de 1914 n’avaient pas été tirées que le pire s’est reproduit en 1939-1945. Il faut « tout reprendre à 1914 » parce que, cent ans après, le pire peut toujours se reproduire. « Qu’est-ce qui fait que nous ne désobéissons pas ou si peu ? / Qu’est-ce qui fait que nous consentons à nous laisser habiller en tueurs ? / Qu’est-ce qui fait que nous acceptons l’uniformité des uniformes ? / Qu’est-ce qui fait que nous avançons fusil à l’épaule notre propre croix mortuaire à la main ? »

Angliciste, italianisant, père d’un germaniste, Jacques Darras se sent depuis toujours Européen de cœur. Amoureux de l’Histoire et marqué dans toute son œuvre par la force des lieux, il se trouve aussi que l’auteur du vaste cycle de la Maye est né dans la Somme, tout près de quelques-uns des théâtres d’opérations les plus meurtriers de la guerre de 1914-1918. C’est aussi ce qu’il l’a amené, dès 1963, à choisir pour son mémoire de maîtrise en anglais une étude sur les War Poets anglais.

Pour toutes ces raisons, Jacques Darras ne pouvait qu’être particulièrement sensible au souvenir la Grande Guerre, à l’approche du centième anniversaire de son déclenchement. D’une magnifique souplesse et richesse d’écriture, son poème est tout entier une méditation sur la liberté. Cet ouvrage s’inscrit directement dans le cadre de l’exposition organisée pour la réouverture de la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg (BNU) à l’automne 2014 sous le titre « 1914 : la mort des poètes », exposition conçue autour de trois grandes figures de poètes européens morts durant la gue sur le front durant la guerre de 14-18 : le poète alsacien (et donc alors considéré comme allemand) Ernst Stadler (1883-1914), son ami le poète français Charles Péguy (1873-1914) et le grand poète anglais Wilfred Owen (1893-1918).

« A-t-on déjà mesuré la répercussion du vide dans une filiation ? / A-t-on déjà sondé l’écho prolongé d’un silence familial ? » Jusqu’à l’an passé, Jacques Darras ignorait presque tout de son grand-père paternel, Jacques-Édouard Darras. Tout au plus savait-il qu’il était mort au front à la guerre le 24 septembre 1914. Jamais son père n’avait voulu lui en parler, comme si cette mort-là devait être oubliée. Jacques Darras s’est rendu sur les lieux de son dernier combat, le Bois de la Gruerie, ces lieux sur lesquels la mémoire familiale avait fait peser un si long, un si lourd silence.

Grâce à cette quête, grâce au parcours intérieur qu’elle lui a permis de mener, le poète-historien « sort enfin du Bois de la Gruerie » et retrouve ce que l’amnésie familiale et, d’une certaine manière, nationale avait réussi à soigneusement dissimuler, sous la déploration et la mythification. « Vos souvenirs deviennent mes souvenirs mémoire unanime anonyme. / Vous moi entrons dans les allées d’un vaste cimetière nécropole. / Appelez-le roman familial ou national. / J’arrive de mon côté avec l’outil-poème, il est tard, je suis jardinier des vides. /Je mesure les intervalles. / Il m’aura d’abord fallu vivre ma propre vie, accompagner mon père jusqu’au bout de la sienne. / Il m’aura fallu attendre la nuit pour lire au livre entr’ouvert / de ma propre lignée. »

Le poème de Jacques Darras est un appel à retrouver une juste mémoire de cette Grande Guerre, alors que, si vite après, le terrible souvenir s’en est obscurci. C’est une émouvante reconnaissance de ceux qui ont su prendre l’exacte mesure de ce qui se passait : des écrivains comme Romain Rolland, Stefan Zweig, et Sigmund Freud, Erich-Maria Remarque ; des poètes comme Pierre-Jean Jouve en France, Sassoon ou Owen en Grande-Bretagne, Hugo Ball et les dadaïstes en Suisse.


Pieter Brueghel croise Jean-Jacques Rousseau

Le Cri - 2013

C’est le mouvement qui est la force du poème. Le mouvement de la pensée. Au présent progressif. En train de se faire. Le poème est machine à avancer. Très vite le plus souvent. Sur une longue distance, pourquoi pas ? Nous lisons, nous sautons, nous courons en poésie. Les sauts, les bonds sont la partie joyeuse de la logique poétique. Grande différence avec la prose appliquée à elle-même. Légèreté de la poésie disait Platon. Mais bien sûr ! Mais quel avantage ! Voyez la rapidité de Brueghel, premier peintre moderne à embrasser les foules avec l’espace. Puis vient le romantisme, tendance à l’immobilité. S’enliser à Senlis ? Émotion plutôt que motion ? Nous, nous repartons, redémarrons, réenfourchons l’autonomie du vers. Volts, voltes et désinvolture. Quel but ? Jouer avec de nouvelles gravités.


