AGUALUSA José Eduardo

Angola - Portugal - Brésil

16 novembre 2012.
 

Pilier de la littérature africaine de langue portugaise, l’Angolais José Eduardo Agualusa promène ses talents d’enchanteur sur les trois continents du monde lusophone, de la vieille Lisbonne, qu’il connaît comme sa poche, à Luanda et Rio, mégapoles dévorantes où se situe l’action de ses deux derniers romans traduits en français.

Né en 1960 dans un Angola sous domination portugaise, l’auteur n’est encore qu’un adolescent lorsque sa patrie accède à l’indépendance en 1975, à la faveur de la Révolution des Oeillets, avant de s’enfoncer rapidement dans une guerre civile meurtrière. Dans La saison des fous, l’héroïne Lidia do Carmo Ferreira donne un visage à ce moment d’espoir, d’effervescence idéologique, brutalement interrompu par le déclenchement de la guerre civile angolaise.

Installé à Lisbonne pour suivre des études d’agronomie et de sylviculture, le jeune Agualusa embrasse alors le métier de journaliste, dont la pratique marque durablement son écriture, comme le prouvent ses romans émaillés de coupures de presse, d’interviews, et dans lesquels on croise souvent des personnages de journaliste (La saison des fous, La guerre des anges).

Dans les années 1990, l’écrivain accède à la notoriété sur la scène littéraire lusophone avec une série de romans explorant le passé colonial et la génèse créole de l’Angola moderne. Paru en 1996 et traduit en français chez Gallimard en 2003, La saison des fous, drame luxuriant qui retrace l’histoire cruelle du mouvement nationaliste angolais, l’impose comme un écrivain d’envergure internationale.

"Mon monde est un monde afro-latino" proclame José-Eduardo Agualusa, revendiquant sa filiation littéraire avec des auteurs latino-américains tels que Jorge Amado, Borges ou encore Garcia Marquez. Après avoir mis en scène dans La guerre des anges une Rio en proie aux flammes de la guerre civile, l’écrivain offre avec Barroco Tropical un véritable feu d’artifices créatif : dans le décor d’une Luanda futuriste, foisonnante et instable, il mêle le fantastique au prosaïque, le roman d’amour au polar déjanté... Flamboyant, maîtrisé, ce roman est une pépite baroque.


En savoir plus :

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Bibliographie en français :

Présentation de Barroco Tropical :

Une femme tombe du ciel et s’écrase sur la route devant Bartolomeu au moment où éclate une tempête tropicale et où sa maîtresse lui annonce qu’elle le quitte. Il décide de percer ce mystère alors que tout change autour de lui, il découvre que la morte, mannequin et ex-miss, avait fréquenté le lit d’hommes politiques et d’entrepreneurs, devenant ainsi gênante pour certains, et il comprend qu’il sera la prochaine victime.
Il croise les chemins d’une chanteuse à succès, d’un trafiquant d’armes ambassadeur auprès du Vatican, d’un guérisseur ambitieux, d’un ex-démineur aveugle, d’un dandy nain, d’une prêtresse du candomblé adepte du mariage, d’un jeune peintre autiste, d’un ange noir ou de son ombre. Il explore la ville de Luanda en 2020, métaphore de la société angolaise où les traditions ancestrales cohabitent difficilement avec une modernité mal assimilée. Il s’enfonce dans la Termitière, gratte-ciel inachevé mais déjà en ruine où les riches vivent dans les étages tandis que les pauvres et les truands occupent les sous-sols. Il nous montre une ville en convulsion où l’insolite est toujours présent et intimement mêlé au prosaïque et au quotidien, où la réalité tend à être beaucoup plus invraisemblable que la fiction.
Dans une prose magnifique cet amoureux des mots définit son pays comme une culture de l’excès, que ce soit dans la façon de s’amuser ou dans la façon de manifester ses sentiments ou sa souffrance.


Revue de presse :


Résumé de La guerre des anges :

Les morros et les favelas de Rio sont en flammes, la police sous couvert de répression du trafic de drogue a mitraillé une procession religieuse et tué des enfants. Le jour approche où cette guerre va descendre sur la ville et les beaux quartiers du bord de mer. Francisco, un ancien colonel de la Sécurité en Angola, installé au Brésil pour fuir les pièges d’un amour féroce et les tourments de sa mémoire, prépare ce jour en vendant des armes. Un journaliste angolais plonge dans cet incendie à la recherche de réponses aux questions que peu de gens veulent bien se poser. Le commissaire qui démissionnera devant l’absurdité des mesures prises par les politiques définira ces événements non comme une émeute mais comme une révolte d’esclaves. Et tout ceci recoupe l’actualité brûlante de cet été.

José Eduardo Agualusa crée dans une prose limpide des personnages inoubliables, comme Jararaca, le jeune chef de bande charismatique, Cativiala, le colonel à l’oreille musicale et à la voix de Nat King Cole, Euclides, le journaliste nain, Jacaré le rappeur fou de drogue, Anastacia la spécialiste de l’ayahuasca et des vagins dentés, Florzinha la belle vénéneuse, Monte le tortionnaire rédacteur de discours présidentiels...

Un grand roman littéraire, qui s’intéresse au racisme dans un pays où il est censé ne pas exister. Le chanteur Caetano Veloso parle de ce livre avec enthousiasme dans toutes ses interviews.