Tout savoir sur le Prix Nicolas Bouvier
15 janvier 2024.
L’Usage du monde, Le Poisson-scorpion, Chroniques japonaises, Le Journal d’Aran et d’autres lieux, Le Dehors et le Dedans : autant de livres qui auront illuminé et continuent d’illuminer leurs lecteurs, d’une écriture si fine, si légère, si émerveillée, qu’il nous semble toucher à travers elle au grain même du monde.
Ecrivain-voyageur — appellation qu’il revendiquait hautement — et le plus grand du XXe siècle, assurément, Nicolas Bouvier (1929-1998) aura fortement marqué l’histoire du festival Étonnants Voyageurs, qu’il tenait pour « son » festival, auquel il participa activement, et dont il ne manqua aucune édition. En 2007, à l’initiative de l’association Étonnants Voyageurs, ses amis écrivains, autour d’Éliane Bouvier sa femme, ont décidé de créer un prix littéraire, portant son nom, qui distingue chaque année un texte de grande exigence littéraire, français ou étranger (à la condition d’être traduit) prolongeant l’esprit de son œuvre.
Doté d’une bourse de 5000 euros, le Prix Nicolas Bouvier est décerné tous les ans pendant le festival Étonnants Voyageurs. Il couronne l’auteur d’un récit, d’un roman, de nouvelles, dont le style est soutenu par les envies de l’ailleurs, à la rencontre du monde. Le Prix Nicolas Bouvier est soutenu par Manuel et Thomas Bouvier.
Le jury du Prix est présidé par Pascal Dibie et composé de : Alain Dugrand (secrétariat du Prix), Jean-Louis Gouraud, Christine Jordis, Björn Larsson, Tiffany Tavernier et Clara Arnaud.
Gilles Lapouge l’a accompagné durant 13 ans.
Depuis sa création, le Prix Nicolas Bouvier a salué :
2023 - François-Henri Désérable, L’Usure d’un monde (Éditions Gallimard, 2023)
2022 - Emilio Sánchez Mediavilla, Une datcha dans le Golfe (Editions Métailié, traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse)
2020 - Kapka Kassabova, Lisière, Voyage aux confins de l’Europe (Editions Marchialy, traduit de l’anglais - Écosse - par Morgane Saysana)
2019 - Emmanuel RUBEN, Sur la route du Danube (Payot et Rivages, 2019)
2018 - Andrzej STASIUK, L’Est (Actes Sud, 2018)
2017 - Jean-Louis Gouraud, Petite géographie amoureuse du cheval (Belin, 2017)
2016 - Catherine Poulain, Le Grand Marin (L’Olivier)
2015 - Paolo Rumiz, Le Phare, voyage immobile (Hoëbeke)
2014 - Benny Ziffer, Entre nous, les Levantins (Actes Sud)
2013 - Bernard Bonnelle, Aux belles abyssines (La Table Ronde, 2013)
2012 - John Vaillant, Le Tigre. Une histoire de survie dans la taïga (traduit de l’anglais par Valérie Dariot) (Editions Noir Sur Blanc, 2012)
2011 - Aude Seigne, Chroniques de l’Occident nomade (Editions Paulette, 2011)
2010 - Colin Thubron, En Sibérie (Hoëbeke, 2010)
2009 - Lieve Joris, Les hauts-plateaux (Actes Sud, 2009)
2008 - Blaise Hofman, Estive (Zoé éditions, 2008)
2007 - David Fauquemberg, Nullarbor (Hoëbeke, 2007)
Pour toute correspondance ou proposition d’ouvrages, contactez Gaëlle Guiho qui a en charge les relations éditeurs pour le Prix Nicolas Bouvier.
Nous rappelons que les propositions d’ouvrage ne peuvent pas émaner des auteurs eux-mêmes mais doivent obligatoirement passer par leurs éditeurs.
Association Etonnants Voyageurs - Prix Nicolas Bouvier
Gaëlle Guiho
24, avenue des Français Libres
35000 Rennes
Tél. 02 99 31 36 47 - gaelle.guiho@etonnants-voyageurs.com
- Règlement du Prix Nicolas Bouvier
Le site du photographe Ulf Andersen, qui signe ce beau portrait de Nicolas Bouvier sur la plage de Saint-Malo.
DERNIER OUVRAGE
Essais
California Dream - Voyage chez les rêveurs d’avenir
Anne-Marie Métailié - 2023
L’auteur, un jeune ethnologue, est envoyé à Berkeley dans les années 1980 pour enquêter sur l’“écologie humaine”.