Sonnets

Grasset - 2013

C’est un monument. L’une des merveilles du patrimoine littéraire de l’humanité. Les 154 Sonnets de William Shakespeare sont peut-être moins connus que ses tragédies, mais pas moins qu’elles, ils n’ont cessé, depuis quatre siècles, d’ensorceler les lecteurs et de passionner la critique, à la fois par leur beauté, expression suprême de l’art poétique élisabéthai, et par leur mystère. "C’est le propre de l’œuvre accomplie, en musique comme en poésie, que de permettre une infine quantité de lectures, de traductions", écrit dans sa préface Jacques Darras qui, après avoir redonné vie et vigueur à l’œuvre de Malcolm Lowry et à celle de Walt Whitman, nous offre aujourd’hui ces sonnets comme on ne les avait jamais lus – ou, faudrait-il dire plutôt, comme on ne les avait jamais entendus. Car tout l’enjeu de cette nouvelle traduction est bien de nous faire entendre la musique, si singulière, des vers de Shakespeare : une symphonie baroque, échevelée, d’une audace contemporaine et d’une splendeur inépuisable.


William Blake. Le Mariage du Ciel et de l’Enfer et autres poèmes

Gallimard - 2013

Longtemps présenté comme un précurseur ou un « pré-romantique », William Blake (1757-1827) apparaît bien plus désormais comme un génie singulier, un visionnaire au sens absolu du terme, auteur d’une œuvre irréductible et multiforme. Dessinateur, graveur, peintre, aquarelliste autant que poète, philosophe et mystique, il est celui qui a le plus intimement décliné le pictural et le verbal afin de témoigner, par une mise en miroir, des résonances et des énigmes d’une même réalité. Farouchement libre et solitaire, opposé à tous les dogmes, il crée à la manière d’un prophète insoumis qui, après avoir célébré un Dieu sauveur, découvre le versant sombre et cruel de la Création, au point de procéder à une véritable inversion des valeurs. À cet égard, Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, texte sarcastique s’il en est, se développe comme une charge violente et inspirée contre les églises, les lois et les conventions morales. Comme le souligne Jacques Darras dans son importante préface, l’œuvre de William Blake vient en écho aux secousses révolutionnaires de son temps, mais c’est un écho sans cesse transfiguré, en cela voué à une révolution totale qui prend en compte toutes les forces en mouvement dans le champ du visible, du temporel, comme dans celui de l’invisible, de l’éternel.


Irruption de la Manche

Le Cri - 2011

Chaque fois que je viens sur la hauteur du Cap Blanc-Nez, par temps clair et dégagé, je suis saisi du même frisson devant l’étendue des vagues qui cavalent jusqu’au mur de craie blanche au loin. Vertige du Temps ! Ici se chevauchent et s’intensifient toutes les coupures, mon bref segment de vie, les six millénaires d’irruption marine qui ont fait de cette vallée nommée Doggerland par les géologues un fossé large de trente-cinq kilomètres, la fracture entre langues anglo-saxonnes, celtes et romanes, l’interminable suite de liens et scissions dans l’Histoire de l’Occident. Debout à la verticale des craies fragmentée par l’érosion de l’eau c’est le bruit palpable du Temps lui-même que j’entends, corps d’écume et de vents. N’est-il pas nouveau que notre Mémoire s’approfondisse aux fosses de l’archéologie (St. Acheul, Chauvet, Lascaux), s’accroisse d’effondrements cosmiques (Storregas, Tsunamis) ? Et si c’était à l’horloge des irruptions marines que nous allions devoir calculer notre âge désormais ? Ici, à Blanc-Nez, promontoire miniature, je recommence d’aller cueillir la fleur ancienne « Sagesse des sommets ». Tailler de minimes marches d’arrêt dans le Temps requiert le sens des pentes, de l’étalement des plans. Exercices de souffle suspendu, aujourd’hui, au-dessus du chenal, du Channel ! J. D.


La reconquête du tombeau d’Émile Verhaeren. Poème dansé masqué

Le Cri - 2010

Le très grand poète flamand Émile Verhaeren écrivit ses poèmes en français. Exclusivement. Le pourrait-il ? Le voudrait-il encore ? Son tombeau et son musée sont à Saint-Amand en Flandre, son village natal au bord de l’Escaut. Imaginons — c’est imaginable ! — que l’Europe décide de faire de sa bi-nationalité poétique un modèle, un symbole. Imaginons que l’opération soit conduite sous forme d’une expédition fluviale officielle au départ de Bruxelles. Qu’une « nef des fous » inaugure un voyage commémoratif annuel jusqu’à ce bloc de marbre noir où gît l’auguste dépouille d’Émile. Imaginons que l’histoire de l’Europe religieuse et laïque occidentale tout entière soit invoquée dans cette nouvelle croisade ! Imaginons, ah ! oui, imaginons le dessin coloré, rythmé, dansé de cette bande carnavalesque masquée ! Car nous sommes tous masqués, depuis le temps qu’on nous masque la fin. Car nous dansons tous en traduction sur l’Escaut, sur l’écho du plancher des langues. Car nous habitons un sol liquide fluctuant où nos drapeaux ne flottent qu’entre deux eaux. Qu’entre deux os. Ce poème dialogué et théâtralisé, conçu comme un « mock epic » fera partie de « Les petits affluents de la Maye. La Maye Tome II » (nouvelle version). Il est illustré de deux gouaches originales de l’auteur.


