Besoin de poème
8 mai 2015.

Le plus court chemin d’un homme à un autre...
Si au lieu de refuser de l’entendre, on écoutait le monde, les chants qu’il fait, même en brûlant ? D’abord ceux des poètes de l’Islam soufi, avec Mohammed Idali et Yahia Belaskri. Et puis ceux qui ont permis à Breyten Breytenbach de tenir au fond de la nuit sud africaine, à l’Innu Joséphine Bacon, à l’Algérienne Habiba Djahnine, et à l’Haïtien Jean Métellus de dire ce qu’on ne veut pas voir.
Voir et écouter la belle chanson (même de traviole) qui vit au creux des poèmes de Valérie Rouzeau, d’Arthur H, de Bruno Doucey, de Jack Küpfer, de James Noël, de Wilfried N’Sondé, de Makenzy Orcel, d’Ananda Devi, d’Abdourahman Waberi, de Lyonel Trouillot, de Jean-Marie Blas de Roblès, de Jean Rouaud, d’Hubert Haddad – pour lesquels la poésie est essentielle, même si certains écrivent surtout des romans. D’ailleurs, qu’en est-il de la différence entre les genres ? Tous passent par la langue française dont Alain Borer se demande avec amour, si elle n’est pas blessée. À mort ?
Yvon Le Men
AUTOUR DU PRIX GANZO DE POÉSIE
UNE MATINÉE À LA SALLE MAUPERTUIS, DIMANCHE, À PARTIR DE 10H
En ouverture, un hommage à un grand écrivain, érudit et poète, qui fut un pilier du festival, disparu trop tôt, il y a dix ans et dont on réédite Le bel aujourd’hui : Jacques Lacarrière. Yvon Le Men, Bruno Doucey, Sylvia Lippa-Lacarrière et leurs amis évoqueront l’écrivain et l’ami, à l’œuvre considérable, diront de ses poèmes, raconteront de ses histoires. Avant que le jury du prix Ganzo de poésie, que préside Alain Borer, ne remette son prix annuel, devenu en peu d’années un prix de référence. Robert Ganzo, poète d’origine vénézuélienne, fut l’ami de Paul Éluard et un poète de première grandeur. Le prix est doté de 10 000 euros par la fondation Robert Ganzo.
La rencontre avec le lauréat (ou la lauréate) sera suivie par un spectacle, en forme de « tour du monde en poésie » piloté par Yvon Le Men en compagnie des invités du festival.
- Dimanche de 10h30 à 13h à la salle Maupertuis
ARTHUR H, UN CAUCHEMAR MERVEILLEUX

La beauté des biches/Leur évoquait la douceur/de leurs anciennes épouses/Mais le monde a changé/Rien n’est plus pareil/Tout se détruit pour se reconstruire. Ainsi chante en parlant l’espèce de petit conteur, ainsi qu’il se nomme lui-même. Ainsi nous donne-t-il envie d’en savoir plus sur la beauté des biches.
Avec Arthur H et James Noël. Animé par Yvon Le Men.
- Lundi à 15h, Salle Sainte-Anne
TROIS VOIX DE FEMMES VENUES DES QUATRE COINS DU MONDE

Valérie Rouzeau dont la voix presque-chante et dont les poèmes ont parfois la tête à l’envers. Habiba Djanine, qui écrit de la poésie comme on construit une maison, avec ses nerfs, ses rêves, les mains plongées dans l’argile de la vie. Joséphine Bacon dont la vie et les poèmes - en français ou en innu - se soutiennent comme des jumeaux, envers et contre tout.
Avec Valérie Rouzeau, Habiba Djanine et Joséphine Bacon.
- Dimanche à 16h30, salle Sainte-Anne
HOMMAGE À BREYTEN BREYTENBACH, L’OISEAU CONSTRUCTEUR

Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, Breyten Breytenbach tend vers l’horizon un rêve immense de liberté. Cet exilé est aussi « un oiseau constructeur » qui sait tenir le cap de l’espérance. Animé par Yvon Le Men.

