TROIS GRANDES RENCONTRES POUR S’INTERROGER SUR CE QUE NOUS NE COMPRENONS PLUS : LE RELIGIEUX.
ET DIEU, DANS TOUT ÇA ?
5 mai 2016.
PENSER LE RELIGIEUX
Nous nous croyons irréligieux en diable, libérés de la superstition, même si nous cédons aux modes,
aux courants d’opinion, aux idéologies – sans même comprendre que c’est cela, aussi, le religieux.
Qui peut parfaitement se proclamer athée – à preuve, le communisme. En sorte que nous nous
trouvons aujourd’hui à peu près démunis devant les intégrismes. Et si nous reprenions les choses au
commencement ? Avec Jean Birnbaum (Un silence religieux : la gauche face au djihadisme), Jean-
Claude Carrière (Croyance), Michel Le Bris (Nous ne sommes pas d’ici). Entre savoir et croire, il
faut choisir, dit-on – mais de quel ordre, dans ce cas, l’imaginaire ? Plaidoyer pour la fraternité et
Lettre ouverte au monde musulman d’Abdenour Bidar ont fait entendre une voix forte et neuve.
►Lun. Maupertuis 11h30
DU GOUVERNEMENT DIVIN
Christian Jambet, très loin du
tohu-bohu des « experts », est
des plus grands spécialistes aujourd’hui
de l’Islam, à la réputation
mondiale. Son ouvrage
Qu’est-ce que la philosophie islamique ? est un
ouvrage de référence. À chacune de ses venues
au festival il a fait salle comble. Il publie ce mois
Du gouvernement divin : comment au sein de
l’Islam pense-t-on le gouvernement des hommes
au regard de la Révélation ? En compagnie
d’Abdennour Bidar et de Souad Ayada.
►Dim. à 10h, Maupertuis
LIRE LE CORAN
La série de Gérard Mordillat sur le Coran en
aura surpris plus d’un. Que sait le public, y
compris musulman, du Coran ? Quand s’est-il
constitué ? Par les apports de qui ? « Le Coran
est plein d’incertitude et de mystères » nous
dit Gérard Mordillat. Et si l’on essayait d’y voir
un peu plus clair ? Avec Gérard Mordillat et
Abdennour Bidar, philosophe et producteur
à France Culture.
►Dim. Grande Passerelle 3, le film à 15h45 et
la rencontre à 16h45.
PENSER L’ISLAMISME
Comprendre, ou penser ? Ce n’est peut-être pas exactement la même chose. Comprendre, étymologiquement,
c’est intégrer en soi – ce que garde en lui le langage populaire « faut le comprendre, le
petit gars » (suivent les causes, la famille, la mère alcoolique, la misère sociale, la Camarde). En ce
sens-là, oui, comprendre c’est (allons, disons : un peu) excuser. Et si nous pensons dans le fond que
nous sommes déterminés par le social comme le ressassent nombre de sociologues, que nous sommes
mus, en somme, par des causes, alors, oui, ce sont les causes qui sont, à la fin des fins coupables (donc
nous, pour être clairs). Pour penser, au contraire, comme pour voir, trop de proximité nuit : penser suppose la mise à distance. Deux attitudes bien différentes. Et si l’on s’efforçait de penser l’islamisme ?
►Lun. 15h30, Maupertuis avec Pascal Ory, Paul Berman, Fethi Benslama
ANNULÉ : RIRE AVEC DIEU, UN SPECTACLE D’ATIQ RAHIMI
« Pourquoi le rire et le sexe sont-ils deux sacrilèges
? Pourtant l’un est l’expression de notre
bonheur, l’autre le garant de notre survie sur cette
terre. Quel mystère, la volonté divine ! Le sexe
sera un autre sujet, pour une autre soirée. Ce soir,
on va rire. L’adage est maintenant bien connu :
« On peut rire de tout, mais pas avec n’importe
qui ! » Et surtout pas avec Dieu ! nous diraient les
esprits ténébreux. »
Sayd Bahodine Majrouh, le grand poète et philosophe
afghan, assassiné en 1989 par les islamistes,
nous dit le contraire : « Il vaut mieux rire avec
Lui que rire de Lui ». À partir de ce postulat, il
a composé un livre magnifique, une anthologie
d’aphorismes des grands mystiques musulmans,
dont « l’humour possède une double fonction : à
l’égard des hommes, il est un fluide spirituel, il fait
« passer le courant » de la sagesse et de l’humilité ;
à l’égard du divin, il se révèle un canal supérieur
de communication. À l’heure où les rieurs sont
haïs par certains musulmans qui ne connaissent
pas leur tradition, cette anthologie est la preuve
que le sourire, le décalage, voire la dérision sont
partie intégrante de la civilisation islamique : dans
le monde des soufis, le rire, le paradoxe qui bouscule
le « religieusement correct ont toujours été
l’une des voies légitimes d’approche du divin. »
Des extraits de cette anthologie du grand Majroud
seront comme des « méditations humoristiques »,
entre les histoires du Mollah Nasrodin qui remet
en question les dogmes religieux. » Atiq Rahimi.