Jacques Darras, poète de la fluidité. Actes du colloque de Nice

Le Cri - 2010

Commencée en 1988 avec La Maye (Tome I) l’œuvre poétique de Jacques Darras s’est construite en marge des marées, à distance consciente de la tradition centrale poétique française, au contact des grandes sommes poétiques américaines. Vingt ans et bientôt 8 tomes de poésie plus tard, en décembre 2008, poètes et universitaires français et étrangers se sont retrouvés à l’Université de Nice, à l’invitation de Béatrice Bonhomme et Patrick Quillier, pour faire les premiers relevés de ce parcours original. Œuvre d’architecture attentive aux masses rythmiques aussi bien qu’aux détails, la Maye émerge progressivement sous la forme d’un édifice de fluidité musicale orchestré autour du chiffre 8. Polyphonique et polycentrique, irrigué par les fleuves de l’histoire comme de la géologie, conjuguant l’horloge des respirations personnelles aux grandes roues de la cosmographie, le chantier de la Maye renoue avec les héritages de la Renaissance et du Moyen-Âge européens.


A ciel ouvert. Entretiens avec Yvon Le Men

La Passe du vent - 2010

spip_logoLe poème de Jacques Darras est immense et il n’est pas sans rappeler certaines œuvres, uniques elles aussi, qui ont poursuivi jusqu’à leur terme un même chemin. Un poème, au bord du monde et de la vie, à la fois multiple et un, particulier et universel. Dans ce livre d’entretiens, Jacques Darras poursuit son errance et l’aventure à partir des questions que lui pose un autre poète, Yvon Le Men, dont l’œuvre, à première vue, semble très éloignée des préoccupations (forme et fond réunis) qui sont celles de Darras. Le Men vient d’une autre famille d’écriture, plus tournée vers le fragment et l’économie de moyens. Mais c’est bien tout l’intérêt de ce livre, cette conversation (confrontation) à deux voix, l’une porteuse d’un plus vaste chant, l’autre comme venue du murmure... Ce livre ouvre toutes grandes les fenêtres du ciel. Il autorise notre cœur, nos yeux et nos mains à se rendre de l’endroit de la source jusqu’à l’embouchure du fleuve. Jacques Darras, pour le coup, nous apparaît debout dans sa grande nudité.


Ted Hughes. Poèmes (1957-1994)

Gallimard - 2009

« Il y a des blaireaux écrasés, des agneaux qui naissent la tête tranchée, des saumons monstres tapis au fond de lacs écossais opaques, qu’on ferre et qui résistent de toute leur puissance vitale. Il y a des faucons, des brochets, des renards nocturnes, bref toute une galerie de prédateurs sur lesquels règne, cynique et dérisoire, un corbeau mythique du nom de Crow. Ted Hughes n’est pas qu’un poète animalier, comme on a trop vite cru. C’est un explorateur de la cruauté qui est au fond de l’être vivant, bête ou homme. Une espèce de poète darwinien moderne ayant croisé les chemins de la fable celtique ancienne. L’héritier de Yeats l’Irlandais mais aussi du guerrier de la Somme Wilfrid Owen, essayant d’articuler ensemble la beauté, la terreur et la pitié. » Jacques Darras.


La Maye réfléchit

Le Cri - 2009

En même temps qu’elle réfléchit à ses rivières nos vies, nos pensées, l’eau avance. Le temps avance. Vers l’embouchure finale. Chaque fois individuelle, chaque fois renouvelée. La réflexion se fait toujours en allant, en marchant. C’est pourquoi le poème est ici « parlé marché ». Pourquoi il dialogue avec l’immobilité de la peinture (Rembrandt, Rubens, Mondrian, de Kooning, van Eyck, Spilliaert, Ensor etc…). Pourquoi il bouscule la philosophie (Descartes, Husserl, Heidegger). Pourquoi il marche joyeusement à travers la barrière des langues (Bruxelles, la Flandre). Pourquoi il réfléchit à l’Europe d’aujourd’hui, belle abstraction sans corps réel. Sans corps sensuel. Pourquoi enfin il se réjouit du goût des nourritures (les huîtres, les moules, la bière, le pain d’épice). Ici le poème réfléchit à la réflexion. Au réfléchissement et au mouvement qui nous emporte vers le large. Quel large ? C’est à venir. À deviner. À devenir.


