J’ai choisi le français

Avec Miguel Bonnefoy, Teresa Cremisi, Fouad Laroui, Saïdeh Pakravan

4 juin 2015.
 

Avec Miguel Bonnefoy, Teresa Cremesi, Fouad Laroui, Saïdeh Pakravan. Débat animé par Baptiste Liger

 

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Romans

Les tribulations du dernier Sijilmassi

Julliard - 2014

Adam Sijilmassi revenait d’Asie ou il avait négocié brillamment la vente de produits chimiques marocains. Alors qu’il survolait la mer d’Andaman, il se posa soudain une question dérangeante : « Que fais-je ici ? » Pourquoi était-il transporté dans les airs, à des vitesses hallucinantes, alors que son père et son grand-père, qui avaient passé leur vie dans les plaines des Doukkala, n’avaient jamais dépassé la vitesse d’un cheval au galop ? Ce fut une illumination. Il décida de renoncer à cette vie qui ne lui ressemblait pas, se résolut à ne plus jamais mettre les pieds dans un avion et à changer totalement de mode de vie. Funeste décision !
Arrivé à l’aéroport de Casablanca, il entreprit de rejoindre la ville à pied, ce qui lui valut de rentrer chez lui encadré par deux gendarmes. Dès que sa femme comprit ce qu’il voulait faire, elle retourna vivre chez sa mère, en emportant le chat. À peine avait-il donné sa démission que son employeur le mettait à la porte de son appartement de fonction. Qu’importe, il ne céderait pas. Il se débarrasserait de cette défroque d’ingénieur, nourri au lait du lycée français de Casablanca. Il viderait sa tête de tout ce fatras de fragments de littérature française qui lui compliquait la vie. Il redeviendrait le Marocain authentique qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Il partit (à pied...) vers son village natal. Fatale décision ! Certes, il redécouvrit la bibliothèque de son grand-père et dévora la littérature et la philosophie qu’avaient produites quelques génies au temps béni de l’Andalousie arabe. Mais, dans son village, personne ne comprenait pourquoi un ingénieur de Casablanca venait s’enfermer dans la maison délabrée de sa famille. Était-il un fou ? Ou un perturbateur ? Un prophète ? Fallait-il l’abattre ou le vénérer ?
Dans son style inimitable, Fouad Laroui nous entraîne à la suite de son héros dans une aventure échevelée et picaresque ou se dessine en arrière-plan une des grandes interrogations de notre temps : qui saura détruire le mur que des forces obscures sont en train d’ériger entre l’Orient et l’Occident ?

 

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Sucre Noir

Rivages - 2017

Dans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d’autres horizons.
 Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu’elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument. 
Dans ce roman aux allures de conte philosophique, Miguel Bonnefoy réinvente la légende de l’un des plus célèbres corsaires pour nous raconter le destin d’hommes et de femmes guidés par la quête de l’amour et contrariés par les caprices de la fortune. Il nous livre aussi, dans une prose somptueuse inspirée du réalisme magique des écrivains sud-américains, le tableau émouvant et enchanteur d’un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices. 

Revue de presse

 

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Romans

La triomphante

Editions des Equateurs - 2015

La Triomphante. Il faut voir dans ce titre l’ironie de la narratrice qui raconte sa vie d’exilée entre l’Egypte, l’Italie et la France. Une femme qui aurait rêvé d’un destin d’homme – Achille, Hector, Bonaparte ou Lawrence d’Arabie – mais qui devra se contenter de l’Occident et de ses carrières en château de sable. Peut-on rencontrer la gloire, ce privilège trop masculin quand on est une femme née dans les années 1940 à Alexandrie et qu’on a rêvé devant la baie d’Aboukir des batailles navales napoléoniennes ?
Une famille composée d’une mère au passeport britannique et d’un père au passeport italien. La mère, remarquable crawleuse, artiste, sculptrice, légère comme un tanagra, plus à l’aise au volant d’une ambulance militaire que dans une cuisine. Le père, ex-gérant d’une société d’import-export, champion de régates et de golf. La fille, lectrice omnivore qui se passionne pour l’Iliade d’Homère mais qui restera toujours une étrangère. Les trois parlent le grec, l’arabe, le français, l’anglais, l’italien. Une famille cosmopolite qui a le sentiment qu’une civilisation finissante porte en soi quelque chose de désordonné, d’incohérent, d’élégant et que tout est provisoire pour elle et pour les autres. Surviennent les évènements du canal de Suez et la menace de la guerre.
Début de l’exil d’abord à Antibes avec ses étoiles de mer puis en Italie avec ses campari et Fellini, Rome, Milan. C’est le passage d’une ligne, d’une « ligne d’ombre » aurait dit Conrad. L’horizon se rétrécit. Il faut apprivoiser les effondrements. Extension du domaine du désastre. On se montre souple, on s’adapte. On apprend l’art de la dissimulation. Qu’est ce que l’amour quand on se rêvait général de brigade ? Un arrangement petit bourgeois avec la mort. L’exilée à perpétuité grandit, devient journaliste, directrice d’imprimerie, patronne d’un groupe industriel : des aventures plutôt que la nostalgie, ce poison. Heureusement, il y a les bains de mer, les cheveux mouillés et la fantaisie. La narratrice finit par débarquer à Paris et se confronte à sa langue maternelle : le français. Dans ses valises, son amoureux, Giacomo. Et si on se mariait ? Mais il faut un acte de naissance ! Le fameux état-civil ! Mais qui est le père ? Et la mère avant de mourir a brûlé tous les papiers. Tout se réveille. Tout se révèle. La quête d’une nationalité, d’une identité devient aussi éprouvante que la quête du Graal pour les chevaliers surtout quand on se confronte au fantôme de la honte.
Ce premier roman c’est d’abord un univers d’écrivain, une imagination portuaire, des rêves de bateaux. Et ce terrible sentiment d’exil que rien n’apaise, ni baiser, ni caresse. C’est une saga familiale et méditerranéenne, le portrait d’une femme plus que rebelle ou frondeuse qui pensait que la vie est un art de la guerre. La Triomphante c’est le portrait d’une étrangère dont la seule patrie est la littérature et l’humour. La rencontre de l’esprit anglais et de l’élégance italienne. Et une déclaration d’amour à la langue française.

 

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Romans

Azadi

Belfond - 2015

« Azadi » signifie « liberté » en persan.
Il y a ceux qui la rêvent et ceux qui en paient le prix.
Téhéran, juin 2009.
Après des élections truquées qui viennent d’installer pour la seconde fois Ahmadinejad à la tête de la République islamique d’Iran, une colère sourde s’empare de la jeunesse instruite de Téhéran, et les manifestations se multiplient.
Dans la foule des opposants, la jeune Raha. Étudiante en architecture, elle rejoint chaque matin ses amis sur la place Azadi pour exprimer sa révolte malgré les mises en garde de ses aînés, malgré la répression féroce qui sévit. Jusqu’au jour où sa vie bascule. Après son arrestation, et une réclusion d’une violence inouïe, ses yeux prendront à jamais la couleur de l’innocence perdue. Mais comme elle s’était battue pour son pays, Raha se battra pour que justice lui soit rendue...
Tout en levant le voile sur une psyché iranienne raffinée et moderne, sans manichéisme et avec un souffle d’une violente beauté, Azadi dit de façon magistrale le terrible supplice de celle qui cherche, telle une Antigone nouvelle, à obtenir réparation. Et à vivre aussi... dans un lieu où le sort des femmes n’a aucune importance.