GRUZINSKI Serge

France

29 mars 2013.
 

© Jean-Marc Gourdon

Biographie

Historien français spécialiste de l’Amérique latine, enseignant à l’École des Hautes Études Sociales depuis 1993, Serge Gruzinski, né en 1949, est l’auteur de nombreux ouvrages en histoire anthropologique. S’intéressant aux expériences coloniales sous l’angle du métissage et des processus d’hybridation, ses essais se sont imposés comme des références en Sciences sociales.

Le mélange et l’hybridation ont toujours existé, explique le chercheur dans La Pensée métisse (1999) : l’acculturation, l’adoption par un groupe d’éléments de culture différente, est un phénomène universel et constitutif des cultures. Portant principalement sur le Mexique après la conquête espagnole, moment d’intense brassage interculturel, l’analyse de Serge Gruzinski montre comment deux populations que tout séparait ont su alors composer au point d’imbriquer leurs deux imaginaires artistiques, comme en témoignent les fresques des couvents, les chants, le plan des villes mexicaines.

Dans son dernier essai , L’Aigle et le Dragon, l’historien rapproche deux événements dont la concomitance n’a rien d’une coïncidence. Au début du XVIème siècle, à quelques mois d’intervalle, des Européens rencontrent l’empereur des Aztèques Moctezuma (1519) et celui des Chinois Zhengde (1520). Mais les destins des deux expéditions divergent : celle de l’Espagnol Hernán Cortés permet la conquête historique du Mexique, tandis que celle du Portugais Tomé Pires finit anéantie dans l’indifférence à Canton... L’historien propose une réflexion comparative passionnante sur la résistance inégale des sociétés aztèques et chinoises à l’expansion ibérique.


Bibliographie


Présentation de L’Aigle et le Dragon. Démesure européenne et mondialisation au XVIe siècle

Depuis le XVIe siècle le destin des hommes - qu’ils le veuillent ou non - se déploie sur une scène planétaire.
Au début des années 1520, alors que Magellan fait voile vers l’Asie par la route de l’Ouest, Cortés s’empare de Mexico et des Portugais, installés à Malacca, rêvent de coloniser la Chine. L’Aigle aztèque se laisse anéantir, mais le Dragon chinois élimine les intrus – non sans avoir récupéré leurs canons. Ces deux épisodes marquent une étape déterminante dans notre histoire. Pour la première fois, des êtres originaires de trois continents se rencontrent, s’affrontent ou se métissent. Le Nouveau Monde devient inséparable des Européens qui vont le conquérir. Et l’Empire céleste s’impose, pour longtemps, comme une proie inaccessible. Serge Gruzinski raconte ce face-à-face avec des civilisations que tout séparait, mais qui, il y a cinq siècles, fascinaient déjà les contemporains. Dans cette nouvelle et superbe exploration des mondes de la Renaissance, il démonte les rouages de la mondialisation ibérique qui a fait de l’Amérique et de la Chine des partenaires obligés pour les Européens.