Tout commence par l’histoire d’un Indien de l’île d’Hispaniola (Haïti), un jeune cacique de cette terre - c’est-à-dire un roi - qui a accueilli avec naïveté, bienveillance, l’amiral Christophe Colomb... on connaît la suite
Avec Emmelie Prophète, James Noël. Animé par Bruno Doucey.
Quel est le lien entre poème et chanson. Une chanson dit-elle quelque chose dont on ne peut plus se passer ? Un poème a-t-il envie de chanter ? Et sommes-nous toujours assis entre deux chaises musicales ?
Avec « Titi » Robin, Jean Rouaud, Abdourahman Waberi, Wilfried N’Sondé.
- Dimanche à 15h15, Salle Sainte-Anne
LA POÉSIE, TOUT UN ROMAN ?
Qu’en est-il de ceux pour qui la poésie est essentielle mais qui écrivent autre chose ? Autre question : la poésie se fiche-t-elle du genre ?
Avec Abdourahman Waberi, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad et Yvon Le Men
- Lundi à 16h15, Salle Sainte-Anne
BRUNO DOUCEY, UN POÈTE ÉDITEUR DE POÈTES
Après avoir été enseignant de littérature, directeur des éditions Seghers, Bruno Doucey s’est lancé, en prenant tous les risques, dans l’aventure de l’édition de poésie. À la question, à quoi sert la poésie en ces temps de manque, il répond par ses poèmes, ses proses, et ceux des autres dont il s’occupe avec attention.
Avec James Noël, Bruno Doucey, Jacques Küpfer et Yvon Le Men. Animé par Yvon Le Men.
- Samedi à 15h15, Salle Sainte-Anne
« DE QUEL AMOUR BLESSÉE » AVEC ALAIN BORER ET JEAN ROUAUD
Qu’en est-il de la langue française aujourd’hui ? Et de la langue tout court quand on l’écrit, la lit, la parle ? Animé par Yvon Le Men.
- Lundi à 15h, Salle Sainte-Anne
LES POÈTES SOUFIS, LA LUMIÈRE DE L’ISLAM
Plus que jamais, il est temps d’écouter les voix de ceux qui ont porté la poésie musulmane à son plus haut degré d’incandescence dans la nuit obscure de nos vies. Les voix de Rumi, le fondateur de l’ordre des derviches tourneurs, de Halladj, brûlé vif pour ses poèmes, d’Ibn’ Arabi qui pratiquait la religion de l’amour, et d’Abdel Kader qui sauva à Damas, il y a plus d’un siècle, les Chrétiens voués à une mort certaine par les islamistes de l’époque. Avec Mohammed Idali, Yahia Belaskri, Atiq Rahimi et Yvon Le Men. Animé par Yvon Le Men.
- Samedi à 14h, Salle Sainte-Anne
DERNIER OUVRAGE
Essais
L’avenir des simples
Grasset - 2020
On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».
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Revue de presse :
- « Un Goncourt en gilet jaune » (Didier Jacob, Bibliobs)
- « Avec humour, nostalgie aussi, il invite à résister en adoptant le régime végan, en refusant la surconsommation et en privilégiant les initiatives individuelles plutôt que la levée en masse » (Didier Jacob, Bibliobs)
DERNIER OUVRAGE
Essais
Écrire l’Afrique-Monde
Philippe Rey - 2017
En ce début de siècle, l’Afrique apparaît comme l’un des théâtres principaux où se jouera l’avenir de la planète. Pour ses habitants et ses diasporas – tous ceux qui pendant longtemps ont été pris dans les rets du regard conquérant d’autrui –, le moment est propice de relancer le projet d’une pensée critique, confiante en sa propre parole, capable d’anticiper et de créer des chemins nouveaux à la mesure des défis de notre époque.
Il nous a semblé qu’il fallait inventer une plate-forme libre, qui favorisât l’énonciation d’une parole plurielle, ouverte sur le large. C’est pour cette raison que s’est tenue du 28 au 31 octobre 2016 à Dakar et à Saint-Louis- du-Sénégal la première édition des Ateliers de la pensée. Une trentaine d’intellectuels et d’artistes du Continent et de ses diasporas se sont réunis pour réfléchir sur le présent et les devenirs d’une Afrique au cœur des transformations du monde contemporain.
