MEYER Philipp

États-Unis

8 mars 2015.
 

La légende d’un Ouest construit et dominé par des héros solitaires n’est qu’un mythe : dans la réalité, ce fut le contraire.

© Denis Félix

L’auteur Philipp Meyer redessine dans ses livres les contours du rêve américain, avec lucidité, réalisme et parfois une touche de cynisme, sans céder aux clichés habituels sur le sujet.

Tout comme les personnages qu’il imagine, cet écrivain américain a un parcours atypique : né à New York en 1974, il quitte l’école à 16 ans, et travaille en tant que réparateur de vélos. Il finit par reprendre les études à l’université Cornell, avec pour objectif de devenir écrivain. Après plusieurs années en tant que trader à la banque UBS (une expérience qu’il qualifie de “soul-crushing”, dévastatrice) il s’adonne enfin à l’écriture.

Ses deux romans American Rust (2009) et The Son (2013) puisent leurs inspirations dans les écrits de Woolf, Hemingway, Joyce, ou encore de Faulkner. Ils ont très vite été acclamés par les critiques et le public outre-Atlantique : Meyer a ainsi obtenu en 2010 la prestigieuse bourse Guggenheim, et The Son était finaliste au Prix Pulitzer de la fiction en 2014.

En trame de fond de ses deux œuvres, Meyer présente au lecteur une histoire américaine qui ne se berce plus d’illusions : dans ses récits, l’American Dream a aussi sa part sombre, que ce soit à travers la conquête des territoires indiens, les “Bandit Wars” au Texas, les chocs pétroliers ou encore la crise économique actuelle. Surtout, l’auteur parvient à incarner cette histoire collective dans des trajectoires individuelles profondément humaines. Au milieu de décors désolés et d’époques incertaines, les personnages de Meyer recréent un tableau nuancé de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le Fils

Albin Michel - 2014

Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel.
Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de l’Ouest avant de s’engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire, devenant, sous le nom de « Colonel », un personnage de légende.
À la fois écrasé par son père et révolté par l’ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.
Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’oeuvre de son arrière-grand-père.
Il est difficile de résumer un tel livre. Porté par un souffle hors du commun, Le Fils est à la fois une réflexion sur la condition humaine et le sens de l’Histoire, et une exploration fascinante de la part d’ombre du rêve américain.
« Meyer est un impressionnant et remarquable conteur, de ceux qui vous font tourner les pages sans même que vous vous en rendiez compte. » Richard Ford

Traduit de l’anglais par Sarah Gurcel


Revue de presse

Meyer instille un poison violent dans les clichés (le mythe du « lonesome cowboy », le culte de la réussite, la victoire des bons sur les méchants), met en relief l’instinct guerrier de l’homme, qui génération après génération, s’adonne au vol, au meurtre et à l’autodestruction. Conteur magistral, l’écrivain est surtout un moraliste.
https://www.lesechos.fr/25/08/2014/LesEchos/21756-031-ECH_le---wild-west-show---de-philipp-meyer.htm#8fu1EMZJwzFso5IR.99

L’objectif de Meyer n’est pas ici de condamner cette violence, de prendre le parti des uns ou des autres ou de relire l’histoire avec notre bonne conscience de citoyens du 21e siècle, mais bien de donner à voir et à ressentir la dimension profondément romanesque d’une époque centrale dans l’histoire de son pays. Il le fait avec brio, dans un western cruel et flamboyant, qui déconstruit le mythe de la conquête de l’ouest imposé par Hollywood pour ancrer son récit dans une époque qu’il saisit avec subtilité, sans que ni rien ni personne ne soit jamais tout noir ou tout blanc.
https://toutelaculture.com/livres/fictions/le-fils-de-philipp-meyer-magnifique-portrait-dune-amerique-disparue/

https://www.franceinter.fr/emission-lhumeur-vagabonde-philipp-meyer