DAMAS Geneviève

Belgique

8 mars 2013.
 

Biographie

Femme de théâtre, la Belge Geneviève Damas a reçu en 2012 le prestigieux Prix des Cinq Continents de la francophonie pour son premier roman Si tu passes la rivière, salué par les membres du jury comme un "hommage à la vertu libératrice de l’écriture".

Née en 1970, Geneviève Damas suit une formation théâtrale au Conservatoire royal de Bruxelles, puis à l’IAD, avant de se perfectionner à l’École d’art dramatique de Londres. Après plusieurs collaborations avec des metteurs en scène reconnus (tels que Philippe Sireuil, Jacques Delcuvellerie, Jean-Claude Berutti) elle fonde en 1998 sa propre compagnie, Albertine, avec l’ambition de « promouvoir l’écriture contemporaine par des spectacles, des lectures ou des ateliers ». Geneviève Damas est également l’auteur de nombreuses pièces « pour tous publics », dont Molly à vélo couronné par le Prix du Théâtre - Meilleur Auteur 2004.

Son premier roman, fidèle à la forme du monologue, laisse entendre la parole brute d’un jeune illettré, François Sorrente, qui, à dix-sept ans, ne connaît rien du monde sinon la violence de sa famille et le sentiment de perte créé par le départ incompréhensible de sa sœur.

« Et puis j’ai entendu le père gueuler dans la cour, gueuler comme un perdu et des drôles de sons que je ne comprenais pas parce que je n’avais jamais entendu quelqu’un pleurer. Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au dehors c’est sec. Alors je ne pouvais pas savoir avant de la voir arriver, toute ruisselante de pluie sur le visage et un gros sac sur le dos. Elle était rouge, ma sœur, d’habitude si blanche, et marchait sans me voir. »
Si tu passes la rivière

Si le récit se déroule à la campagne, Si tu passes la rivière n’a rien d’un roman de terroir : le parcours de son personnage, initié sur le tard à la lecture et à l’écriture, illustre avec force la capacité rédemptrice de la littérature. Un roman généreux sur le destin d’un être simple et lumineux, où l’émotion affleure à chaque page.


Bibliographie :

Théâtre

Roman


Présentation de Paix nationale

Dans un pays imaginaire, deux territoires cohabitent avec plus ou moins de difficultés : Là-bas et Ici. Un jour, tout explose et Là-bas s’en va en emportant la mer. A sa place, un grand trou. Il n’y a plus qu’Ici à perte de vue et ses camps de réacclimatation. Dans l’un d’eux, Monsieur Bril, un de Là-bas resté ici, et Mimi, une rescapée de centre, la fichue portion qui a tout déclenché. Il s’agira pour eux de cohabiter avec pour seul bagage le kit de survie offert par le Bureau d’accueil et les deux livres mis à leur disposition : Le Petit Larousse de 1975 et L’Art de plier les serviettes de table.

Geneviève Damas se lance ici dans une exploration de l’évolution politique d’un pays qui pourrait bien être la Belgique. Mais le propos va plus loin et aborde de manière emblématique toutes les discordes fratricides basées sur les nationalismes susceptibles de mener aux pires excès.
L’ouvrage comporte le texte en français et sa traduction en néerlandais par Marie-Pierre Devroedt, réalisée avec le soutien de Beaumarchais.


Présentation de Si tu passes la rivière

« Si tu passes la rivière, si tu passes la rivière, a dit le père, tu ne remettras plus les pieds dans cette maison. Si tu vas de l’autre côté, gare à toi, si tu vas de l’autre côté. » J’étais petit alors quand il m’a dit ça pour la première fois. J’arrivais à la moitié de son bras, tout juste que j’y arrivais et encore je trichais un peu avec les orteils pour grandir, histoire de les rejoindre un peu, mes frères qui le dépassaient d’une bonne tête, mon père, quand il était plié en deux sur sa fourche. J’étais petit alors, mais je m’en souviens. Il regardait droit devant lui, comme si la colline et la forêt au loin n’existaient pas, comme si les restes des bâtisses brûlées, c’était juste pour les corbeaux, comme si rien n’avait d’importance, plus rien, et que ses yeux traversaient tout.

>> Ecouter Geneviève Damas lire un extrait de son roman