Leurs textes, présentés dans cet ouvrage, traitent de questions liées à la décolonialité, à l’élaboration d’utopies sociales, à la condition planétaire de la question africaine, à la quête de nouvelles formes de production du politique, de l’économique et du social, à l’articulation de l’universel et du singulier, à la littérature et à l’art, à la reconstruction de l’estime de soi, à la pensée de l’en-commun… Des regards croisés qui éclairent d’un jour nouveau les enjeux d’une Afrique en pleine mutation, ouverte à l’univers de la pluralité et des larges.
Ce livre est un appel général et pressant à reprendre de vieux combats jamais clos et à en engager d’autres qu’appellent les temps nouveaux.
Achille Mbembe et Felwine Sarr.
Revue de presse
- “Ecrire l’Afrique-Monde est un ouvrage majeur qui sera discuté plusieurs décennies encore, au même titre que la première session des Ateliers qui l’ont fécondé.” (Hamidou Anne, Africultures)
DERNIER OUVRAGE
Récit
Sylvia P.
Bruno Doucey - 2023
Février 1963, Londres. Une jeune mère de famille se suicide en glissant la tête dans son four à gaz. Cette femme, Sylvia Plath, est une poétesse. On la dit poussée au désespoir par les trahisons de son mari. À l’heure où les femmes cherchent à sortir de l’étau qui les étouffe, Sylvia est érigée en symbole par les féministes. Malgré elle. Car le destin de cette femme comète, hantée par la noirceur, est beaucoup plus complexe. Sous la plume empathique d’Ananda Devi, on suit la vertigineuse descente aux enfers de ce couple maudit. Jusqu’à l’éblouissement absolu.
Revue de presse
- « À travers [Plath], Ananda Devi livre sa part d’ombre et sa façon de l’approcher par l’écriture, qui se fait tantôt brûlure, tantôt armure. » (Kerenn Elkaim, Livres Hebdo)
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Malséance
Atlantiques déchaînés - 2023
Prenant élan sur un poème écrit à vingt ans et lu par Hervé Denis le 1er août 1980 dans un spectacle par la suite interdit par la dictature de Jean-Claude Duvalier, Malséance oppose la violence verbale à la violence de l’histoire et du réel : pauvreté, racisme, héritages coloniaux, migration forcée, postures, impostures... mille formes de domination et de travestissements dans ce que le poète René Philoctète appelait « le procès des hommes contre l’homme ».
Complicité, évidente ou discrète avec de nombreux poètes dans la fonte d’un je/nous : voix singulière et sujet collectif, la poésie devant être faite par tous. Passé, présent, colère, révolte, adhésion et rejet, voyages et transbordements, repères et pertes de repères, implacablement hostile à l’ordre, aux ordres, critique de la permanence et des actualités des malheurs du monde, Malséance est un soupçon de ce que la poésie ou peut-être l’intention poétique se doit d’être envers tous les pouvoirs : l’abolition des frontières et la plus résolue des impolitesses.
DERNIER OUVRAGE
Essais
« Speak white ! » Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
Gallimard - 2021
Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s’échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie. Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée. « Speak white ! », partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
DERNIER OUVRAGE
Romans
Femme du ciel et des tempêtes
Actes Sud - 2021
Un chaman de Sibérie trouve sous le permafrost la sépulture d’une reine datant de plus de dix mille ans. Stupéfaction : le corps momifié par les glaces a la peau noire. Décidé à utiliser sa découverte pour protéger un territoire menacé par l’exploitation gazière, le chaman contacte un ami scientifique français dans l’espoir qu’il mobilisera les écologistes du monde entier. Celui-ci monte une discrète expédition avec une docteure germano-japonaise et un ethnologue congolais. Deux mafieux qui tiennent à leurs projets industriels les attendent de pied ferme...
