ALMINO João

Brésil

26 mars 2014.
 

En signant un quintet de Brasília - cinq romans autour de la capitale brésilienne, l’écrivain João Almino dresse le portrait d’une ville "au croisement de plusieurs Brésil" et s’intéresse, à travers sa figure mythique, à l’ensemble de la société brésilienne, autant de destins particuliers dont Almino capte les voix qui affluent dans cette ville mythique et en restitue le souvenir dans un style incomparable et transparant.

Auteur d’essais philosophiques et littéraires, mais aussi spécialiste de philosophie politique, João Almino a été l’élève du philosophe Claude Lefort à Paris, où il a passé son doctorat, avant d’enseigner dans diverses universités, à Mexico, Stanford, Brasília ou encore Chicago. Il est aujourd’hui Consul Général du Brésil à Madrid.

Fasciné par la forte dimension symbolique de la future capitale, l’écrivain a donc fait de la région de Brasília le décor de ses romans. Cidade Livre (littéralement "Ville libre"), paru en 2010 au Brésil et en France en 2012 sous le nom de Hôtel Brasília, le dernier opus du quintet, raconte la création de Brasília entre 1956 et 1960, et l’espoir qu’elle a fait naître chez tous les Brésiliens, venus des quatre coins du pays à la recherche d’une vie meilleure. À cette utopie, l’auteur oppose la réalité contemporaine, la ségrégation sociale et la surpopulation dans les zones périurbaines... Formidable récit d’une (ou de) petite(s) histoire(s) dans la grande, qui fait le fil conducteur de tout le quintet. Et si l’auteur réfute l’appellation de « romancier de Brasília » qu’on tente souvent de lui donner (très peu d’écrivains en ont en effet fait le sujet de leur œuvre), c’est que son travail, dit-il, n’est justement pas celui d’en traduire de manière la plus fidèle les coutumes ou les réalités sociales à la manière des "régionalistes" qui ont cours au Brésil, mais d’explorer les destins particuliers et les sentiments de personnages parfois anodins, de montrer les rêves et les ambitions "d’une population montrée dans sa diversité, – des candangos (ainsi étaient appelés les ouvriers ayant construit la ville, majoritairement venus du Nordeste en quête d’un meilleur salaire) aux ingénieurs et urbanistes, en passant par des entrepreneurs peu scrupuleux, prospérant grâce aux mannes juteuses de cette cité surgie du néant." Or Brasília est une trame inépuisable d’espoirs, d’actions et de drames, et c’est ainsi que João Almino, plutôt que de se contenter d’une seule fiction, a bâti un quintet de romans, creusant ce sillon dès Ideias para passar o fim do mundo (publié en 1987), et clôturant le cycle par Cidade Livre.


En savoir plus :

Le site officiel de João Almino


Bibliographie :

Non-traduits :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Hôtel Brasília

Métailié - 2012

Une nouvelle capitale est en train de s’élever au centre du Brésil, toutes sortes de gens confluent vers ce nouvel espoir de travail et de vie. Le père du héros se donne pour mission de relater au jour le jour dans ses cahiers cette nouvelle vie en train d’éclore. Il vit à Cidade Livre, la Ville libre, appelée plus tard Nucleo Bandeirante, entre ville provisoire et bidonville, peuplée d’ouvriers, d’ingénieurs, de commerçants et de prostituées. Avec lui, il y a son jeune fils, le narrateur, et ses deux tantes adoptives, Matilde et Francisca, sources d’étonnements et d’émois.
Ce récit de la construction de Brasília entre 1956 et 1960 mêle les espoirs et les exploits, les constructeurs de la ville, les visiteurs célèbres ou non, les bâtisseurs de société et les rêveurs des sectes qui s’assemblent dans le désert du planalto brésilien.

Au moment où il croit lire un reportage sur une utopie réalisée le lecteur tombe dans les rets du romancier et dans ce tourbillon vertigineux qu’est la subjectivité. Il se perd sur les traces de Valdivino, le paysan du Nordest, et de son mystérieux grand amour, la prophétesse Iris Quelemém qui règne sur le jardin du Salut. Il suit les courses du jeune garçon fasciné par la cycliste aux tresses brunes, l’épopée de l’ouverture de la route Brasilia Belem, les amours clandestines du père, les spéculations financières et les dettes qui le jetteront dans la prison où va le voir son fils adulte pour comprendre ses secrets. João Almino capte les voix qui affluent vers cette ville mythique et les restitue dans un incomparable style transparent à l’image de la lumière de Brasília.


Revue de presse