PEETERS Benoît

France

6 avril 2018.

Tintinophile, reconnu comme spécialiste d’Hergé mais aussi biographe du philosophe Jacques Derrida, écrivain et réalisateur, il est aussi scénariste de BD. De sa complicité avec François Schuiten est né un univers : Les Cités obscures, sorte de cartographie imaginaire d’un monde parallèle, qu’il développe à travers la BD et dont le t.2 de l’intégrale ressort, mais aussi d’autres formes. L’Echos des Cités est un vrai-faux magazine traitant de l’actualité de cet archipel urbain imaginaire. C’est une autre passion, la cuisine, qui est à l’honneur dans son tout dernier opus : une autobiographie gourmande qu’Aurélia Aurita dessine avec simplicité et générosité.

 

C’est avec beaucoup d’émotion que de nombreux lecteurs découvrent à la fin des années 1980, dans le célèbre magazine (À Suivre), les premières planches de BD signées par François Schuiten et Benoît Peeters. Si les dessins du premier, soignés, minutieux, apportent à l’époque un grand coup de vent frais au 9ème art, les Cités Obscures, qu’il dessine avec beaucoup de brio, donnent le vertige et écrasent le lecteur sous le poids de leurs ténèbres. L’atmosphère étrange et mystique, très fin de siècle, qui baigne ces villes titanesques doit cependant beaucoup au travail de scénariste de Benoît Peeters. C’est de son esprit que naissent ces récits eschatologiques et oniriques, où l’on croise les figures de génies littéraires et de grands scientifiques, de Jules Verne à Hitchcock en passant par Einstein.

Pour réaliser le tour de force des Cités Obscures. Benoît Peeters convoque tous ses thèmes de prédilection, et nourrit de son érudition l’univers fantastique de la série.
Tintinophile reconnu, il est un fin connaisseur de l’œuvre d’Hergé, sur laquelle il a livré un grand nombre d’essais. Au delà de ce grand classique, il maîtrise toute l’histoire de la bande dessinée, de ses premiers soubresauts, avec Rodolphe Töpffer dans Töpffer, l’invention de la bande dessinée, jusqu’aux auteurs américains les plus modernes comme Chris Ware (Chris Ware : La bande dessinée réinventée). Il livre aussi des essais sur Hitchcock, Hitchcock, le travail du film, dont l’influence est très présente dans la série des Cités Obscures. Son roman, La bibliothèque de Villers, rend quant à lui hommage à Jorge Louis Borges, avec lequel il partage une vision architecturale et vertigineuse de l’écriture.

C’est ainsi sur une œuvre ultra référencée, mais aussi très novatrice que revient Benoît Peters avec Le Guide des cités. Outil indispensable pour appréhender dans les moindres détails le cycle monumental, cet ouvrage, réédité et revu en 2011, apporte un regard profond sur 15 ans de création, et met à jour les références innombrables de Peeters & Schuiten, des personnages illustres oubliés aux adresses phares des deux auteurs entre Paris et Bruxelles. Rien ne semble oublié dans ce livre qui ravira aussi bien les inconditionnels des Cités Obscures que le novice en quête d’évasion et de rêverie.


Bibliographie :

Bandes dessinées :

Littérature :

Critique :


Présentation du Guide des cités

Edition revue et augmentée. Un oubli incompréhensible vient enfin d’être réparé. Voici le premier guide consacré aux "Cités obscures". Grâce au voyage accompli par François Schuiten et Benoît Peeters et à trente années de recherches minutieuses, il est aujourd’hui possible de découvrir dans toute sa richesse un univers trop longtemps considéré comme mythique. On trouvera notamment dans ce Guide : des cartes et des plans, des précisions sur la faune et la flore, les beaux-arts, les sciences et les techniques ; une description des principaux lieux de Passage : le Palais de Justice de Bruxelles, le métro Arts et Métiers à Paris, le musée A. Desombres ; des renseignements pratiques sur le logement, les moyens de transport, la cuisine et les vins ; une évocation de grandes Cités comme Alaxis, Blossfeldtstad, Calvani ou Xhystos ; des portraits de personnages illustres ou injustement méconnus comme Joseph Abraham, Ernest Dersenval, Marie-Laure Duraine de Montignac, Eugen Robick, Axel Wappendorf.

Revue de presse :



Présentation de L’Echo des Cités :

Le titre de l’album, L’Echo des Cités, est aussi celui du journal dont il retrace l’histoire, depuis son numéro un « historique » daté d’avril 719 jusqu’à sa fin, en passant par les années fastes et celles qui le furent moins… Raconter le parcours de ce mensuel imaginaire (qui, comme bien des journaux du XIXe siècle dont il s’inspire, adosse son iconographie à l’illustration), c’est évidemment, pour François Schuiten et Benoît Peeters, une manière de parcourir en toute liberté le monde des Cités Obscures, au gré des petits et grands événements relatés par le magazine. Place donc aux reportages, articles, enquêtes et indiscrétions de L’Echo des Cités, avec ses scoops, ses indignations, ses maladresses et ses nouvelles formules successives – sans oublier évidemment la fantaisie et l’ironie discrète dont Schuiten et Peeters parsèment cet album en forme de clin d’œil. Leur évocation s’achèvera, dernière pirouette, sur l’inéluctable disparition du journal, supplanté dans les goûts du public par une nouvelle génération de périodiques privilégiant… la photographie !

Présentation de Villes enfuies :

Ce volume rassemble cinq textes, à tonalité très littéraire : « Paris-Bruxelles », « Prague » (qui avait été publié sous forme d’album illustré aux éditions Autrement en 1985), « Moscou - Vladivostok, notes transsibériennes », « Poussière de voyages » et « Cendres ». À mille lieues des guides touristiques, Villes enfuies trouve les mots les plus justes pour donner forme à l’une de nos expériences fondamentales : le voyage.

Extrait : « Il comprend bientôt qu’il va quitter Prague pour n’y plus revenir, qu’il ne fera pas son film. Il voudrait partir vers une autre ville, lointaine, perdue, une ville où rien ne l’attirerait, une ville sans histoire, sans statues, sans printemps, une ville sans pavés ni réverbères, une ville inondée de soleil, bordée d’interminables plages, une ville aux odeurs fortes, à la poussière omniprésente, une ville envahie de moustiques. Puis il devine que toute ville, si différente de Prague qu’elle puisse paraître, ne cessera de le lui rappeler. Il voudrait se lancer dans un voyage qui n’en finirait pas, un voyage soumis à des règles obscures et compliquées, lui faisant traverser d’innombrables villes dont il ne connaîtrait même pas le nom, des villes que relierait un fil ténu, par exemple leurs ponts, des villes qu’il ne regarderait jamais, des villes qu’il aimerait seulement quitter. »

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Comme un chef : Une autobiographie culinaire

Casterman BD - 2018

Entre 18 et 25 ans, la cuisine a tenu une place immense dans la vie de Benoît Peeters. Après un repas chez les Frères Troisgros à Roanne, alors le restaurant le plus célèbre de France, le jeune homme apprend la cuisine avec passion, en autodidacte. Quand il laisse tomber la préparation du concours de Normale Sup et que ses parents lui coupent les vivres, Benoît tente de devenir cuisinier à domicile ! Entre deux articles et un job dans une librairie, il s’essaie aux recettes les plus subtiles… et se confronte à la rudesse du réel.