MORROW James

États-Unis

10 mai 2020.

Diplômé de Harvard, James Morrow a gardé de ses études littéraires un goût pour le roman philosophique et satirique, et en a fait sa marque de fabrique. Fasciné par les questions religieuses, il n’est pas rare de croiser dans ses romans Dieu en plein procès judiciaire ou des personnages bibliques dans de curieuses situations. Principalement connu pour sa Trilogie de Jéhovah, lauréate du prestigieux World Fantasy Award en 1995, son précédent ouvrage L’Arche de Darwin avait été récompensé du Grand Prix de l’Imaginaire du roman étranger, ici même, à Étonnants Voyageurs, en 2018. Il publie cette année Lazare attend, une satire religieuse et historique dans l’espace et dans le temps où le personnage de Lazare soutient qu’il n’a jamais été ressuscité, que cette histoire ne serait en réalité qu’une farce. Mélangeant ses différentes passions pour l’histoire du cinéma, la satire religieuse et l’uchronie, James Morrow signe un roman rocambolesque revisitant l’ancien et le nouveau testament avec humour et tendresse.

 

James Kenneth Morrow est né à Philadelphie le 17 mars 1947. Après la guerre, ses parents achètent une petite maison en banlieue, poussés par la réputation de l’école publique d’Abington. L’auteur attribue directement sa carrière d’écrivain de fiction au cursus d’humanités du lycée d’Abington. Tout particulièrement, il s’inspirera d’auteurs comme Dante, Voltaire, Dostoïevski, Kafka, Camus et Ibsen.

Adolescent, il produit des films avec ses amis, notamment Joe Adamson, David Stone et George Shelps. Pendant ses études à l’université de Pennsylvanie, il gagne sa vie en travaillant comme réalisateur pour les écoles publiques de Philadelphie. Diplômé en 1969, Morrow part s’installer à Somerville dans le Massachusetts où il peut assister aux cours de la Havard Graduate School of Education (HGSE).

Avec la publication en 1981 de son premier roman, The Wine of Violence, il entame sa carrière d’écrivain à plein temps, versant dans la fiction philosophique et tenant la promesse qu’il s’était faite pendant les cours de Littérature étrangère sur James Giordano de participer au monde des idées.
Pendant les 35 ans qui suivirent, Morrow produit dix romans, trois novellas et plusieurs douzaines de nouvelles, la plupart faisant la satire des arguments chrétiens concernant la marche de l’univers. En dehors de sa fascination pour les questions religieuses, les thèmes caractéristiques de l’auteur incluent la folie de la guerre, la nécessité du féminisme et les liens parents-enfant.

Les lecteurs français le découvrent à travers ses romans Ainsi finit le monde (finaliste du prix Nebula en 1988 et approprié par les fans de SF) et Notre mère qui êtes aux cieux (primé au Wolrd Fantasy Award en 1991). Mais l’œuvre qui lui vaut sa renommée est la trilogie de Jéhova (The Godhead Trilogy) publiée dans les années 1990. L’histoire commence par la découverte du corps géant de Dieu tombé du ciel et flottant mort dans l’océan. Le Vatican souhaite garder la chose secrète en remorquant le cadavre dans les eaux glacées de l’Arctique alors que des activistes athées tentent de le détruire…
Le deuxième tome est une parodie des grands romans judiciaires américains. Dieu est assigné en justice par un petit juge provincial pour crime contre l’Humanité. Le roman met en scène le procès, appelant à la barre des témoins des personnages bibliques comme Satan ou Jésus. Le troisième tome entame une réflexion métaphysique au sein des Hommes : la mort de Dieu les renvoie à leurs questions effrayantes sur l’existence et le destin.

Depuis la trilogie de Jéhova, il a publié en France trois romans traduits aux éditions Au Diable Vauvert : Le Dernier Chasseur de sorcière (2003), L’Apprentie du philosophe (2011) et Hiroshima n’aura pas lieu (2014). Il revient cette année avec L’Arche de Darwin, un nouveau roman dans la lignée de ses précèdents ouvrages : une fable aventureuse qui se confronte aux grands questionnements humains, prête à nous faire réfléchir entre deux moments jouissifs d’extravagance et de comédie. L’Arche de Darwin est l’histoire de Chloe Bathurst, actrice sans rôle qui décroche un emploi de gardienne de zoo chez Charles Darwin où elle rencontre toutes sortes d’animaux exotiques et théories scientifiques étonnantes. Elle décide alors de participer au « Grand concours de dieu », qui offre 10 000 £ à qui prouvera ou réfutera l’existence d’un être suprême. Le brouillon de la théorie de l’évolution en poche, elle s’embarque pour les Galapagos… Une satire burlesque et une aventure déjantée autour de l’évolution, de la sélection naturelle et de Dieu.

Son dernier roman, paru chez la même maison d’édition, Lazare attend prend le parti pris de l’uchronie : Lazare n’a jamais été réssuscité, tout ceci n’était qu’une farce. A travers le temps et l’espace, ses péripéties rocambolesques revisitent l’ancien et le nouveau testament avec humour et tendresse.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Lazare attend

Au Diable Vauvert - 2020

Lazare attend est une satire religieuse et historique dans l’espace et dans le temps. Roman d’aventures autour du personnage de Lazare (qui maintient mordicus qu’il n’a jamais été ressuscité, que cette histoire n’était qu’une farce de son ami le rabbi Yeshua) cheminant dans le temps grâce à un automate à tête de crocodile, à bord d’un fabuleux vaisseau mécanique construit par d’étranges visiteurs. Au cours de ses voyages, il rencontre d’abord une philosophe épicurienne dont il tombe amoureux avant de devenir le conseiller de Constantin qu’il convertit au christianisme grâce à un subterfuge astucieux. Son but : réhabiliter le judaïsme accusé d’avoir assassiné le Christ, et favoriser l’arianisme lors du fameux concile de Nicée.

Du New York des années 1960 où il découvre le cinéma et la pornographie, aux Saintes Maries de la mer où il a déposé Marie de Nazareth, Marie Salomé et Marie Magdalene, à Rome, à Carthage à Byzance ou à Nicée, ses péripéties rocambolesques, servies par la culture encyclopédique de l’auteur, revisitent l’ancien et le nouveau testament comme l’histoire du christianisme avec humour et tendresse. On se souviendra particulièrement d’un ballet de Salomé scandé par le texte du Cantique des Cantiques.

Un grand roman de Morrow mélangeant ses différentes passions, l’histoire du cinéma, la satire religieuse et un certain goût de l’uchronie.