La fenêtre

Écrit par CREISSEN Manon (5 ème, Collège Taisson d’Alès)

23 avril 2019.
 

Elle esquissa un pas à reculons, puis fit une brusque volte-face et s’éloigna en s’efforçant de ne pas courir.

Dehors il pleuvait, l’eau ruisselait sur les carreaux et le vent secouait les branches des arbres. Les volets tapaient la façade de la maison sous la violence du vent. Lola, effrayée par ce qu’elle venait de voir, se refugia derrière son canapé et s’accroupit.

Qui était donc cet individu, cet inconnu, cet homme qui l’observait à travers lescarreaux ?

Après une dure journée de travail, la fatigue, ses yeux, le mauvais temps, n’avait-elle pas eu une hallucination ? Une ombre peut-être ?

Lola vivait seule depuis bien longtemps. Une vie bien remplie par un travail qui lui prenait le plus clair de son temps. Elle avait renonçé à l’amour, et passait la plupart de son temps libre avec ses copines qui essayaient de lui changer les idées.

Des voyages les weeks end, des sorties la semaine au cinéma ou au restaurant, mais cette vie lui pesait de plus en plus......Et surtout elle perdait le sens de sa vie.

Ses rêves de jeune fille de rencontrer un homme, d’avoir des enfants, de donner la vie, partager le bonheur, la vie de famille dont elle rêvait tant, le grand amour s’éloignait de plus en plus..

A ses yeux, sa vie était brisée.. Elle finirait seule...Elle se sentait prisonnière d’un travail qui certes lui permettait de vivre mais à côté de cela rien...

Elle qui courait depuis des années, toujours pressée, en perpétuel retard, à la poursuite d’un avenir, d’un horizon qui s ’éloignait à mesure qu’elle s’en rapprochait.

Bien que paralysée par ce qu’ elle venait de voir, Lola reprit peu à peu ses esprits, pivota sur le coin du canapé et calmant sa respiration décida de se rassurer.

Elle ne pouvait pas rester ainsi cachéé toute la nuit.

Malheureusement pour elle, alors qu ’elle regardait en direction de la fenêtre,elle vit que l’inconnu était toujours là.

Qui était-il ? Que voulait-il ? Son visage lui était il familier ? Peut être s’agissait -il d’un nouveau voisin ? Toutes ces questions lui traversaient l’esprit, mais sans pour autant la rassurer.

Elle essayait de se remémorer les rencontres qu’elle avait pu faire récemment :ce visage, l’avait-elle déjà vu ?

La lumière se faisait de plus en plus discrète à l’extérieure, et la pluie redoublait de violence. Mais qui était donc cet inconnu ? Ses yeux brillaient à chaque éclair de tonnerre. Il restait là, imperturbable,sans bouger sous la pluie qui dégoulinait.

Elle qui gérait tout au quotidien et qui bravait tous les dangers depuis qu’elle
s’était retrouvée seule elle prit son courage à deux mains et regarda avecinsistence l’individu : un doute, une lueur d’espoir la traversa.

Au travers de cette fenêtre, Lola se mit à rêver.. Et si cet homme qu’elle ne connaissait pas c’était...Ce n’était pas un corps sans vie derrière cette fenêtre
mais un regard qui laissait transparaitre des émotions.

Du doute qui s’était installé en elle, de la peur, soudainement un déclic s’était
produit, elle avait envie de croire à un nouveau départ.

Elle se dirigea vers la porte d’entrée, et invita l’homme à venir se rechauffer chez elle.

Cet homme en fait qui l’observait, c’était Pascal.

Jugé pour des petits délits, et sorti d’un foyer, il cherchait à réaprendre les codes de la vie en société. Un peu perdu, il avait peur de franchir ses limites qui pouvaient l’amener à se retrouver enfermé à nouveau .

Alors pour s’occuper, pour combattre son ennui, sa tristesse, son désarroi il observait la vie des autres et en particulier celle de sa voisine d’en face, Lola.

L’histoire de deux vies brisées, chacune à sa manière qui s’unissaient presque par hasard grâce à cette fenêtre. Cet homme qui avait brisé mon intimité au travers de cette fenêtre : il fantasmait sur moi, il voulait tout simplement communiquer à nouveau et combattre l’indifférence des gens.

Il n’y avait rien de mal sain dans cette observation minutieuse, ce n’était pas un corps mais bien ma vie qu’il regardait.

Ne dit on pas que les yeux sont le mirroir de l’âme ?

Cette fenêtre a permis à nos regard de se croiser. Elle devint notre symbole.

D’un regard était né des émotions, des sentiments..Et cela allait nous permettre de réaprendre à vivre tout simplement.