On retrouve l’enthousiasme de Wilfried N’Sondé dans un roman d’aventures haletant qui parle d’écologie, d’harmonie avec le vivant, de partage entre les peuples et de communication entre mondes visible et invisible.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Les Épiphaniques
Bruno Doucey - 2022
Ils se nomment Anne-Laure, Asma, Cathy, Chris, Emmanuelle, Jérôme… Leurs noms ne nous disent rien, mais sans eux ce livre n’aurait pas vu le jour. Les Épiphaniques, ce sont eux, des hommes et des femmes qu’Yvon Le Men a rencontrés dans les marges de notre société, faisant poème de leurs vies et de leurs histoires. Ils se disaient invisibles et les voici mis en lumière dans des poèmes. « Nous ne sommes pas que des cicatrices », dit l’une. Si j’étais une image, je serais « la montagne de Cézanne qui me rapproche du ciel », répond l’autre. Et de mot en mot une chaîne de fraternité traverse le recueil. D’un pont, d’un foyer, de la rue, d’une caravane, du froid, du bruit. Ils connaissent ce que nous évitons de voir. Ils se nomment Louna, Marc, Mickaël, Myriam, Thomas, Tiago et ont des choses à nous dire. Sur eux, autant que sur nous.
DERNIER OUVRAGE
Revue
Apulée 8 - Les Grandes Espérances
Zulma - 2023
Avec Les Grandes Espérances – titre provocateur en ces temps de guerres, d’attentisme climatique, d’ultralibéralisme et de colonialisme numérique –, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d’Iran, d’Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C’est dans l’adversité redoutable que les mots d’espérance et de liberté s’incarnent au plus vif : quiconque s’oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l’avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l’inaccompli du désir et du rêve – le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) –, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l’imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l’Histoire ? La poésie, l’art et les débats de ce nouvel opus d’Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l’espérance garde plus que jamais l’âpre saveur de la vie.
DERNIER OUVRAGE
Revue
Apulée 8 - Les Grandes Espérances
Zulma - 2023
Avec Les Grandes Espérances – titre provocateur en ces temps de guerres, d’attentisme climatique, d’ultralibéralisme et de colonialisme numérique –, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d’Iran, d’Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C’est dans l’adversité redoutable que les mots d’espérance et de liberté s’incarnent au plus vif : quiconque s’oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l’avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l’inaccompli du désir et du rêve – le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) –, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l’imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l’Histoire ? La poésie, l’art et les débats de ce nouvel opus d’Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l’espérance garde plus que jamais l’âpre saveur de la vie.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
La femme dans le soleil
Bruno Doucey - 2015
Extrait
« Très-aimée, je t’envoie une tourterelle vermeille
car personne ne tire sur un messager rouge
Je lance haut dans l’air ma tourterelle vermeille je sais que tous les chasseurs la prendront pour le soleil »
Le mot de l’éditeur
À vingt ans, je militais pour la libération de Breyten Breytenbach ; me voici aujourd’hui l’éditeur de ses poèmes, heureuse surprise de la vie. La vie, c’est d’ailleurs elle que chante La femme dans le soleil, itinéraire poétique d’un homme que l’histoire a changé en oiseau migrateur. Tout y est : sa survie sous le régime d’apartheid, son goût des terres fauves, la vitalité charnelle de l’amour, l’état d’insurrection dans lequel le laisse l’injustice. Sans oublier ces lieux qu’il arpente avec une énergie créatrice : l’île de Gorée, où fait souvent escale sa voile blanche, Paris sa ville de cœur, l’Eastern Cap que le couchant transforme en « coulée d’or ». Si les frontières lui sont étrangères, c’est que l’exilé est aussi un « oiseau constructeur » qui sait tenir le cap de l’espérance. Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, le poète tend vers l’horizon un rêve immense de liberté.
Traduit de l’afrikaans et préfacé par Georges-Marie Lory
DERNIER OUVRAGE
Romans
Les villages de Dieu
Mémoire d’encrier - 2021
Retranchées dans des cités qui tirent leur nom de la légende biblique – Puissance Divine, Bethléem – des gangs de bandits pillent, violent et assassinent, en toute impunité. Celia, adolescente, cherche à survivre, tantôt en se prostituant, tantôt en faisant la chronique des femmes de la cité sur les réseaux sociaux, où elle devient influenceuse. Les villages de Dieu dit l’effondrement et la banalité du mal dans cette ville de Port-au-Prince livrée à ses démons.