Samuel Taylor Coleridge, La ballade du Vieux Marin

Gallimard - 2008

« Samuel Taylor Coleridge (1772-1834) est le plus romantique de tous les poètes romantiques. Mélange d’émotions et de réflexion, d’enthousiasme et de doutes, il est la contradiction faite homme. Il aime passionnément la Nature, dans sa version sauvage du Pays de Galles et des Lacs où il vit avec une parfaite sobriété écologique. Dans le même temps, cependant, il ne peut pas se passer de Londres, dont il aime fréquenter les cafés. Comme il a lu Rousseau et les philosophes du XVIIIe siècle, il porte en lui l’utopie d’une société meilleure. Mais comme il trouve que la Révolution française s’est pervertie, il part en 1798 pour l’Allemagne et l’université de Göttingen découvrir Kant, Schelling et Fichte. Ce faisant, il quitte la poésie pour la philosophie, abandonne femme et enfants pour une vie d’errance londonienne et d’accoutumance à l’opium. Il est le modèle de tous les Rimbaud à venir. Il compose un impérissable poème en sept chants La Ballade du Vieux Marin ainsi qu’une méditation orientale sur l’empereur mongol Kubla Khan, que toute l’Angleterre sait par cœur. Ce grand marcheur métaphysique, capable d’escalader les pics du Lake District de nuit, est probablement l’inconnu que l’on voit de dos dans les tableaux de Caspar David Friedrich rêver dans le soleil naissant au-dessus d’un océan de brume. » Jacques Darras.


Les îles gardent l’horizon

Hermann Editions - 2006

Sans prétendre à l’exhaustivité impossible, mais avec une précision et une clarté rares, Jacques Darras nous fait découvrir les contrées inconnues des littératures anglaises, écossaises, américaines. L’ouvrage se présente comme un parcours dont les guides sont des écrivains, surtout des poètes, parfois méconnus, que l’auteur choisit d’aborder comme des îles, des îlots. Ils ont pour nom Bunting, Hugues, Heaney, Larkin, Jones, MacDiarmid, MacLean, Pound, Williams, Olson, Zukofsky, etc. « Esprit curieux, en éveil, avide de nouveautés, à l’affût de nouveaux modes de penser, de parler, d’écrire, Jacques Darras nous entraîne dans ces voyages vers et à travers quelques temps forts de la poésie de langue anglaise. (…) Plus que de la simple critique littéraire, l’auteur propose une interrogation de sa propre identité nationale, ce qui lui permet de mieux faire ressortir la qualité proprement étrangère des auteurs et des thèmes abordés. Ainsi l’ouvrage dépasse ses propres objectifs pour entreprendre une réflexion sur l’identité culturelle française et sur la distance culturelle qui sépare la France de l’Angleterre. Le livre est également, en partie, l’autobiographie intellectuelle d’un poète et d’un traducteur, ne rechignant pas de lire et traduire des auteurs réputés être parmi les plus difficiles, comme Pound, Bunting, David Jones ou encore Geoffray Hill. Son livre et la poésie dont il est question sont finalement moins de l’ordre de la littérature de voyage que de la littérature comme voyage, traversée, découverte, rencontre, dont Jacques Darras partage ici généreusement sa passion. »


Nous ne sommes pas faits pour la mort

Stock - 2006

« Ma mère est morte. C’est dans l’ordre des choses. Sa lente agonie médicalement assistée suivie de sa crémation m’ont bouleversé et révolté. Nous sommes dénués d’imagination comme jamais devant la mort. Nos sociétés, uniquement préoccupées du mourir, n’ont plus le désir de se représenter à elles-mêmes la mort. Là où les poètes se montraient des explorateurs audacieux – les Anglais particulièrement, avec Shakespeare et Donne –, là où Giotto ou Van Eyck promettaient dans leur peinture la paix de l’au-delà, les artistes contemporains font étalage de mutisme. La philosophie elle-même légitime ce refus de l’imagination avec Heidegger qui transforme l’horizon de la mort en origine absolue. De là ce sentiment d’un nihilisme fondamental qui accable aujourd’hui la Terre. Voici que nous devenons nos propres terroristes. » Jacques Darras


Tout à coup je ne suis plus seul : Roman chanté compté

Gallimard - 2006

« Nous nous appellerions tous Laurence Sterne et nous serions des "Voyageurs sentimentaux". Amoureux de la route, ses détours et digressions, comme des rencontres qu’elle nous ménage. Mais, à la différence du célèbre romancier, nous irions jusqu’au bout de nos sentiments. Nous serions des poètes du roman. Nous voyagerions le long des rivières, des petites villes, des vallées secrètes, nous arrêtant pour humer le parfum des noms et des roseraies. Sentimentaux, mais ayant le sens des infimes continuités qui font la beauté de l’existence. Amoureux, mais désireux de suivre nos humeurs jusqu’au bout. Bref, hommes et femmes d’au-delà les cassures, les ruptures où se complurent les siècles précédents. Petits pèlerins attentifs d’Europe, adeptes de la navigation lente, "beatniks cartésiens", nous ne rêverions plus jamais à l’Amérique. Depuis l’extrême pointe atlantique de l’Irlande, à Dingle, jusqu’à l’estuaire de la Meuse et du Rhin, à Rotterdam, nous filerions telles des hirondelles de mer au ras des vagues. » Jacques Darras.