À la suite de Henry David Thoreau et de Henry Miller, il vit dans une communauté de Big Sur des aventures tendres et cocasses que le regard aigu de l’ethnologue et son écriture curieuse et amusée transforment en une sorte de fable écologique.
On se laisse emporter avec bonheur par cette relecture de nous-mêmes où l’on retrouve à la fois nos inquiétudes, notre modernité et nos espoirs. Sortant de cet ouvrage éminemment humain et politique, on se demande surtout pourquoi on n’a pas écouté ni pris au sérieux ces “rêveurs d’avenir” qui, il y a quarante ans de cela, nous avertissaient déjà de l’état catastrophique dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
Un récit candide et vif sur un essai de construction d’un monde plus vivable et respectueux de la nature, un texte en résonance avec les débats actuels.
- « Au moment où l’on termine ce récit de voyage très personnel, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : « et si nous avions davantage écouté ces "rêveurs d’avenir" ? » Riche par la multitude des sujets abordés, ce texte nous offre l’occasion de nous questionner tout en voyageant dans le temps et dans l’espace avec Henry David Thoreau et Henry Miller comme compagnons ! » Page des libraires
- « California Dream vous emporte d’abord par sons style, son regard amusé et tendre, cette manière de raconter plus proche d’Henry Miller que des titulaires de chaires à Berkeley. Mais ce professeur émérite n’oublie pas qu’il est aussi l’importance des détails qui font sens. il traite donc les hippies californiens comme les indiens yukunas en Amazonie ou les éleveurs de rennes du Grand Nord, avec le même respect et la même méthodologie. » Livres Hebdo
- « On ne sait pas si elle est bleue, et pas davantage si elle est adossée à une colline. Nous ne sommes pas à San Francisco, mais à Berkeley, juste de l’autre côté du Bay Bridge. Mais comme dans la chanson de Maxime Leforestier, on y vient à pied, on ne frappe pas, les colocataires du 54 Rigg Street, se retrouvent ensemble et viennent s’asseoir pour un repas et plus souvent une bière (chacun à son étage individuel dans le double frigidaire, seul le stock de bières est commun). » L’Alsace
- « California Dream,Voyage chez les rêveurs d’avenir est le récit de sa découverte de cette écologie en devenir - et qui, donc,le restera. Entre cam pus de Santa Cruz, canyon de Palo Colorado et Big Sur, l’auteur va rencontrer babas et gourous. » DNA
DERNIER OUVRAGE
Récit
Conrad : La vie à la mer
La Table Ronde - 2014
Fin 1874, un orphelin de seize ans débarque à Marseille, résolu à devenir marin. Grâce à une lettre de recommandation, il prend très vite la mer à bord du Mont-Blanc, un trois-mâts barque de la compagnie Delestang et fils. Quatre années durant, Marseille demeurera son port d’attache. Né russe dans l’Ukraine colonisée, c’est en France que le futur Joseph Conrad achève son adolescence et entre dans l’âge adulte.
Alors que ses biographes polonais ou anglo-saxons ont négligé les années françaises, Alain Dugrand revient à la source. Son équipée sur les pas de l’écrivain part du Vieux-Port et du golfe d’Hyères pour se poursuivre à
Singapour et au Congo. Une évocation au grand large.
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Autres
Petite géographie amoureuse du cheval
Belin - 2017
L’Afrique et l’Asie, l’Orient et l’Occident : chaque continent, chaque région du monde a donné naissance à des cultures équestres dont on découvrira ici l’incroyable richesse.
Dans cet ouvrage, Jean-Louis Gouraud décrit à sa façon inimitable, à la fois sérieuse et joyeuse, souvent insolite mais toujours méticuleusement exacte, l’indépendance qui existe entre les hommes et les chevaux dans tous les pays du monde.
« Dis-moi comment tu traites les chevaux, comment tu les élèves, comment tu les montes ; je te dirai qui tu es » : telle pourrait être la proposition qui sous-tend cette Petite Géographie amoureuse du cheval.
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Récit
Le nuage fou
L’Observatoire - 2023
Au XVe siècle, dans le Japon médiéval, Kotaro et Hikojiro, deux intouchables, grandissent avec un seul rêve : intégrer l’escadron des jardiniers du shogun et marcher dans les pas de leur modèle, le grand moine zen, Ikkyu Sojun. Les frasques et provocations de ce moine rebelle marquent l’époque autant que ses prodigieux talents. Tout enfant, il est arraché à sa mère, suit l’enseignement rigide des monastères et connaît enfin l’éveil, lors d’une promenade méditative, lorsqu’il entend le « chant du corbeau ». Suivent trente ans d’errance. Refusant les titres et les honneurs, cet électron libre poursuit son zen à lui, passe du temple au bordel, tombe sur le tard follement amoureux d’une chanteuse aveugle, écrit de sublimes poètes érotiques qu’il jette au vent… À si bonne école, comment les deux parias parviendront-ils à sortir de leur misère ?
