DESSAINT Pascal

France

Le chemin s’arrêtera là (Rivages, 2015)

© Philippe Matsas

Voix essentielle dans le paysage du polar français, Pascal Dessaint a su imposer une approche toute personnelle du roman noir, en délaissant les rebondissements et intrigues policières pour mieux laisser transparaitre la mécanique fragile des âmes humaines. Les problématiques environnementales et sociales qu’il aborde dans ses dernières œuvres font de lui un "auteur de roman noir à tendance verte".

Issu d’un milieu modeste, Pascal Dessaint est originaire du Nord et Toulousain d’adoption, deux territoires qui servent de cadre à une grande partie de ses livres. Il écrit son premier roman lorsqu’il passe son bac, mais il lui faut attendre dix ans avant d’être publié pour la première fois, avec Les paupières de Lou (1992). Il est aujourd’hui l’auteur d’une vingtaine d’œuvres, principalement aux éditions Rivages, et lauréat de nombreux prix : Prix Mystère de la critique de 2007 et 2008, Grand Prix de littérature policière de 2000, Prix du roman noir français de 2006… Il publie aussi régulièrement nouvelles et billets d’humeur dans la presse (Libération, l’Humanité dimanche, l’Express, La Dépêche du Midi, Impact Médecin, Regards...).
Pascal Dessaint travaille par cycles, en créant des personnages récurrents, comme le policier Félix Dutrey, mais aussi en liant plusieurs œuvres par une thématique ou un genre commun. Ses débuts dans l’écriture sont ainsi marqués par un cycle de romans très noirs, tels que Une pieuvre dans la tête (1994) et Bouche d’ombre (1996), où le suspens et l’intrigue tissent des liens avec les questionnements intérieurs des personnages et leur précarité. Avec Tu ne verras plus (2008) ou encore Le Bal des frelons (2011), il écrit ensuite sous le signe de la Nature, une Nature qui, selon lui, est double : si elle est initialement source d’émerveillement, elle présente aussi une facette plus inquiétante, devenant cruelle et parfois violente, comme pour signifier aux hommes qu’ils ne sont plus les bienvenus dans le monde qu’ils détruisent. Ses intrigues prennent souvent place dans des lieux gangrénés par la pollution, des paysages post-industriels moribonds qui lui permettent de dénoncer des actes humains bien réels. Loin des humains (2005) se concentre ainsi sur l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, tandis que le scandale de la fermeture de l’usine Metaleurop est le sujet de Les derniers jours d’un homme (2010).
Cependant, Pascal Dessaint a beau accumuler les constats sombres sur le monde actuel et présenter des personnages broyés par leur réalité, il refuse de sombrer dans la désespérance et de céder au cynisme. Des notes d’humour, souvent grinçantes, et des instants de tendresse viennent éclairer ses récits.

Dans son dernier roman Le Chemin s’arrêtera là (2015), l’auteur embarque son lecteur sur une côte nordiste fantomatique, où les personnages évoluent presque hors du temps. Il signe ici un nouveau roman choral dont les différentes voix donnent à voir un territoire et des vies humaines marqués par les même stigmates.


En savoir plus


Bibliographie

  • Le chemin s’arrêtera là (Rivages, 2015)
  • Maintenant le mal est fait (Rivages, 2013)
  • Le bal des frelons (Rivages, 2011)
  • Les derniers jours d’un homme (Rivages, 2010)
  • L’appel de l’huitre (Rivages, 2009)
  • Tu ne verras plus (Rivages, 2008)
  • Cruelles natures (Rivages, 2007)
  • Les hommes sont courageux (Rivages, 2006)
  • Loin des humains (Rivages, 2005)
  • Un drap sur le Kilimandjaro (Rivages, 2005)
  • Mourir n’est peut-être pas la pire des choses (Rivages, 2003)
  • On y va tout droit (Rivages, 2001)
  • Du bruit sous le silence (Rivages, 1999 - Grand Prix de la littérature policière 1999 et Prix des lecteurs de Villeneuve d’Ascq 2000)
  • Bouche d’ombre (Rivages, 1996 - Prix Mystère de la Critique 1997)
  • A trop courber l’échine (Rivages, 1997)
  • Ça y est j’ai craqué (Le Seuil, 1997)
  • Le Poulpe : Les Pis Rennais (Baleine, 1996)
  • Ça y est, j’ai craqué (La Loupiote, 1996 - nouvelles)
  • La vie n’est pas une punition (Rivages, 1995)
  • Une pieuvre dans la tête (L’Incertain, 1994)
  • De quoi tenir dix jours (L’incertain, 1993 - nouvelles ; Prix Métiers et Culture 1994)
  • Les Paupières de Lou (Laporte, 1992 - revu et corrigé aux éditions Rivages, 2004)
Le Chemin s'arrêtera là

