IRAN À L’ÉPREUVE DE L’EXIL

22 mai 2017.
 
Bahiyyih Nakhjavani © D.R.

Monde éclaté, ravagé par la guerre, identités blessées, niées, meurtries, recomposée dans l’épreuve de l’exil… Négar Djavadi, qui a fui à travers les montagnes la révolution iranienne, dit dans Désorientale (Liana Levi) la «  désintégration  » de soi qu’impose l’exil, pour réapprendre à vivre. Maryam Madjidi a été contrainte à l’exil, elle aussi, arrachée à ses mondes d’enfance. De quel côté est-on lorsqu’on est à la fois d’ici et d’ailleurs ? (Marx et la poupée, Le Nouvel Attila, qui vient de recevoir le Goncourt du premier roman et est en course pour le Prix Ouest-France-Étonnants-Voyageurs) Bahiyyih Nakhjavani dans Eux et nous (Actes Sud) brosse avec verve, non sans mélancolie, le tohu-bohu d’une famille ballottée entre Téhéran, Los Angeles et Paris, où les générations ne se reconnaissent plus, sans autre lien ténu qu’une langue de moins en moins commune…

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Eux & Nous

Actes Sud - 2016

Quand Bibijan, bientôt octogénaire, se résout enfin, sous la pression de ses deux filles, à quitter Téhéran, elle a pour destination Los Angeles, siège d’une vaste communauté iranienne en exil, où son aînée, Goli, a fondé une effrayante famille qui se veut plus américaine que nature. Mais la vieille dame n’est pas davantage attirée par Paris, où vit sa cadette, Lili, artiste conceptuelle bohème, dont sa mère a découvert non sans répulsion l’appartement incommode sous les toits d’une décevante Ville Lumière. Armée de la précieuse “carte verte” dont chacun ne cesse en vain de lui vanter les vertus, Bibijan, qui ne vit plus, de fait, que pour connaître le sort de son fils, Ali, mystérieusement disparu dans les montagnes kurdes, navigue, ballottée entre ses filles qui se disputent son destin, dans les décors d’un Occident dont l’a d’emblée révulsée le matérialisme éhonté qui semble avoir gravement contaminé l’exil de ses compatriotes.
À travers le destin d’une famille incarnant une communauté aux mille visages qui transcende les frontières, Bahiyyih Nakhjavani dresse, sous les dehors d’une satire jubilatoire, l’attachant portrait, toutes générations confondues, d’un peuple qui, déchiré par la succession des tyrannies anciennes et nouvelles, et désormais seulement relié par l’usage de la langue ancestrale partagée, ne cesse d’osciller entre nostalgie et déni, offrant ainsi, sur l’histoire d’une nation régulièrement placée sous les feux de l’actualité la plus névralgique, un éclairage aussi inédit que subversif.

Traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Désorientale

Liana Lévi - 2016

Si nous étions en Iran, cette salle d’attente d’hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s’enchaîneraient bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l’étourdissant diaporama de l’histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l’adolescence, l’ivresse du rock, le sourire voyou d’une bassiste blonde…
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l’identité ; un grand roman sur l’Iran d’hier et la France d’aujourd’hui.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Marx et la poupée

Le Nouvel Attila - 2017

Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris.
À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan au profit du français qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.

Dans ce récit qui peut être lu comme une fable autant que comme un journal, Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, rempart, moyen de socialisation, et même arme de séduction massive.


Revue de presse

-"Maryam Madjidi « voudrait semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres ». Elle réussit parfaitement ce pari." (Kerenn Elkaïm, Livres Hebdo)