COLE Teju

30 novembre 2012.
 

Acclamé par la critique anglophone des deux côtés de l’Atlantique, Open City (Denoël, 2012) est le premier roman de Teju Cole, jeune écrivain américain originaire du Nigeria. Mêlant, dans le flot ininterrompu des pensées de son narrateur, l’introspection à une réflexion érudite sur l’art, le politique, l’Histoire du XXème siècle et l’intime, ce livre singulier semble avoir été écrit d’une traite.

Succession de descriptions tantôt hallucinées tantôt intimistes, de portraits croqués au fil des flâneries de son narrateur, Open City rassemble les fragments d’un panorama fascinant du New York multiculturel des années 2000. De Ground Zero aux stèles qui évoquent les massacres des Amérindiens, les blessures de l’Amérique affleurent au cours de cette promenade mélancolique dans les rues de Manhattan, où se croisent mille destins. Une méditation déambulatoire surprenante, portée par la mélodie subtile de la prose de Teju Cole.

Également photographe et historien d’Art, Teju Cole se passionne pour la ville, les strates multiples qui la composent, les collisions de sens et de destins qu’elle provoque. Après la Grosse Pomme, c’est le dédale de Lagos qu’il explore dans son nouveau projet : une oeuvre de "non-fiction" dédiée à la bouillonnante métropole africaine, selon lui, l’endroit "le plus complexe, le plus excitant et le plus intéressant" du moment.


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Bibliographie :


Présentation de Open City :

Nous sommes en hiver : Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie, vient de connaître une rupture douloureuse. La pression des consultations le laisse exsangue et son passé au Nigeria le hante. Pour tromper sa solitude, il déambule dans New York. Très vite, ces longues marches deviennent l’occasion de confronter son isolement à des milliers de visages anonymes dans une ville cosmopolite mais meurtrie par les attaques du 11 septembre. De rencontre fortuite en rencontre fortuite, ces visages prennent corps, donnent de la voix, comme autant de témoins d’un paysage humain morcelé, à la fois déchiré et uni par la question de l’autre : marathonien claudiquant seul sur le trottoir après l’exploit, vieux professeur de littérature à l’agonie, cireur de chaussures haïtien, sans-papiers libérien incarcéré, jeunes Noirs américains en quête d’eux-mêmes, patients inconsolables. Magnifique série de rencontres qui font s’engouffrer dans le texte toute la modernité de New York, cependant qu’en contrepoint l’architecture que Julius déchiffre sans relâche, la musique qu’il écoute, les pièces d’art qu’il contemple dévoilent au lecteur le prodigieux palimpseste de la ville.

Étonnant premier roman, Open City met en scène un homme en crise dans une ville en crise : La prose de Teju Cole, profonde, rythmée, sert à merveille cette belle méditation sur l’identité, la perte, l’acceptation de soi et des autres, dans un monde où l’altérité est partout brandie comme une menace.


Revue de presse :