Malcom Lowry. Poésies complètes

Denoël - 2005

Auteur culte de Sous le volcan, Malcolm Lowry a toute sa vie composé de nombreux poèmes dont seuls quelques-uns avaient jusqu’ici été traduits en français. Rassemblant pour la première fois l’œuvre poétique complète de Lowry, cette édition présente près de 500 textes, parfois inachevés. Depuis les poèmes de collège, écrits dans les années 20, jusqu’aux poèmes d’amour composés dans les années 50, au Canada ou en Angleterre, une dimension encore trop mal connue du génie créateur de Lowry s’y déploie. On y redécouvre les thèmes majeurs de l’œuvre romanesque - la mer, la solitude, le spectre de l’alcool, l’amour passionné et destructeur - mais aussi d’autres tonalités plus secrètes encore qui amènent à une plongée intime dans la pensée de l’écrivain.


Vous n’avez pas le vertige ? : Poèmes en altitude avec une rivière et des chamois

Gallimard - 2004

« De la Moselle vigneronne au Neckar de Hölderlin, on monte à l’oblique vers la Prusse et la Baltique. À Berlin, on sonne hardiment au 125 Chausseestrasse pour dialoguer avec Bertolt Brecht qui y surplomba quotidiennement le cimetière où il est enterré, à côté de Hegel et de Fichte. Raidi par la surprise on rentre à Paris, plus que jamais ouverte aux gares et vents de l’univers - comprimé de nostalgie automnale à diluer dans un peu d’effervescence. On avale, on repart ! Direction l’ouest d’où l’on espérait qu’allait venir une seconde Libération. Ce n’est pas celle qu’on croyait. À Clères, falaise normande où veillent Braque, Roussel et Prévert, est appuyée la nouvelle échelle du vivant. Les animaux de la fable nous enseignent l’exacte altitude de nos verticalités. Où que nous allions désormais sur Terre un changement d’allure s’impose. Nous devons nous réadapter au pas long et ample de la fable - Märchen, marches taillées en hauteur pour le souffle. À Romme (Aravis) où nous posons notre provisoire capitale des cimes, la petite rivière Maye nous avait étonnamment précédés. C’est à suivre... » Jacques Darras.


La rose au risque du chardon : Anthologie de poèmes anglais et écossais contemporains

Le Cri - 2003

Nous ne connaissons pas vraiment l’Angleterre. Nous ne la connaissons pas parce que nous ne connaissons pas sa poésie. Dire cela peut paraître prétentieux pour la poésie. Nous admettons en revanche les prétentions qu’a le roman de nous informer sur la nature d’une société. Le roman nous semble traduire ce qu’une société pense de l’amour et de l’argent — les deux sujets majeurs du roman. La poésie, au mieux, nous renseigne sur l’état du langage. Cela intéresse les spécialistes que sont les linguistes, s’ils s’avisent de lire la poésie. Alors que pour savoir si les facultés d’invention d’une nation sont vives, si la proximité à la langue y est superficielle ou profonde, si la rue entre dans l’académisme et en sort sans aucun conflit, il n’y a rien de mieux que de lire attentivement le poème. Constater, par exemple, que le fossé de la Manche ou Channel, selon la rive où l’on se place, sépare plus profondément que jamais les traditions poétiques françaises et anglaise est une indication politique de premier ordre. Alors que le roman anglais passe facilement le détroit, quasiment à la vitesse de l’Eurostar, le poème de même nationalité met des siècles à parcourir la distance. La résistance anglaise à se rapprocher du Continent se dénote là bien plus sûrement que dans aucun simulacre de traité ou figure de ballet du cops diplomatique. Il n’en sera peut-être pas toujours ainsi mais nul ne peut le prédire avec certitude… Hugh MacDiarmid - Tony Harrison - Edith Sitwell - Ford Madox Ford - Stevie Smith - Lachlan Mackinnon. Choix, présentation et traduction de Jacques Darras avec le concours de Patrick Hersant.


Andrea Doria à Gênes avec un chat

Lanore - 2003

Jacques Darras publie depuis 1988 un long poème en plusieurs chants, La Maye, dont il livre ici un fragment du Tome VII. la Maye est une rivière indépendante du Nord-Ouest de la France. L’auteur, traducteur, de poésie de langue anglaise a publié notamment des essais sur l’Europe et a prononcé les Reith Lectures le BBc en 1989. il enseigne la poésie anglo américaine à l’Université de Picardie et a fondé la revue n’hui est co-dirigé également le mensuel.