Le Chemin s’arrêtera là

Rivages - 2015

Sur une côte nordiste industrielle et fantomatique, sept personnages survivent au jour le jour, poursuivis par un passé dont la noirceur ne les empêche pas de faire preuve de courage. Mais qui sont ces laissés-pour-compte de notre époque, qui semblent camper dans un temps suspendu plutôt que vivre comme tout un chacun ? Des êtres qui, derrière l’apparence de normalité qu’ils essayent de préserver, ont été broyés ou souillés, à l’image du pays qu’ils habitent, marqué par les stigmates d’une industrie moribonde et d’une nature qui reprend ses droits, de plus en plus inquiétante.


Le Bal des frelons

Le Bal des frelons

Rivages - 2014

La montagne, le grand air, ce n’est pas toujours aussi sain et bucolique qu’il y paraît. Quelque part dans la vallée, les vestiges d’une ancienne usine de tungstène sont encore visibles. Mais surtout, il y a le village. Et ses habitants. C’est ça le pire, à commencer par ce combinard de Michel, le maire, qui ne montre pas vraiment le bon exemple à ses administrés. Alors, comment s’étonner que ceux qui ne sont pas obsédés par le sexe ne pensent qu’à l’argent, quand ce n’est pas les deux à la fois ? Tout est bon pour arriver à ses fins : menace, chantage, meurtre. Rémi, lui, est un peu différent ; il ne parle qu’à ses poules, nommées Sten et Dhal, et à sa femme qui, hélas, devient chaque jour un peu plus laide, et pour cause : elle est morte. Au milieu de cet essaim de frelons en folie, Maxime l’apiculteur n’a plus qu’une chose à faire : enfiler sa combinaison protectrice. Dans ce village de l’Ariège, l’ours n’est pas l’animal le plus dangereux.

Amoureux de la nature, Pascal Dessaint nous montre, cette fois, une toute autre facette de la vie des bêtes avec cette farce drôle et cruelle qui rapelle Siniac ou le Charles Williams de Fantasia chez les ploucs. Mené d’une plume alerte et impeccablement construit, Le Bal des frelons nous rappelle cette vérité première : l’homme est un loup pour l’homme, mais doté de quelque aptitude à la tendresse, histoire de ne pas désespérer l’espèce.


Les derniers jours d’un homme

Rivages - 2010

Une cité industrielle du Nord-Pas-de-Calais où la pollution a tout gangrené, une cité séparée du monde "sain et normal" par une autoroute, une cité qu’on ne quitte pas, sinon pour aller au cimetière. À une quinzaine d’années d’intervalle, deux voix se répondent. Celle d’un père, Clément, et celle de sa fille Judith. Les deux sont marqués par le deuil. Clément raconte la mort de sa jeune épouse et l’horreur de l’usine qu’il finit par lâcher, même si c’est pour trouver la précarité, pour arriver au drame qui va faire basculer sa vie. Judith, elle, est âgée de 18 ans et orpheline, elle a été élevée par son oncle Étienne, un homme à part, né avec un bras atrophié et qui, peut-être, boit pour oublier le malheur. Judith raconte sa vie avec l’oncle Étienne et cherche à éclaircir le mystère de la mort de son père. L’usine n’est plus là, il n’en reste que des traces indélébiles : crassiers, pollution, maladies et chômage. Cette usine était la vie des gens, leur gagne-pain — elle a aussi été leur mort. L’histoire de cette famille décimée, c’est l’histoire de toute une communauté doublement victime : à la fois de pratiques industrielles dévastatrices pour l’homme et son environnement, et aussi du cynisme d’affairistes voyous qui n’ont pas hésité à liquider une entreprise et ses ouvriers sur l’autel du profit. De manière transparente — seuls les noms propres sont légèrement modifiés —, Pascal Dessaint évoque le scandale de l’usine Metaleurop à Noyelles-Godault, qui, après avoir été le premier site mondial pour la production du germanium (sans parler des autres métaux), fut liquidée sans préavis pour les salariés et rasée en 2003 et 2006. Les actions de Metaleurop-Nord étaient détenues par la filiale d’une société de trading basée aux Bermudes. Héritage laissé à la population : chômage massif et intoxication au cadmium et au plomb (13% des enfants dépistés pour le plomb présentaient des taux supérieurs ou très supérieurs au seuil toléré).


