Le dîner de Jeanne

Écrit par Coline Girard, incipit 2, en 4eme au Collège Sévigné Saint Louis à Issoire (63). Publié en l’état.

28 mai 2014.
 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespéré, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre. Plusieurs abus firent leur apparition pendant ce court mais très dangereux trajet. Jeanne, la jeune mère, pensait à son mari.
En effet, ce dernier était parti à la guerre, et elle n’avait aucune nouvelle depuis bientôt deux mois. Une légère pression de sa fille la ramena à ce qui la préoccupait. Était-ce réel ? Elle ne savait plus, mais la vue de son enfant lui redonnait courage.
Plusieurs voisins eurent l’air choqué en les apercevant. Mais personne ne leur portait énormément d’attention, ils étaient tous bien trop effrayés pour cela, trop occupés à se soucier de leur vie, de leur maison. Tout dans ce lieu était désagréable : l’odeur de souffre nauséabonde qui faisait suffoquer l’enfant, le bruit infernal, les nuages opaques de poussière, la vision d’horreur qu’offrait les cadavres, le peu de lumière que le ciel chargé et sombre laissait transpercer.
Elles évitaient les cadavres, escaladaient les gravats, elles y étaient presque. La mère prit son enfant dans ses bras afin de le protéger. Elles étaient à moins de quinze mètres, maintenant, de la poupée. Jeanne l’apercevait, et sa fille aussi. La petite sourit, heureuse à l’idée de retrouver sa poupée. Cette mère courage sentit l’excitation de son enfant, et elle sourit. Elle reposa l’enfant qui lui tenait toujours la main tandis que, de l’autre, la petite attrapait sa poupée de chiffon, sa poupée chérie, compagne de chaque instant, témoin de toute son enfance. Puis elle trouva la tête vers sa mère, qui lui sourit.
« On retourne à la maison, maintenant, demanda-t-elle doucement.