Rêveurs de confins

19 juin 2014.
 

Avec : Isabelle Autissier, Guillaume Staelens, Philippe Grenier
Animé par : Josiane Guéguen

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le naufrage de Venise

Stock - 2022

Venise la belle, Venise la superlative, ses accumulations de palais, de places, de canaux, d’églises et de raffinements divers, n’a pas résisté. Une vague, une seule, gigantesque et mortifère, a suffi à l’engloutir tout entière et à réduire sa magnificence à néant. Le système MOSE (Moïse), savante et impérieuse combinaison de soixante-dix-huit écluses installées à grands frais et supposées – comme le prophète – apprivoiser les eaux capricieuses de la lagune, a bel et bien failli. La ville est détruite, les victimes innombrables. Noyée la Sérénissime ! Submergée la Cité des masques !
Avant ce cataclysme tant redouté, la famille Malegatti se déchire depuis longtemps face à la menace. Guido, le père, entrepreneur sorti du rang et conseiller aux affaires économiques de la ville, ne jure que par le tourisme de masse et le MOSE tutélaire. Maria Alba, son épouse, descendante des Dandolo de Cantello, a contre elle, comme la Venise qu’elle vénère, de se satisfaire de ses habitudes de belle endormie. Léa, leur fille, a 17 ans seulement mais des dispositions de boutefeu et des inclinaisons de Lolita pas forcément innocentes mais résolument militantes.

Au gré d’un roman haletant, Isabelle Autissier a choisi ces trois guides si particuliers pour rapporter les charmes et les outrances d’une Babel en sursis. Et fait siennes leurs convictions et leurs contradictions pour anticiper un désastre environnemental on ne peut plus réaliste. Conteuse hors pair doublée d’une conscience écologique éclairée, l’ex-navigatrice conduit cette fable à sa guise jusqu’à la transformer en un cauchemar entêtant.


 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Itinéraire d’un poète apache

Viviane Hamy - 2014

Élevé par une mère indienne, marqué par la désertion de son père – lui-même fils d’un richissime avionneur WASP –, Nicolas Stanley ne se sent nulle part à sa place. Élève brillant, il rejette violemment son milieu et l’école où il se sent à l’étroit. Il dévore Poe, Melville, Thoreau, Stephen King, s’abreuve aux comics, au rock, au cinéma, dessine sans trêve. Avide des autres et de l’inconnu, il multiplie les fugues. Dans un café du quartier branché de Seattle, il croise une artiste d’origine vietnamienne, homosexuelle et de dix ans son aînée, à qui il ose montrer son travail. Elle lui ouvre les portes de l’art alternatif, du grunge, de la révolte. L’amour fou, qu’ils découvrent ensemble, sera le territoire de leur liberté. Mais l’innocence de l’un et les déchirements de l’autre les font dériver vers les limbes des drogues et de l’alcool. Nick, pourtant, récuse cette autodestruction. Il quitte Pearl-Janis.



Revenu dans le giron maternel, il rejoint la fac, s’immerge dans ses études d’anthropologie, comme un hommage à ses ancêtres Nez-Percés. Mais sa soif des confins lui fait suivre l’appel d’une sirène québécoise, aussi rousse que Tori Amos. Il part vers le Nord et ses Inuits. Vancouver, Montréal, le Yukon, les aurores boréales, la dèche, les désillusions, la déception. Dessins plus noir que blanc, musique des abysses. 



Sa première proposition de travail lui offre l’apprentissage des terres du Sud. En quête perpétuelle de ses origines, le poète métis dessine toujours, inscrit ses marques dans la Latina, traverse l’Argentine – en rêvant de La Patagonie –, le Mexique, l’Uruguay, le Brésil, où il rencontre Mariam, avec qui il fera un enfant. Serait-ce la sérénité tant recherchée ? 



Mais la fureur du monde et ses démons le rattrapent. Jusqu’où devra-t-il aller pour assouvir son désir de vivre, enfin, ses désirs de connaissance et de renaissance ? Quels murs doit-il abattre pour être en accord avec ses convictions ? 



Fasciné depuis l’adolescence par la quête rimbaldienne, Guillaume Staelens a réussi un véritable tour de force. Littéralement habité par les trente-sept années de vie d’Arthur Rimbaud, il les a, longtemps, développées comme une série de photos. Puis – à partir des multiples négatifs – il les a fait endosser à son anti-héros pour les inscrire dans l’histoire de la fin du XXe siècle et de la première décennie du XXIe. 



Nick Stanley est le miroir de toutes les aspirations d’une génération – celle née dans les années 1970 – qui s’échouent sur les sables mouvants de la consommation à outrance, jusqu’à celle de l’être humain soi-même. Au rythme des musiques, des courants artistiques, des bouleversements politiques, économiques, sociaux et sociétaux, le lecteur suit la trajectoire d’un poète apache, traversant au galop une Amérique déstabilisée, à la victoire en berne, et qui s’est coupée de ses racines.