PINEAU Gisèle

France

3 avril 2015.
 
©Stéphane-Haskell

Gisèle Pineau soulève, dans ses ouvrages, des trappes de mémoire. Elle tracent des faits, esquisse des pans de vies. Au fur et à mesure de son avancé dans le monde littéraire, elle a su conquérir et diversifier son lectorat par une écriture inscrite dans le roman et la nouvelle à destination des deux publics - la jeunesse et les adultes.
Née à Paris en 1956 de parents guadeloupéens, elle a vécu sa jeunesse loin de sa terre d’origine. Pour Gisèle Pineau, la France est le pays de l’exil. Le racisme et l’intolérance subis chaque jour nourriront plus tard son œuvre.

Son père, militaire de carrière, est muté en Martinique en 1970. Elle poursuit ses études d’abord en Martinique puis en Guadeloupe où elle passe son bac de lettres.
En 1975, elle retourne en France pour prendre sa revanche, et s’inscrit à l’Université de Nanterre où elle suit un cursus de Lettres modernes, qu’elle abandonnera, faute d’argent pour une carrière d’infirmière en psychiatrie. Elle se marie, et repart en Guadeloupe, où elle exercera cette profession au centre hospitalier de Saint Claude, pendant près de vingt ans.

Dès sa jeunesse, elle s’éprend des mots et du créole qui lui rapelle sa grand mère man Ya, qui lui raconte la Guadeloupe et Marie-Galante, pendant sa période où elle vit en France. Période où elle connaît le racisme et des problèmes d’identité. D’ailleurs son oeuvre Un papillon dans la cité relate cette période difficile.
C’est à l’âge de dix ans qu’elle écrit ses premières histoires alors qu’elle habite en banlieue parisienne, et trouve le bonheur et l’évasion dans les romans. Dès sa première publication en 1993, La Grande drive des esprits Gisèle Pineau impose son style et son regard sur la condition des femmes antillaises, dont elle dit la souffrance, les violences et les espoirs secrets. Elle se distingue comme premier écrivain féminin à obtenir le prix Carbet de la Caraïbe pour ce roman.
Elle apparaît alors, comme la nouvelle voix au sein de la jeune génération d’écrivains d’outre-mer, aux côtés de Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Ernest Pépin. Proche du mouvement de la Créolité, elle apporte sa “ féminité ” à ce courant littéraire. Élevée au grade de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, Gisèle Pineau est également membre du jury du prix Tropiques et du Prix du Livre insulaire d’Ouessant, dont elle a assuré la présidence en 1999.

"Ecrivain Caraïbe", Gisèle Pineau est traduite dans le monde entier et a été maintes fois récompensée de prix littéraires pour ses nombreux écrits tels que le Grand Prix des lectrices de Elle en 1994, pour La Grande drive des esprits, le prix RFO pour L’Espérance macadam en 1996, ou encore Prix des Hémisphères Chantal Lapicque en 2002 pour Chair Piment. Ce prix couronne un livre qui participe au rayonnement de l’usage de la langue française à travers le monde. L’apport créole traverse la langue française et son roman publié en 2007, Mes quatre femmes, se souvient de ces femmes d’un autre temps dont elle est l’héritière.

Elle signe cette année une nouvelle dans l’Anthologie du plaisir dirigée par Léonora Miano ainsi qu’un nouveau roman Les voyages de Merry Sisal. Intéréssée par le destin de ces femmes qui se démènent sur ces îles, elle déroule l’histoire d’une Haïtienne atteinte d’une difformité, Merry Sisal, obligée de quitter sa terre natale après le tremblement de terre de 2010 pour subvenir aux besoins de ses enfants restés en Haïti.

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Bibliographie :

Jeunesse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les voyages de Merry Sisal

Mercure de France - 2015

Les nuits où les étoiles demeuraient éteintes, il arrivait à Merry de rester prostrée sur sa couche. Tout s’effaçait alentour. Des pans entiers de sa mémoire semblaient enfermés quelque part, éboulés, inaccessibles. Parfois, tout était incroyablement limpide. Sa vie passée n’avait rien de sombre et son avenir semblait bien éclairci, le ciel dégagé. Elle allait reprendre ses études en suivant des cours par correspondance. Anna s’occupait de régulariser sa situation administrative. Elle ferait venir ses enfants. C’est sûr, elle ne devait pas se tourmenter. Tommy, Florabelle, les prunelles de ses yeux, ils seraient bientôt auprès d’elle.

En Haïti, Merry élève seule ses deux enfants, Tommy et Florabelle – 6 et 4 ans. Quand le terrible séisme du 12 janvier 2010 frappe Port-au-Prince, Merry n’a pas d’autre choix que de quitter sa terre natale dévastée, laissant derrière elle ses deux enfants adorés qu’elle compte revenir chercher le plus vite possible. Après une traversée homérique, elle se réfugie sur l’île de Bonne-Terre, où elle rejoint des compatriotes. Là, elle est rapidement embauchée par Anna et Raymond, un couple de Français qui habite sur le Morne d’Or, où vit une communauté de Blancs nantis venus de France, et totalement isolée du reste de l’île.
Peu à peu, Anna et Merry vont se rapprocher et se découvrir des points communs. Anna, qui garde enfouis au plus profond de son être des drames et des blessures, s’attache plus que de raison à la jeune Haïtienne. Merry s’interroge sur les motivations de cette patronne un peu particulière, mais s’en accommode, car elle ne perd jamais de vue son objectif : retrouver ses enfants.