I-Technology

Ecrit par Loeiza Dandin (2nde, Lycée Jean Guéhenno de Fougères), sujet 2. Publié en l’état.

11 juin 2015.
 

Décidant qu’il était inutile de retarder l’inévitable, Rémi empoigna son casque, et le posa délicatement sur sa tête.

-Dans le jeu, votre casque ne sera plus sur vous, il sera symbolisé par une puce rouge placée au creux de votre cou, lui indiqua Fred.

Puis, le PDG de Vidéo Game On Line poussa un bouton vert, et Rémi vit le planétarium s’effacer.

Une gerbe d’eau s’introduisit dans sa gorge lorsqu’il voulut inspirer. Il était sous l’eau ! Il commençait à paniquer, lorsqu’il sentit une corde pendre près de lui. S’y agrippant des deux mains, il se hissa le plus vite qu’il le put vers la faible lueur qui miroitait au-dessus de lui. Après des secondes interminables, sa tête émergea de l’eau. Il ne put voir où la corde était accrochée car elle lui glissa des mains et coula dans les profondeurs du lac où il se trouvait. En retrouvant ses esprits, il se mit à nager jusqu’à la rive, où il put se reposer un instant. Mais ce début troublant dans le monde virtuel ne lui avait pas fait oublier sa mission : retrouver Lucie.
Le premier objectif de Rémi était de trouver une personne, à qui il pourrait poser des questions sur la jeune fille.

Voilà à présent une heure qu’il marchait vers la cité qui se profilait à l’horizon, or, elle n’avait pas paru se rapprocher un seul instant.
Ses pieds le faisaient souffrir, et sa soif encore plus. Le jeune homme décida d’enlever ses chaussures un instant et de s’octroyer une petite pause. Quelques minutes après, il les relaça, et se releva. C’est alors qu’une chose étrange arriva : la ville, qui lui paraissait encore très loin un instant auparavant, était à présent toute proche ! A peine quelques mètres !

Il se mit à courir, complètement abasourdi par le phénomène qui venait de se produire.
Il entra alors dans une ville semblable à toutes celles qu’il connaissait. Elle était parsemée d’immeubles, de magasins, et des personnes absolument normales se promenaient sur la chaussée. Mais un détail attira son attention : toutes les personnes se ressemblaient ! Ou plus exactement, elles semblaient toutes avoir le même âge.
Ainsi, des centaines d’hommes et de femmes d’une trentaine d’années flânaient sur les trottoirs.

Tous semblaient affables. Ils souriaient, saluaient leurs connaissances et regardaient les boutiques d’un air émerveillé.
Rémi s’approcha de l’un d’entre eux, un homme, de grande stature, en costume cravate, qui consultait son smartphone.

-Excusez-moi Monsieur, je cherche, une jeune fille, se prénommant Lucie. Elle vient d’arriver et était sans doute un peu perdue… L’auriez-vous vue ?

-Bonjour. Je ne crois pas m’être trouvé en relation avec une personne hagarde par ici... Et, je puis pourtant me porter garant que je connais de nombreuses personnes dans I-technology !

Il s’exprimait dans une langue étrange, comme programmée. Il semblait utiliser des mots, qui, même s’ils avaient le sens recherché, ne collaient pas à la conversation.

-I-technology ? Qu’est-ce que c’est ?

-Mais enfin Monsieur ! Vous ne savez même pas dans quelle ville vous vous êtes introduit ?

-Ah, la ville, bien sûr ! Excusez-moi, mais je viens d’y entrer.

-Et d’où venez-vous ?

-Heu...d’un petit village, pas très loin d’ici… Donc vous n’avez pas vu Lucie ?

-Qui est Lucie ?

-La jeune fille que je cherchais ! Elle a environ seize ans.

C’est alors que Rémi vit les yeux de son interlocuteur s’agiter soudainement. Et le jeune homme se rappela. Personne dans cette ville ne semblait avoir cet âge.

-Une jeune fille âgée de seize années seulement ?

-Hum ? Bon, je dois vraiment y aller, au revoir !

Rémi partit très vite, sans que l’homme ne réagisse. Ce n’est que quelques centaines de mètres plus loin qu’il se rendit compte qu’une foule de gens se tenaient sur la place centrale.

Au milieu de la place, un cercle d’environ dix mètres de diamètre était occupé par seulement deux personnes. L’attention de toute la foule était concentrée sur elles.
Il s’agissait d’un homme et d’une femme. La jeune fille était attachée à un pilier de fer blanc, les mains liées derrière son dos. L’homme, tout habillé de noir, tenait un fouet dans sa main droite. Rémi, au bout de quelques secondes, ne put le nier : cette jeune fille, anormalement jeune au milieu de cette étrange société, ne pouvait être que Lucie.

Sans réfléchir, il courut vers elle. Rémi vit l’homme lever son fouet, la lanière de cuir cingla l’air, et il eut tout juste le temps de la saisir au vol avant qu’elle n’atteigne Lucie.
A peine Rémi eut-il attrapé le fouet que des dizaines d’hommes semblables au bourreau de Lucie se dégagèrent de la foule. Avec la certitude de ceux qui ne perdent jamais, ils avancèrent d’un pas mécanique vers Rémi, le saisissant par les épaules, et le forçant à s’allonger au sol. Pendant ce temps, d’autres avaient déjà menotté Lucie.
Les deux intrus furent neutralisés en quelques secondes à peine. S’ensuivit alors une longue marche à travers la ville.
Enfin, après d’interminables minutes, Rémi, ainsi que Lucie et leur escorte, arrivèrent devant un immense édifice de pierre blanche. A l’intérieur, un long couloir parsemé de dizaines de portes, toutes identiques, occupait l’espace. C’est à travers l’une de ces portes que les gardes jetèrent leurs prisonniers.
Rémi et Lucie étaient enfermés dans une cellule recouverte de peinture blanche du sol au plafond. Lucie était assise dans un coin de la pièce, recroquevillée sur elle-même. Rémi prit la parole :

-Je suis Rémi, commença-t-il, je suis envoyé par Fred pour vous sortir d’ici. Vous vous rappelez ? Vous avez testé un nouveau jeu, mais il y a eu un problème technique, et au lieu d’y jouer virtuellement, vous êtes réellement entrée dans ce monde.

Lucie mit quelques secondes avant de lui répondre.

-Je sais qui vous êtes, dit-elle faiblement. Ils m’avaient prévenue que vous ne tarderiez pas à venir, lorsque je me suis faite arrêtée.

-Que voulez-vous dire ?

C’est alors que les gardes rentrèrent. Forçant Rémi à baisser la tête, ils arrachèrent la puce qui se trouvait au creux de son cou. Rémi paniqua. Sa puce, sa porte de sortie !
Aussi vite qu’ils étaient entrés, les gardes sortirent, sans un mot pour les deux prisonniers.

« Comment pouvaient-ils être au courant pour la puce ? Presque personne n’était au courant de son existence ! » pensa Rémi, affolé. C’est alors que Lucie intervient.

-Fred. Il n’est pas avec nous, mais avec eux. Ils envahissent notre monde.

-Qui ? souffla Rémi.

-Les robots.