DERNIER OUVRAGE
Belle Merveille
Zulma - 2017
12 janvier 2010, jour fatidique du séisme ravageur. Un survivant ténu – autoproclamé Bernard – rencontre Amore, Napolitaine œuvrant comme bénévole dans une ONG. Le coup de foudre sonne comme un regain. Pour sortir du grand chaos de la ville soliloque et disloquée, et aider Bernard à se délivrer de son effondrement, Amore, belle tigresse de Frangipane, lui propose un voyage à Rome.
À bord d’Ici-Bas Airlines, Bernard décolle, les yeux fermés. Une étrange mappemonde, entre autres belles merveilles – comme on dit l’extraordinaire dans le parler en Haïti –, se dessine dans la pensée de celui qui rêve de retourner au pays en héros…
Belle merveille est un roman flash. Qui nous dit, avec un humour et une causticité débridés, l’amour, le sexe salutaire, la confusion, la folie, et puis l’absurdité de l’aide internationale quand elle tire à elle la couverture des désastres. Écrit dans une langue syncopée, magnifiquement inventive, Belle merveille est un premier roman qui porte si bien son nom.
Revue de presse
- Avec Belle merveille, le poète haïtien James Noël signe un premier roman où la terre et les corps tremblent. Mordant et chavirant. (Sophie Pujas, Le Point)
- Une série de fulgurances poétiques, musicales, réflexives jetées à la face du lecteur comme un acte d’amour, un doigt d’honneur. L’auteur a su créer une atmosphère humaine (la littérature parle de l’humain), tragique dont on rit (bêtement) à la lecture. Une légèreté exigeante. (…) Belle merveille est l’extraordinaire dans l’imaginaire haïtien. Les catastrophes. L’amour fou. Les travers du quotidien. L’espoir. Les rêves éperdus. Les tremblements réels, intérieurs. La proposition d’une certaine joie de vivre face au désastre, pourquoi pas ? (Makenzy Orcel, Le Point)
- On retrouve dans ces lignes fulgurantes, au milieu du fracas, des cris, des déchirements de la terre et des hommes, le tremblement de la langue haïtienne, son foisonnement métaphorique et coloré qui traduit si bien la beauté du monde et la luxuriance des paysages à nulle autre pareille. (Marie-Josée Desvignes, Club Mediapart)
- Le récit avance par saccades, par répliques – petites scènes haletantes, poèmes en prose, cris de colère, dérision, lyrisme. Au centre de ce tourbillon fleurit une histoire d’amour, joyeusement sensuelle, porteuse d’espoir, qui émane assez d’énergie pour secouer le marasme, évincer les charognards, reprendre son destin en main. C’est ce que dit ce roman juvénile, poétique, jaillissant de belles merveilles, parfois obscur à force de lyrisme et de ruptures, toujours généreux. (Isabelle Rüff, Le Temps)
DERNIER OUVRAGE
Poésie
22 - Bureau des longitudes
Bruno Doucey - 2022
- Le 200e livre des Éditions Bruno Doucey, porte ouverte sur le jardin secret d’un couple d’écrivains-éditeurs
- Une anthologie personnelle du sentiment amoureux, d’une destinataire unique à l’horizon de tous
- À l’heure où le Printemps des Poètes fête L’Éphémère, une voix se lève pour dire ce qui résiste à l’érosion des jours
« Nous voici embarqués dans un voyage qui nous fera traverser non seulement des années, mais aussi des horizons. Car le temps déploie l’espace, et le visage de l’amour s’accorde comme une marée à celui de la vie. Les poèmes deviennent des pierres qui jalonnent le passage, délimitent un territoire poétique où la détresse de notre monde dialogue avec cet amour qui demeure vif, inaltérable comme dure l’espoir en un demain habitable. De la Sardaigne à la Crète, du Maroc à la Nouvelle-Calédonie, du Péloponnèse au Québec, le souffle de ce livre porte la beauté de chaque lieu, rappelle que gravir une montagne ou naviguer sur la mer permet d’aller à la rencontre du passé, et cette remémoration est une invitation à pénétrer dans la chair du présent. »
Hélène Dorion
DERNIER OUVRAGE
Romans
Une boîte de nuit à Calcutta
Robert Laffont - 2019
Après la parution de son premier livre, Les Immortelles, Makenzy Orcel confirme ici la magie d’une écriture violente et généreuse. Nicolas Idier, au rythme de ses écrits et de ses nombreux voyages, poursuit sa quête d’une autre vision de la littérature. La rencontre de ces deux auteurs reconnus bien au-delà des limites hexagonales témoigne d’une sagesse nouvelle, où la beauté et l’amour triomphent du doute et de la peur.
