SAMEDI 3 JUIN, 10H30, PALAIS DU GRAND LARGE, SALLE MAUPERTUIS
RÉCIT NATIONAL, IDENTITÉ : LA COMPOSITION FRANÇAISE
2 juin 2017.

Une et indivisible, assurément. Mais plurielle, tout autant, (pour ne pas dire multiculturelle, et pourtant…) : qu’avaient de commun Occitans et Bretons, Provençaux et Picards ? Mona Ozouf, dans Composition française dresse le portrait de deux conceptions qui s’opposent, se méfient l’une de l’autre, mais dont le dialogue au final aura fait la France : l’une qui la veut une victoire de la Raison, l’autre qui dit aussi une diversité culturelle rassemblée. Raphaël Glucksmann qui entend reprendre le « récit national » à ceux qui s’en sont emparés (Notre France, dire et aimer ce que nous sommes, Allary éditions), Pascal Blanchard historien qui publie Les années trente : et si l’histoire recommençait ? (La Martinière), Patrick Boucheron, à la tête d’un collectif, propose une revigorante Histoire mondiale de la France, reprenant l’idée d’un « récit national » – mais différent…
DERNIER OUVRAGE
Beaux livres
Colonisation et propagande. Le pouvoir de l’image
Cherche Midi - 2022
Pendant plus d’un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio… tous les supports ont participé à cette apologie de la « plus grande France ». Au cœur de l’État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l’idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l’entre-deux-guerres et se prolonger jusqu’aux dernières heures de l’Algérie française et même au-delà. Au cœur de cette dynamique, l’image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l’on appelait les « indigènes ».
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l’adhésion du plus grand nombre à l’Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l’univers symbolique structurant l’imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l’identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d’un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s’est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale », dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l’héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
Avec Sandrine Lemaire, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Pour rendre la vie plus légère
Stock - 2020
"Pourquoi la littérature ? Parce que la littérature nous pourvoit de dons que nous n’avons pas. Elle nous pourvoit immédiatement de l’ubiquité. Grâce à la littérature, nous vivons dans des pays, des villes où nous n’avons jamais posé le pied. Grâce à la littérature, nous pouvons reculer vers des époques révolues. Il y a une sorte d’immense liberté que donne la pratique des livres, et que nous n’avons pas. La démultiplication de l’existence dans la littérature est une chance précieuse". Ce volume contient les principales émissions faites par Mona Ozouf à "Répliques" , sous la direction d’Alain Finkielkraut : sur les femmes et la singularité de leur écriture ; sur les livres comme "patrie" ; sur la galanterie française ; sur la civilité ; sur le Panthéon ; sur la Révolution française ; sur Henry James ; sur George Eliot. Les partenaires avec lesquels elle dialogue ici sont Diane de Margerie, Claude Habib, Pierre Manent, Geneviève Brisac, Philippe Belaval, Philippe Raynaud, Patrice Gueniffey. C’est tout un parcours intellectuel qui est ici dessiné, depuis ses travaux fondateurs sur la Révolution française jusqu’à ce qu’elle appelle ses "échappées belles" en littérature. Mona Ozouf est une "figure aussi discrète que rayonnante de la scène intellectuelle française", comme l’écrit Jean Birnbaum dans Le Monde. A bonne distance de tous les enrôlements et de toutes les assignations identitaires, elle maintient inébranlable le souci d’une ligne originale.
Entretiens avec Alain Finkielkraut, dans l’émission Répliques
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Revue de presse :
- « La restitution d’entretiens radiophoniques est un pari risqué, mais il fonctionne excellemment tant l’art de la conversation et la maîtrise de la langue sont ici à leur sommet » (Eugénie Bastié, Le Figaro)
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Essais
Les Enfants du vide. Sortons de l’individualisme
Allary Éditions - 2018
« Nous sommes libres, sommes-nous pour autant heureux ? La sourde inquiétude qui nous tenaille vient de l’absence d’horizon collectif, de la crise des récits et des structures qui inscrivaient hier encore l’individu dans un tout. Nos parents ont déconstruits ces récits qui étaient des mythes aliénants, et ils ont eu raison. Mais nous ne pouvons nous contenter du rien qui prit leur place.
Si nos aînés sont arrivés au monde dans une société saturée de sens, nous sommes nés dans le vide. Leur mission était de briser des chaînes, la nôtre sera de retisser des liens.
La démocratie repose sur les droits de chacun, mais pas seulement. La tâche de notre génération sera de nous préoccuper de ce "pas seulement" qui fut trop longtemps délaissé : le droit du tout sur chacun. Car si nous ne le faisons pas, les forces les plus autoritaires le feront à notre place. » R.G.
Dans la lignée de Génération gueule de bois, Raphaël Glucksmann interroge le manque d’horizon collectif des générations élevées dans des sociétés individualistes.
- « Un style vif, fondé sur une culture politique sûre. » Libération
- « Ce passionnant essai dresse un constat cinglant de "la société de solitude" » Le Monde
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Essais
« L’intérêt pour Machiavel renaît toujours dans...
- 2017
« L’intérêt pour Machiavel renaît toujours dans l’histoire au moment où s’annoncent les tempêtes, car il est celui qui sait philosopher par gros temps. Si on le relit aujourd’hui, c’est qu’il y a de quoi s’inquiéter. Il revient : réveillez-vous. »
Depuis sa mort en 1527, on le lit pour s’arracher à la torpeur. Mais que sait-on de lui hormis le machiavélisme, cette angoisse collective devant le mal en politique ?
Allons donc chercher l’homme derrière le masque qui le défigure. Levons les contradictions qui travaillent cet esprit ardent de la Renaissance florentine : le créateur du Prince et l’homme d’action, le poète obscène et le blagueur, l’inspiration qu’il trouve autant chez les peintres que dans la mécanique des passions et intérêts humains. En somme, la sagesse de Machiavel ne se trouve-t-elle pas dans « l’art subtil de la provocation joyeuse » ?
Patrick Boucheron nous invite sur un tempo allegrissimo à découvrir un Machiavel insolent, visionnaire, implacable comme un soleil d’été. « Machiavel est un éveilleur, parce qu’il est un écrivain. Il écrit pour porter la plume à la plaie. Il écrit pour raviver, non la splendeur des mots, mais la vérité de la chose ».
Un été avec Machiavel est à l’origine une série d’émissions diffusées pendant l’été 2016 sur France Inter.