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Romans
En vérité, Alice
Sabine Wespieser Éditeur - 2024
Aux urgences, Alice se reproche de s’être abîmé le bras en tombant dans la cuisine. Elle aurait dû reculer vers le tapis du salon… Et, quand la médecin lui demande devant qui, devant quoi elle a battu en retraite, la jeune femme esquive. Le diagnostic la désespère : trois semaines avec une atèle, alors qu’ils déménagent à Paris. Et son homme qui ne dort plus, il a tant de problèmes, ils s’aiment si fort. Personne ne la comprend, ni cette praticienne suspicieuse, ni ses amis, ni sa mère, convaincue qu’il finira par la tuer.
Comme souvent dans les romans excellents, tout est dit dès la première scène : reste à savoir si, et comment, Alice parviendra à fuir cette emprise. Mené tambour battant, ponctué de trouées de lumière, même dans les scènes les plus sombres, ce livre nous conduit sur des chemins absolument inattendus : sommée par le monstre avec qui elle vit de trouver du travail, Alice, qui a interrompu ses études de droit quand elle l’a rencontré́ cinq ans auparavant, n’a guère de possibilités. Vendeuse ou serveuse, c’est hors de question pour celui qui la veut toute à lui. La chance lui sourit dans l’église du quartier où, totalement athée pourtant, elle se réfugie lors de ses rares moments de répit. Elle y avise une mystérieuse petite annonce : « L’association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le Promotorat des causes des saints. »
À sa grande surprise, l’évêque responsable la recrute à l’issue d’un bref entretien, trop heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un d’apparemment censé – plutôt que les illuminés qui briguaient le poste – pour remettre de l’ordre dans les dossiers délaissés par son prédécesseur. La voilà embarquée, et nous avec elle, dans un univers dont elle ignore tout : il s’agit, comprend-t-elle, d’instruire des candidatures à la canonisation, première étape d’une interminable procédure qui bien sûr doit s’achever à Rome, si elle n’est pas interrompue avant, tant les conditions suspensives sont nombreuses et complexes.
Tout semble jouer en défaveur d’Alice : elle souffre d’une timidité maladive depuis son arrivée à Paris, à l’âge de dix ans, vécue comme l’enfouissement sous une chape de plomb après une enfance radieuse au Guatemala ; son compagnon, excédé de ne plus l’avoir à son entière disposition, lui fait subir un harcèlement constant ; et elle a évidemment bien du mal à comprendre ce que l’on attend d’elle.
Malgré tout, aidée par des prélats et des collègues d’une bienveillance sans limites, elle parvient à se familiariser avec les documents dont elle a la charge, découvrant à leur lecture les destinées extraordinaires de ces « Serviteurs de Dieu », « Vénérables » ou « Bienheureux » qu’il s’agit d’évaluer et dont Tiffany Tavernier ponctue son récit, illuminant dans le même mouvement son texte et le quotidien de sa protagoniste.
À la faveur d’extraordinaires rebondissements, la puissante romancière invite le monde extérieur dans la bulle de déni où s’est réfugiée Alice, l’autorisant à se frayer un chemin vers sa propre vérité. Ce n’est pas là la moindre surprise du formidable portrait de femme qu’elle nous offre, fidèle à sa compassion pour les âmes tourmentées dont elle sait voir la clarté.
- « De la vie des futurs saints parisiens et de l’existence douloureuse d’une femme à bout de souffle, Tiffany Tavernier parvient à faire un roman dense, haletant. Un tour de force quand elle tisse la vie édifiante des bienheureux, la violence d’une emprise conjugale. Deux angles qui se rejoignent pourtant, avec la question impérative qui traverse le livre : quel sens peut avoir le sacrifice de soi-même ? Jusqu’où peut mener l’amour ? » La Croix
- « C’est un peu Kafka à l’Église. La pesanteur de procédures administratives au cœur du religieux. Dans son nouveau roman, Tiffany Tavernier nous plonge dans un monde méconnu, celui des bureaux chargés d’instruire les candidatures à la canonisation. » La Tribune
- « Un très très beau roman, Tiffany Tavernier est une brillante romancière qui nous livre un roman haletant et extrêmement bien documenté » France 2
- « Tiffany Tavernier, remarquée pour Roissy (Sabine Wespieser éditeur) analyse la dépendance à l’égard d’un homme violent et le déni, parallèlement à la découverte d’un monde catholique bienveillant. Sa fascination pour le processus visant à instruire une candidature à la canonisation aboutit à une documentation formidable qui réjouira ceux qui s’interrogent. » Le Pèlerin
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le choix de Martin Brenner
Grasset - 2020
À la mort de sa mère Maria, Martin Brenner ressent certes de la douleur mais s’interroge aussi : il ne s’est jamais vraiment senti très proche d’elle. Il procède à la dispersion des cendres en suivant ses dernières volontés, met sa maison en vente, puis il compte reprendre le cours de sa vie, entouré par son épouse Cristina et sa fille Sara. Brenner est généticien et directeur d’un laboratoire, un homme discret et plutôt solitaire. Il s’estime heureux dans la vie.