►Dim. 18h, Grande Passerelle 3
DERNIER OUVRAGE
Essais
Le gouvernement divin : Islam et conception politique du monde
CNRS éditions - 2016
" Dieu est le souverain de l’univers parce qu’il est son créateur et il gouverne le monde terrestre par l’intermédiaire de ses prophètes dont le meilleur Mahomet ". Cet article de foi universellement reconnu en islam se prête à bien des interprétations. Ainsi, selon l’islam chiite, cette souveraineté divine est relayée sur la terre par les prophètes, mais aussi par les douze imams qui possèdent l’exclusivité de l’autorité politique et spirituelle après la mort de Mahomet. L’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d’Iran, a prétendu fonder le pouvoir absolu du " savant en religion " sur le fait que ce savant serait le représentant des imams. Mais n’y aurait-il pas, en islam, une autre conception politique du gouvernement, une autre façon de fonder son pouvoir ? Le théoricien chiite Mullâ Sadrâ (1571-1641), dont l’oeuvre est ici étudié dans son développement conceptuel, propose en effet une alternative à l’interprétation dominante. Chez cet auteur, Dieu est toute chose, est présent en toute chose et son " trône " réside, non pas au-dessus de l’univers, mais dans le coeur du vrai fidèle, du savant éclairé. La religion devient un exercice spirituel d’intériorisation des sens cachés du Coran et un ensemble de savoirs qui visent à produire une liberté intérieure semblable à celle que connaît Dieu. Une quête impérieuse de la vie bienheureuse, antidote à tous les dogmatismes religieux.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Pour l’amour des livres
Grasset - 2019
« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.
Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…
Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.
J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »
- “Du grenier breton où le gamin plonge tête la première dans La Guerre du feu, jusqu’à la découverte en bibliothèque du Dernier des Mohicans et de Moby Dick, flibustiers et explorateurs, pionniers et cannibales sont réunis ici pour rappeler la puissance de la lecture sur un enfant solitaire.” Télérama
- “Ce nouvel opus est à la fois une autobiographie et un essai. Une ode à l’écriture et aux écrivains. Michel Le Bris fait de la lecture une nécessité, une urgence pour se construire soi-même. La littérature est aussi un engagement et une bataille pour la culture, essentielle à la démocratie.” France Inter
- "Pour l’amour des livres participe de belle manière à cet hommage choral que les écrivains ont rendu au fil du temps afin de s’acquitter de leur dette envers une littérature qui leur a tant apporté." Zone Critique
DERNIER OUVRAGE
Romans
La Tour abolie
Albin Michel - 2017
« Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches. »
La tour Magister : trente-huit étages au cœur du quartier de la Défense. Au sommet, l’état-major, gouverné par la logique du profit. Dans les sous-sols et les parkings, une population de misérables rendus fous par l’exclusion. Deux mondes qui s’ignorent, jusqu’au jour où les damnés décident de transgresser l’ordre social en gravissant les marches du paradis.
Avec la verve batailleuse qui a fait le succès de La Brigade du rire, Gérard Mordillat, l’auteur de Vive la sociale ! et de Les Vivants et les morts, livre une fable prodigieuse sur la société capitaliste et la révolte de ceux qu’elle exclut.
Revue de presse
- "Mordillat a écrit le roman de la révolte, de ceux qui n’en sont même pas au « gagner plus ». Parfois le trait est gros, mais un vrai souffle l’emporte. Sa colère gronde et vise juste." (La Vie)
- "La fable est à la fois sombre et lumineuse. Et Gérard Mordillat décidément l’un des peintres les plus inventifs des contradictions de ce temps." (Jean-Claude Lebrun, L’Humanité)
DERNIER OUVRAGE
Essais
Croyance
Odile Jacob - 2015
« La croyance, cette certitude sans preuve , pouvons-nous l’approcher, la connaître ? Qu’est-elle exactement ? Une rébellion individuelle, ou au contraire un ralliement à un groupe, à une secte ? Un réconfort ou une aberration ? Alors que nous pensions, depuis le siècle dit des Lumières , aller vers plus de clarté, plus de maîtrise sur le monde et sur nous-mêmes, nous voyons que la croyance a marché près de nous au même pas que la connaissance, et que l’obscurité nous accompagne toujours, avec son cortège de rage et de sang. Nous voyons qu’une vieille alliance, que nous espérions dissipée, s’est renouée entre la violence et la foi. Pouvons-nous, le temps d’un livre, nous arrêter au bord du chemin, réfléchir ensemble, rappeler certains épisodes de notre passé et nous demander s’il nous reste une chance, un jour, d’éteindre, ou d’adoucir, ce feu ancien qui nous déchire encore ? » J.-C. Carrière.
