- ©Elliott Holt
C’est avec beaucoup de plaisir que les amoureux de la géographie découvrent en 2010 Reif Larsen et son premier roman, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Le jeune et prometteur écrivain américain revient aux sources de la géographie, lorsque Paul Vidal de la Blache inventait la discipline au XIXe siècle, et déclarait que la géographie ne se faisait non pas dans les livres, mais avec un sac et des chaussures de marche. Sans que personne ne l’attende, ce roman bouscule le monde de la littérature jeunesse américain et est aussitôt encensé par toutes les critiques.
Du plaisir, Reif Larsen semble en prendre énormément lorsqu’il écrit. En effet, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet n’a rien du carnet de voyage classique. Avec beaucoup d’humour, il parsème chaque page de nombreux schémas, notes ou collages, sortes de digressions analytiques, qui enchantent le lecteur. Il prouve avec beaucoup de brio que chaque petit détail de notre environnement, des fleurs des champs aux cartes des implantations des Mac Donald’s du Dakota sont riches d’enseignements. Professeur d’université aux États Unis, ancien élève brillant de l’université Columbia à New York, il ne manque pas de partager son savoir sans être professoral, et s’amuse à expérimenter de nouvelles manières de raconter de histoires à chaque page.
Avec beaucoup d’habileté, Reif Larsen ressuscite le mythe des hobos, ces vagabonds américains qui voyageaient en wagons marchandises, dormaient dans les granges des fermes qu’ils traversaient, et dont les codes gravés sur les porches des maisons servaient à mesurer l’hospitalité des fermiers. Avec un humour et une candeur irrésistibles, son héros rappelle inexorablement ces temps de crise où de jeunes aventuriers se jetaient sur les routes des États Unis. Il rappelle aussi qu’il suffit de franchir le pas de nos portes pour partir à l’aventure, à condition de garder le regard émerveillé d’un jeune garçon, ou d’un géographe en herbe.
L’auteur publie en 2016 Je m’appelle Radar, roman-kaléidoscope foisonnant, jubilatoire, culotté et mordant, qui joue de tous les genres et de toutes les traditions. Narrant l’histoire d’un enfant noir né de parents blancs, le livre promet de bousculer le lecteur, le conquérir et l’enchanter.
- Je m’appelle Radar (Nil Éditions, 2016)
- L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (Nil Éditions, 2010) - traduit par Hannah Pascal