Joseph Conrad, nouvelles complètes

Gallimard - 2003

« Parler de Conrad, c’est parler tout naturellement de Rimbaud, la ressemblance entre les deux destins est plus que frappante - évidente », écrit Jacques Darras dans sa préface. Découvrir ou redécouvrir, dans leur ordre chronologique, ces trente nouvelles, c’est mesurer le caractère exceptionnel de ce destin qui conduit le jeune aristocrate polonais exilé par l’empire russe, après quinze années d’aventures sur toutes les mers du globe, à devenir l’un des plus grands romanciers de langue anglaise du début du XXe siècle. C’est aller des merveilleux récits maritimes encore hantés par la séduction de l’Orient jusqu’aux nouvelles où il jette sur la vision poétique et sur la société de son temps un regard d’une ironie impitoyable et d’une pénétration qui font de lui le maître du récit politique moderne. Qu’advient-il, demande Conrad, quand les Rimbaud tombent dans le commerce alors qu’ils étaient partis vers de visionnaires croisades ?


Nous sommes tous des romantiques allemands

Calmann-Lévy - 2002

Oui, nous sommes tous des romantiques allemands ! Dans cet essai superbement écrit, Jacques Darras montre que l’on sous-estime la révolution romantique qui a eu lieu à Iéna au milieu du dix-huitième siècle. Cette révolution est l’héritière de la pensée de Dante, c’est-à-dire de la lutte qui a opposé Rome et Luther mais aussi le pouvoir religieux et le pouvoir politique depuis le quatrocentto italien. De cette tension entre religieux et politique, et par-delà la Révolution française, va naître le romantisme allemand, qui conditionne encore largement notre sensibilité, notre rapport à la langue, à la passion, à l’erreur, à la folie et à la raison. Le poète Walt Whitmann, américain, auteur des célèbres Leaves of Grass, en est l’un des témoins de choix.


Allen Ginsberg. La voix, le souffle

Jean-Michel Place - 2002

Au rythme endiablé des caves jazzy new-yorkaises, Jacques Darras nous entraîne à ses côtés dans la « chevauchée respiratoire » à laquelle se livrait l’auteur de Kaddish. Car si persiste une énigme, c’est bien celle de cette présence unique que chacun lui reconnaissait, entre l’intériorisation de la voix et la puissance du souffle. Tout d’abord, le disciple de Withman et de Williams apparaît sous un jour oublié, bien avant son expérience tibétaine, alors qu’il puisait son inspiration dans ses origines juives et ses passions amoureuses. Puis, la force documentaire de sa poésie se révèle au fil de la lecture, à travers des comparaisons, car seul le cinéma expressionniste et la trompette de Miles Davis peuvent restituer ses accents révoltés et mystiques. Jacques Darras ne s’éloigne jamais très loin de la statue de la liberté, à la rencontre de l’autodidacte pour qui chaque vers était un moyen d’exister et chaque son une tentative de survie.


Walt Whitman. Feuilles d’herbe

Gallimard - 2002

Walt Whitman, l’homme de l’espace américain, l’homme du surgissement, du déferlement vocal, du souffle porté à sa plus vaste amplitude, cet homme-là se dresse à jamais avec ses cris, ses rages, ses ferveurs. Tant d’énergie brute, tant de puissante naïveté, tant d’intuitions sonores ne cessent d’activer le cœur, d’exalter le corps. C’est la chance d’un bain de houle, avec en plus cette joie singulière, hérétique en poésie, de voguer gaillardement sur de bons sentiments. Whitman porte et emporte, provoque, prend par le bras, allonge le pas, amplifie l’écho et révèle à chacun sa voix d’homme. « Solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages », selon Jacques Darras, Walt Whitman apparaît bien aujourd’hui à cette place de guetteur : il respire haut, il voit loin, il préfigure un monde fraternellement habitable.


Moi, j’aime la Belgique !

Gallimard - 2001

« Nous entrons dans un monde de nationalités d’emprunt. Nous serons des immigrants légers. Plus d’évasion d’impôts à la Charles Baudelaire : nous apportons notre moitié rêveuse à la Belgique, elle apporte la sienne à la France. Exemple, je m’assieds sur une banquette d’un café d’Anvers où je laisse s’écouler un Escaut de temps. Devenu rivière de moi-même, je me réfléchis, nous nous réfléchissons à plusieurs dans nos confluences. Des ombres s’asseoient à côté de moi, ni plus anciennes ni moins réelles, je leur parle elles me parlent elles ne passent plus. Rubens s’entretient avec Spilliaert et Ensor. Le chanteur Jacques Brel souffle dans les cheveux du petit Émile Verhaeren. D’imperturbables iguanodons se désaltèrent, croqués par un dessinateur de bandes dessinées. La grande Garabagne d’Henri Michaux ? Non, nous sommes dans un pays réel rêvé ! Vous préférez la Suisse ? Pourquoi pas, mon livre est une méthode universelle - le PPM, Poème Parlé Marché. » Jacques Darras.


Qui parle l’européen ?

