5 mai 2016.
Nathalie Heinich depuis ses débuts creuse une voie singulière
en s’affrontant à la question de l’art. Que peut dire le
sociologue d’une oeuvre d’art, d’un texte littéraire ? Rien, en
principe, si l’on tient que le fictif n’est certes pas le vrai, mais
n’est pas non plus le faux – qu’il dit quelque chose qui ne
peut pas se dire autrement. Mais de se poser la question de
l’art n’est-ce pas aussi une manière de réfléchir sur soi, sur la
sociologie, d’en éprouver les limites ? Après tout, les sciences
humaines se sont édifiées en expulsant du champ déclaré de
leur compétence les romanciers, ne laissant plus à ces derniers
– un temps – que l’espace de petits jeux formels…
► Sam. 18h15, Univers
Sociologue de l’art, auteur d’une trentaine d’ouvrages et d’un grand nombre d’articles dans des revues de sciences sociales françaises et étrangères, traduite dans le monde entier, Nathalie Heinich revient dans cet entretien sur son parcours atypique : des études de philosophie en province au séminaire de Pierre Bourdieu à Paris, des années noires de l’« intello précaire » au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales, de l’après-68 à l’entrée dans le XXIe siècle, elle raconte concrètement comment se fait une carrière de chercheur, comment émergent les thèmes de recherche, comment se fabriquent les enquêtes, comment s’écrivent et se publient les articles et les livres, à quelles lectures parfois inattendues ils donnent lieu. Elle propose surtout une remarquable introduction à la sociologie de l’art. Cet ouvrage constitue la version remaniée et actualisée de celui paru sous le même titre aux éditions « Aux lieux d’être », en 2006 (premier volume) et 2007 (second volume), et qui était depuis longtemps introuvable.
