ABKARIAN Simon

France

3 mai 2022.

Acteur et comédien, Simon Abkarian ne se laisse enfermer dans aucun rôle, passant du héros tragique des tragédies d’Eschyle, au méchant de James Bond dans Casino Royale et au dirigeant de la FTP-MOI dans L’armée du crime. Au théâtre comme au cinéma, Simon Abkarian réalise des voltefaces impressionnants. Récompensée par trois Molières (auteur, mise en scène et Théâtre public) en 2020, sa dernière pièce revisite avec fureur le mythe d’Électre. “J’ai choisi d’écrire ma version car je veux raconter cela comme on raconte une fable”, raconte le dramaturge qui explore ici le thème de la haine, à travers la jeune Électre, qui souhaite tuer sa mère pour venger son père Agamemnon. À travers elle, Simon Abkarian met en scène la colère des opprimées dans une société patriarcale qui ne leur laisse pas de place. Saluée par la critique, la pièce, jouée au Théâtre du Soleil, mêle chœurs envoûtants, musique et danse, et démontre toute la pertinence de l’épopée tragique dans la société actuelle.

 

En 1985, il entre au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine et joue, entre autres, dans L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge d’Hélène Cixous et dans les pièces du cycle des Atrides, dont Iphigénie à Aulis d’Euripide ou encore Les Euménides d’Eschyle.

Il obtient le Molière du meilleur comédien en 2001 pour son rôle dans Une bête sur la Lune de Richard Kalinoski, mis en scène par Irina Brook, pièce relatant la vie d’un rescapé du génocide arménien. En 2004, au Festival international du film de Thessalonique 2004, il obtient le prix du meilleur acteur pour Prendre femme, premier volet d’une trilogie de Shlomi et Ronit Elkabetz.

Ses premiers rôles au cinéma lui sont proposés par Cédric Klapisch, qui l’engage sur les tournages de Ce qui me meut (1989), Poisson rouge (1994) et Chacun cherche son chat (1996). Les deux artistes collaborent à nouveau sur Ni pour, ni contre (bien au contraire) en 2003.

Son regard sombre et sa stature lui obtiennent des rôles de mauvais garçons dans J’irai au paradis car l’enfer est ici (1997), les repris de justice dans Dans tes rêves (2005), les caïds dans Les Mauvais Joueurs (2005) et les méchants dans le James Bond de Martin Campbell, Casino Royale (2006).

Simon Abkarian manifeste son soutien à la culture de l’Arménie dont il est originaire en s’illustrant en 2002 dans Ararat d’Atom Egoyan et en 2005 dans Aram de Robert Kéchichian. Remarqué par Michel Deville, ce dernier lui offre l’un des rôles principaux d’Un monde presque paisible, une comédie dramatique ayant pour cadre un atelier de confection tenu par des rescapés de l’Holocauste dans l’immédiat après-guerre.

Son charisme lui vaut également d’incarner, tour à tour, Mehdi Ben Barka, le célèbre opposant marocain dans J’ai vu tuer Ben Barka en 2005, puis son farouche ennemi le général Oufkir dans L’Affaire Ben Barka en 2007.

En 2009 sort L’Armée du crime, film qui retrace le parcours des Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), dans lequel il joue le rôle de leur dirigeant Missak Manouchian.
La même année, il passe à l’écriture théâtrale et signe Pénélope ô Pénélope, premier volet d’une trilogie qu’il met lui même en scène. La pièce obtient le grand Prix de la meilleure création française. Le spectateur y suit l’histoire d’une famille qui traverse le temps et l’Histoire. L’œuvre interroge la transmission — des valeurs comme des blessures — aux générations suivantes. Le Dernier Jour du jeûne (2014) racontait l’histoire des femmes qui s’émancipent du diktat des hommes et du religieux. Le troisième et dernier tome de cette trilogie, L’envol des cigognes se situe en fait au milieu, il parle, bien plus que de la guerre, du paradis perdu qui s’abîme.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Théâtre

Électre des bas-fonds

Actes Sud - 2019

Pièce de théâtre

À son retour de la guerre de Troie, Agamemnon est assassiné par sa femme Clytemnestre et son amant, Égisthe. Pour asseoir leur domination, le couple ordonne l’assassinat d’Oreste, le fils d’Agamemnon. La plus jeune fille du roi, Chrysothémis, reste auprès de sa mère. Électre, son aînée, a trouvé refuge chez les prostituées d’Argos. Aveuglée par la haine, refusant l’appel à la raison et au par- don de sa jeune sœur, elle la laisse sacrifier sa virginité à Égisthe et reste sourde aux justifications de sa mère. Oreste, son frère exilé, revient travesti en femme à Argos pour venger son père. Dans la scène finale, exhorté par sa sœur assoiffée de vengeance, il commet un matricide, prolongeant ainsi la malédiction des Atrides.