APPANAH Natacha

9 mars 2015.
 
©-Hélie-Gallimard

Récompensée par de nombreux prix littéraires, Natacha Appanah, journaliste et écrivaine, fait partie des figures emblématiques de la littérature mauricienne en France. Son écriture, comme chez d’autres écrivains mauriciens de sa génération, est toute en sobriété, sans recours aux exotismes bon marché et encore moins au pittoresque. Quant aux sujets, ils évoquent certes l’Inde, l’île Maurice, ou la femme, sans pour autant s’inscrire dans une littérature engagée et encore moins dans un discours de revendication identitaire.

Né en 1973 à l’île Maurice, elle découvre très jeune les grands auteurs tel Proust et Joyce, mais la découverte d’Albert Camus marque un tournant dans sa vie : écrire en français et non en créole lui apparaît comme une évidence. À 17 ans, elle remporte le premier prix d’un concours de nouvelles lancé par le quotidien francophone L’Express où elle collaborera de façon prolifique à la page littéraire. Par la suite, elle écrira des articles pour les quotidiens locaux Le Mauricien et Week-End scope.

En 1998, Natacha Appanah part en France pour continuer ses études et sa carrière de journaliste dans la presse écrite : GÉO magazine, Air France mag, Viva magazine et à la radio : Suisse Romande, RFI, France Culture. La distance et le sentiment d’exil l’incitent à écrire son premier roman Le rocher de poudre d’or en 2003 qui retrace le parcours douloureux des Indiens venus travailler sous contrat, dans les plantations de cannes à sucre, pour remplacer les esclaves à l’île Maurice. L’élégance de son écriture reçoit un accueil enthousiaste, ce qui lui vaut le Prix RFO du livre d’Outre-Mer et un "Coup de coeur" remarqué dans le cadre de l’émission de TF1 Vol de Nuit animé par Patrick Poivre d’Arvor.

Natacha Appanah, descendante d’Indiens engagés, a été présentée dès la sortie de son premier roman, comme une « écrivaine engagée » qui écrit des « romans historiques ». Elle rejette très vite, et avec virulence, cette étiquette si souvent attribuée aux écrivains francophones pour se définir comme une écrivaine libre qui insère un grand part d’imaginaire dans ses œuvres sans inclure de revendications identitaires, qui selon elle « enferment et opposent les individus aux autres communautés ».
Elle s’empresse alors de se pencher sur divers thèmes dans des espaces différents. Ainsi, dans Blue Bay Palace, son deuxième roman, elle donne à voir la problématique des castes chez les indiens en contant une histoire d’amour entre deux jeunes Indiens séparés par leurs positions sociales. Dans son troisième livre, La noce d’Anna, elle traite de la relation mère-fille et de l’exil. Son quatrième roman, Le dernier frère quant à lui, relate un événement historique méconnu de l’histoire mauricienne : le débarquement en 1940 d’un navire avec à son bord 1500 Juifs refoulés de Palestine qui resteront emprisonnés jusqu’en août 1945. Dans une langue magnifique et simple, Natacha Appanah rend un discret hommage, empreint de sincérité aux Juifs déportés.
Les personnages de ses romans se distinguent toujours par la force de leur volonté, leur courage et leur implication dans la vie, chacun consumant chaque seconde de son malheur avec une telle intensité qu’il ne renonce jamais.

Refusant toujours les étiquettes et cherchant la liberté, Natacha Appanah déroule aujourd’hui, avec sa plume raffinée et poétique, l’histoire, en France, d’un couple mixte qui n’arrive pas à s’affranchir de l’héritage familial et dont le destin va basculer à la suite d’une rencontre fortuite. En attendant demain propose une réflexion sur les difficultés d’allier les classes sociales et les origines diverses sans perdre son identité dans l’espace clôt qu’est le couple.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

En attendant demain

Gallimard - 2015

« Adam est debout, le visage collé à la petite fenêtre, les deux mains accrochées aux barreaux. Tout à l’heure, quand il a grimpé sur sa table pour atteindre l’ouverture, il s’est souvenu que les fenêtres en hauteur s’appellent des jours de souffrance. Adam attend l’aube, comme il attend sa sortie depuis quatre ans, cinq mois et treize jours. Il n’a pas dormi cette nuit, il a pensé à Anita, à Adèle, à toutes ces promesses non tenues, à ces dizaines de petites lâchetés qu’on sème derrière soi... »
Adam et Anita rêvaient de vivre de leur art – la peinture, l’écriture. Ils pensaient accomplir quelque chose d’unique, se forger un destin. Mais le quotidien, lentement, a délité leurs rêves jusqu’à ce qu’ils rencontrent Adèle qui rallume un feu dangereux.
En attendant demain est un roman qui raconte la jeunesse, la flamme puis la banalité, les mensonges et la folie d’un couple.


Revue de presse