Makenzy Orcel et Nicolas Idier se sont rencontrés à Pékin en 2012, revus à Paris et, après plusieurs années, se retrouvent à Calcutta. Ils ont mille choses à se raconter : l’amour de leurs mères, la naissance de leurs enfants, leurs projets d’écriture, la révolte contre toutes les injustices, les grandes amitiés qui leur donnent le courage d’écrire. L’un vit entre Port-au-Prince et Paris, l’autre entre Pékin et Delhi, mais ce soir-là, ils sont assis au comptoir d’une boîte de nuit. La musique est si forte qu’elle emporte leurs paroles. C’est alors que l’un se penche vers l’autre et lui propose l’idée d’écrire un livre à deux. Voilà comment est né ce livre qui réunit deux voix de la littérature française et haïtienne. La sincérité absolue et incarnée de leur dialogue est une preuve de confiance et de fraternité comme on en trouve peu dans la littérature contemporaine.
Oscillant entre le roman, la poésie, l’essai, la confidence, sans aucun respect des catégories, Une boîte de nuit à Calcutta traverse toutes les frontières pour atteindre à l’universel.
DERNIER OUVRAGE
Revue
Apulée 8 - Les Grandes Espérances
Zulma - 2023
Avec Les Grandes Espérances – titre provocateur en ces temps de guerres, d’attentisme climatique, d’ultralibéralisme et de colonialisme numérique –, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d’Iran, d’Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C’est dans l’adversité redoutable que les mots d’espérance et de liberté s’incarnent au plus vif : quiconque s’oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l’avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l’inaccompli du désir et du rêve – le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) –, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l’imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l’Histoire ? La poésie, l’art et les débats de ce nouvel opus d’Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l’espérance garde plus que jamais l’âpre saveur de la vie.
DERNIER OUVRAGE
Biographie
Fugues
Mercure de France - 2019
C’est en racontant trois fugues insolites qu’Arthur H., chanteur, compositeur et poète, construit ici son autoportrait et son premier livre.
En forme de prologue, son amour inconditionnel pour les fugues de Bach qui, à 15 ans, est parti sur les routes.
Au centre du récit, une deuxième fugue, celle de sa mère, Nicole Courtois, née en 1940 dans une famille ouvrière d’Argenteuil. Vive, sensible, rêveuse, elle prend un jour la décision avec ses amis de s’évader de cette petite société de banlieue ouvrière, décide de construire un radeau et de naviguer jusqu’à Tahiti. Arthur H. évoque l’adolescence et les rêves de liberté de sa mère et nous raconte, avec une écriture lyrique et troublante son extraordinaire voyage-conte de fées commencé en Corse…
La troisième fugue sera celle d’Arthur H. lui-même, à l’âge de 15 ans, lors de vacances en Guadeloupe, avec son père Jacques Higelin et Coluche. Le déclic de cette fugue : son père et ses amis lui font manger une omelette fourrée aux champignons hallucinogènes…
Un récit bouleversant, ponctué de paysages de Corse en noir et blanc, de photos de famille et de lettres inédites…
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Va où
La table ronde - 2015

Valérie Rouzeau écrit en funambule. Ses mots, ses phrases tiennent à un fil, celui sur lequel elle s’élance pour une traversée ardente, sans balancier ni filet. Elle prend tous les risques, ne regarde pas où elle met les pieds (chaussure rouge à l’un, verte à l’autre, don d’un clown, peut-être ?), semble trébucher, mais jamais ne tombe. Elle avance portée par un élan vital, traversée d’émotions et de sensations à la fois débordantes et contenues. Va où, qu’importe : va loin, c’est certain.
