INDRIDASON Arnaldur

Islande

11 mars 2015.
 

Le bonheur se suffit à lui-même, il n’y a rien à en dire. Voilà pourquoi je préfère traiter de la souffrance et des conditions qui l’ont engendrée.
Arnaldur Indridason

Biographie

© Daniel Mordzinski

Longtemps parent pauvre de la littérature policière, l’Islande possède aujourd’hui quelques uns des meilleurs écrivains européens du genre. Le point de départ de cette effervescence littéraire ? Synir duftsins (littéralement Fils de poussière, inédit en français), roman d’Arnaldur Indridason paru en 1997, qui marque pour cet islandais de 52 ans, par ailleurs journaliste et critique de cinéma, le début d’une foisonnante production. Véritable star dans son pays, le romancier brise roman après roman l’image policée et innocente de l’Islande.

Plongeant volontiers ses personnages dans le passé, Indridason aime à donner à ses intrigues une véritable profondeur temporelle. Dans ses romans, les squelettes ne sont pas ceux qu’on imagine : « Je m’intéresse à ceux qui sont confrontés à la perte. Ce sont ces gens-là que j’appelle les "squelettes vivants" : ils sont figés dans le temps. » La personnalité du commissaire Erlendur, son personnage fétiche, en est l’exemple même : pessimiste, en conflit avec sa fille junkie, il ne parvient pas à oublier la disparition de son frère.

Fils d’un écrivain très connu en Islande, Arnaldur Indridason a attendu d’avoir 34 ans pour mettre de côté ce lourd héritage et se lancer enfin dans l’écriture. En 2002, cinq ans à peine après son premier roman, il reçoit le prix Clef de verre du Skandinavia Kriminalselskapet pour La Cité des Jarres, adapté au cinéma en 2008. Depuis, les prix se multiplient : Prix Fiction 2006, Grand Prix des lectrices de Elle en 2007, Prix du polar européen en 2008 et, en 2011, Prix d’honneur du festival des Boréales.

D’un grand réalisme, ses polars abordent de front les problèmes sociaux tels que l’intégration des immigrés ou les violences conjugales. Son écriture, marquée par une grande économie de mots, démontre le respect infini que voue Arnaldur Indridason à sa langue, parlée par seulement 320 000 âmes. L’Islande possédant peu de monuments de pierre, la langue constitue en effet la principale référence identitaire de ce peuple de lecteurs, prompt à fuir dans les livres les rigueurs d’un hiver interminable.

Arnaldur Indridason, en citoyen fier de son pays, a fait de Reykjavik le décor de la majorité de ses intrigues policières. Grand nostalgique, son héros Erlendur, bon flic, mais père exécrable, vit pourtant dans le souvenir d’une Islande rurale traditionnelle aujourd’hui disparue. Incapable de s’extirper du passé, il se passionne pour de vieilles affaires classées : c’est au fantôme de son propre frère, disparu dans des circonstances mystérieuses, qu’il se confronte dans d’Etranges Rivages (Métailié, 2013).

Retour en arrière, avec Les Nuits de Reykjavík, son dernier opus, qui raconte, quinze ans plus tôt, la toute première enquête de son héros Erlendur, pour mieux appréhender son personnage ou peut-être mieux le comprendre. Erlendur n’est alors que policier et cherche à résoudre une double énigme, la mort d’un clochard et la disparition d’une femme. Le voilà dans les bas-fonds de Reykjavík insatisfait des résultats de l’enquête et de toute l’indifférence qu’elle semble susciter. Les afficionados d’Arnaldur Indridason liront ici un livre un peu à part, dépassant le thriller dans un roman contemporain sur la douleur et la nostalgie, tandis que les non initiés commenceront par le commencement... Avis aux mordus de polar nordique !


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les Nuits de Reykjavík

Anne-Marie Métailié - 2015

Voici les aventures du jeune Erlendur, curieux, dynamique, jeune père débutant sa carrière de policier sous la houlette de Marion Briem.
Erlendur le solitaire vient d’entrer dans la police et les rues de Reykjavík dans lesquelles il patrouille sont agitées : accidents de la circulation, contrebande, vols, violences domestiques...
Une mort inexpliquée l’obsède. Un clochard qu’il croisait régulièrement pendant sa ronde de nuit est retrouvé noyé dans un fossé et tout le monde s’en moque. Mais ce destin hante Erlendur et l’entraîne toujours plus loin dans le milieu étrange et sombre de la ville.
Les Nuits de Reykjavík est le seizième roman d’Arnaldur Indridason et raconte la première affaire d’Erlendur, le policier que les lecteurs connaissent depuis les premiers livres de l’auteur. De roman en roman, Indridason perfectionne son écriture et la profondeur de son approche des hommes.

Traduit de l’islandais par Eric Boury