LE MEN Yvon

France

17 avril 2024.

Depuis Vie (L’Harmattan, 1974), écrire et dire sont les métiers d’ Yvon Le Men : « L’écriture, c’est la solitude et l’absence. La scène, c’est la présence et le partage. J’ai besoin de ces deux chemins. » En 1997 il ouvre un espace dédié à la poésie au festival Étonnants Voyageurs. Il est l’auteur d’une œuvre poétique importante à laquelle s’ajoutent onze récits et deux romans, pour laquelle il reçoit le Goncourt de la Poésie en 2019. Ses poèmes sont traduits dans une vingtaine de langues. Des personnes qu’il a rencontrées dans les marges de la société, Yvon Le Men tire un recueil puissant, Les Épiphaniques (Bruno Doucey, 2022), dans lequel il « fait poème de leurs vies et de leurs histoires ». Au fil des vers, inspirés par ces rencontres avec celles et ceux qui se sentent « invisibles », il dessine une émouvante chaîne de la fraternité. Il publie cette année le quatrième tome de sa quadrilogie poétique intimiste Les continents sont des radeaux perdus - Un passeport pour la vie (Bruno Doucey) et nous entraîne dans un formidable voyage à travers les langues et les paysages, les rencontres et les souvenirs.

 

« En Bretagne, la parole est forte : les conteurs, les chanteurs, il existait donc un certain terreau. L’écriture, c’est la solitude et l’absence. La scène, c’est la présence, le partage. J’ai besoin de ces deux chemins. »

Depuis Vie (1974), écrire et dire sont les métiers d’ Yvon Le Men : « L’écriture, c’est la solitude et l’absence. La scène, c’est la présence et le partage. J’ai besoin de ces deux chemins. » Ce poète breton, né en 1953 à Tréguier, va à la rencontre des amoureux de la poésie pour partager avec le plus grand nombre sa passion des mots : dans les écoles, les salles de spectacles, et bien sûr au festival Étonnants Voyageurs, où il se fait le passeur des poètes et des écrivains du monde entier. Il y ouvre, en 1997, un espace dédié à la poésie.

De sa chronique hebdomadaire publiée de 2006 à 2008 pour le journal Ouest France, il a tiré un livre, Le Tour du monde en 80 poèmes : une anthologie de 80 poèmes qu’il commente, fort de plus de trente ans d’expérience et de rencontres poétiques. Yvon Le Men, avec son incroyable ouverture au monde, ne cesse de prouver que la poésie ne s’arrête pas aux frontières.

Auteur d’une œuvre poétique importante, il reçoit en 2019 Le Prix Goncourt de la Poésie. Ses poèmes sont traduits dans une vingtaine de langues. À cette production littéraire s’ajoutent onze récits et deux romans.

Proche du monde et surtout des êtres qui l’entourent, il puise son inspiration dans les événements qui ont jalonné son existence, dans les émotions vécues, et porte de sa voix une sincérité sans pareille : « On peut mentir dans la vie mais pas dans un poème ». Écrire, c’est aussi un travail de mémoire, comme pour redonner vie à ceux qui ne sont plus là. Pour Yvon Le Men, ce souffle vital est l’essence même de la poésie : « la poésie pour moi, c’est être au monde encore plus, ce n’est pas une évasion du monde ». En résulte une sensation vibrante qui émane de la lecture de ses textes : on se rappellera de l’émotion palpable qui s’empara de la salle lors de la poignante lecture de Chambres d’Echo par Denis Podalydès lors du festival en 2008.

Radié du statut d’intermittent du spectacle, accusé par Pôle Emploi "de voler dans les caisses du chômage", Yvon Le Men, fervent défenseur de la poésie, voit sa vie basculer lorsque cette organisation lui demande de rembourser des années d’indemnités. Le goût de la pauvreté remonte à la surface, la colère et l’incompréhension surgissent. Au jargon administratif, Yvon Le Men répond par des vers dans En fin de droits illustré par son ami Pef. Ce livre, loin d’être la complainte d’un homme aux prises avec l’administration, est en vérité un cri parmi tant d’autres. Par des mots simples, des phrases chocs et un ensemble drôle, ce long poème s’empare d’un thème qui nous concerne tous, le chômage, car :
« Qui a peur des chômeurs ?
Les futurs chômeurs
Qui se voient dans leurs yeux ».

Au printemps 2015, l’écrivain est en résidence durant 3 mois à Rennes, immergé à Maurepas, quartier populaire situé au nord-ouest de Rennes. Il en résulte une création narrant la vie de ces habitants, un livre-poème superbement illustré par le dessinateur Emmanuel Lepage, et chantant les expériences, les rencontres et les vies qui animent ce quartier. Entre les différentes nationalités et générations qui coexistent, surgit un long poème urbain et humain, clair et plein d’espoir. L’ouvrage, intitulé Les Rumeurs de Babel, sort en 2016 aux éditions Dialogues.

Pour sa trilogie Les continents sont des radeaux perdus, le poète explore dans un premier temps l’espace clos de l’enfance avec Une île en terre. Avec son deuxième tome, Le poids d’un nuage, il « s’ouvre au dehors » et fait la part belle aux rencontres et aux paysages dans un ouvrage vibrant de légèreté et de justesse. Pour clore sa trilogie autobiographique, il nous fait parcourir le monde à travers 41 poèmes. Autant de petites histoires qui nous transportent d’un bout à l’autre du globe. Cette excursion profondément poétique trahit une volonté de comprendre le monde et ses habitants dans un langage libéré de toute contrainte : les mots, les vers et les rimes de l’écrivain s’affranchissent des règles formelles et donnent vie à un carnet de voyages porté par un regard bienveillant.

La baie vitrée, paraît en 2021 et rassemble des poèmes écrits en temps de confinement. L’auteur nous y invite à repenser un quotidien empêché afin de poser un autre regard sur le monde. Conjurer l’absence, écrire l’enfermement : le poète a écrit le livre du réenchantement dont nous avions besoin.

Dans La Bretagne sans permis, également paru en 2021, il convoque avec bonheur ses aînés Xavier Grall, Tristan Corbière, Guillevic, Michel Le Bris, et ses souvenirs. Un voyage insolite et drôle, à petite vitesse... Livre-puzzle, héroïde pour quelques amis disparus, cet On The Road celtique est la chose la plus insolite, la plus drôle, la plus émouvante de ces derniers mois.


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Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »