Villes-miroirs

18 juin 2014.
 

Avec : Mohamed Al-Fakharany, Dominique Sigaud, Célia Lévi et Murong Xuecun
Animé par : Willy Persello

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La traversée du K.-O.

Seuil - 2014

Pour ce roman coup-de-poing paru au Caire en 2007, Mohamed al-Fakharany a été salué tant par ses aînés (Gamal Ghitany, Mohammed Berrada…) que par ses pairs de la jeune génération – Ahmed al-Aïdy, par exemple, le désignait comme le meilleur roman égyptien de la dernière décennie. Mais il a aussi choqué, notamment en raison du langage très cru avec lequel il rend compte du phénomène de l’extrême pauvreté. Ce récit d’une grande inventivité formelle plonge le lecteur dans les rêves et les désillusions des habitants d’un bidonville situé en périphérie du Caire, dans les rituels de la violence, dans les petites stratégies de survie et dans la rage des corps. Le réalisme brutal, traversé par nombre de fulgurations fantastiques et de questionnements d’ordre métaphysique, avec lequel Mohamed al-Fakharany décrit ce monde, donne toute sa force au texte.

Un roman à la fois prémonitoire des événements récents en Égypte et plus que jamais d’actualité.


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Partir, Calcutta

Verdier - 2014

“Il y a dans ce que je suis, comme elle, Calcutta, des palais à l’abandon. C’est le début, il n’y en a pas d’autre. Quelque chose s’est résumé dans cette phrase. Je ne l’ai pas inventée”
Telle est l’impression d’étrange déflagration qui va donner lieu au récit de ce séjour solitaire de la narratrice dans Calcutta, arpentant la ville comme on marcherait au-dedans de soi, assistant à son propre retournement.
Elle ignore à son arrivée la place que prendra la voix de Marguerite Duras, résonnants avec ce désir d’ailleurs et de partir qui ne saurait se trouver que là, dans cet entrelacs de rues, de gens, dans le flux impassible du Gange ou des palais délabrés.
Désir de ce temps de suspens, qui seul permet une véritable disponibilité au monde et une attention à tous les mouvements fugitifs en soi.
Cette parole risquée, tendue, dense, mais aussi ténue et fragile, se tient à la hauteur du défi que se donne l’écriture : “ non pas fixer mais soulever, maintenir la suspension, ne pas décrire mais écrire.”

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Danse dans la poussière rouge

Gallimard - 2013

Danse dans la poussière rouge relate la descente aux enfers d’un avocat prêt à tout pour faire fortune. Parue en 2008, cette fable sur la corruption des milieux judiciaires dépeint la vie de Wei Da, fils de paysan devenu juriste en soudoyant collègues et supérieurs. La poussière rouge, c’est notre monde ici-bas, un monde peu reluisant dans lequel le jeune héros, né pendant la Révolution culturelle, navigue avec habileté et sans état d’âme, mais avec une grande lucidité. Pour lui, les sentiments n’existent pas ; l’égoïsme et l’intérêt gouvernent le monde, et le mensonge est partout. Il s’honore d’être une parfaite crapule qui ne recule devant aucune magouille ni aucun coup fourré pour s’enrichir ou satisfaire ses vengeances. Trafic d’influence, détournement de fonds, blanchiment d’argent, prostitution font son quotidien. Il ira même jusqu’à tenter de faire tuer une petite amie devenue gênante ou de faire arrêter pour proxénétisme l’ancien amant de sa femme. Il porte sur toute chose un regard cynique : amitié, amour, tout n’est que commerce. Son épouse, sa maîtresse, sa secrétaire, pas une qui n’en veuille à son argent. Dans cette désespérance absolue, ni salut ni rédemption. Seule une lueur d’humanité semble éclairer la fin du roman. Incarcéré, condamné à mort, Wei Da découvre l’amour au moment d’être exécuté.


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Dix yuans un kilo de concombres

Tristram - 2014

L’histoire se déroule dans ces faubourgs miséreux du Shanghaï contemporain, où les habitants vivent dans la peur d’être expulsés de leurs immeubles délabrés, voués à être rasés par les promoteurs. C’est la Chine de la croissance à deux chiffres, vécue du côté de ceux qui aimeraient croire au miracle économique, mais n’en seront jamais que les laissés pour compte.
Le personnage principal, Xiao Fei, est un jeune homme vivant avec ses deux soeurs et sa vieille mère dans l’un de ces logements insalubres. Ecartelé entre ses aspirations au savoir et à l’étude, et son rêve d’une vie meilleure, il subit passivement la destruction du monde ancien. Jusqu’à être repoussé avec sa famille dans une zone de baraquements, hors des limites de la ville qui se métamorphose à vue d’oeil…
Nourri de descriptions extrêmement sensibles, empreint d’une sorte de torpeur, alternant rêverie et réalisme froid, ce roman montre la Chine d’aujourd’hui telle qu’elle est vraiment – loin des clichés, de toute propagande et simplification.


Revue de presse :