Mais lorsqu’un avocat l’appelle pour lui annoncer que sa mère était juive et survivante des camps, sa vie prend un tournant imprévu. Petit à petit, les révélations contenues dans une lettre laissée par sa mère et les informations que lui fournissent l’avocat et le rabbin de la ville où il habite le poussent à faire des recherches sur l’identité juive. Il croise ses lectures personnelles sur le sujet avec les recherches en génétique qu’il mène – touchant à la question de l’appartenance religieuse et ethnique, vue par la science. Il décide de n’en parler à personne – pas même à son épouse – avant de parvenir à une décision quant à sa judéité : il refuse l’idée qu’il doive assumer le fait d’être juif seulement parce que sa mère l’avait été. Mais lors d’un colloque scientifique à Montréal, il est pris à parti dans un débat et alors qu’on l’accuse d’antisémitisme, il révèle sa judéité… Le piège s’est renfermé sur lui, et le château de cartes qu’était devenu sa vie s’effondre : sa femme Cristina, ignorant tout de sa réflexion, se sent trahie, puis quand lui et sa fille deviennent la cible d’ignobles attaques antisémites, son épouse le quitte. Il perd son travail, son meilleur ami se détourne de lui, seul le rabbin Golder maintient le contact. Il fait alors appel à un écrivain célèbre et lui demande de raconter son histoire…
Le choix de Martin Brenner nous fait vivre de l’intérieur la descente aux enfers d’un homme aux prises avec la question identitaire. Le roman nous propose ainsi une interrogation sur le libre-arbitre. Comment savoir qui nous voulons être dans notre vie intime et aux yeux de la société ? Comment rester libre dans ce choix ?
Traduit du suédois par Hélène Hervieu
DERNIER OUVRAGE
Romans
Et vous passerez comme des vents fous
Actes Sud - 2023
Gaspard, un berger pyrénéen, s’apprête à remonter en estive avec ses brebis, hanté par l’accident tragique survenu la saison précédente. Dans le même temps, Alma, une jeune éthologue, rejoint le Centre national pour la biodiversité, avec le projet d’étudier le comportement des ours et d’élaborer des réponses adaptées à la prédation.
Sur les hauteurs, les deux trentenaires se croisent de loin en loin, totalement dévoués à leurs missions respectives. Mais bientôt les attaques d’une ourse les confrontent à leurs failles. Les audaces de la bête ravivent les peurs archaïques, révélant la crise du pastoralisme et cristallisant des visions irréconciliables de la montagne : elle devient l’ennemie à abattre.
Dans cette vallée où jadis le dressage des ours était une tradition, la réintroduction du plantigrade exacerbe les tensions. L’histoire de Jules, jeune saltimbanque parti faire fortune à New York avec son animal, à l’orée du xxe siècle, scande le récit principal et résonne puissamment avec le présent.
Interrogeant notre rapport au sauvage, Clara Arnaud offre une plongée saisissante, minutieusement documentée, dans la vie pastorale moderne. Elle signe un roman sensuel, immersif et tellurique, célébrant la beauté de la montagne sans taire sa violence.
- « On sort de cette lecture avec de nombreuses certitudes balayées, et ce qu’on croit être une meilleure compréhension des différents points de vue sur la nature. Le signe que son roman est sans doute très réussi. » Le Temps
- « Clara Arnaud signe un roman puissant, pétri d’émotions brutes, d’éclaircies sublimes et de ces minuscules détails par lesquels éclot la puissance du réel. Le tout dans un magistral opéra de beauté. » Aujourd’hui Week-end
- « Une montagne vécue comme un écosystème complet et complexe, « puissance vivante et vibrante ». Un univers grandiose qu’elle décrit avec style, touchée par ces paysages hors du temps dans lequel hommes et animaux peuvent observer « le soleil poursuivre sa course ; colorant de rose les bêtes, le granit, la pelouse rase ; le monde étalé à leurs pieds. » Libération