DEON Michel

France

13 mai 2011.
 
Michel DEON
© J. Sassier_Gallimard

Michel Déon a reçu le prix Giono pour l’ensemble de son œuvre en 1996. Journaliste et grand écrivain voyageur, il a séjourné en France, Suisse, Italie, Grèce, Irlande, Portugal... Il commence à publier régulièrement des romans à partir des années 50. Il est élu à l’Académie française

Mobilisé à vingt ans, ce fils de famille devient, à son retour à Lyon en 1942, secrétaire de rédaction et journaliste littéraire à l’Action française, aux côtés de Charles Maurras. Issu d’un milieu de militaires et de fonctionnaires, Michel Déon a en effet effectué ses études de droit dans le Quartier Latin des années trente, alors furieusement à droite.

Une fois abandonnées ses convictions monarchistes de jeunesse, ce baroudeur impénitent restera toute sa vie rétif aux idéologies. Salué par le prix Interallié 1970, son roman Les Poneys sauvages raconte, dans une vaste fresque s’étendant des années 30 aux années 60, les désillusions essuyées par sa génération.

Un temps correspondant de presse en Suisse et en Italie, il part ensuite pour les Etats-Unis. A son retour fin 1951, il se consacre de nouveau au journalisme et publie son premier roman
Il entre comme conseiller littéraire aux éditions Plon avant de séjourner près d’un an au Portugal, puis dans le Tessin, et enfin en Grèce. À Paris, de nouveau, en 1961, il collabore aux éditions de La Table ronde et tient la chronique dramatique des Nouvelles littéraires où il prend la succession de Gabriel Marcel. Il partage longtemps sa vie entre l’Irlande, la Grèce et Paris.

Docteur honoris causa des universités d’Irlande, membre associé de l’Académie des sciences portugaise, ce fin lettré est élu à l’Académie française le 8 juin 1978, au fauteuil de Jean Rostand. Il a reçu le prix Giono pour l’ensemble de son œuvre (1996).

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Bibliographie :

"On sait rarement pourquoi une image, une situation, parfois une simple phrase vous traversent l’esprit, occupent impérieusement la place et restent là, plantées en travers de ce qu’on a décidé d’écrire.
Les nouvelles réunies dans cette édition Folio ont été des récréations venues interrompre des travaux que je trouvais plus ambitieux et qui ne l’étaient pas forcément. Souvent, je les appelais "mes danseuses" bien que j’aie plutôt été leur danseur. Elles tombaient dans ma vie comme des billets gagnants d’une loterie céleste et il suffisait d’à peine quelques soins pour qu’elles répondissent à leur règle rapide de la fin au dernier mot.
Dans mon esprit, les nouvelles sont des images, une situation, une chute. En vérité, elles peuvent même ne rien raconter du tout et, souvent, les meilleures confient au lecteur le soin de les prolonger au-delà du mot fin". Michel Déon.

Résumé de Œuvres :

Le choix des œuvres a été fait en étroite concertation avec Michel Déon. Nous avons voulu donner à lire à la fois ses œuvres les plus célèbres et qui ont fait son succès dans les années 1970-1980 : Les Poneys sauvages et Un taxi mauve avec plus de 300 000 exemplaires vendus pour chaque titre. Mais aussi, parmi ses romans, le plus complexe et le plus achevé dans sa construction : Un déjeuner de soleil. Le volume s’ouvre, après la Préface originale, sur un de ses textes les plus émouvants, Thomas et l’infini (reproduit avec les illustrations de Delessert), généralement considéré comme une lecture destinée aux enfants. Le récit autobiographique est représenté avec La chambre de ton père ou La Montée du soir et les souvenirs avec Cavalier passe ton chemin.
La dimension poétique de l’œuvre est soulignée par les textes courts illustrés par des artistes contemporains (tirages confidentiels ou hors commerce) que Michel Déon a bien voulu nous confier pour cette édition où l’on découvrira ainsi un Déon inconnu et surprenant.

« J’écris des romans depuis l’âge de quatre ou cinq ans. Revenant du Petit Cours La Fontaine, rue du Ranelagh, un genou légèrement écorché pendant la récréation, j’ai prétendu avoir été attaqué par un loup égaré avenue Mozart. Fort heureusement, j’avais pu le tuer avec un bâton. C’est bien mon premier roman. Faute de savoir écrire, je le parlais. Quatre-vingts ans plus tard, je rends justice à mes parents. Au lieu de se moquer de moi, ce qui, étant donné ma déjà grande susceptibilité, aurait brisé ma carrière en herbe, ils feignirent de me croire et répandirent même l’histoire dans leur entourage où des cris d’effroi et d’admiration accueillirent mon exploit. Il me semble aujourd’hui que j’aurais dû les trouver pas mal crédules et même leur rire au nez, mais, on le sait, la vanité des auteurs est immense et, de toute façon, il est à peu près certain qu’à force d’entendre répéter cette fable, j’ai fini par y croire moi-même. Mon premier public - le cercle des amis - ne s’étendait guère, mais je débutais et il est compréhensible qu’une audience, si réduite soit-elle, tienne à cœur d’encourager un jeune, très jeune talent à persévérer, et j’ai persévéré. Il a fallu seulement, par la suite, introduire dans ces fables enfantines - le loup ne fut pas la seule - plus de vraisemblance. Si on écoute avec amusement et bienveillance un gamin de cinq ans qui raconte avoir été attaqué par un loup un après-midi dans un quartier chic de Paris, le même récit par un adulte l’enverrait à l’asile comme ce fut le cas pour Maupassant et son Horla.
Je n’aurais jamais gardé ce souvenir si on ne me l’avait rappelé à l’âge mûr. Il est donc reconstitué à l’aide de lambeaux d’images comme on reconstitue un humain, mort il y a des siècles, grâce à l’ADN. Les parents sont heureusement les mémorialistes de leurs enfants. »