DEL ÁRBOL Víctor

8 mars 2015.
 
©Victor-Del-Àrbo

Ancien policier de Catalogne (Mossos d’esquadra), Victor Del Árbol est un passionné d’histoire reconverti dans l’écriture de roman noir. Il s’inspire de son expérience dans la police pour ses intrigues, mais c’est principalement sur l’Histoire que cet ancien fonctionnaire de l’ordre fonde ses intrigues. Des dictatures (Franco et Pinochet) en passant par les guerres (Algérie, Russie), il analyse les impacts de ces événements violents tant sur la société que sur les individus. Bien qu’affilié au roman noir, il se distingue par une écriture glaçante de noirceur qui dépasse largement les codes du thriller. Ainsi, les secrets du passé historique et intime sont enfouis dans des mauvaises consciences, chacun de ces personnages dissimule un secret et une part d’obscurité : l’innocent n’existe pas.

Après avoir entamé des études, non achevées, de droit, de théologie et d’histoire, il débute en 1992 sa carrière de policier dans la section d’aide aux victimes qu’il quittera après 20 ans de services pour s’adonner à sa passion, l’écriture. Il participe également au programme radio « Cataluña sin fronteras » en tant que speaker et rédacteur.

En 2003 et 2006, il publie deux romans non traduits en français El abismo de los sueños puis El peso de los muertos. Son troisième roman La tristesse du Samouraï en 2011, le premier traduit en français, rencontre un vif succès auprès du public et de la critique et obtient le Prix du Polar Européen décerné par le magazine Le Point en 2012. Il signe un roman noir ambitieux révélant la noirceur de l’Espagne franquiste dans la seconde moitié du XXe siècle. Le talent de Victor Del Árbol réside dans le fait qu’il a su construire ce thriller sur fond historique sans plonger le lecteur dans un labyrinthe chronologique. Par petites touches subtiles, l’auteur aborde ce sujet complexe qui n’a pas finit de faire frémir l’Espagne, si l’on se réfère à l’affaire du juge Baltasar Garzòn qui tentait d’éclaircir les disparitions survenues durant la sombre période du régime franquiste en 2012.
Paraît ensuite La maison des chagrins dont la noirceur s’intensifie au fur et à mesure de la lecture, Victor Del Árbol maîtrise et insère admirablement ce « quelque chose » de lent, de désespérant et de vertigineux à travers des récits multiples qui se croisent et qui se lient inextricablement au fil des chapitres pour finir en apothéose.

Dans son nouveau roman policier-historique Toutes les vagues de l’océan, il confirme son talent et déploie tout son son art pour mêler deux intrigues en parallèle. Le premier se dévéloppe autour d’un secret familial qu’un homme exhume en essayant d’élucider le mystère de la mort de sa sœur entre 2001 et 2002 ; tandis qu’il trace dans un second temps une fresque historique se déroulant entre 1933 et 1967, qui relate l’histoire d’un Asturien qui tente de sortir de l’Europe pour aller servir la cause communiste en Russie. Víctor del Árbol met en parallèle un épisode de l’histoire avec la situation politique actuelle de l’Espagne en proie à une crise sans précédent, tout en réalisant une dmirable fresque du XXe siècle, porteur de toutes les utopies et de toutes les abjections humaines, en même temps qu’un poignant hymne à l’amour paternel.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Toutes les vagues de l’océan

Actes Sud - 2015

Gonzalo Gil reçoit un message qui bouleverse son existence : sa soeur, de qui il est sans nouvelles depuis de nombreuses années, a mis fin à ses jours dans des circonstances tragiques. Et la police la soupçonne d’avoir auparavant assassiné un mafieux russe pour venger la mort de son jeune fils. Ce qui ne semble alors qu’ un sombre règlement de comptes ouvre une voie tortueuse sur les secrets de l’histoire familiale et de la figure mythique du père, nimbée de non-dits et de silences.
Cet homme idéaliste, parti servir la révolution dans la Russie stalinienne, a connu dans l’enfer de Nazino l’incarnation du mal absolu, avec l’implacable Igor, et de l’amour fou avec l’incandescente Irina. La violence des sentiments qui se font jour dans cette maudite “île aux cannibales” marque à jamais le destin des trois protagonistes et celui de leurs descendants. Révolution communiste, guerre civile espagnole, Seconde Guerre mondiale, c’est toujours du côté de la résistance, de la probité, de l’abnégation que ce parangon de vertu, mort à la fleur de l’âge, a traversé le siècle dernier. Sur fond de pression immobilière et de mafia russe, l’enquête qui s’ouvre aujourd’hui à Barcelone rebat les cartes du passé. La chance tant attendue, pour Gonzalo, d’ébranler la statue du commandeur, de connaître l’homme pour pouvoir enfin aimer le père.
Toutes les vagues de l’océan déferlent dans cette admirable fresque d’un xxe siècle dantesque porteur de toutes les utopies et de toutes les abjections humaines.

Traduit de l’espagnol par Claude Belton


Revue de presse

Víctor Del Arbol est aussi cette Matriochka, magnifique architecte qui tient les pièces du puzzle, place quel­ques scènes d’une grande puissance symbolique, sans jamais oublier la force charnelle. Au fil des six cents pages extrêmement denses, de cette navigation entre le passé et le présent, l’écrivain ne néglige jamais ses personnages, ni son lecteur, qu’il sollicite en permanence, lui demandant de reconstruire avec lui le visage de la passion et de la douleur, l’idéalisme des uns et l’utopie des autres.
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