PADURA Leonardo

Cuba

12 avril 2022.

Cette figure incontestée du roman noir hispanophone raconte Cuba, son île, pour en livrer ses contradictions, ses stéréotypes et ses luttes. Ses œuvres ont su dépasser les frontières, faisant de lui un des écrivains majeurs du XXIe siècle, à la fois reconnu pour ses polars aux intrigues profondes et pour ses romans politico-historiques. Victime de la censure Castriste pour ses engagements politiques, il choisit de rester à Cuba, sa source primaire d’inspiration, et continue de dépeindre la réalité de la société locale, notamment dans la Tétralogie Les Quatre Saisons qui met scène le célèbre détective Mario Conde. Il est lauréat du prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies, en 2015, pour l’ensemble de sa carrière. Poussière dans le vent retrace le destin de huit amis cubains dans les années 1990. Pris dans l’engrenage des bouleversements historiques menaçant leurs perspectives de bonheur, ces compagnons ont une seule question en tête : partir ou rester ? Parallèlement, L’eau de toutes parts, paru cette année, est un essai captivant dans lequel l’auteur revient sur son identité cubaine et d’autres sujets qui lui sont chers : musique, cinéma et littérature.

 

Né en 1955 à La Havane, diplômé de littérature hispano-américaine et également journaliste, essayiste et scénariste pour le cinéma, Padura a reçu le prix Raymond Chandler (2009) pour l’ensemble de son oeuvre et le prix Princesse des Asturies en 2015. L’écrivain débute son cycle des Quatre saisons en 1991 avec le roman Passé parfait, occasion d’une première rencontre avec le détective Mario Conde. Archétype du flic de roman policier désabusé, porté sur la bouteille et légèrement macho, Conde assiste à la misère morale et matérielle du peuple cubain, enrôlé malgré lui dans une histoire sociale rude et complexe, où les faux-semblants demeurent les derniers instruments de contrôle d’une société dont les idéaux du passé se sont depuis longtemps effondrés.

Après Les Brumes du passé et L’Homme qui aimait les chiens (fable qui
confronte les trajectoires de Trotski et de Ramon Mercader, son assassin, à travers la plume d’un écrivain raté), l’auteur livre en 2014 un très beau roman, Hérétiques, où il rend hommage aux insoumis et aux dissidents, autrefois réfractaires à l’ordre religieux dogmatique, aujourd’hui indociles des sociétés contemporaines, tous combattants contre le mensonge idéologique. La force de ce dernier roman se trouve dans la capacité de Padura à constamment lier le passé au présent, faisant rejaillir les bribes d’une Histoire confuse dans les drames qui se jouent aujourd’hui, et dont on ne saurait dénouer les liens ni déjouer les tours sans se retourner sur un passé obscur, peuplé de fantômes désormais prêts à parler...


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

L’eau de toutes parts

Métailié - 2022

Un recueil d’essais captivant sur les sujets chers au grand écrivain cubain : l’amitié, l’exil, la littérature, le cinéma et l’écriture.

Les livres du grand écrivain cubain Leonardo Padura sont un dialogue entre l’Histoire et la littérature, l’île de Cuba et l’exil, la puissance de l’amitié et la dureté des rêves frustrés. Dans ce captivant recueil d’essais, l’auteur explore les coulisses de ses oeuvres les plus célèbres et emblématiques et les sujets qui lui sont les plus chers (la cubanité, la musique, le cinéma, la littérature, le base-ball…). Véritable immersion dans la salle des machines littéraire d’un auteur mondialement reconnu, ce livre personnel et évoca-teur est également un hommage au genre du roman, qu’il maîtrise et affectionne tant.
Une fascinante fenêtre ouverte sur le métier d’écrivain, sur la création artistique et l’importance de la littérature. Une masterclass humaine, brillante et profonde sur l’art du roman avec le rythme, les contradictions, l’humour et les saveurs de Cuba.

Traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas