CHÂTEAUREYNAUD Georges-Olivier

France

22 avril 2021.

Nouvelliste et romancier au style riche, cet ancien président de la Société des Gens de Lettres est l’auteur d’une vingtaine d’œuvres traduites à travers le monde entier. Ses ouvrages mêlent l’historique à l’onirisme, le réalisme au fantastique. Second volet de L’autre rive (Grasset, 2007), son nouveau roman nous ramène à Ecorcheville, cette sombre cité établie au bord du Styx, où réalité et mythes se rejoignent. Déployant un univers baroque et fantastique haut en couleur, l’auteur signe une épopée d’une ampleur et d’une inventivité rare dans le paysage littéraire français.

 

Marqué par une enfance difficile, il se plonge très jeune dans la lecture, dévorant aussi bien l’Ile au trésor que l’Amant de lady Chatterley. Il entame sa carrière d’écrivain en exerçant un grand nombre de métiers différents. Ouvrier spécialisé dans une usine automobile ou encore brocanteur aux Puces de Montreuil, il puise dans ses expériences une connaissance sensible et concrète des réalités humaines. En parallèle, il poursuit sa carrière d’écrivain, et fonde plusieurs revues littéraires avec son ami Hubert Haddad. Les deux écrivains sont, en outre, identifiés dans les années 1990 comme les figures de proue du mouvement littéraire de la Nouvelle Fiction française. Lauréat du Prix Renaudot pour La Faculté des Songes, en 1982, il fait partie du jury de ce prix depuis 1996. Il remporte par ailleurs le Grand Prix de l’Imaginaire du roman francophone pour L’autre rive en 2009.

Traduit en 2010 en anglais par les éditions Small Beer Press, son recueil de nouvelles A life on paper, rencontre un vif succès chez les lecteurs anglophones. Considéré outre Atlantique comme un Kafka ou un Edgar Allan Poe à la française, il reçoit le prix Science Fiction & Fantasy Translation Award en 2010, et fait partie des nominés pour le prix Best Translated Book Award.

Il publie en 2013 un nouveau recueil de nouvelles au titre aussi insolite que son contenu, Jeune vieillard assis sur une pierre en bois ; ce sont huit histoires fantastiques où le surnaturel intervient dans le quotidien d’hommes ordinaires. De celui qui, par trois fois dans sa vie, aura eu le pouvoir de voler, à celui qui se réveille après une opération pour trouver le monde « pas conforme », Georges-Olivier Châteaureynaud joue avec l’âge et les représentations du temps et étonne sans cesse son lecteur.

Dans Aucun été n’est éternel (Grasset, 2017), la scène se passe en 1965. À travers les aventures d’Aymon, l’auteur retrace l’histoire de la musique folk des années 60 à la manière d’un road movie qui mène le protagoniste d’Athènes à Londres en passant par Tanger pendant un été plein d’expériences nouvelles pour le jeune parisien de dix-huit ans.

En 2018, l’écrivain met sa plume élégante au service de la littérature, explorant les pouvoirs et les vertus de l’imagination et menant une réflexion avertie sur certains genres littéraires, telles que la poésie ou la nouvelle. Il emmène le lecteur à la découverte de certains auteurs, comme Noël Delvaux, La Motte-Fouqué ou encore André Hardellet. Ce recueil, dans lequel l’auteur manie les mots avec brio, permet également de mettre en lumière certains épisodes de la vie de Georges-Olivier Châteaureynaud.

Avec À cause de l’éternité, Georges-Olivier Chateaureynaud revient à Ecorcheville, cité-monde qui fut déjà la toile de fond de L’Autre rive, Grand Prix de l’Imaginaire 2007. On y suit les aventures de Alphan Bogue, jeune diplômé qui revient dans cette ville au bord du Styx – le fleuve mythique des Enfers – pour s’y marier. Riche en rebondissements, l’ouvrage fut décrit comme un « Victor Hugo gothique » (Le Parisien) quand d’autres médias y ont vu un univers proche de ceux de Tim Burton ou Jean-Pierre Jeunet (Télérama).

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Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

À cause de l’éternité

Grasset - 2021

A cause de l’éternité constitue le seconde volet de L’Autre rive, qui remporta en 2007 le Grand Prix de l’Imaginaire. L’action se déroule de nos jours au château d’Eparvay, dans l’arrière-pays d’Ecorcheville, ville bâtie au bord du Styx. Cette région présente nombre de particularités. L’esclavage n’y a jamais été aboli. La proximité relative des Enfers, par-delà l’infranchissable fleuve des morts, entraîne des précipitations insolites (pluies d’animaux et d’insectes divers) ainsi que l’échouage occasionnel de créatures venues de l’autre rive (centaure, sirène, satyre, minotaure...). Un Musée de Tératologie les rassemble ; les étudie et les expose. Enfin, l’économie comme la politique locales sont sous le contrôle de trois grandes familles, les Propinquor, les Esteral et les Bussettin, qui se disputent et se partagent de longue date le pouvoir.

Dans ce nouvel opus, Alphan Bogue, jeune diplômé du Courtauld Institute de Londres, docteur PhD en histoire de l’Art, rentre à Ecorcheville pour s’y marier. Sa fiancée, Delia Spencer-Churchill, doit le rejoindre pour la cérémonie. Le père d’Alphan, brocanteur à la retraite, pensionnaire de l’EHPAD d’Ecorcheville, le presse de dérober pour lui un autoportrait supposé de Rembrandt adolescent, inconnu de tous, qui se trouve au château d’Eparvay. Spécialiste de la peinture baroque et de Rembrandt, Alphan se laisse convaincre de s’introduire dans le château pour examiner le tableautin et se faire une idée de son authenticité. Quand il franchit une porte basse
donnant sur les soubassements de l’énorme édifice métamorphique, l’aventure commence...

L’imaginaire qui se déploie dans ce roman-monde n’a pas d’équivalent dans la littérature française contemporaine.