À l’heure où les bombes pleuvent sur Homs et que la Syrie s’enfonce peu à peu dans le chaos, une voix s’élève : celle de Maram Al-Masri, dont le chant triste berce les langues arabe et française. Portant un regard tendre et douloureux par delà la Méditerranée, la poétesse installée en France s’élève comme l’une des grandes plumes féminines du Moyen-Orient.
Poétesse de l’exil, elle fuit vers la France en 1982, où elle connait une vie difficile jusqu’à la publication de son premier recueil, Cerise Rouge sur un Carrelage Blanc (2003), qui connait rapidement un grand succès. Lauréate du prix SGDL en 2007 pour Je te Regarde, Maram Al-Masri est aujourd’hui saluée à chacun de ses recueils par la critique française comme par le monde littéraire arabe. Avec beaucoup d’adresse, elle revitalise la beauté et la grâce des cultures arabes en transportant les lecteurs au milieu des jardins verts de Damas, tout en ne cédant jamais aux pièges d’un orientalisme fantasmatique.
Maram Al-Masri milite aussi pour la liberté de la femme, bafouée au quotidien dans les pays arabes par des bourreaux domestiques et des lois inégalitaires et misogynes. Plutôt que celle d’un peuple, c’est d’abord la voix de la colère et des souffrances des femmes que portent ses textes.
Au travers de la poésie, elle milite pour le droit inaliénable à la tendresse, à l’amour et l’érotisme, sujets trop souvent tabous, à l’origine de frustrations. Cependant, au delà d’une poésie libératrice, Maram Al-Masri écrit par amour de la langue : elle livre avec La Robe Froissée, son dernier recueil, une ode à la beauté des mots. Pour son éditeur Bruno Doucey, sa sensualité n’a rien d’une transgression : "avec des mots simples, dans les deux langues qu’elle affectionne, l’arabe et le français, une femme libre fait l’amour aux mots. Pour elle, l’écriture est une eau qui coule de la fontaine à la bouche."
Prix Al Bayane de la Poésie 2013, décerné par le quotidien marocain éponyme, son dernier recueil de poèmes Elle va nue, la liberté tente de poser les mots sur l’horreur du conflit syrien. Sa poésie acquiert ici une force d’évocation sans pareille ; elle devient le témoignage le plus bouleversant de la douleur de milliers de femmes et d’enfants.
En savoir plus
Bibliographie :
- Elle va nue, la liberté (Bruno Doucey, 2013)
- La robe froissée, édition bilingue arabe / français (Éditions Bruno Doucey, 2012).
- Par la fontaine de ma bouche, édition bilingue arabe / français (Éditions Bruno Doucey, 2011).
- Le Retour de Wallada (Éditions Al Manar, 2010)
- Habitante de la Terre (cd bilingue arabe / français), textes lus par Maram al-Masri et Céline Liger (Éditions sonores Sous la lime, 2009)
- Poussières de caravane, avec Lambert Schlechter (Nuit myrtide éditions, 2009).
- Les Âmes aux pieds nus (Édition bilingue arabe / français, Le Temps des Cerises, 2009)
- Les Lances du rêve (Éditions de la Margeride, 2009)
- Je te menace d’une colombe blanche, édition bilingue arabe / français, (Éditions Seghers, 2008)
- Doux Leurre (L’Aile éditions, 2004)
- Je te regarde (Éditions Marsam, 2003 / Éditions Al Manar, 2007 Bourse Poncetton de la SGD)
- Cerise rouge sur un carrelage blanc (Éditions Phi / Les Écrits des Forges, 2003)