Le Cri - 2001

Voici un livre qui pose la question essentielle de l’avenir des langues dans une Europe « unifiée ». Peut-on réellement envisager un « pays européen » sans langue commune, alors que l’Europe pratique vingt langues qui arriment vingt nations à leur sol, leurs frontières et leurs morts ? Les Anglais, pragmatiques et cyniques, semblent considérer le problème comme résolu. Les Français ne sont pas d’accord et le disent. Les Allemands se taisent. Entre muets et sourds la cacophonie commence à être assourdissante. Jean Monnet affirmait qu’il recommencerait l’Europe par la culture. Le mot « culture » ne ressemble-t-il pas aujourd’hui à un cache-sexe pour la langue ? N’y aurait-il pas lieu de replacer la langue au cœur du débat politique, d’où les linguistes l’ont chastement excisé ? C’est à une réflexion originale et dynamique autour de ces questions brûlantes d’actualité que nous convie Jacques DARRAS.


Invisibilité du vers blanc

Le Cri - 2001

L’idée nous est venue tardivement, alors même que nous élaborions une traduction d’Hamlet selon l’original, de nous demander pourquoi la tradition anglaise du " blank verse " ou vers régulier non rimé n’avait jamais effleuré les prosodistes français. Comment se faisait-il qu’aucun traducteur notable de Shakespeare ou de Milton n’ait jamais envisagé cette solution ? Où était l’incompatibilité ? Nous nous mîmes en demeure de poser innocemment la question aux spécialistes, à commencer par Jacques Roubaud. Il faut conclure que l’amicale rencontre aura laissé le problème intact. Certains argumenteront sans doute avec esprit qu’il fut mal posé ou qu’il ne se posait pas. Notre perplexité vient de ce que personne ne semble avoir remarqué avant nous l’existence d’une frontière poétique d’autant plus infranchissable qu’invisible. Il ne suffit pas de dire " c’est ainsi " . Un comparatisme européen bien conçu peut légitimement s’étonner que les contraintes poétiques nationales soient si rigides. Passer du vers régulier au vers libre fut, au tournant du vingtième siècle, la tâche impartie au vers français. La transition fut rude et n’est pas encore réellement admise. Considérera-t-on le " vers blanc " comme une forme médiane jamais essayée ? Nous voulions modestement suggérer que toute étude des seules formes hors de leur contexte politique et historique risquait de demeurer stérile.


La Maye Chant 3 : L’embouchure de la Maye dans les Vagues de la Manche

Le Cri - 2000

Revue In’hui Ce livre est une navigation. Une navigation vers le Nord, vers les îles, vers le bout des terres. Le poème traverse la Manche, aborde les falaises anglaises, joue avec Shakespeare, Bunting, MacDiarmid, Mackay Brown, comme s’ils étaient eux-mêmes posés sur la mer, encerclés par la mer. À un moment, l’espace rencontre le temps. On débarque sur une terre nommée Paradis, terre de l’au-delà des terres. Pour changer de monde, il faut changer d’image du Paradis. On ne peut pas supprimer le désir de Paradis. Le poème est l’embarcation la plus sûre, la plus économe pour se lancer dans sa direction. J. D.


Gracchus Babeuf et Jean Calvin font rentrer la poésie avec l’histoire dans la ville de Noyon : Poème manifeste

Le Cri - 1999

Gracchus Babeuf et Jean Calvin font rentrer la poésie avec l’histoire dans la ville de Noyon. Poème-manifeste


La Rivière de lin et autres fictions

Marval - 1999

Petite somme sonnante : Soixante-et-onze sonnets

Mihaly - 1998

Jacques DARRAS, que n’effraient ni la dérision ni la gravité, promène sa caméra " sonnetière " aux cœurs des anecdotes. Livre de prises quasi photographiques, entre icônes et clichés, PETITE SOMME SONNANTE se lit comme une révélation des proportions du monde dont chaque sonnet, épreuve de forme humaine, renouvelle la règle. Le dévergondage de la langue et les " prosodies personnelles " comme disait Apollinaire y rythment une marche dont les ciseaux découpent par extraits le paysage intime de l’auteur. Voici Shakespeare, Gauguin, Miron et Du Bellay ; voici des autoroutes, Anvers, Paris, la Picardie ; le sonnet des pommiers, le sonnet du sonnet, voici les sansonnets, la Blanche et la caresse des langues, voici l’amour, Madame, la Maye, la mort, la peur et les forêts ; voici toutes les rivières.