Revue de presse :
- « La question que se pose Jean-Claude Carrière dans son livre sera donc de plus en plus d’actualité. Nous devrons tous choisir entre connaissance et croyance. Mais ceux qui continueront à se référer à la connaissance et à la rationalité scientifique, comme à l’athéisme, le feront à leurs risques et périls. Beaucoup auront, tôt ou tard et par la force des choses, la tête tranchée. »
Mediapart - « Si l’on connait la vitesse de la lumière, peut-on mesurer celle de l’obscurité ? Grâce à la Science, l’Homme a la certitude que la connaissance va le sortir des ténèbres. Or, selon l’auteur, malgré des découvertes majeures, "l’obscurité marche toujours à nos côtés". Les actes terroristes au nom des religions en sont l’expression la plus violente. A méditer… »
Culture box
DERNIER OUVRAGE
Récit
Si seulement la nuit
P.O.L. - 2022
Confinés séparément, le père et la fille ont entretenu un échange épistolaire en 2020 pour s’encourager, raconter à l’autre son quotidien et se donner des nouvelles rassurantes. Mais très vite leur correspondance, émouvante et inquiète, s’assombrit, vire à l’écriture tourmentée de soi, et s’engage dans le récit d’une famille bouleversée par la politique, l’exil et l’art.
Le père, écrivain et cinéaste d’origine afghane, est incapable d’écrire un mot de fiction, de reprendre l’écriture de son roman. Il se croit alors enfermé dans un monde virtuel. Sa fille, née en France de parents exilés, étudiante en art dramatique, s’interroge sur son identité réelle. Ce sont ses mots et ses interrogations, à elle, qui ramène son père à la réalité du monde actuel, et à la réminiscence de son passé douloureux, volatile. Le passé ressurgit entre eux comme un fantôme encombrant, et que le père et la fille ont bien du mal à partager.
Alors que les nouvelles de l’Afghanistan sont chaque jour de plus en plus angoissantes, le père parvient à raconter ce qu’il n’avait jamais dit à sa fille : la fuite de Kaboul, l’invraisemblable périple jusqu’au Pakistan, la famille, les amis abandonnés ou disparus.
Ainsi deux générations, en s’écrivant, racontent le monde, la vie et les sentiments d’une famille exilée. Le père vit dans la nostalgie et l’inquiétude des événements, la fille s’interroge sur son identité et veut croire en l’avenir. Une transmission est-elle encore possible ? Et derrière les mots échangés, qui se révèle ? et qui se cache toujours ?
DERNIER OUVRAGE
Essais
L’Islam des théophanies : Une religion à l’épreuve de l’art
CNRS Editions - 2010
L’islam offre deux visages : celui d’un monothéisme abstrait, où domine la transcendance de Dieu, au risque d’engendrer le fanatisme. Mais aussi, et surtout, celui, plus discret, mais non moins insistant, d’un monothéisme concret, qui valorise la manifestation visible de l’essence de Dieu dans l’apparition sensible des actions divines. Dans cette étude pionnière qui surprendra par sa liberté de ton, Souâd Ayada renouvelle en profondeur notre connaissance des systèmes de pensée qui ont fondé l’islam des théophanies. Un modèle de sagesse aux antipodes de l’austérité coranique, selon lequel Dieu se donne à voir par l’entremise de l’" homme parfait " et par toutes les formes de beauté qui révèlent sa majesté. Réconciliant l’amour, l’intelligence et la connaissance, cette conception de la révélation, notamment portée par le soufisme, préserve l’islam de toute dérive juridique et politique, et accorde à l’art toute sa place. Elle constitue l’antidote que l’islam a lui-même produit pour guérir le mal du dogmatisme et l’intolérance.
Dévoilant les impasses et les contradictions du fondamentalisme, dialoguant avec les sources juives et chrétiennes, confrontant le message du soufisme à la philosophie de Hegel ou à la pensée d’Emmanuel Levinas, Souâd Ayada signe un livre essentiel, en forme de plaidoyer pour une approche audacieuse, exigeante et ouverte de l’islam.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Ce cher et vieux pays…
Gallimard - 2023
« L’histoire politique de ce pays est, depuis soixante-cinq ans, à contre-courant de la tendance générale de son époque. Il n’est pas sûr que la plupart des Français aient pris conscience de cette originalité. » Pascal Ory
Ces Français sont bien étranges. Comparons le « cher et vieux pays » du général de Gaulle à tous les pays voisins ; que voyons-nous ? L’infinie variété de la démocratie libérale, avec ses régimes foncièrement parlementaires, gagés sur un pouvoir exécutif limité. En face de ce peuple de roseaux, un seul chêne : la France de la Ve République. Parlons démocratie représentative, démocratie participative : nous sommes en Suisse. Parlons démocratie autoritaire : nous sommes chez nous.
