JORIS Lieve

Belgique

19 mars 2019.

Référence de la littérature voyageuse néerlandophone, amoureuse du Congo auquel elle a consacré une grande part de son œuvre, la Belge Lieve Joris, met sa plume de portraitiste au service d’une inlassable exploration des hommes et du monde. Disciple de Ryszard Kapuscinski et de V.S. Naipaul, lauréate du prix Bouvier en 2009, elle construit son œuvre comme une immense galerie de portraits, denses et vivants, dont chacun laisse deviner un peu de la grande Histoire. Aujourd’hui, elle poursuit son chemin avec un nouvel ouvrage qui prend, pour la première fois, une dimension autrement intime. À la suite d’un accident, son frère tombe dans le coma, et se rassemble autour de lui ses parents, frères et sœurs. Un autoportrait remarquable et bouleversant, au travers le récit de ce drame et de l’exploration de son histoire familiale.

 

Disciple de Ryszard Kapuscinski qu’elle a bien connu, et de V.S. Naipaul, la belge Lieve Joris s’est imposée comme une référence de la littérature voyageuse néerlandophone. Amoureuse du Congo, auquel est consacrée une grande part de son œuvre, cette coureuse de chemins prête l’oreille à tous ceux qui croisent sa route, et met sa plume de portraitiste au service d’une inlassable exploration des hommes et du monde.

Cinquième d’une fratrie de neuf enfants, Lieve Joris est née en 1953 en Belgique. À 19 ans, elle a choisi de fuir le milieu étouffant de son petit village belge de Neerpelt pour s’en aller sillonner les routes du monde. Comme jeune fille au-pair, puis grand-reporter pendant 13 ans pour un hebdomadaire d’Amsterdam, elle ne cesse de traverser la planète, des États-Unis au Caire en passant par Budapest, Damas, Trinidad, le Congo, le Sénégal ou Zanzibar. Mon oncle du Congo puis Les Portes de Damas l’imposent très vite comme un des auteurs vedettes de la collection " Aventures " d’Actes Sud, aux côtés de Théodore Monod, de Cees Nooteboom et d’Adriaan Van Dis.

“ J’ai eu la chance d’avoir des gens comme Kapuscinski et Naipaul qui m’ont précédée et qui montrent le chemin avec une torche bien forte. »

En 1995, avec La chanteuse de Zanzibar, elle trace le portrait doux-amer de son père spirituel, V.S Naipaul, croise un autre grand des lettres, médaillé à Stockholm, Naguib Mahfouz, évoque le monde, et ceux qui l’habitent, avec un talent rare. En 1999, elle reçoit le Prix de l’Astrolabe-Étonnants Voyageurs pour son récit de voyage à travers l’Afrique de l’Ouest, Mali Blues et autres histoires (Actes Sud), dans lequel on suit notamment le grand bluesman malien Boubakar Traoré.

Trois ans plus tard, à travers un choeur de voix congolaises, Danse du léopard dresse un état des lieux écoeuré des dégâts infligés au Congo par le règne de Mobutu et témoigne de l’espoir que fit naître en 1997 l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Avec ce livre, commence une trilogie close en 2009, par Les hauts-plateaux, qui obtient le Prix Bouvier 2009 lors du festival Étonnants Voyageurs.

Recueil de textes dont certains remontent aux années 1980, Ma cabine téléphonique africaine, paru en 2011, offre un condensé de la méthode de Lieve Joris : celle d’une collectionneuse de destins, construisant son œuvre comme une immense galerie de portraits, denses et vivants, dont chacun laisse deviner un peu de la grande Histoire. On y croise notamment le grand reporter Ryszard Kapuscinski, aux côtés duquel Lieve Joris a découvert la Pologne communiste à la fin des années 1980.

Il y a chez Lieve Joris comme une déraisonnable soif d’englober le monde, de le dire toujours plus grand, en utilisant à plein et avec justesse les outils de la fiction : "En tant que journaliste, je n’ai jamais écrit autrement. Je sais que cela paraît étrange aux Français, qui tiennent beaucoup au clivage entre littérature et journalisme, fiction et véracité. Quand j’avais été invitée au festival “Étonnants voyageurs” pour Les Portes de Damas, un Français s’était levé dans la salle pour dénoncer ma présence à la tribune, en affirmant que j’étais journaliste, pas écrivain ! Ça m’avait fait beaucoup rire. "

Entre 2009 et 2012, Lieve Joris se rend aussi régulièrement en Chine, dans des villes comme Canton où se concentre la diaspora africaine. Sa Sur les ailes du dragon est le livre de ses premiers voyages vers l’Est : Dubaï, Canton, Pékin, Jinhua, Shanghai, Jinhua puis retour par l’Afrique du Sud et le Congo. Le lecteur découvre la rencontre et l’entrelacement de deux pays aux rapports neufs sans passé colonial commun. Ainsi, ce récit de voyage déloge le lecteur de ses repères habituels car il peut voir la Chine et l’Afrique à travers les yeux d’Africains et de Chinois, et tout un monde se développer sans l’Occident.

Elle nous revient cette année avec Fonny. Cette œuvre transfigure la position de spectatrice, habituellement adoptée par l’écrivaine, pour la rendre actrice de cette bouleversante introspection familiale. Alors qu’elle travaille à un nouveau livre, l’autrice apprend que son frère Fonny, le “mouton noir” de la famille, est dans le coma à la suite d’un accident de voiture. Ce moment particulier de leur vie va être l’occasion de réunir parents, frères et sœurs autour du blessé, et de laisser place à la mémoire familiale. L’autrice signe un remarquable autoportrait au travers le récit de ce drame et de l’exploration de son histoire familiale.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Fonny

Actes Sud - 2019

Alors qu’elle travaille à un nouveau livre, l’auteur apprend que son frère Fonny, le “mouton noir” de la famille, est dans le coma à la suite d’un accident de voiture. S’ensuivent de multiples appels téléphoniques à ses parents, ses nombreux frères et sœurs, et plusieurs voyages pour se rendre au chevet du blessé. En racontant ce moment particulier de leur vie, qui les réunit tous, Lieve Joris laisse affleurer les souvenirs de son enfance et ceux, plus anciens, qu’elle a reçus en héritage. Habituellement cantonnée dans son rôle de témoin, elle livre ici un texte bien plus intime, esquissant un autoportrait à travers le récit de ce drame et l’exploration de son histoire familiale.