William Shakespeare sur la falaise de Douvres

Le Cri - 1996

Revue In’hui La sauvagerie nous touche à proportion qu’elle nous fuit. Lorsque j’eus refermé la lisière d’enfance dans mon dos Et que deux tourterelles eurent emporté la clé de l’école, Les années filèrent leur sable en une seule grande plage. Je suis tout au bout à présent marchant contre les vagues, Aperçu en diminution devant la toile de fond de l’espace. Pour faire bonne mesure j’ai même mis un pays étranger À l’arrière-plan vingt ou trente kilomètres à vol d’oiseau Que la syntaxe tendue de l’huîtrier-pie efface d’une traite Comme s’il me fallait une nouvelle lisière avec l’inconnu, Comme si d’apercevoir des falaises blanches tout au loin Constituait la promesse qu’il existera toujours du partage…


La Maye Chant 4 : Van Eyck et les rivières, dont la Maye

Le Cri - 1996

À déplacer des montagnes de conventions littéraires et de clichés romanesques — en renouant avec les musiques de l’oralité —, Jacques DARRAS parvient ici à faire couler avec bonheur (parfois tourbillonner) des rivières dans lesquelles on imagine volontiers un Joyce se baignant. Où il fait bon revenir souvent, même si cela n’est pas sans risque…


La Mer hors d’elle-même

Hatier - 1993

La Picardie : Verdeur dans l’âme

Autrement - 1993

Un ensemble d’introductions présentant les divesr aspects de la région. Sur place : Guide organisé en 8 petites régions : Amiens et l’Amiénois, Abbeville et la baie de Somme, Beauvais et le Beauvaisis, Chantilly et le Valois, de Compiègne à Noyon, de Soissons à Château-Thierry, Péronne, Saint-Quentin et le Vermandois, Laon et la Thiérache.


La Maye Chant 2 : Le petit affluent de la Maye

Le Cri - 1993

Autobiographie de l’espèce humaine

Les Trois Cailloux - 1991

Le génie du Nord

Grasset - 1988

" Plus la Terre sera ronde, plus il y aura d’air autour de nous, plus nous aurons besoin de glaciers et de brumes, d’estuaires par où s’écoulent les fleuves lents, plus nous aurons soif d’infini plat, de plaines tangentes à la voûte des cieux comme de grandes parois de cathédrales horizonales, de cathédrales d’horizon à la face desquelles glisseront nos pensées fuyantes avec, çà et là, tel l’écho d’anciennes civilisations, le carillonnement carnavalesque d’un beffroi mettant cul par-dessus tête notre boule de minerai et d’argile - notre tremplin à sauter dans le ciel : le ciel, en ce temps-là, nous le trouverons par terre, chacun contemplant longuement sa portion de Nord, son arc de mer du Nord avec l’invisible rivage, où s’anuite dans la nuit des nuits le plumage des neiges, le duvet des rêves. "


La Maye Chant 1 : La Maye

Le Cri - 1988

Revue In’hui

Remise du Prix Robert Ganzo de poésie à Marie-Claire Bancquart

Les Cafés littéraires en vidéo
Avec Marie-Claire Bancquart, Yvon Le Men, Jacques Darras. En présence de Margarita Perez-Ganzo. - Saint-Malo 2012

Embruns

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

avec Yvon Le Men, Jacques Darras, Loïc Josse

Une vidéo réalisée par Cap7Média.

Retour à l’épopée

Avec Jacques Darras, William Cliff et Eric Sarner - Saint-Malo 2012

Avec Jacques Darras, William Cliff et Eric Sarner


Le retour de la rime

Saint-Malo 2011

Avec Jacques Darras, Julien Barret, Jean-Pierre Verheggen, Souleymane Diamanka


Pour le plaisir des mots

Saint-Malo 2011

Slam session avec le collectif 129H et les participants à l’atelier d’écriture de la maison de quartier La Découverte
avec : ROUDA, Jacques DARRAS, LYOR, NEOBLED, MIANO Léonora, Alain MABANCKOU, Yvon LE MEN, RIM, IDO Jacky


Lectures à voix haute : “Et si on riait ?”

Saint-Malo 2011

Avec Claude VILLERS, Olivier ROELLINGER, Chantal PELLETIER, Jacques DARRAS.


Hommage à Jean-Pierre Verheggen

Saint-Malo 2010
Hommage à Jean-Pierre Verheggen
Avec Jean-Pierre Verheggen et Jacques Darras. Débat animé par Yvon Le Men.

Y a-t-il des langues plus poétiques que d’autres ?

Saint-Malo 2010

Avec Bruno Doucey, Kim Thuy, Georges Castera, Jacques Darras, Mohammed El Amraoui. Un débat animé par Jacques Darras.

Son à venir.


Xavier Grall, la marche à la mer

Saint-Malo 2010
Xavier Grall, la marche à la mer
Avec Yvon Le Men, Jacques Darras et Sylvia Lipa-Lacarrière

Rencontre avec le lauréat du Prix Ganzo de poésie

Saint-Malo 2009
Dimanche : 10h00 - Rencontre avec le lauréat du Prix Ganzo de poésie
Jacques Darras, Franck Venaille, Yvon Le Men.

Là-haut vers le nord

Saint-Malo 2008
16h15 : Là-haut vers le nord
Eugène NICOLE, Frédéric ROUX, Jean RASPAIL, Jacques DARRAS

Le chemin du poème... et hommage à Aimé Césaire

Saint-Malo 2008