Hier et aujourd’hui : résolument gothique

Avec Hubert Haddad, Pierre Cassou-Nogues, Saul Black et Alain Morvan. Rencontre animée par Hubert Artus

9 juin 2015.
 

Avec Hubert Haddad, Pierre Cassou-Nogues, Saul Black et Alain Morvan. Rencontre animée par Hubert Artus

Le siècle des Lumières nous promettait une marche cadencée vers le Progrès et la Liberté sous les lumières de la Raison – voilà qu’il se creuse en souterrains, se dresse en châteaux maléfiques, se renverse en nuit noire. Gothique sera l’espace de cette déflagration, où semblent s’annoncer les tumultes du temps, depuis le Vatheck de Beckford et le Moine de Lewis jusqu’au Frankenstein de Mary Shelley. Gothique, il revient à chaque période de rupture : romantisme noir, fantastique fin de siècle, et aujourd’hui encore, dès le milieu des années 70, quand s’effondrent les idéologies. Avec Alain Morvan, Saul Black (alias Glen Duncan), Hubert Haddad et Pierre Cassou Noguès.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La bienveillance des machines

Seuil - 2022

Des applications qui déterminent notre humeur, des robots humanoïdes qui s’adaptent à notre comportement, des caméras qui devinent nos gestes, ces technologies nous surveillent pour notre bien : elles sont bien-veillantes. Faudrait-il croire, contre l’idée répandue d’une intelligence artificielle hostile, et qui un jour pourrait prendre le pouvoir, à une bienveillance des machines, toutes organisées autour de nous pour notre plus grand bonheur ? Ou bien l’existence d’un « règne des machines », qui pourraient prendre soin des humains, nous affecte-t-elle au point que notre identité humaine en soit bouleversée ? C’est par le biais des fictions que nous imaginons pour habiter de nouvelles formes de vie que Pierre Cassou-Noguès explore notre rapport à la technologie contemporaine. Car si celle-ci transforme notre environnement matériel, elle chamboule aussi le contenu de nos pensées, de nos émotions, jusqu’aux dimensions les plus intimes de nos subjectivités. Ainsi la philosophie peut-elle analyser à la fois ces nouvelles réalités et les possibilités qu’elles promettent, pour le meilleur comme pour le pire.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Leçons d’un tueur

Presses de la Cité - 2015

Sept cadavres de femmes qui semblent n’avoir aucun point commun ont été découverts dans des lieux géographiques différents et parfois longtemps après leur mort. La police a pour seul indice d’étranges objets retrouvés dans les corps mutilés des victimes. L’inspectrice du Département des homicides de San Francisco, Valérie Hart, se lance à la poursuite du maniaque lorsqu’il devient évident que la prochaine victime va être une petite fille de dix ans, piégée dans une cabane isolée du Colorado...

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Frankestein et autres romans gothiques

Gallimard - 2014

Un seul roman : il n’en faut pas plus à Horace Walpole pour conduire la sensibilité romanesque de son temps sur de nouvelles voies. Le Château d’Otrante (1764) inaugure le genre du récit gothique, où le passé tient le présent à la gorge et où un Moyen Âge angoissant empiète sur les Lumières. La mixité générique de ce livre fondateur, où le sublime coexiste avec le grotesque en vertu d’un hiatus emprunté à Shakespeare, va essaimer pendant près d’un siècle. Les romanciers gothiques anglais tirent parti de la passion la plus invasive et la mieux ancrée dans la psyché : la peur. Macabres et spectaculaires, situées au cœur de demeures hantées ou de souterrains parsemés d’ossements, leurs histoires doivent produire des émotions extrêmes, en premier lieu la terreur et la pitié. Confronté à la noirceur d’âme de « héros » monomaniaques et déviants prêts à briser tous les tabous (inceste, matricide, viol), le lecteur va de frayeur en horreur avant de compatir aux malheurs des victimes – de sexe féminin pour la plupart. En 1796, Le Moine de M. G. Lewis atteint les sommets en matière de sensationnalisme, avec une forte dimension érotique et mortifère qui fit beaucoup pour le succès de ce roman, toujours actif aujourd’hui. En 1818, la jeune Mary Shelley parachève cette tradition en donnant naissance à une créature monstrueuse qui se nourrit des mythes de Prométhée et de Faust. Elle met en discours un concept inouï : l’assemblage, à partir de morceaux de chair morte, d’un être humain, par le docteur Victor Frankenstein, qui fait fi de la sexualité et de la reproduction biologique. Féconde invention…