OUMHANI Cécile

France / Royaume-Uni / Tunisie

13 février 2014.
 

L’écriture est une traversée d’espaces qui nous sont inconnus.

© Thierry Hensgen / Institut français

La Méditerranée en tant que carrefour culturel occupe sans cesse l’arrière-plan des œuvres de Cécile Oumhani. L’auteur franco-britannico-tunisienne a façonné son écriture à partir de cette curiosité pour l’autre et l’inconnu ; elle met en scène des personnages souvent tiraillés entre passé et présent, l’ici et l’ailleurs, sur l’une ou l’autre rive de la mer. Par fragments épars, la romancière témoigne de son bouleversement face à la révolution tunisienne de 2011 dans Tunisie, carnets d’incertitude (Seuil, 2013), partagée entre enthousiasme et crainte pour l’avenir du pays.

Cécile Oumhani est très tôt marquée par la force d’évocation de l’écriture. Née en 1952 à Namur, elle grandit dans une famille multiculturelle, éparpillée sur le globe ; elle ne connaît certains proches que par le biais de lettres. "Au moment où j’ai ressenti la tristesse de l’éloignement, j’ai découvert la force des mots que l’on écrit" : elle découvre avec ces correspondances la capacité de la langue à figurer l’ailleurs, l’inconnu. Elle se tourne naturellement vers la poésie (À l’abside des hêtres, Centre Froissart, 1995) et sa capacité à dépasser le langage pour signifier l’indicible.
Auteur de nombreux recueils de poèmes et de nouvelles, elle publie son premier roman en 1999, Une odeur de henné, dans lequel une jeune médecin tunisienne cherche sa voie entre la tradition familiale et l’envie d’indépendance et de liberté... Cinq autres romans suivront, dont Le Café d’Yllka (Elyzad, 2008), pour lequel elle a reçu le Prix littéraire européen de l’ADELF (Association des écrivains de langue française) en 2009.

Elle vit aujourd’hui à Paris, où elle a été maître de conférences en anglais à l’université de Paris-est Créteil. Collaboratrice à diverses revues littéraires, elle est en outre membre du comité de rédaction de Siècle 21, magazine qui traite de grands thèmes de société à travers les écrits d’auteurs du monde entier.

Début 2011, le choc provoqué par les événements qui secouent la Tunisie fait voler en éclat sa façon d’écrire et de percevoir l’écriture, comme si la réalité dépassait subitement la fiction. Depuis Paris, où elle suit le déroulement de la révolution, elle prend des notes, écrites spontanément et dans l’urgence de la situation. Partageant les espoirs des Tunisiens, elle rapporte dans Tunisie, carnets d’incertitude son ressenti brûlant face au soulèvement populaire de ce pays qui n’est, dit-elle, "pas celui où je suis née. Mais pourtant indissociable de ce que je suis". Ces carnets prennent la forme de notes spontanées.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 

Tunisie, carnets d’incertitude

Elyzad - 2013

Janvier 2011. La Révolution tunisienne surgit, inattendue. Onde de choc intérieure. Dans des formes brèves, " car nous vivons dans un temps fragmenté, où tout peut basculer d’un instant à l’autre ", Cécile Oumhani témoigne des événements ressentis avec une grande fébrilité durant ces mois de 2011. Depuis Paris, sa voix se mêle à la clameur des milliers d’exilés pour dire le bonheur mais aussi la solidarité avec les peuples libyen et syrien.

Puis il y a le retour dans le nord de la Tunisie pour partager ce qui est en train de se passer sur place. Elections d’octobre 2011, espoir brouillé, euphorie brisée. Blanc. L’auteure reprend ses carnets en ce début d’année 2013, tentant de cerner les contours d’un avenir incertain. Elle y écrit l’amertume, les craintes, les déceptions de ceux avec qui elle avait partagé les premiers moments d’enthousiasme.