De ce constat peuvent découler deux hypothèses opposées, selon que l’on considère ce particularisme comme un atout précieux ou comme un mauvais présage.
Affaire d’institutions, assurément, mais qui ne voit que ce centralisme, cette verticalité, ce présidentialisme viennent de loin ? Qui peut prédire que cela changera bientôt, voire jamais ? Et qui peut affirmer que, quelque part, nous n’y trouvions pas notre compte ?
- « L’historien et académicien Pascal Ory déplore le centralisme autoritaire de la politique française, qui culmine dans nos institutions. Cela explique, selon lui, nos blocages. » Le Figaro
- « Dans son dernier tract, « Ce cher et vieux pays… » (Gallimard), Pascal Ory, professeur émérite d’histoire à la Sorbonne et membre de l’Académie française, analyse le rapport singulier que les Français entretiennent avec la démocratie. » Marianne
DERNIER OUVRAGE
Essais
Les Passeurs
Les liens qui libèrent - 2016
« Je suis, tu es, vous êtes, nous sommes Tisserands », c’est-à-dire de ceux qui œuvrent aujourd’hui à réparer tel ou tel pièce du grand tissu déchiré du monde humain : fractures sociales, conflits religieux, guerres économiques, divorce entre l’homme et la nature, etc… Après le succès de la « Lettre ouverte au monde musulman » – plus de 20.000 ex – Abdennour Bidar a décidé de mettre à l’honneur et de « relier tous ces relieurs » qui réparent et construisent le monde de demain.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Cours vite camarade ! : La génération 68 et le pouvoir
Denoël - 2006
En janvier 2001, le magazine Stern publia plusieurs photographies de Joschka Fischer, alors ministre allemand des Affaires étrangères, prises lors d’une échauffourée en 1973. Sur ces clichés, le jeune Fischer frappe violemment un policier à l’issue d’une manifestation.
Ces images déclenchèrent un scandale. Derrière la personnalité d’un homme politique qui comptait parmi les plus populaires de son pays, c’est toute une génération qui était sommée de se justifier sur son itinéraire, son esprit de rébellion, ses engagements et son influence. Le procès de la génération 68 venait de s’ouvrir. Daniel Cohn-Bendit fut l’un des premiers accusés à la faveur d’une lecture biaisée de ses écrits de jeunesse.
Les affaires Fischer et Cohn-Bendit ne sont pourtant rien d’autre que l’histoire d’individus qui ont connu dans leur vie une évolution incompréhensible si elle est détachée des traumatismes de notre temps.
Joschka Fischer, Bernard Kouchner, Daniel Cohn-Bendit et André Glucksmann sont les figures les plus éminentes de cette Nouvelle Gauche qui refuse toute compromission avec le totalitarisme, quel qu’il soit. Une internationale de la contestation dont la guerre d’Irak a révélé les failles mais aussi les relais dans le monde musulman.
Figure éminente de la gauche américaine, ancien soixante-huitard et, surtout, spécialiste de l’Europe et de la France, Paul Berman était le mieux placé pour raconter avec le détachement nécessaire cette aventure collective. Cours vite camarade ! raconte la fin de l’idéalisme et la découverte du pouvoir. Le roman d’une génération.
Paul Berman est l’auteur des Habits neufs de la terreur (Hachette littératures, 2004).
DERNIER OUVRAGE
Essais
Un silence religieux : La gauche face au djihadisme
Seuil - 2016
Alors que la violence exercée au nom de Dieu occupe sans cesse le devant de l’actualité, la gauche semble désarmée pour affronter ce phénomène. C’est qu’à ses yeux, le plus souvent, la religion ne représente qu’un simple symptôme social, une illusion qui appartient au passé, jamais une force politique à part entière.
Incapable de prendre la croyance au sérieux, comment la gauche comprendrait-elle l’expansion de l’islamisme ? Comment pourrait-elle admettre que le djihadisme constitue aujourd’hui la seule cause pour laquelle un si grand nombre de jeunes Européens sont prêts à aller mourir à des milliers de kilomètres de chez eux ? Et comment accepterait-elle que ces jeunes sont loin d’être tous des déshérités ?
Là où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès qu’il est question de politique, elle évacue la religion. Voilà pourquoi, quand des tueurs invoquent Allah pour semer la terreur en plein Paris, le président socialiste de la France martèle que ces attentats n’ont « rien à voir » avec l’islam.
Éclairant quelques épisodes de cet aveuglement (de la guerre d’Algérie à l’offensive de Daech en passant par la révolution islamique d’Iran), ce livre analyse, de façon vivante et remarquablement documentée, le sens d’un silence qu’il est urgent de briser.