MEDDEB Hind

France - Tunisie

7 avril 2018.

Réalisatrice, journaliste freelance, reporter, Hind Meddeb est une touche-à-tout passionnée, en perpétuel mouvement entre la France, le Maghreb et le Moyen-Orient. Connue pour ses films engagés sur la Tunisie ou l’Egypte, elle documente aujourd’hui cette “nouvelle barbarie qui se déroule en France, terre d’asile”, comme l’écrit Chamoiseau.

 

Citoyenne des deux rives, Hind Meddeb se sent chez elle de part et d’autre de la Méditerranée. Cette dualité donne à son regard une mobilité qui défait les préjugés et les a priori. Ses films au Maroc, en Tunisie, en Egypte et au Liban nous révèlent des situations toujours plus complexes que les stéréotypes qui les figent.

Après des études de philosophie et d’allemand entre Paris et Berlin, un événement la bouleverse : le 16 mai 2003, treize kamikazes perpètrent les premiers attentats terroristes de l’histoire du Maroc. L’idée d’un documentaire prend forme. Son premier film, De Casa au paradis, retrace l’itinéraire de ces kamikazes.

Elle est journaliste sur France 24 de 2006 à 2008, avant de rejoindre France Info où elle réalise la chronique hebdomadaire Itinéraires et des reportages pour le service culture de la rédaction de 2007 à 2014. De 2007 à 2011, elle est chroniqueuse sur Paris Première et reporter pour le magazine Tracks sur Arte, avec la diffusion de plusieurs reportages : Lebanese Sound of War (2007), La nouvelle vague du cinéma égyptien, ou encore Rap tunisien et révolution (2011). Puis, elle présente la chronique "À l’autre bout du casque" dans la matinale de France Musique. Depuis octobre 2017, elle participe régulièrement au magazine radiophonique "Néo Géo" sur Radio Nova, présenté par Bintou Simporé.

En parallèle, Hind Meddeb n’a pas laché sa caméra. Au lendemain du printemps égyptien, elle signe en 2013 un très beau documentaire, Electro Chaâbi, tourné dans les bidonvilles du Caire, où la jeunesse danse au son de cette nouvelle musique qui fusionne chanson populaire, beats électro et freestyles de rap. Après avoir signé le Manifeste des 70 pour la démocratie en Tunisie, elle s’engage publiquement aux côtés du rappeur tunisien Weld El 15, condamné pour outrage à agent : son film, Tunisia Clash, prend la forme d’un road movie intime, au moment où le rappeur est en cavale, dans l’attente de son procès. Elle traverse la Tunisie post-révolutionnaire des banlieues populaires de Tunis jusqu’aux plateaux désertiques du Centre. Sur cette route, une scène alternative se dessine. Artistes, militants, citoyens ordinaires lui confient leurs rêves et leurs espoirs : entre constat amer, désir de révolte et soif de liberté.
Son film Prison à ciel ouvert revient sur la façon dont les rappeurs tunisiens, dissidents sous l’ancien régime, révolutionnaires puis commentateurs de la vie politique, contribuent activement à la naissance de la démocratie dans leur pays.

Quel est le point commun entre Barack Obama, un sociologue qui a fait ses classes dans la Mafia d’Al Capone et deux jeunes activistes françaises issues des quartiers populaires ? Le Community Organizing. Ou l’art d’élaborer des groupes de pression citoyens, sorte de lobbies des « gens d’en bas », capables de se confronter au pouvoir lorsqu’il ne sert plus l’intérêt général. Avec Organisez-vous !, Hind Meddeb revient sur l’histoire de cette technique inventée par le sociologue Saul Alinsky aux Etats-Unis dans les années 30 et reprise aujourd’hui par quelques jeunes Français qui essayent de l’introduire en France.

De septembre 2015 à juin 2016, elle a suivi la Ministre de l’Education Nationale au quotidien, réalisant un portrait intime et inattendu : Najat Vallaud Belkacem. L’école du pouvoir. (diffusé sur France 3.)

Depuis juin 2016, elle documente la présence des réfugiés dans les rues de Paris et plus particulièrement dans le quartier de Stalingrad en vue de la réalisation de son nouveau film Paris Stalingrad où elle retrace l’itinéraire de Souleymane, adolescent réfugié du Darfour.


« Je fais des films pour montrer ce qui est caché » : un entretien dans Libération en mai 2016.


Filmographie

 

DERNIER OUVRAGE

 

Paris Stalingrad

Ce film est un portrait de Paris vu par Souleymane, 18 ans, réfugié du Darfour. Arrivé en France après un périple traumatisant de cinq longues années, la « ville lumière » dont il avait rêvé, loin de répondre à ses attentes, lui inflige de nouvelles épreuves. A la dureté des situations, répond sa poésie douce-amère.
En suivant Souleymane, le film retrace le parcours des migrants dans Paris : les campements de rue, les interminables files d’attente devant les administrations, les descentes de police et la mobilisation des habitants du quartier pour venir en aide aux réfugiés. La caméra témoigne d’une métamorphose d’une ville et nous montre l’émergence de nouvelles frontières intérieures : des kilomètres de grillages pour rendre inaccessibles les allées sous le pont du métro aérien, des pierres pour empêcher les migrants de s’allonger, des rondes de vigiles pour les déloger.