Après le succès de son récit en Sibérie, Sylvain Tesson renoue avec un genre qu’il affectionne, la nouvelle. On retrouve dans ce nouvel opus les paysages et les situations exotiques propres à l’imaginaire de l’auteur. Ainsi, dans « L’Ermite », un ingénieur français se rend en bateau sur une plateforme pétrolière pour y travailler. Le capitaine du navire, un Russe, lui raconte l’histoire de Constantin le bienheureux, un saint qui s’est inspiré de la vie d’un ermite fameux, Seraphim de Sarov, pour vivre retiré du monde dans la foi. On apprend à la fin du récit que Constantin est désormais patient d’un hôpital psychiatrique… « L’Exil » raconte l’émigration d’Inta, jeune Nigérien qui tente de rejoindre l’Europe. Ses parents et lui ont économisé depuis cinq ans 5 000 dollars pour payer Youssef, un passeur algérien. Après bien des rebondissements, Inta finit par arriver en France où il devient laveur de carreaux… et regrette la douceur simple du Nigéria. Dans « L’Ennui », le lecteur rencontre Tatiana, qui vit avec sa mère à Stirjivoïe, ville champignon aux confins de la Sibérie où la température descend parfois à – 40° C. La jeune femme est diplômée de l’université, mais que faire de sa connaissance de la littérature française dans cette cité ouvrière ? Elle se prostitue et distrait ses clients en récitant des vers de Baudelaire. Un jour Tatiana part avec un Français qui l’installe au soleil de Saint Rémy de Provence, mais l’ennui la rattrape… Tous ces textes tirent leur force des personnages singuliers qu’ils révèlent, autant que des inflexions de vérité que l’on perçoit dans la manière d’écrire de Sylvain Tesson. Tout ici est plus ou moins directement inspiré d’une expérience vécue par l’auteur, puis ressaisi par la fécondité de son imagination et son talent de conteur toujours plus vigoureux et affuté.
De livre en livre, Sylvain Tesson creuse son sillon et impose une voie à part dans la littérature française.
Revue de presse
- "L’écriture est solide, souvent brillante, irriguée par de nombreuses lectures (Cioran, Dostoïevski...), portée par un art consommé de la chute, qui fait parfois songer au K de Buzzati" L’Express