Je te protègerai

Écrit par PIHAN Louise Anne (3ème, Collège Jules Michelet de Beauvais), sujet 2. Publié en l’état.

31 mars 2016.
 

Je suis paniquée, je ne comprends plus ce qu’il m’arrive et je sens aussi la peur de mon grand-frère, cachée sous des paroles qu’il veut rassurantes.

Cette après-midi, nous étions dans notre jardin en train de jouer lorsque mes parents ont appelé Camille, mon grand-frère, car ils devaient lui annoncer quelque chose d’important. Je continuais de me balancer sur la balançoire rouillée. D’un seul coup, un son strident venant du salon retentit. C’était Camille qui prononçait mon prénom, comme un cri de détresse :
-Danaé, Danaé !

J’ai accouru et je l’ai vu tout tremblant, agenouillé dans une mare de sang, sans aucun signe de mes parents. Il pleurait, cela m’étonnait, à dix-sept ans il pleurait ? Mais quelque chose n’allait pas. Ce sang, ces cris...
C’est ainsi qu’a commencé notre exode.

Nous marchons à présent, noyés dans une foule dense. Nous sommes sortis de la ville depuis un petit bout de temps. Ignorante des causes de notre départ précipité, je réitère ma question :
-Camille, où sont Papa et Maman ?
J’ai envie de crier, de savoir, il ne me répond pas, j’accumule peu à peu une angoisse incontrôlable...Que fuyons-nous et où allons-nous ? Que s’est-il passé dans le salon toute à l’heure ? Nous avançons d’un pas rapide et mes jambes deviennent lourdes, cela fait maintenant trois bonnes heures que nous marchons, sur cette asphalte brûlée par le soleil couchant.
« Allons-nous marcher encore longtemps ?
-Oui, mais je dois tout te dire à présent car ils vont arriver...
Sur cette parole, il sort de la foule et me traîne derrière des arbres se prolongeant en une immense forêt.
-Ils nous traquent, ils veulent tous nous éliminer...commence-t-il.
-Qui nous traque, Camille ?Jj’ai peur, le coupai-je
-Laisse-moi finir, je dois tout te dire maintenant, après il sera trop tard. D’abord, recouvre- toi de boue, tu dois masquer ton odeur...

Un bruit sourd retentit. Je me hâte de me recouvrir et quand j’ai fini, soudain je les vois. Ils passent devant nous dans un vacarme terrorisant. Cette horde d’humains ensanglantés, écorchés des pieds à la tête, semblable à des zombies, marchant d’un même pas vers les fuyants. Ils n’ont pas l’air normaux, leurs regards sont vides, leurs visages inexpressifs. Ils portent tous une blouse hospitalière et un bout de métal domine leurs crânes. Ils assassinent les pauvres fugitifs et leurs cadavres sont piétinés. Certains fuyards tentent de rejoindre la forêt mais ils sont vite rattrapés. Camille et moi entamons une course contre la mort. Un avion passe au-dessus de nous, Camille commence à me parler mais je suis assourdie par le bruit. Mon frère reprend ensuite :
« Danaé, il faut que je t’explique, Papa et Maman sont médecins à l’hôpital, mais ça, tu le sais. Avant qu’ils ne disparaissent, ils m’ont dit de te protéger car bientôt le monde aura changé. Ils m’ont aussi formellement interdit de les approcher, ils sont devenus dangereux... Tu te souviens du docteur Bildey ? nos parents se moquaient souviens de lui, d’ailleurs, le personnel entier de l’hôpital se moquait de lui, il ne voulait plus que les recherches pour contrer la mort avancent, il disait que la mort était quelque chose de naturel, personne ne l’a pris au sérieux alors maintenant il veut faire souffrir toutes les personnes sur Terre, tous ceux qui n’étaient pas d’accord, qui se moquaient. Il est convaincu qu’il y a maintenant trop de personnes vivantes et que nous tuons la planète en la peuplant de manière aussi anarchique. Nos parents se sont arrêtés ici, ils n’ont rien dit de plus, ils m’ont juste donné cette carte qui mènent à un lieu où nous serons en sécurité. Puis il y a eu du bruit, une bourrasque de vent, je me suis évanoui et lorsque je me suis réveillé, nos parents n’étaient plus là, seule restait cette flaque de sang au-dessus de laquelle j’étais agenouillé. Maintenant, il faut que l’on profite de la nuit pour chercher ce lieu secret ».

Voici comment se termine le long monologue de mon frère, haletant et épuisé par la course effrénée que nous menons.
Ensuite, il se met à lire le dos de la carte qu’il vient de sortir de sa poche :
« Les bouts de ferrailles qui seront sur nos têtes sont des transmetteurs, ils coupent les fonctions du cerveau et ne laissent que les données pour tuer. Le docteur Bildey cherche à nous contrôler pour faire une armée de médecins, lorsque vous lirez ce message, vous serez sûrement déjà en train de fuir et nous espérons que nous nous reverrons un jour. Vos parents qui vous aiment de tout leur cœur.
PS : En retrouvant certains documents du docteur, nous avons remarqué que si on enlève les transmetteurs, les personnes touchées redeviennent normales, son invention n’est pas tout à fait au point. »
Camille a les larmes aux yeux, nous courons toujours et nous atteignons l’orée d’une forêt. Ce message laisse un grand vide et un moment de silence pendant quelques secondes. Une atmosphère insidieuse se propage dans la pénombre.
-C’est au bout de ce champ sur la droite ! déclare subitement mon frère, regarde là-bas, le rocher comme sur la carte !
Nous avançons prudemment, le silence règne mais nous sommes plus confiants. Nous parcourons la moitié du champ lorsque des lumières apparaissent autour de nous. Sans hésiter, nous plongeons à travers les épis de blés et nous prions pour que ce ne soit pas nos derniers instants en ce monde. Des voix se rapprochent, je commence à les entendre vaguement, elles parlent du phénomène qui se passe et elles cherchent elles aussi le lieu secret que leur ont indiqué leur parents. Sans faire de bruit, nous sortons timidement de notre cachette. Cinq enfants d’à peu près notre âge se tiennent debout, face à nous, et nous dévisagent. Nous faisons les présentations, et nous nous tournons vers le rocher. Qui n’en est pas un... C’est une entrée, menant à un escalier qui descend sous terre. Mais lorsque nous découvrons cela, nous entendons le bruit qui revient, beaucoup plus près qu’avant, il se rapproche, nous courons, il faut que tout le monde rentre à l’intérieur, les médecins arrivent, menaçants, et en première ligne, nos parents.

Les autres descendent à une vitesse incroyable mais moi, je ne peux plus bouger, paralysée par la vue de mes chers parents, transformés en monstres. Ils arrivent, ne sont plus qu’à quelques mètres. Je voudrais tellement les aider à retrouver une apparence normale, mais je ne bouge pas. Camille, qui a avancé parmi les autres, se retourne et court à mon secours. C’est lorsqu’il crie mon prénom que je sors de ma torpeur. Je hurle de peur et je m’engouffre dans les escaliers. La porte blindée est en bas, il faut qu’on y arrive et que les autres ferment derrière nous, vite, je passe la porte, mais Camille tentant le tout pour le tout, essaie d’enlever le transmetteur de Maman mais d’autres monstres l’attrapent, il me crie un je t’aime et la porte blindée se referme.