MANOTTI Dominique

20 mars 2015.
 
©Helie Gallimard

Se définissant elle-même comme "une romancière par désespoir et non par vocation", Dominique Manotti, en quelques titres, est devenue une auteure incontournable de romans noirs. Chercheuse et spécialiste de l’histoire économique du XIXe siècle, elle s’intéresse aux événements marquants de l’actualité et ancre ses œuvres dans ces contextes socio-politiques.

Agrégée en histoire économique contemporaine, elle enseigne au lycée, puis à l’université en tant que maître de conférences à Paris-VIII Saint-Denis à partir de 1968. Dès l’adolescence, Dominique Manotti s’implique corps et âme dans le militantisme politique, d’abord pour l’indépendance de l’Algérie, ensuite au sein de différents mouvements et syndicats des années 60 aux années 80, notamment à l’Union des étudiants communistes et syndicalistes à la CFDT. Considérant que l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir sonne le glas des espoirs de transformation radicale de la société, le roman noir lui apparaît alors, comme la forme la plus appropriée pour raconter ce que fut l’expérience de sa génération.

Elle se convertit à l’écriture sur le tard en se démarquant de ses confrères du néo-polar, car même si elle revendique ses engagements avec force, ils ne couvrent pas toute son œuvre. Par ailleurs, elle insiste beaucoup sur son absence de vocation, car elle n’écrit pas pour obtenir le statut social de l’écrivain, mais "c’est une manière de survivre à travers le chaos et de témoigner." Cette « absence de vocation » explique que ses ouvrages soient écrits dans un style plutôt sec, voire cinématographique, sans fioriture.

Son premier roman, Sombre Sentier, publié en 1995, a pour toile de fond une grève de travailleurs clandestins turcs dans le Sentier, à laquelle elle avait participé en 1980. Elle crée le personnage du commissaire Théodore Daquin, flic homosexuel qui sera également le héros des romans suivants. Elle réalise ensuite une série de chroniques politiques des années 1980, où elle traite de la spéculation immobilière (À nos chevaux), des implications politiques et économiques dans le monde du football (KOP), de la corruption et du commerce des armes (Nos fantastiques années fric), ce dernier étant adapté au cinéma sous le titre Affaire d’Etat.
Toujours dans des contextes économico-politiques et sociaux, elle change d’époque avec Le corps noir, mettant en scène la Gestapo française en 1944, pendant l’Occupation. Lorraine connection, qui lui vaut le Duncan Lawrie 2008 se déroule lors des affrontements entre Alcatel et l’alliance Groupe Lagardère-Daewoo pour la reprise du groupe Thomson à la fin des années 1990. Elle reçoit le Trophée 813 du meilleur roman noir pour Bien connu des services de polices en 2010.
Elle publie également des nouvelles dans des recueils collectifs.

Lors du salon du livre en 2007, Dominique Manotti rencontre DOA, "le courant passe", s’ensuit alors un projet d’écriture à quatre mains. Ils décident ensemble de « faire une radiographie de la structure politique française dite démocratique » dans L’Honorable société, lauréat du Grand Prix de littérature policière 2011. Entre deux tours d’une élection présidentielle en France, la sphère politique et judiciaire tente d’étouffer une affaire d’Etat qui risque d’éclater, mêlant à la fois politiciens, journalistes, civils, terroristes et policiers. Les styles respectifs des auteurs se confondent au point qu’il est impossible de discerner les passages écrits par l’un ou par l’autre.

Dominique Manotti signe un nouveau roman, Or noir, qui se situe à la fin de l’époque de la French Connection à Marseille.


Blog de l’auteur

https://www.dominiquemanotti.com/


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Romans

Or Noir

Gallimard - 2015

Marseille, 1973. Le commissaire Daquin, 27 ans à peine, prend son premier poste au commissariat de l’Évêché. Il découvre une ville ensanglantée par les règlements de compte qui accompagnent la liquidation de la French Connection, des services de police en guerre larvée les uns contre les autres, et la prolifération de réseaux semi-clandestins comme le SAC ou la franc-maçonnerie.
Il enquête sur l’assassinat d’un ancien caïd de la drogue et de son associé, un vétérant des services secrets, tous les deux reconvertis dans les affaires ; assiste à la naissance mouvementée d’un nouveau marché des produits pétroliers, à l’ascension fulgurante des traders assoiffés d’argent frais qui le mettent en œuvre ; et constate que les requins les plus dangereux ne sont pas ceux que l’on croit.