“ Me mets en quarantaine pour faire mes lignes quoi d’autre
Me dégourdis les doigts sentiment sur la touche tac tac tac suis toquée
Me rassemble à l’index toc toc toc suis frappée
Ça peut durer longtemps de pianoter toujours et
de taper jamais
Si je perdais mon temps il me ferait ce coup-là
de me retrouver”
“ Que me coule douce la Seine j’y ai laissé ma main je n’en ai plus besoin c’était un coquillage
C’était toute pour des prunes
La main qui fait rougir fallait que l’écrevisse
J’ai noyé le chagrin et la gaieté me dure j’ai craché les noyaux ”
DERNIER OUVRAGE
Romans
Black Whidah
Olivier Morattel Editeur - 2015
« Les Esprits de Whidah envahissent le fort, prennent possession de chaque parcelle de silence, les Esprits de Whidah dansent comme des lueurs se flairant dans la nuit...
Il m’est impossible d’évoquer mon arrivée à Whidah sans éprouver une violente émotion. Cette aventure a ébranlé nes nerfs pendant des mois entiers, projetant autour de moi une ombre d’inexplicable terreur.
Whidah... c’est dans ce fort isolé, étranglé par les racines de la forêt de Kpassé, où les esclaes sont embarqués pour les Amériques, et plus précisément vers le Brésil, pour travailler dans les plantations et dans les mines. »
Avec Black Whidah, premier tome d’un cycle romanesque intitulé « Les vies d’azur », Jack Küpfer s’approprie les fastes du romantisme noir et du fantastique avec un sens aigu du récit d’aventure.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Fragments de la maison
Bruno Doucey - 2015
Après un premier recueil, publié en Algérie en 2003, mon amie Habiba Djahnine revient à la poésie en femme apaisée, combative et lucide. Dans ce livre écrit directement en français, ce n’est pas la guerre civile qui est évoquée, mais le temps d’après la guerre, le corps sorti des décombres de l’histoire, l’amour retrouvé, dans un monde voué à la reconstruction des autres et de soi. « J’éloignerai la guerre et l’identité / Je construirai les fragments de la maison », écrit-elle. Et d’ajouter, quand l’exil devient voyage : « Tu m’attends sur l’autre versant de mon crépuscule ». D’Alger la blanche aux sables du désert, Habiba Djahnine écrit de la poésie comme on construit une maison : avec ses nerfs, avec ses rêves, les mains plongées dans l’argile de la vie. Pour refuser « l’alphabet de la peur », le regard constamment rivé à la ligne d’horizon.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Un thé dans la toundra
Mémoire d’Encrier - 2014
Finaliste au Prix du Gouverneur général 2014
Finaliste au Grand Prix du livre de Montréal 2014
Après Bâtons à message, Joséphine Bacon nous fait découvrir son territoire de manière plus marquée : la toundra. C’est une expédition où nous sommes guidés à vivre les moindres émotions que procure la toundra. La poésie nous permet d’entrer, de respirer la terre et de fouler ces espaces qui entrent en nous comme une grande prière. Par ce livre de poésie (innu & français), Joséphine Bacon confirme son talent de passeuse de la culture innue. Et cet imaginaire qui s’apprend à l’écoute des aînés et au miroir de la route.
Gaston Miron, Saint-Denys Garneau et Paul Chamberland ont nommé Terre Québec ; Joséphine Bacon élargit le pays en nous initiant à la toundra et aux douces chansons de l’infini. L’horizon est offert avec tant de grâce et de naturel que nous lui sommes à jamais redevables de nous rappeler à l’essentiel : beauté, simplicité et volupté.
Recueil bilingue innu-aimun / français