Contes : les territoires de l’ombre

22 mai 2017.
 


Du monde qui nous entoure, de celui qui s’ouvre devant nous, ils disent tout à la fois les effrois et les merveilles… Avec Pierre Dubois créature des ténébres ou encore Pierre Péju qui a capté admirablement l’esprit du romantisme allemand et qui publie cette année un superbe roman : Reconnaissance (Gallimard). Après Le goût de l’ombre (Grasset) en 2016, Georges-Olivier Châteaureynaud, le plus grand écrivain fantastique français, Prix Renaudot 1982 pour La faculté des songes, publie en juin un roman Aucun été n’est éternel. Ahmed Saadawi nous livre un roman surréaliste d’un genre nouveau qui à travers la fiction et la fantasy, donne corps à une réalité. Samedi 16h45, Théâtre Chateaubriand

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

À cause de l’éternité

Grasset - 2021

A cause de l’éternité constitue le seconde volet de L’Autre rive, qui remporta en 2007 le Grand Prix de l’Imaginaire. L’action se déroule de nos jours au château d’Eparvay, dans l’arrière-pays d’Ecorcheville, ville bâtie au bord du Styx. Cette région présente nombre de particularités. L’esclavage n’y a jamais été aboli. La proximité relative des Enfers, par-delà l’infranchissable fleuve des morts, entraîne des précipitations insolites (pluies d’animaux et d’insectes divers) ainsi que l’échouage occasionnel de créatures venues de l’autre rive (centaure, sirène, satyre, minotaure...). Un Musée de Tératologie les rassemble ; les étudie et les expose. Enfin, l’économie comme la politique locales sont sous le contrôle de trois grandes familles, les Propinquor, les Esteral et les Bussettin, qui se disputent et se partagent de longue date le pouvoir.

Dans ce nouvel opus, Alphan Bogue, jeune diplômé du Courtauld Institute de Londres, docteur PhD en histoire de l’Art, rentre à Ecorcheville pour s’y marier. Sa fiancée, Delia Spencer-Churchill, doit le rejoindre pour la cérémonie. Le père d’Alphan, brocanteur à la retraite, pensionnaire de l’EHPAD d’Ecorcheville, le presse de dérober pour lui un autoportrait supposé de Rembrandt adolescent, inconnu de tous, qui se trouve au château d’Eparvay. Spécialiste de la peinture baroque et de Rembrandt, Alphan se laisse convaincre de s’introduire dans le château pour examiner le tableautin et se faire une idée de son authenticité. Quand il franchit une porte basse
donnant sur les soubassements de l’énorme édifice métamorphique, l’aventure commence...

L’imaginaire qui se déploie dans ce roman-monde n’a pas d’équivalent dans la littérature française contemporaine.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Mes chemins en Bretagne

Ouest-France Éditions / Edilarge - 2018

Pierre Dubois a puissamment participé à la diffusion du merveilleux en "faisant le conteur " dans l’audiovisuel en même temps qu’il rédigeait de nombreux ouvrages : Encyclopédies des lutins, des elfes et des fées sont les plus connus. Pendant vingt ans il a parcouru la Bretagne, inventoriant une tradition légendaire dont il a su transmettre la noblesse forestière et champêtre.

Avec les Editions Artus, Hervé Glot a posé la première roche sur laquelle s’est enraciné le chêne du renouveau arthurien. Depuis des années, par grèves, landes et forêts, il mène sa quête d’images et révèle, par son regard, les instantanés d’un monde secret que le promeneur découvrira pas à pas.

 

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Romans

Frankenstein à Bagdad

Piranha - 2016

Conte aussi fantasmagorique que réaliste situé dans l’Irak de l’après Saddam Hussein, Frankenstein à Bagdad a reçu le Prix international du roman arabe 2014.

Dans le quartier de Batawin, à Bagdad, en ce printemps 2005, Hadi le chiffonnier récupère les fragments de corps abandonnés sur les lieux des attentats qui secouent la ville pour les coudre ensemble. Plus tard, il raconte à qui veut bien lui payer un verre qu’une âme errante a donné vie à cette mystérieuse créature, qui écume désormais les rues pour venger les innocents dont elle est constituée. À travers les pérégrinations sanglantes du Sans-Nom, Ahmed Saadawi se joue des frontières entre la réalité la plus sordide et le conte fantastique, entre superstitions magiques et croyances religieuses pour dresser le portrait d’une ville où tout le monde a peur de l’inconnu.

Traduit de l’arabe (Irak) par France Meyer


Revue de presse

« Ahmed Saadawi, figure phare des lettres irakiennes, qui a choisi de rester vivre au pays malgré la guerre. Dans Frankenstein à Bagdad, lauréat du prix international du roman arabe, il convoque la figure créée par Mary Shelley pour mieux décrire la réalité sanglante de la capitale irakienne. »
Julien Bisson, Lire

« Le roman étaye à la perfection la théorie d’Ahmed Saadawi qui pense que la fiction est plus apte que le journalisme à transmettre pleinement l’expérience émotionnelle que représente la vie dans une ville où les niveaux de violence extraordinaires sont devenus ordinaires. »
Tim Arango, The New York Times

« Ahmed Saadawi soutient avec beaucoup de pertinence que la littérature illustre mieux que le reportage la cruauté du sort fait au peuple irakien. Morts, comptez-vous ! »
Éric Dussert, La Quinzaine Littéraire

« Ahmed Saadawi construit une sorte de pendant oriental au réalisme magique de Gabriel Garcia Márquez, qu’il admire : les moyens de la fiction sont sollicités pour rendre compte d’une réalité qui échappe à la raison. »
Élise Wajeman, Mediapart

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Reconnaissance

Gallimard - 2017

« Un soir, dans un refuge de haute montagne, un mystérieux randonneur m’a fait don d’un bloc transparent qu’il prétendait être le "Cristal du Temps".
Plus tard, au lieu de me remettre à la rédaction de mon roman, j’y ai plongé les yeux. Des moments de ma vie ont surgi en désordre : scènes banales ou incongrues, êtres perdus de vue, anecdotes auxquelles je n’aurais jamais repensé, comme la mise à mort d’un lapin, la folie d’une jeune plasticienne russe, un amnésique oublié, la femme qui voulait devenir un ange, les singes dans les ruines d’un temple khmer, les gosses cruels des rues du Caire…
Fasciné, j’étais contraint de reconnaître – comme un homme admet être le père d’un enfant – que ces aventures invraisemblables, ces rencontres sans lendemain, étaient bien miennes. Le cristal m’en restituait chaque détail. Impitoyable, il m’infligeait aussi le souvenir de mes propres rêves et quelques images de mon avenir.
Cette "vie réelle", j’ai voulu l’écrire. Ce vaste désordre s’est transmué en récits, histoires étranges et fragments romanesques. Explorateur en territoire dangereux, je racontais. Immense était ma reconnaissance envers le monde, sa variété, sa douleur et son énigme. »


Revue de presse