Tu ne verras plus

Tu ne verras plus

Rivages - 2008

Seul sur la péniche de sa compagne Elisa, le capitaine de police Félix Dutrey broie du noir. Un soir, il reçoit la visite de sa collègue Magali, qui lui raconte une curieuse histoire. Des Peaux-Rouges costumés de pied en cap s’en sont pris aux passagers du petit train touristique de Toulouse pour les dévaliser. L’un des passagers semble avoir été agressé de manière particulièrement violente, au point qu’il a succombé à une crise cardiaque. Quant aux portefeuilles volés, ils ont été retrouvés dans une poubelle, intacts. Comme si le vol n’était pas le vrai mobile de l’attaque. Peu après, c’est Félix qui est confronté à une affaire encore plus insolite. Au départ, un mort dans une rue en cul-de-sac dans la banlieue de Toulouse. Une fois sur les lieux, le capitaine comprend qu’il ne s’agit pas d’un cadavre ordinaire. D’abord parce que la scène du crime est " polluée " par des poussières, poils et substances chimiques diverses. Nous sommes dans l’atelier d’un taxidermiste et son propriétaire, Francis Aubignac, est aussi mort que les animaux qu’il naturalisait. Le corps présente une trace de piqûre à la saignée du bras, mais le plus sidérant, ce sont les yeux... Pascal Dessaint renoue avec les enquêtes de Félix Dutrey dans ce roman qui met en scène les personnages familiers de ses précédents livres : le légiste fantasque Eusèbe Cathala, le commissaire Moncollin amoureux fou des chevaux, les collègues Magali et Marc... Au fil des histoires, Félix se complexifie, prend de l’ampleur, et se révèle de plus en plus attachant. Pascal Dessaint lui prête une plume toujours aussi juste pour parler de la cruauté des hommes, de la loyauté et de la trahison, et de l’ambiguïté de certains engagements. Errance toulousaine autant que voyage au fond des âmes, Tu ne verras plus fait entendre cette voix si particulière que l’on avait découverte avec Du bruit sous le silence.


Le pis rennais

La Baleine - 1996

La vie n’est pas une punition

Rivages - 1995

(H)istoires de vie

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Bernard CHAMBAZ, Pascal DESSAINT, Kéthévane DAVRICHEWY - Saint-Malo 2010

Le monde est noir

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Pascal DESSAINT, Kjell Ola DAHL, Chris PETIT - Saint-Malo 2007

Avec Dan O’BRIEN, Mélanie WALLACE, Mariusz WILK


Le juge, le détective et les écrivains

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : DESSAINT Pascal, HALPHEN Eric, MANOTTI Dominique - Saint-Malo 1999

Un monde en noir

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : DESSAINT Pascal, MALTE Marcus, PIAZZESE Santo, VARGAS Fred - Saint-Malo 1998

L’écriture du réel

Avec Sylvain Pattieu, Pascal Dessaint, Anibal Malvar, John King. - Saint-Malo 2015

Avec Sylvain Pattieu, Pascal Dessaint, Anibal Malvar, John King. Rencontre animée par Hubert Artus.


Cérémonie d’ouverture - Journée des lycéens et apprentis

Saint-Malo 2015

Toutes les nuances du noir

Avec Jérôme Noirez, Saul Black, Christian Roux, Pascal Dessaint. Rencontre animée par Josiane Gueguen. - Saint-Malo 2015

Avec Jérôme Noirez, Saul Black, Christian Roux, Pascal Dessaint. Rencontre animée par Josiane Gueguen.


Familles miroirs du monde

Saint-Malo 2010
Avec Annelise ROUX, Yanick LAHENS, Pascal DESSAINT, Lorent IDIR. Une rencontre animée Margot Loizillon.

Les romans noirs de notre époque

Saint-Malo 2010
Avec Pascal DESSAINT, Jean-Yves CENDREY, Sébastien LAPAQUE, Alain CLARET. Un débat animé par Jean-Claude Lebrun.