- © Philippe Matsas
Voix essentielle dans le paysage du polar français, Pascal Dessaint a su imposer une approche toute personnelle du roman noir, en délaissant les rebondissements et intrigues policières pour mieux laisser transparaitre la mécanique fragile des âmes humaines. Les problématiques environnementales et sociales qu’il aborde dans ses dernières œuvres font de lui un "auteur de roman noir à tendance verte".
Issu d’un milieu modeste, Pascal Dessaint est originaire du Nord et Toulousain d’adoption, deux territoires qui servent de cadre à une grande partie de ses livres. Il écrit son premier roman lorsqu’il passe son bac, mais il lui faut attendre dix ans avant d’être publié pour la première fois, avec Les paupières de Lou (1992). Il est aujourd’hui l’auteur d’une vingtaine d’œuvres, principalement aux éditions Rivages, et lauréat de nombreux prix : Prix Mystère de la critique de 2007 et 2008, Grand Prix de littérature policière de 2000, Prix du roman noir français de 2006… Il publie aussi régulièrement nouvelles et billets d’humeur dans la presse (Libération, l’Humanité dimanche, l’Express, La Dépêche du Midi, Impact Médecin, Regards...).
Pascal Dessaint travaille par cycles, en créant des personnages récurrents, comme le policier Félix Dutrey, mais aussi en liant plusieurs œuvres par une thématique ou un genre commun. Ses débuts dans l’écriture sont ainsi marqués par un cycle de romans très noirs, tels que Une pieuvre dans la tête (1994) et Bouche d’ombre (1996), où le suspens et l’intrigue tissent des liens avec les questionnements intérieurs des personnages et leur précarité. Avec Tu ne verras plus (2008) ou encore Le Bal des frelons (2011), il écrit ensuite sous le signe de la Nature, une Nature qui, selon lui, est double : si elle est initialement source d’émerveillement, elle présente aussi une facette plus inquiétante, devenant cruelle et parfois violente, comme pour signifier aux hommes qu’ils ne sont plus les bienvenus dans le monde qu’ils détruisent. Ses intrigues prennent souvent place dans des lieux gangrénés par la pollution, des paysages post-industriels moribonds qui lui permettent de dénoncer des actes humains bien réels. Loin des humains (2005) se concentre ainsi sur l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, tandis que le scandale de la fermeture de l’usine Metaleurop est le sujet de Les derniers jours d’un homme (2010).
Cependant, Pascal Dessaint a beau accumuler les constats sombres sur le monde actuel et présenter des personnages broyés par leur réalité, il refuse de sombrer dans la désespérance et de céder au cynisme. Des notes d’humour, souvent grinçantes, et des instants de tendresse viennent éclairer ses récits.
Dans son dernier roman Le Chemin s’arrêtera là (2015), l’auteur embarque son lecteur sur une côte nordiste fantomatique, où les personnages évoluent presque hors du temps. Il signe ici un nouveau roman choral dont les différentes voix donnent à voir un territoire et des vies humaines marqués par les même stigmates.
En savoir plus
- Site internet de Pascal Dessaint
- Interviews de Pascal Dessaint (site des éditions Payot & Rivages)
Bibliographie
- Le chemin s’arrêtera là (Rivages, 2015)
- Maintenant le mal est fait (Rivages, 2013)
- Le bal des frelons (Rivages, 2011)
- Les derniers jours d’un homme (Rivages, 2010)
- L’appel de l’huitre (Rivages, 2009)
- Tu ne verras plus (Rivages, 2008)
- Cruelles natures (Rivages, 2007)
- Les hommes sont courageux (Rivages, 2006)
- Loin des humains (Rivages, 2005)
- Un drap sur le Kilimandjaro (Rivages, 2005)
- Mourir n’est peut-être pas la pire des choses (Rivages, 2003)
- On y va tout droit (Rivages, 2001)
- Du bruit sous le silence (Rivages, 1999 - Grand Prix de la littérature policière 1999 et Prix des lecteurs de Villeneuve d’Ascq 2000)
- Bouche d’ombre (Rivages, 1996 - Prix Mystère de la Critique 1997)
- A trop courber l’échine (Rivages, 1997)
- Ça y est j’ai craqué (Le Seuil, 1997)
- Le Poulpe : Les Pis Rennais (Baleine, 1996)
- Ça y est, j’ai craqué (La Loupiote, 1996 - nouvelles)
- La vie n’est pas une punition (Rivages, 1995)
- Une pieuvre dans la tête (L’Incertain, 1994)
- De quoi tenir dix jours (L’incertain, 1993 - nouvelles ; Prix Métiers et Culture 1994)
- Les Paupières de Lou (Laporte, 1992 - revu et corrigé aux éditions Rivages, 2004)